Annales de la Société géologique de Belgique Annales de la Société géologique de Belgique -  Publications spéciales = special publications  Géologie des domaines cristallins - Centenaire de la Société géologique de Belgique, 1974 

Granites orogéniques et granites cratoniques : réflexions sur un aspect fondamental de la géotectonique

Jean Lameyre
Université de Paris-VI, Laboratoire de Pétrologie, 75230 Paris Cedex 05, France.
Georges Rocci
Université de Nancy-I, Laboratoire de Pétrologie, C.O. n° 140, 54037 Nancy Cedex, France.
Jean Didier
Université de Brest, Laboratoire de Géologie, Brest Cedex, France.

Résumé

La distinction entre granites orogéniques et anorogéniques est remplacée par une notion plus en accord avec les conceptions actuelles. Les granitoïdes orogéniques sont en relation directe avec l'orogenèse et ont participé à l'édification de l'orogène. Sur l'exemple varisque d'Europe occidentale, et accessoirement sur celui des orogènes précambriens de l'Ouest africain et alpins de l'Himalaya, sont présentés les caractères minéralogiques et chimiques, ainsi que le gisement, les enclaves et pour certains les propriétés physiques. Il s'en dégage une dualité entre monzogranites et granodiorites d'une part, leucogranites de l'autre, le magma parent de chaque groupe ayant une origine différente, profonde pour le premier, plus superficielle pour le second. On remarque au passage que les granitoïdes archéens se distinguent de leurs homologues plus récents par la prédominance des faciès relativement basiques et un rapport K2O/Na2O inférieur à 1.

A cet ensemble bien caractéristique, s'oppose celui des granites cratoniques qui ont largement contribué à la cratonisation de vastes panneaux continentaux, bien représentés dans le nord de la Mauritanie, et dont le gisement presque toujours superficiel avec enclaves polygonales de granites, microgranites et rhyolites largement associés, les particularités minéralogiques et chimiques avec prédominance des granites vrais et abondance des faciès alpins, en font un groupe original. On distingue également un second groupe, celui des plutons cratoniques du type « younger granites » de Nigeria, encore plus original par la structure des massifs, le caractère alcalin et hyperalcalin et l'absence au moins apparente de liaison avec une orogenèse. Ces plutons ont profité de la cratonisation régionale pour se mettre en place à la faveur de profondes cassures de distension, toujours très localisées.

En conclusion, la place de chaque groupe dans l'évolution géotectonique de la lithosphère est précisée.

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Jean Lameyre, Georges Rocci & Jean Didier, «Granites orogéniques et granites cratoniques : réflexions sur un aspect fondamental de la géotectonique», Annales de la Société géologique de Belgique [En ligne], Publications spéciales = special publications, Géologie des domaines cristallins - Centenaire de la Société géologique de Belgique, 1974, 183-221 URL : https://popups.uliege.be/0037-9395/index.php?id=3714.