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- N° 186 (décembre 2009)
- CATALOGUE DES PLANTES MEDICINALES UTILISÉES DANS LA RÉGION DE ZAËR (MAROC OCCIDENTAL)
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CATALOGUE DES PLANTES MEDICINALES UTILISÉES DANS LA RÉGION DE ZAËR (MAROC OCCIDENTAL)
Résumé
Résumé
Dans le cadre des études ethnobotaniques sur les plantes médicinales menées au Laboratoire de Botanique, Mycologie et Environnement de la Faculté des Sciences de Rabat (Maroc), nous nous sommes intéressés à la région de Zaër qui présente une richesse floristique assez importante grâce aux variations des conditions climatiques et écologiques. Les résultats de ces enquêtes nous ont permis d’identifier 228 espèces végétales réparties en 223 genres et 79 familles avec une représentativité importante des familles suivantes : Asteraceae, Leguminosae, Apiaceae, Lamiaceae, Poaceae et Solanaceae. Parmi les espèces recensées dans la région d’étude, nous présentons dans cet article 78 taxons qui sont jugés intéressants par leur utilisation.
Abstract
Abstract
In the framework of the ethnobotanical studies on medicinal plants of the Laboratory of Botany, Mycology and Environment of the Faculty of Sciences of Rabat (Morocco) a study was performed of the Zaër region, which presents a rather important floristic richness due to varied climatic and ecological factors. This study led to identify 228 plant species belonging to 223 genera and 79 families. The best represented families were : Asteraceae, Leguminosae, Apiaceae, Lamiaceae, Poaceae and Solanaceae. 78 taxa are presented here, which seemed of a particularly interesting use.
Table des matières
I. INTRODUCTION - OBJECTIF
1 Depuis les temps les plus anciens, les grandes civilisations (chinoise, égyptienne, babylonienne, grecque, romaine, etc.) ont eu recours aux plantes médicinales pour leurs propriétés thérapeutiques, cosmétiques, chimiques, diététiques, pharmaceutiques, agro-alimentaires et industrielles.
2 Actuellement, cette médication, par les plantes, connaît un regain d’intérêt notable, et, c’est grâce aux études scientifiques basées sur les mé-thodes analytiques et les expérimentations nouvelles, que le monde médical découvre de plus en plus, le bien fondé des prescriptions empiriques des plantes médicinales.
3 Parmi les disciplines scientifiques qui s’intéressent à la phytothérapie traditionnelle, l’ethnobotanique est considérée comme une science qui permet de traduire le savoir faire populaire en savoir scientifique. En effet, divers travaux ont été publiés depuis les dernières décennies sur le savoir ethno-botanique marocain au nombre desquels nous citerons : Bellakhdar (1987 et 1997) ; Benchaâbane &Abbad (1997) ; Kahouadji, 1995; Hseini et al. 2007, Mehdioui, 2007; etc.
4 Dans cet objectif, nous avons mené une étude ethnobotanique dans la région de Zaër (Maroc occidental), qui présente une diversité lithologique, structurale et floristique assez importante. Cette étude consiste à l’élaboration et au dépouillement d’une série d’enquêtes ethnobotaniques afin d’inventorier les plantes médicinales et de collecter le maximum d’informations concernant les usages thérapeutiques pratiqués dans cette région.
II. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE « REGION DE ZAËR »
5 Par sa position géographique et son contexte climatique, la région de Zaër offre une très grande diversité écologique et floristique. Par conséquent, une tradition phytothérapeutique est fortement représentée dans cette région.
6 Notre zone d’étude, de forme trapézoïdale, est située au cœur du Maroc, entre l’Atlas et l’Atlantique, comprise entièrement entre les 33° et 34° de latitude Nord et les 6° et 7° de longitude Ouest et couvre une superficie d’environ 3.860 Km2. Elle est limitée, au Nord, par la région de Rabat, à l’Est, par la région de Zemmour, au Sud-Ouest par la région de Chaaouia et au Sud, par le domaine des Beni Khiran (Figure 1). Les Oueds Cherrat, Bou-Regrag et Grou fixent ses limites sur près de la moitié de sa longueur.
7 Le climat de la région est de type méditerranéen, se caractérise par une sécheresse estivale accentuée et par un minimum pluviométrique concentré en janvier et en décembre. Les températures varient en fonction de l'altitude et de l'éloignement par rapport à l'océan. La moyenne des maxima du mois le plus chaud varie de 33°C à El Khatouat à 36°C à Rommani. La moyenne des températures minima est la plus basse à Tiddas et Rommani, avec 4°C, les plus hautes à El Kansera au Beht avec 6°C.
8 Cette zone qui appartient au plateau central marocain, se compose d’un substratum sédimentaire paléozoïque (Ordovicien à Carbonifère), principalement schisteux, à intercalations de bancs de grès et de quartzites, d’un massif granitique des Zaër, d’un complexe détritique triasique composé d’alternances d’argiles gypso-salifères et de coulés basaltiques et de formations superficielles cénozoïques (Chèvremont & al., 2001).
9 Le domaine forestier, dans la région de Zaër, occupe une place importante avec 108955 hectares. Ses formations végétales sont représentés essentiellement par trois espèces forestières majeures du Maroc à savoir : le Chène liège (Quercus suber L.), le Chêne vert (Quercus ilex L. et le Thuya (Tetraclinis articulata (Vahl) Mast.), auquelles s’associent d’autres essences telles que le Lentisque (Pistacia lentiscus L.), le Tizra (Rhus pentaphylla (Jacq.) Desf.), l’Olivier sauvage (Olea euroapea L. var. sylvestris (Mill.) Brot.) et le Pistachier de l’Atlas (Pistacia atlantica Desf.).
III. MATERIEL ET METHODES
10Pour avoir un inventaire floristique le plus complet possible et pour réaliser des enquêtes ethnobotaniques variées d’une zone à une autre dans la région étudiée, nous avons mené deux types de relevés : un relevé d’enquête ethnobotanique et un relevé floristique. De ce fait, la localisation des différents milieux d’enquêtes et de relevés floristiques est repérée par la méthode d’échantillonnage stratifié (Kahouadji, 1986).
11Les enquêtes ethnobotaniques (FIG. 1) ont été réalisées à l'aide de 430 fiches questionnaires qui ont servi à enquêter auprès des tradipraticiens, des herboristes et des utilisateurs des plantes médicinales.
12La collecte des informations, répartie sur deux campagnes de terrain (2002/2003 et 2003/2004), nous a permis d’avoir des renseignements sur les noms vernaculaires des plantes médicinales utilisées dans la région, les types de maladies traités, la partie utilisée et le mode de préparation. Lors des relevés floristiques, la détermination des espèces végétales a été faite au laboratoire de Botanique de Rabat, à l'aide des herbiers, des catalogues et des flores disponibles tels : Jahandiez E. & Maire R. (1931, 1932 et 1934), Emberger L. & Maire R., 1941, Sauvage 1961, Quezel & Santa (1962 et 1963), Fennane & Ibn Tattou (1998) et Fennane & al. (1999).
01 Akrache 02 Ain El-Aouda 03 Azzouziyine 04 Sidi Bettache 05 Nkheila 06 Had Brachoua 07 Ait Rahou 08 Rommani 09 Marchouch 10 Sibara 11 Had Roualem 12 Maaziz |
13 Tiddas 14 Moulay driss Aghbal 15 Ben Slimmane 16 Bir Nasr 17 Souq Al-Had Frid 18 Sidi Yahia des Zaer 19 Souq Es-Sebt 20 Oued Korifla 21 Douar Oulad Khelifa 22 Zhiliga |
23 Douar Bouchwitina 24 Al Qtaba 25 Souk Arbéaa Benslimane 26 Aïn Kheil 27 El khatouat 28 Tleta Gnadiz 29 Ayn Sbit 30 Merzaga 31 Jem’â Moul El Bled 32 Ziaïda |
33 Gara 34 Oulad. Bensliman 35 Al’Ayoun 36 Ait Al Anzi 37 Aït Kehoul 38 Jbel Al Hadid 39 Sidi Abou 40 Aït ou Rahou 41 Harouch 42 Aïn Al Qsab 43 Aarb’at Al Oukaz |
FIG 1. – Carte de répartition des points d’enquêtes ethnobotaniques dans la région de Zaër.
IV. RESULTATS
13 Les enquêtes ethnobotaniques menées sur le terrain nous ont permis d'élaborer un catalogue de 228 espèces médicinales. Parmi ces dernières, nous présentons dans cet article 78 espèces utilisées par la population de Zaër, en phytothérapie traditionnelle, qui nous paraissent particulièrement intéressantes.
14 Les monographies de ces 78 espèces sont présentées selon l’ordre alphabétique des familles, des genres et des espèces. En effet, pour chaque espèce, nous avons précisé la position systématique, le nom vernaculaire arabe, le nom vernaculaire français, l’utilisation locale (U.L. : = utilisation propre au Zaër), d’autres utilisations (A.U. : Utilisation complétée par la bibliographie) et la toxicité (T.).
V. CONCLUSION
15 L'étude ethnobotanique réalisée dans la région de Zaër, nous a permis de mettre en évidence l’importante place de la phytothérapie traditionnelle.
16 Les informations acquises, à partir des fiches questionnaires et les relevés floristiques menés sur le terrain, nous ont aidés à dresser un catalogue de 228 espèces végétales dont les monographies de 78 plantes médicinales sont représentées dans cet article.
17 Les résultats des enquêtes ethnobotaniques montrent que la plupart des espèces médicinales, de la région étudiée, sont très utilisées dans le traitement de l’appareil digestif, l’appareil respiratoire et l’appareil circulatoire. Ces appareils sont traités surtout par le feuillage qui constitue l'organe végétal le plus utilisé et par la décoction qui représente le mode le plus dominant en phytothérapie traditionnelle.
18 On note aussi que les taxons les plus utilisées par les usagers de Zaër appartiennent à la famille des Lamiaceae et qui sont l’origan (Origanum compactum L.), ainsi que la menthe pouliot (Mentha pulegium L.). Ces espèces renferment des huiles essentielles utilisées surtout comme carminatives, antiseptiques, stomachiques et béchiques.
19 Enfin, il ressort de ces recherches ethnobotaniques réalisées dans la région de Zaër que l’utilisation traditionnelle des plantes médicinales persiste encore dans ladite région et ceci malgré la révolution de la technologie médicale. D'autres travaux similaires, dans la même zone d'étude, nous aideront à découvrir d’autres espèces méconnues, à évaluer les risques conséquents à l’emploi de certaines plantes toxiques et à adopter une nouvelle approche de gestion pour la sauvegarde et la préservation des ressources naturelles.