Phantasia

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Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis & Nicolas Quérini

Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche
Introduction

(Volume 14 - 2024 : Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche)
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1Pour illustrer l’intention qui a présidé à l’élaboration du présent numéro, nous pouvons commencer par mettre en parallèle trois déclarations philosophiques aux accents étonnamment similaires. En 1841, dans un essai intitulé Self‑Reliance, le philosophe américain Ralph Waldo Emerson défend une forme radicale d’anticonformisme : « Il y a un moment dans l’éducation de tout homme où il arrive à la conviction que l’envie est ignorance ; que l’imitation est suicide ; qu’il doit se prendre lui‑même, pour le meilleur et pour le pire, comme le lot qui lui est dévolu ; que même si le bien abonde dans l’univers, aucun grain de blé nourrissant ne peut lui venir d’ailleurs que du labeur consacré au lopin de terre qu’il a reçu en culture »1. En 1859, le philosophe anglais John Stuart Mill affirme dans On Liberty, contre les conceptions conservatrices qui lui paraissent encore prédominantes dans la société victorienne : « Si l’on considérait le libre développement de l’individualité comme l’un des principes essentiels du bien-être, si on le voyait non pas comme accessoire coordonné à tout ce qu’on désigne par civilisation, instruction, éducation, culture, mais comme un élément et une condition nécessaires de toutes ces choses, il n’y aurait pas de danger que la liberté fût sous‑estimée, et il n’y aurait pas de difficulté extraordinaire à tracer la frontière entre elle et le contrôle social »2. Enfin, en 1878, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche esquisse, dans Humain, trop humain, une réflexion sur le talent individuel qui lui est inspirée par un vers célèbre de Pindare : « Chacun possède du talent inné, mais peu possèdent, inné et cultivé par l’éducation, le degré de ténacité, d’endurance, d’énergie qui fait qu’il deviendra vraiment un talent, donc deviendra ce qu’il est »3.

2Au-delà de différences incontestables de contexte, d’accent et de perspective, ces trois citations s’accordent sur l’idée que l’individu serait défini par un appel, un idéal, un devoir ou une injonction intime à devenir soi. Cet appel, apparemment trivial, mais également paradoxal dans sa forme, à devenir soi ou à se faire l’individu qu’on est, ne s’impose pourtant pas de manière évidente, et sa réalisation est loin d’être naturelle si l’on en croit les trois propos rapportés ci-dessus. Au contraire, un tel idéal est bien plus souvent manqué qu’atteint, chaque fois que, par exemple, nous nous laissons aller à envier et imiter les autres, oubliant par là ce que nous avons de plus propre ; ou quand la société réprime notre singularité en exerçant sur nous un contrôle moral ou juridique excessif ; ou tout simplement quand nous manquons de la ténacité nécessaire pour cultiver notre talent inné. Le devenir soi, nullement nécessaire et pourtant hautement souhaitable – que ce soit en tant que condition d’une vie individuelle réussie ou en tant qu’outil de transformation culturelle4 –, apparaît donc comme une forme d’impératif qui serait commun aux trois grands auteurs du XIXe siècle auxquels nous consacrons ce numéro. Partant de cette hypothèse, les contributions réunies ici visent ainsi à tester la pertinence historico-philosophique d’une série de comparaisons entre des textes d’Emerson, de Mill et de Nietzsche qui mobilisent cet impératif du devenir-soi pour examiner plus en détails la pertinence, les contours et les limites d’un tel rapprochement.

3Notre entreprise consiste donc à confronter et à mettre en parallèle trois œuvres, trois penseurs si singuliers, si différents et pourtant si proches en bien des points, non seulement en les étudiant par doublets d’auteurs, comme les historiens de la philosophie ont coutume de le faire, mais également en suggérant des pistes pour reconstruire une forme de triade sur le thème du devenir soi de l’individu. Cette approche n’est certes pas si courante dans la littérature secondaire existante, mais de bons arguments plaident en sa faveur. Rappelons d’abord qu’Emerson, Mill et Nietzsche partagent en grande partie la même période de l’histoire de la philosophie, puisque leurs principales œuvres publiées s’échelonnent entre l’essai d’Emerson sur La Nature (1836) et le Crépuscule des idoles (1888) de Nietzsche, ce qui correspond à un demi-siècle d’histoire des idées. Une certaine communauté de contexte est déjà garantie par cette proximité chronologique. En outre, des liens intellectuels et textuels concrets se sont tissés entre les trois philosophes : nous savons ainsi qu’Emerson et Mill se sont rencontrés en Angleterre en 18335, que Mill a lu et annoté les Essais d’Emerson6, enfin que Nietzsche a lu à la fois Emerson et Mill. La célébrité de Nietzsche a certes été trop tardive pour qu’Emerson, mort en 1882, et a fortiori Mill, mort en 1873, aient pu prendre connaissance des premières œuvres nietzschéennes.

4Mais s’ils n’ont pas pu entrer dans une forme de dialogue direct, à bien des égards, ces trois figures semblent pourtant suffisamment apparentées pour constituer une sorte de triade, en particulier sur la question de l’éducation de soi7 et de la formation de soi de l’individu, chacun se réappropriant de manière originale l’héritage des philosophies idéalistes de la Bildung. En effet, Emerson reprend presque explicitement le programme d’une formation de l’humain (Bildung des Menschen), dans le concept de « upbuilding of a man » mobilisé au cœur de son discours The American Scholar, où il pose que tout humain doit être et rester toujours un élève et que le monde est son école8. Mill a placé l’idéal humboldtien de Bildung, originalement traduit par « self-development », au frontispice de son On liberty, et en a fait sans doute la clé de voûte de l’ouvrage. Quant à Nietzsche, sans devoir traduire le concept dans une autre langue que l’allemand, il l’a réélaboré si personnellement et si profondément dans sa propre langue philosophique, qu’il en a éclaté la signification interne, au point qu’on en retrouve des traces éparpillées et fragmentées dans des notions voisines et pourtant en rien équivalentes, comme les concepts de Selbsterziehung, de Zucht ou de Züchtung, chacun témoignant à la fois d’une reprise en charge très sérieuse de l’idéal classique de formation de soi de l’individualité et des grands individus, mais aussi de sa transformation critique et de ses métamorphoses singulières. Notre trio d’auteurs présente ainsi des analogies fécondes du point de vue de leur réception à la fois positive et critique, à la fois fidèle et originale des philosophies de la Bildung et, à travers elles, de la modernité philosophique et en particulier de l’idéalisme allemand.

5Or – et c’est là l’originalité de ce volume – ce trio a rarement été examiné en tant que tel par les commentateurs, alors même que des travaux de qualité existent sur plusieurs des duos sous-jacents : Alex Zakaras a par exemple consacré un livre à l’idéal d’individualité de Mill et d’Emerson9. Sur la relation Nietzsche-Emerson, vue du côté de Nietzsche (qui voyait son aîné américain comme son « frère dans l’âme », comme le rappelle Typhaine Morille10), on citera les monographies de George Stack et de Benedetta Zavatta11 – cette dernière revenant dans le présent volume sur cette relation. Et sur la relation Mill-Nietzsche, vue également du côté de Nietzsche, on peut se référer depuis plusieurs années à l’ouvrage de Maria Cristina Fornari intitulé Die Entwicklung der Herdenmoral. Nietzsche liest Spencer und Mill12, ainsi qu’à des études d’Andreas Urs Sommer, de Thomas Brobjer et de Sören Schuster13. Dans un registre méthodologiquement différent et sans doute plus émersonien que nietzschéen, on pourrait aussi mentionner l’article de Stanley Cavell intitulé « Aversive Thinking: Emersonian Representations in Heidegger and Nietzsche »14, où le On Liberty de John Stuart Mill est d’ailleurs également cité, ce qui contribue en un sens à rapprocher Emerson, Mill et Nietzsche. C’est encore le cas dans Le Cinéma nous rend-ils meilleurs ?15 où les trois noms sont régulièrement cités conjointement. Selon Cavell, Emerson et Nietzsche sont partisans d’un « perfectionnisme moral » qu’il définit comme « une attitude à l’égard de notre vie propre en tant que telle plutôt qu’à l’égard des voies de conduite individuelle »16. Cavell renvoie ici prioritairement à Emerson : « C’est cette insistance que j’appelle le perfectionnisme, et qui est résumée dans la formulation par Emerson de notre aspiration morale vers “notre moi non réalisé mais réalisable” »17. Mais, toujours selon Cavell, le perfectionnisme moral trouve malgré tout un certain nombre de points de convergence avec le self-development millien – lequel a pu par ailleurs être lu comme à la racine du courant « perfectionniste libéral »18. Nous retrouverons ce questionnement dans l’article de Nicolas Quérini, qui considère les perspectives d’Emerson, de Mill et de Nietzsche comme trois tentatives pour dépasser l’universalisme kantien à partir d’un devoir de se développer ou de devenir soi. Chez Cavell, toutefois, le rapprochement entre les trois auteurs a donc lieu sous la bannière plus générale du « perfectionnisme moral » et ne repose pas à cet égard sur le même type de travail comparatif que celui que nous proposons ici.

6Peut-on aller plus loin dans l’exploration de la constellation intellectuelle formée par Emerson, Mill et Nietzsche ? N’existe-t-il pas au contraire une série d’arguments pour la mettre en question, voire pour contester la pertinence de l’hypothèse sous-jacente à notre entreprise comparative ? On admettra d’emblée que la plus grande prudence méthodologique est de mise pour mener une telle comparaison. On ne saurait notamment ignorer que le dernier Nietzsche taxait Mill de médiocrité anglaise19, qu’il le tenait même pour une « andouille typique »20 et qu’il lui reprochait de faire écho à la morale chrétienne par ses doctrines de la sympathie, de la compassion et de l’utilité pour autrui21. D’autre part, lorsque Frank Prochaska a découvert en 2013 l’exemplaire personnel des Essays d’Emerson que Mill possédait dans sa bibliothèque, il est apparu que le philosophe anglais avait annoté l’ouvrage avec une ironie mordante, y compris sur la page de titre, méchamment parodiée en : « Philosophy Bourgeois, being Sentimental ESSAYS: in the Art of intimately blending Sense and Nonsense22 ». Il serait donc naïf de prétendre que nos trois philosophes se sont accordés en tout : comment trois esprits aussi originaux et prescriptifs auraient-ils pu tomber d’accord si facilement ? Mais les comparaisons esquissées dans ce volume n’opèrent précisément aucune assimilation forcée. Loin de tout amalgame, les études qu’on lira ci-dessous confrontent volontiers les perspectives pour révéler ce que Quentin Landenne appelle des « divergences remarquables », qui peuvent prendre la forme tantôt de « stratégies contrastées » pour assumer une même tension, tantôt de « lignes d’opposition » plus franches23. Chaque auteur convoqué peut ainsi apporter sa propre réponse philosophique à la question du devenir soi et de la formation du caractère, et tout l’enjeu des études qui composent ce numéro est de ne pas trahir la singularité irréductible et inimitable de leurs pensées au moment de les rapprocher et de les comparer.

7Mais ce qui apparaît en creux, c’est aussi que les problèmes soulevés par Emerson, Mill et Nietzsche sont encore à bien des égards devant nous. Nous n’avons pas fini de relever les défis qu’ils nous ont adressés au sujet de l’éducation de masse, dans un contexte individualiste et égalitariste qui caractérise encore notre temps et que Camille Dejardin désigne comme le « tournant anthropologique de l’ère démocratique »24. Nous ne savons toujours pas aujourd’hui ce que le lycée et l’université devraient devenir pour favoriser le développement d’individualités originales, voire tout simplement pour laisser advenir des singularités. Moins nous disposons de solutions toutes faites aux grandes questions et aux grandes tâches de la culture contemporaine, plus les voix d’Emerson, de Mill et de Nietzsche peuvent nous parvenir avec force. Ce numéro offre une occasion de les écouter à nouveau, le plus souvent au travers de commentaires éclairés, mais parfois aussi en revenant à la source : nous publions ainsi une nouvelle traduction française de deux larges extraits du discours inaugural de John Stuart Mill à l’Université de Saint Andrews ainsi qu’une série d’extraits choisis de son Autobiographie, dans laquelle le philosophe anglais insiste particulièrement sur l’importance de la culture de soi des individus, dans le sillage de la tradition allemande de la Bildung. Dans ce texte très intime, Mill fait aussi la part belle à Harriet Taylor, sa défunte compagne, sans laquelle il admet que son grand texte, De la liberté, n’aurait pas vu le jour, puisqu’il reconnaît lui-même qu’il fut écrit à quatre mains. L’article d’Aurélie Knüfer montre ainsi que Harriet Taylor avait commencé à écrire sur l’individualité bien avant 1859 et que la conception de On liberty lui est largement redevable. Mill avait ainsi une conscience aiguë de cet autre paradoxe de la genèse de l’individualité : c’est que pour bien rendre compte de son devenir soi, surtout pour un grand individu, il ne faut jamais oublier de rendre hommage, comme Nietzsche nous y invitait25, et de reconnaître qu’on ne devient soi qu’en y étant appelé, invité par d’autres que soi.

Voetnoten

1 Emerson (R. W.), « Self-Reliance », in Essays, Boston, James Munroe and Company, 1841, p. 38, notre traduction.

2 Mill (J. S.), De la liberté, traduit par Lenglet (L.) à partir de la traduction de Dupont-White (C.), Paris, Gallimard, 2002, p. 147.

3 Nietzsche (F.), Humain, trop humain I [1878], traduit par Wotling (P.), Paris, Flammarion, 2019, § 263. Sur le vers de Pindare auquel Nietzsche fait allusion, nous renvoyons aux articles de Claude Romano et de Patrick Wotling dans ce même volume, ainsi qu’au livre de Nicolas Quérini, De la connaissance de soi au devenir soi. Platon, Pindare et Nietzsche, Paris, Classiques Garnier, 2023.

4 John Stuart Mill écrit ainsi dans son ouvrage majeur, De la liberté, qu’une société qui ne favoriserait pas l’émergence d’individualités fortes, en laissant a minima à celles-ci une « atmosphère de liberté », se condamnerait nécessairement. Ainsi, non seulement les individus authentiques forment le « sel de la terre », mais ils sont aussi la condition du renouvellement des valeurs de la société à laquelle ils appartiennent, revigorant celle-ci par leur existence même (Mill (J. S.), De la liberté, op. cit., p. 160 et 159).

5 Prochaska (F.), « Sense & Nonsense », History Today, 63/9 (2013), p. 21-26, ici p. 22.

6 Ibid., p. 23 et suivantes.

7 L’article d’Avrile Poignant-Legoff prend à bras le corps cette question telle qu’elle se déploie dans la troisième Considération inactuelle de Nietzsche.

8 Emerson (R. W.), « The American Scholar », in The Complete Works of Ralph Waldo Emerson, Boston, The Riverside Press Cambridge, 1903, p. 87; « L’intellectuel américain », traduit par Chaput (S.), Horizons philosophiques, 10/2 (2000), p. 25-52; p. 30.

9 Zakaras (A.), Individuality and Mass Democracy: Mill, Emerson, and the Burdens of Citizenship, Oxford, Oxford University Press, 2009.

10 Morille (T.), « Donner du style à son caractère. Ce qu’on doit apprendre d’Emerson selon Nietzsche », cf. infra.

11 Stack (G.), Nietzsche and Emerson: An Elective Affinity, Athens, Ohio University Press, 1992; Zavatta (B.), Individuality and Beyond: Nietzsche Reads Emerson, traduit par Reynolds (A.), Oxford, Oxford University Press, 2019.

12 Fornari (M. C.), Die Entwicklung der Herdenmoral. Nietzsche liest Spencer und Mill, traduit par Schröder (L.), Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2009.

13 Sommer (A. U.), Kommentar zu Nietzsches “Zur Genealogie der Moral”, Berlin, De Gruyter, 2019 ; Brobjer (T. H.), Nietzsche and the English: The Influence of British and American Thinking on His Philosophy, New York, Humanities Books, 2008 ; Schuster (S. E.), « On Liberty as a (Re-)Source for Nietzsche: Tracing John Stuart Mill in On the Genealogy of Morality », Nietzsche-Studien, 52 (2023), p. 348-364.

14 Cavell (S.), « Aversive Thinking: Emersonian Representations in Heidegger and Nietzsche », New Literary History, 22/1 (1991), p. 129-160.

15 Cavell (S.), Le Cinéma nous rend-ils meilleurs ?, traduit par Fournier (C.), Domenach (é.), Paris, Vrin, 2024.

16 Cavell emprunte cette catégorie de perfectionnisme moral à Rawls, lequel visait la philosophie de Nietzsche sous ce vocable. Cavell critique toutefois l’usage dépréciatif qui en était fait chez Rawls.

17 Cavell (S.), Le Cinéma nous rend-ils meilleurs ?, op. cit, p. 163-164.

18 Escudier (A.), Pélabay (J.) (dir.), Le Perfectionnisme libéral. Anthologie de textes fondamentaux, Paris, Hermann, 2016. L'anthologie ne comporte pas de texte de John Stuart Mill mais ce dernier sert de référence à plusieurs auteurs (voir notamment la présentation p. 8).

19 Nietzsche (F.), Par-delà bien et mal, traduit par Wotling (P.), Paris, Flammarion, 2000, § 253.

20 Nietzsche (F.), Fragments posthumes XIII, traduit par Klossowski (P.), Baatsch (H.-A.), Paris, Gallimard, 1976, 9 [55], traduction modifiée. (Le texte allemand dit littéralement : « ein typischer Flachkopf », cf. http://www.nietzschesource.org/ - eKGWB/NF-1887,9[55]).

21 Nietzsche (F.), Aurore, traduit par Blondel (É.), Hansen-Løve (O.), Leydenbach (T.), Paris, Flammarion, 2012, § 132.

22 Cf. Prochaska (F.), « Sense & Nonsense », op. cit., p. 21.

23 Landenne (Q.), « La formation du savant, entre solitude de la pensée et communauté de recherche. Les discours à l’Université d’Emerson, Mill et Nietzsche », cf. infra.

24 Dejardin (C.), « L’individualisme contre l’individualité ? Mill et Nietzsche face au tournant anthropologique de l’ère démocratique », cf. infra.

25 Nietzsche (F.), Le Gai Savoir, traduit par Wotling (P.), Paris, Flammarion, 1997, § 100.

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Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis & Nicolas Quérini, «Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche», Phantasia [En ligne], Volume 14 - 2024 : Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche, p. 1-6 URL : https://popups.uliege.be/0774-7136/index.php?id=1685.

Over : Camille Dejardin

Camille Dejardin est agrégée de philosophie et docteur en sciences politiques de l’université Paris II. Spécialiste de John Stuart Mill à qui elle a consacré sa thèse de doctorat, et plus largement de l’histoire des idées politiques du XIXe siècle, elle a notamment publié John Stuart Mill, libéral utopique (Gallimard, 2022), John Stuart Mill et les conditions de la liberté (Le Passager clandestin, 2023) et La Philosophie contemporaine (Ellipses, 2023). Se consacrant à l’étude et à la discussion contemporaine des théories dix-neuviémistes de la liberté, de l’individualité et de l’éducation, elle entreprend depuis 2023 une lecture croisée des visions millienne et nietzschéenne de la formation de soi dont témoignent un cycle de six conférences sur « Mill, Nietzsche et les “derniers hommes” » prononcées aux Mardis de la Philosophie (Paris, Centre Sèvres) au premier semestre 2023-2024 et l'article « Nietzsche, Mill et l’individualité comme clé de transformation morale et civilisationnelle », Labyrinth, 26/1 (octobre 2024). Par ailleurs professeur et conférencière, elle enseigne depuis 2014 en lycée général et intervient auprès de divers publics.

Over : Quentin Landenne

Quentin Landenne est docteur en philosophie et diplômé en sciences politiques. Il est chercheur qualifié au F.R.S.-FNRS, professeur à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles et chercheur au Centre Prospéro et au Séminaire interdisciplinaire d’études juridiques. Ses recherches actuelles, menées dans le cadre d’un projet ERC-Consolidator (BildungLearning) ont pour objectif de reconstruire la fonction systématique de l’idéal de Bildung (formation, éducation, culture) dans l’idéalisme allemand, et de le confronter avec le modèle contemporain de la Learning society (société apprenante), en particulier dans le contexte des mutations de l’idée d’université et de la liberté académique. Il est l’auteur de nombreuses publications, articles, collectifs et traductions. Parmi ses monographies, on peut citer Le perspectivisme transcendantal de Fichte, chez Olms en 2013, Karl-Otto Apel. Du point de vue moral, chez Michalon en 2015 et Reconstructing a Learning Society, chez Logos en 2021.

Over : Emmanuel Salanskis

Emmanuel Salanskis est doyen de la Faculté de philosophie de l’Université de Strasbourg, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Paris et agrégé de philosophie. Il est notamment l’auteur d’une thèse sur « L’épreuve de l’élevage dans la pensée de Nietzsche », d’un Nietzsche paru en 2015 aux Belles Lettres et d’une monographie intitulée Pourquoi une Généalogie de la morale ? (Éditions de la Sorbonne, 2023). Il a aussi codirigé deux volumes en 2022 : le numéro 51 des Cahiers philosophiques de Strasbourg intitulé « Nietzsche : le projet de la Généalogie de la morale » (en collaboration avec Anne Merker), et Les métamorphoses de la « généalogie » après Nietzsche (en collaboration avec Quentin Landenne, Presses de l’Université Saint-Louis).

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Docteur et agrégé de philosophie, Nicolas Quérini est actuellement professeur au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg et chargé de cours à l'université. Il a effectué auparavant un post-doctorat à l’UCLouvain à l'occasion duquel il travaillait sur les concepts de Bildung et de self-development chez Nietzsche et Mill, sous-la direction de Quentin Landenne. Sa thèse, réalisée sous la direction d’Anne Merker et de Paolo D’Iorio, portait sur Platon et Nietzsche et fut publiée en 2023 chez Classiques Garnier sous le titre De la connaissance de soi au devenir soi. Platon, Pindare et Nietzsche. Nicolas Quérini a également publié de nombreux articles, sur Nietzsche notamment.

 

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