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Effets d’incorporation des rebuts de dattes et du lactosérum sur les performances de croissance et l’évolution corporelle des agneaux Rembi (Algérie)

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Description du sujet. L'utilisation de sous-produits tels que le lactosérum et les déchets de dattes dans l'alimentation animale peut réduire les coûts de production sans affecter les performances du bétail.
Objectifs. Ce travail vise à étudier les effets de l’incorporation de deux sous-produits agro-industriels, les rebuts de dattes et le lactosérum, sur les performances d’engraissement des agneaux de race Rembi.
Méthode. Vingt-deux agneaux mâles de la race Rembi, pesant en moyenne 49,08 ± 7,19 kg, ont été répartis en deux groupes : le groupe témoin a reçu une alimentation avec 60 % d'orge, tandis que dans le groupe expérimental, l'orge a été remplacée par des rebuts de dattes broyées. Le concentré expérimental a été humidifié avec du lactosérum à raison de 150 ml·kg-1 avant d'être distribué. L'engraissement a duré 75 jours, avec une période d'adaptation de 15 jours.
Résultats. Il en résulte que la ration composée de rebuts de dattes et de lactosérum n’a aucun effet sur le poids vif final des agneaux, cependant elle a influé positivement le gain moyen quotidien (GMQ) avec une différence significative pour le GMQ2 (136,36 g·j-1 pour le lot témoin vs 272,72 g·j-1 pour le lot expérimental). De plus, l’ingéré alimentaire quotidien total a diminué dans le lot expérimental (860 g·j-1 vs 1 450 g·j-1 pour le lot témoin).
Conclusions. L'incorporation des rebuts de dattes et de lactosérum dans l'alimentation des agneaux Rembi réduit les coûts de production et préserve l'environnement.
Abstract
Effects of incorporation date scraps and whey on growth performance and body development of Rembi lambs (Algeria)
Description of the subject. Incorporating by-products like whey and date scraps into animal feed can lower production expenses while maintaining livestock performance.
Objectives. The aim of this study is to explore the impact of combining two agricultural by-products, whey and date scarps, on the growth performance of Rembi lambs.
Method. Twenty-two male Rembi lambs, averaging 49.08 ± 7.19 kg, were divided into two groups. The control group was fed a diet consisting of 60% barley. Conversely, the experimental group received a diet where barley was replaced with crushed date scraps. The experimental feed was pre-moistened with whey at a ratio of 150 ml·kg-1 prior to distribution. The fattening period lasted 75 days, which included a 15-day adaptation phase.
Results. As a result, the ration composed of date scraps and whey had no effect on the final live weight of the lambs, although it did have a positive influence on average daily gain (ADG), with a significant difference for ADG2 (136.36 g·d-1 for the control batch vs 272.72 g·d-1 for the experimental batch). In addition, total daily feed intake decreased in the experimental batch (860 g·d-1 vs 1 450 g·d-1 for the control batch).
Conclusions. Incorporating date scraps and whey into the feed of Rembi lambs reduces production costs and preserves the environment.
Table of content
Reçu le 2 avril 2024, accepté le 24 avril 2025, mis en ligne le 2 juillet 2025.
Cet article est distribué suivant les termes et les conditions de la licence CC-BY (http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr)
1. Introduction
1Environ 62 % du cheptel ovin algérien est localisé dans la steppe et les régions semi-arides dédiées à la culture céréalière. Son effectif est passé à 22 millions en 2010, puis à près de 31 millions en 2020 (MADR, 2020). Dans ces conditions, l’amélioration de la conduite de l'élevage ovin en extensif reste entravée par les fluctuations de l'offre pastorale et la mauvaise qualité des parcours, ainsi que par l’élévation des cours mondiaux des matières premières conventionnelles nécessaires pour l’élevage du bétail et des volailles (notamment le maïs et les tourteaux de soja). Cette situation a entraîné la nécessité de recourir à des importations massives de céréales et il a été constaté que l’industrie céréalière locale est approvisionnée à plus de 85 % par des grains produits ailleurs (Bencharif et al., 1996). Pour soutenir l’élevage, l’État algérien encourage actuellement la production agricole nationale de maïs et d'orge fourragers, de luzerne, de triticale, de sorgho, notamment dans les régions du sud, par l'intermédiaire de l'office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC).
2Le prix du maïs en graines et des tourteaux de soja est en constante augmentation sur le marché mondial et l’Algérie en importe d'immenses quantités (OFAAL/ITELV, 2019). D'après l'OCDE/FAO (2017), le prix du maïs devrait augmenter de 20 % entre 2014 et 2026, tandis que le prix de la graine de soja devrait progresser de 11 %. La quantité des importations a évolué au cours de la période 1989-2011 pour atteindre 2 201 328 tonnes de maïs et 733 936 tonnes de tourteaux de soja (CNIS, 2012). D'après les dernières prévisions du Département américain de l’Agriculture (USDA), les importations algériennes de maïs devraient atteindre 5 millions de tonnes en 2024/2025, ce qui équivaut à un niveau record pour le pays dans lequel les achats étaient situés depuis 2020 autour de 4 millions de tonnes par an en moyenne (ONAB, 2021).
3En raison de cette situation, les nutritionnistes en production animale cherchent à créer des rations équilibrées et rentables à base de ressources locales, principalement les sous-produits agro-industriels, afin de mettre en place un système de production animale économique et viable (Vasta et al., 2008). L’incorporation des ressources locales alternatives dans la ration des animaux est un moyen de réduire les charges de production sans affecter les performances des troupeaux (Lassoued et al., 2011). Selon Hadbaoui et al. (2020), il est nécessaire de poursuivre les recherches afin d'évaluer la faisabilité des alternatives alimentaires, de les améliorer et de les intégrer dans les rations des ovins.
4L'Algérie possède une grande quantité de sous-produits qui peuvent être utilisés dans l'alimentation animale. C’est le cas des rebuts de dattes qui représentent 25 % de la production dattière selon Chehma et al. (2000), soit 311 850 t·an-1 en 2022 (FAOSTAT, 2022) et du lactosérum avec une production d’environ 14 million de litres par an (Benaissa, 2018).
5La question de la valorisation des rebuts de dattes dans l'alimentation des ovins a fait l’objet de plusieurs recherches, dont celle de Mebirouk-Boudechiche & Araba (2011) qui ont employé des rebuts de dattes comme substitut de l'orge en grain dans l'alimentation des brebis et ont trouvé que l'état corporel moyen des brebis supplémentées était significativement supérieur à celui des brebis en fin de gestation présentes dans le lot témoin (2,54 vs 2,22). AL-Suwaiegh (2016) a examiné comment la substitution de 10 %, 15 % et 20 % d'aliment concentré avec des noyaux de dattes avait un impact sur la production de lait, la composition et les paramètres sanguins des chèvres Ardi. Selon cette étude, il est possible d'inclure jusqu'à 20 % de noyaux de dattes dans les régimes alimentaires des chèvres en lactation Ardi sans avoir d'impact négatif sur leurs performances.
6La recherche menée par Baa et al. (2018) a examiné les conséquences de l'incorporation de trois sous-produits locaux provenant des oasis (rebuts de dattes, pédicelles de dattes traités à l'urée et extrait de contenu du rumen) dans la ration alimentaire des agneaux. Les résultats indiquent que le lot 100 % a présenté une différence significative par rapport aux autres lots, avec un poids vif de 43 kg (p < 0,05), un gain moyen quotidien de 191 g et une efficacité alimentaire de 5,08.
7Abaidia et al. (2020) ont utilisé la technique du flushing qui consiste à apporter un complément énergétique sous forme de rebuts de dattes pour compléter la ration des brebis au pâturage pendant un mois et qui favorise ainsi leur fertilité. Ces auteurs ont observé que le poids et la croissance des agneaux issus des femelles complémentées sont supérieurs à ceux du lot témoin.
8Dans ce contexte, le but de cette étude est de valoriser ces deux sous-produits agro-industriels, à savoir le lactosérum issu de la fabrication du fromage et les rebuts de dattes, sous-produits de la phœniciculture, en les incorporant dans le régime alimentaire des agneaux de race Rembi, et de déterminer leurs impacts sur les performances de production.
2. Matériel et méthodes
2.1. Site d’expérimentation
9L'expérimentation a été menée dans une ferme privée située dans la région de Hammam Dalâa à 30 km au nord du chef-lieu de la wilaya de M'Sila (Figure 1), selon les coordonnées géographiques 35°55′41″Nord, 4°22′28″Est. La ferme occupe une superficie totale de 8 ha, dont 1 ha est consacré à la bergerie des ovins ; elle compte 817 têtes d’animaux domestiques, dont 700 têtes ovines, 57 têtes bovines et 60 têtes caprines. La ferme est spécialisée dans la production de lait bovin et de viande des ruminants.
Figure 1. Zone d’étude — Study area.
2.2. Animaux
10Au total, 22 agneaux de la race Rembi ont été identifiés à l'aide de boucles numérotées. Avant le début de l’expérience, les agneaux pesaient en moyenne 49,08 ± 7,19 kg. Ils ont été répartis en deux lots de 11 animaux chacun, le lot témoin (LT) et le lot expérimental (LE), puis ils ont été soumis à deux régimes alimentaires différents pendant 75 jours, y compris 15 jours d’adaptation. Avant le début de l'engraissement, tous les animaux ont été déparasités une seule fois, le matin à jeun, par une solution à base d’ivermectine (ORAMEC ®, France) par voie orale, en respectant la dose définie par le fabriquant (Boehringer Ingelheim Animal Health France SCS, France) de 2,5 ml·10 kg-1 de poids vif (PV).
2.3. Régime alimentaire
11Ration de base. Les analyses des aliments ont été réalisées au niveau du laboratoire privé Bentoumi, situé à M’sila, qui est accrédité pour le contrôle de la qualité et les analyses médicales. Les teneurs en nutriments ont été calculées à partir de la composition chimique des ingrédients des tables de l'INRA (2010).
12La ration de base était destinée à tous les agneaux (LT et LE) et elle comportait :
13– le matin : mise au pâturage sur les parcours de proximité et de la paille d’orge à l’auge, à volonté ;
14– le soir : tous les animaux étaient alimentés par la même quantité de foin de luzerne.
15Ration complémentaire. Les agneaux recevaient deux types de concentrés (Tableau 1) :
16– Ration du LT : elle incluait 60 % d'orge, 22 % de tourteaux de soja, 17 % de son de blé et 1 % de sel (NaCl).
17– Ration du LE : l'orge a été totalement substituée par des rebuts de dattes broyées de variété Deglet Nour (Tableau 2) qui ont été imbibés avec du lactosérum doux à raison de 150 ml·kg-1, juste avant leur distribution aux agneaux. Le lactosérum a été récupéré chaque jour auprès des unités de transformation fromagère de proximité (principalement HODNA-LAIT). Cette ration a été distribuée à deux reprises, quotidiennement, aux agneaux du LE : la moitié le matin et l’autre part le soir, afin de maximiser les processus de digestion et d’absorption.
2.4. Suivi, pesages et mesures effectuées
18L’expérimentation s’est déroulée de mars à mai 2021, sur une durée globale de deux mois et demi (75 jours) dont une période d’adaptation aux nouveaux régimes alimentaires s’étalant entre le 1er et le 15è jour. Les quantités d'aliments préparés sont pesées à l'avance et les quantités refusées par chaque lot d’agneaux sont pesées le lendemain matin. Les quantités de concentrés ont été augmentées progressivement en fonction des taux de refus : de 0,8 kg·animal-1·jour-1 au début de l'expérimentation jusqu’à 1,5 kg·animal-1·jour-1 pour le LT et 1 kg·animal-1·jour-1 pour le LE afin de répondre aux besoins alimentaires des animaux de la façon la plus efficace possible. Durant toute la période expérimentale, une pierre à lécher (Mineral Block ® produit par Royal İlaç, Turkiye) de 3 kg a été mise à disposition de chaque lot d’agneaux avec un libre accès à l’eau. Le nettoyage de la bergerie hébergeant les moutons se faisait quotidiennement. Une visite d’un vétérinaire privé a été programmée chaque mois afin de contrôler l’état sanitaire des agneaux. Après une période d’adaptation de 15 jours, les agneaux ont été pesés individuellement aux 5è, 45è et 75è jours à l’aide d’une balance électronique pour bétail (TCS, Mizane Factory) d’une portée maximale de 300 kg et d’une précision de 5 g, homologuée par l’Office National de Métrologie Légale en Algérie. Des mensurations corporelles des agneaux dans les deux lots ont été effectuées au début (15è jour) et à la fin de l’expérience (75è jour) : la hauteur au garrot (HG : distance entre la haute pointe du garrot jusqu’au-dessous du sabot du membre antérieur), le tour de poitrine (TP : périmètre thoracique mesuré en passant le ruban métrique à l’arrière du garrot au passage des sangles) et le tour spirale (TS : prise de la pointe d’épaule jusqu’à la pointe des hanches).
19Les paramètres mesurés sont :
20Gain moyen quotidien (GMQ) = Gain de poids (g) pendant une période / Durée de la période (j),
21Indice de consommation (IC) = Quantité d′aliment consommé / Gain de poids correspondant,
22Ingéré alimentaire (IA) = Quantité distribuée − Quantité refusée
2.5. Traitement statistique
23Des statistiques descriptives (moyennes et écart-types) et une analyse de la variance du modèle linéaire général univarié (ANOVA) ont été effectuées avec le logiciel SPSS (version 26) pour l’analyse des valeurs du poids vif (PV), du gain moyen quotidien (GMQ), de l’ingéré alimentaire (IA) et de l’indice de consommation (IC). Parmi les tests non paramétriques, le Test U de Mann-Whitney pour échantillons indépendants a été utilisé pour comparer les valeurs de HG, TP et TS chez les animaux des deux lots. Les différences ont été considérées comme significatives pour p < 0,05.
3. Résultats
3.1. Performances d’engraissement
24Poids des agneaux. Selon l'analyse de la variance (ANOVA) à un facteur, la progression du PV dans les deux lots (LE, LT) est pratiquement équivalente (Tableau 3). Il découle de ces résultats que le PV des agneaux n’a pas été influencé par l’incorporation de rebuts de dattes imbibés par le lactosérum (LE), après substitution totale de l’orge.
25Gain Moyen Quotidien (GMQ). Durant le premier mois de l'étude (du 15e au 45e jour), l'augmentation du poids des agneaux du groupe témoin était supérieure à celle des agneaux du groupe expérimental (287,87 vs 227,27 g·j-1) avec une différence significative (p = 0,037). Toutefois, au cours du second mois (du 45e au 75e jour), les agneaux Rembi du groupe expérimental ont vu leur GMQ presque se multiplier par deux comparativement au groupe témoin (68,18 vs 136,36 g·j-1) avec une différence hautement significative (p = 0,005).
26En ce qui concerne le gain moyen quotidien total (GMQT en g·j-1) tout au long de la période d'expérimentation, ainsi que le gain de poids total (GPT en kg), ils n'ont pas été affectés par le régime expérimental (Tableau 4).
3.2. Performances de consommation alimentaire
27Quantité d’aliments ingérés. Le concentré a été distribué collectivement à raison de 2 kg·100 kg-1 de poids vif (PV) et réajusté de 5 % en fin d'essai en maintenant un refus de 100 g·animal-1·jour-1.
28L’utilisation des rebuts de dattes dans la ration des agneaux d’engraissement a permis de réduire la quantité totale d’aliments ingérée par jour. En effet, la quantité moyenne de concentré ingérée a été de 860 g par ovin dans le LE vs 1 450 g pour le LT (Tableau 5).
29L’indice de consommation (IC). L'indice de consommation correspond au rapport entre la quantité totale d'aliments ingérée et le gain total de poids. Il est étroitement lié à la consommation alimentaire et, par conséquent, à la rentabilité des élevages. Nos résultats indiquent que l'IC diffère considérablement (p < 00,1) entre les deux lots, il équivaut presque au double dans le lot témoin (4,16 ± 0,65 vs 8,34 ± 1,62) (Figure 2).
Figure 2. Indice de consommation (g MS.g-1) — Consumption index (g DM.g-1).
30Évolution morphologique des agneaux. Bien que l'évolution corporelle du lot expérimental soit clairement supérieure au lot témoin en termes numériques, le test non paramétrique du Test U de Mann-Whitney pour échantillons indépendants indique que l'évolution corporelle (HG, TP et TS) des animaux entre les deux régimes alimentaires n'est pas significativement différente (p > 0,05) (Tableau 6).
4. Discussion
31L’utilisation d’une alternative telle que la combinaison « rebuts de dattes-lactosérum » dans la ration alimentaire des ovins a permis d'obtenir, dans cette étude, des résultats satisfaisants qui encouragent leur valorisation locale : la substitution de l’orge par un concentré à base de rebuts de dattes imbibés de lactosérum n'a pas affecté le poids vif final des agneaux. La protéine du lactosérum n’a pas d’impact significatif en tant que complément d’engraissement des agneaux (Danyer et al., 2024).
32Bien que la teneur en protéines soit plus élevée dans le régime du groupe témoin que dans le groupe expérimental, les poids vifs finaux des agneaux des deux groupes étaient semblables. La faible quantité de protéines dans le régime des agneaux du lot expérimental a été compensée par la production de protéines par les microbes dans le rumen en utilisant les sucres fermentescibles des rebuts de dattes et du lactosérum fourni par la ration.
33Les résultats de l’étude menée par Lupo et al. (2019) ne montraient aucune différence statistiquement significative entre les poids finaux des agneaux des différents régimes (contrôle, à base de lactosérum en poudre et à base de lactosérum liquide, p > 0,05). Des résultats similaires ont été trouvés par Dayani et al. (2011) : les poids finaux moyens des agneaux ne différaient pas significativement entre les groupes suivant des régimes alimentaires à base de paille de blé traitée avec différentes doses d'urée et du lactosérum (p > 0,05). Des résultats similaires sont rapportés par Al-Shanti et al. (2013) et Meradi et al. (2016) qui ont enregistré des différences non significatives des poids finaux des agneaux pour une substitution à 100 % de maïs par des rebuts de dattes.
34Cependant, les résultats de cette étude ne sont pas en accord avec ceux de Mebirouk-Boudechiche et al. (2008) et de Baa et al. (2018). En effet, ces auteurs ont incorporé des rebuts de dattes en remplaçant respectivement le maïs et l'orge en grain et en influençant de manière significative (p < 0,01) le poids vif des agneaux.
35Certaines études (Kholif & Abo El-Nor, 1998 ; Kholif et al., 2001) ont montré que les noyaux des dattes pourraient être utilisés comme composant à apport énergétique dans l'alimentation des ruminants avec une supplémentation en protéines.
36Les propriétés des rebuts de dattes comme concentrés énergétiques, qui peuvent être utilisés pour l'engraissement des animaux jusqu'à 75 % (Chehma & Longo, 2004), expliquent l'effet positif de la combinaison rebuts de dattes-lactosérum sur la croissance des agneaux. Les résultats de Baa et al. (2018) et Mebirouk-Boudechiche et al. (2008) sont similaires.
37Morel et al. (2016) ont affirmé que la complémentation des bœufs et des génisses par le lactosérum a permis d'améliorer le GMQ par rapport au groupe-témoin. De même, les résultats de Ben Salem & Fraj (2008) ont montré que le lactosérum a amélioré le GMQ et l'efficacité alimentaire des jeunes bovins qui ont reçu un régime à base de paille de manière significative (p < 0,05). Les agneaux supplémentés en lactosérum ont gagné le plus de poids au total, selon Dayani et al. (2011) et Poliquit & Sanchez (2013).
38En revanche, Lutz et al. (2017) n’ont pas trouvé de différence significative entre les deux lots de porc nourris avec du lactosérum liquide doux. De même, Eseceli et al. (2021) n'ont trouvé aucune différence significative entre les groupes de contrôle et de traitement au lactosérum (p > 0,05).
39Les ingrédients de la ration entraînent une faible prise alimentaire des agneaux du lot expérimental. L'utilisation de rebuts de dattes comme source d'énergie et de lactosérum comme probiotique et source de vitamines du groupe B permet d'optimiser la synthèse microbienne en maximisant l'activité cellulolytique. Cela pourrait potentiellement améliorer la digestibilité de la ration (Leng, 1991 ; Demarquilly et al., 1996 ; Bayati et al., 2015).
40Nos résultats rejoignent ceux de Lutz et al. (2017) qui ont rapporté que la prise quotidienne d'aliments secs était inférieure (p < 0,01) pour les porcs nourris avec du lactosérum liquide doux, ce qui explique que ces porcs ont un GMQ légèrement supérieur (p < 0,05).
41D’après Lupo et al. (2019), les agneaux ayant reçu le régime contrôle ont consommé davantage (4,6 kg·jour-1·groupe-1) que ceux du régime à base de lactosérum liquide (3,2 kg·jour-1·groupe-1). Selon les mêmes auteurs, la faible consommation d’aliments par les animaux nourris avec une ration à base de lactosérum liquide peut être attribuée à la forte humidité de cette ration.
42Cependant, Poliquit & Sanchez (2013) n'ont enregistré aucun effet du lactosérum acide liquide (p > 0,05) sur l’ingéré individuel de la matière sèche de l'herbe Napier.
43L'impact de la ration expérimentale (rebuts de dattes et lactosérum) sur l'indice de consommation (IC) des agneaux, avec une différence significative (p < 0,01) entre les deux groupes, a été confirmé par plusieurs chercheurs. Ben Salem & Fraj (2008) ont démontré que l'IC était significativement plus bas (p < 0,05) chez les veaux ayant consommé du lactosérum (5,98 contre 7,40) et que l'intégration du lactosérum dans la ration a amélioré l'efficacité alimentaire globale. Par rapport au régime témoin, les agneaux alimentés avec un ensilage de pommes de terre haché additionné de lactosérum ont enregistré un indice de consommation plus faible (p < 0,05) (Nkosi & Meeske, 2010). L'ajout d'urée et de lactosérum à la paille de blé a amélioré le taux de conversion alimentaire des agneaux et augmenté leur poids corporel à l'engraissement (Dayani et al., 2011).
44Mebirouk-Boudechiche et al. (2008) ont observé des résultats similaires montrant que l'indice de consommation (IC) diminuait proportionnellement au taux d'incorporation des rebuts de dattes.
45Les mensurations morphologiques des agneaux Rembi (HG : 76,18 à 77,73 cm pour le lot témoin et 77,82 à 79,45 cm pour le lot expérimental) sont conformes aux standards de la race Rembi en Algérie (IANOR, 2013) où la HG pour les béliers est de 79 cm. Concernant le TP, nos résultats pour les deux lots (LT : 102,18 cm ; LE : 106,82 cm) sont comparables à ceux rapportés par Afri-Bouzebda et al. (2018).
5. Conclusions
46L'utilisation de rebuts de dattes en tant que source d'énergie et de lactosérum comme probiotique et source de vitamines du groupe B dans l'alimentation des agneaux Rembi à l'engraissement s’est avérée efficace en améliorant les performances de consommation (ingéré alimentaire et indice de consommation) sans pour autant affecter significativement les performances des agneaux. Les sous-produits utilisés peuvent remplacer complètement l'orge dans l'alimentation des agneaux sans affecter leurs performances. Cette pratique permet de réduire les coûts de production de la viande rouge, de valoriser les rebuts de dattes et le lactosérum issu des unités de transformation fromagère tout en préservant l'environnement de la contamination causée par le lactosérum.
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