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L’autre contentieux communautaire: Le passé belge dans les discours politiques
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1Le conflit entre francophones et flamands autour de l’accroissement de l’autonomie des entités fédérées a été accompagné ces dernières années par une importante production discursive centrée sur le rôle historique des acteurs communautaires dans les évolutions en cours. L’ampleur de cette production se constate à la lumière d’un corpus composé, dans le cadre d’une recherche récente, de discours émanant de personnalités politiques francophones et flamandes qui contiennent au moins une référence historique1. Couvrant la période allant de 1999 à 2011, son analyse porte sur des discours émaillés de renvois multiples au passé sur un mode qui insiste sur la logique sous-jacente au cheminement vers une autonomie toujours plus large de la Flandre et de la Wallonie. Son analyse permet également d’identifier les « responsables » de cette trajectoire tenue pour irréversible, et de pointer les multiples griefs économiques, culturels et sociaux imputés dans les discours aux choix antérieurs des représentants de chacune des communautés.
2Tout au long des pages qui suivent, le propos tentera d’exposer ces divers éléments en suivant la ligne argumentaire développée de chaque côté du clivage communautaire et déclinée avec une relative homogénéité et cohérence internes. Il soulignera le rôle moteur que jouent les politiciens flamands dans la construction de représentations qui font du champ symbolique de la mémoire un terrain non moins disputé que celui politico-économique de la réforme de l’Etat dans une optique confédérale. Il s’agit ainsi dans cet article de jeter la lumière sur le volet symbolique du contentieux communautaire en investissant l’espace éminemment conflictuel de la mémoire et en mettant en avant les représentations du passé déclinées par les élites politiques francophone et flamande. En recourant au passé, ces dernières tentent d’orienter leurs argumentations vers des objectifs sociopolitiques sinon opposés, du moins fortement divergents. Entre les deux ensembles communautaires, s’organise un chassé-croisé clair et paradoxal sur le plan mémoriel: en plein marasme socioéconomique les dirigeants wallons inclinent vers une évocation du passé industriel glorieux de la Wallonie, alors que, bénéficiant d’une ascendance politique et d’une prospérité économique sans précédents, la classe politique flamande continue d’évoquer une Flandre pauvre, politiquement dominée et culturellement déclassée. C’est cet écheveau révélateur qu’il s’agit de démêler dans les prochaines pages.
La perception flamande : la logique du cheminement historique vers l’autonomie
3Historiquement, le passage de l’Etat unitaire à l’Etat fédéral et, depuis, l’élargissement continu des compétences des régions et communautés, s’est effectué à travers une dynamique de réaction et réactions contraires opposant puis réunissant autour d’un compromis francophones et flamands2. Dans la conjonction des revendications du mouvement flamand pour un rehaussement du statut du néerlandais en Belgique et celles du mouvement wallon pour une prise en main du destin industriel du sud du pays se lit une partie, voire l’essentiel, de cette dynamique. Sur un autre plan que celui spécifiquement historique, les discours politiques récoltés notamment flamands, estiment que la genèse de la trajectoire affaiblissant l’Etat central et conduisant aux discordes communautaires est à rechercher du côté du contexte initial qui a présidé à la naissance de la Belgique.
4Celle-ci serait marquée par une injustice aux caractéristiques durables qui tient tout d’abord aux circonstances entourant l’apparition du nouvel Etat. Si certains néerlandophones comme l’ancien premier ministre Yves Leterme jugent que la Belgique est « née d'un accident de l'histoire »3, la série d’évènements qui l’ont portée sur les fonts baptismaux illustre la contingence foncière associée à son émergence, mais aussi à sa permanence. La Révolution belge de 1830 a été provoquée en effet, selon le socialiste flamand Louis Tobback, « par des catholiques qui refusaient de devenir protestants, et par des francophones qui avaient peur de devoir parler le néerlandais ». Le choix de la scission du Royaume-Uni des Pays-Bas fut une erreur telle que ses « conséquences fâcheuses » sont visibles même « dans le désastre de la guerre de 1914-1918 »4. Le hasard des débuts du nouvel Etat définit son caractère artificiel qui ne fait que s’accroitre au vu de la composition sociétale belge, un « amalgame improbable », selon le nationaliste flamand Geert Bourgeois, de deux communautés « dont les différences [ne] conduisent [qu’] à des impasses »5. L’apparition de la Belgique s’apparente donc à un phénomène d’enclavement de la majorité flamande au sein de structures étatiques dépourvues, en contraste avec la Flandre, de la légitimité que confère une« réalité historique » plurimillénaire comme la frontière linguistique6 (séparant la Flandre d’une part et Bruxelles et la Wallonie d’autre part). Dans les discours développés, le seuil de l’injustice est atteint lorsqu’on fait le constat de la domination de la grande bourgeoisie francophone. Cette dernière a conduit à l’assujettissement de la majorité néerlandophone à un projet de francisation à marche forcée niant tout droit naturel du peuple flamand à l’autodétermination. Le caractère artificiel de la Belgique s’explique en ce sens non seulement par l’adition factice de deux peuples aux cultures différentes, mais aussi par la vocation oppressive de la Belgique qui, après 1830, « demeura ce qu'elle était et est encore foncièrement: un État artificiel et francophile qui ignore et dénie le droit naturel des peuples à l'autodétermination. Bien que cet État comprenne une très grande majorité de Flamands, la minorité francophone [tient] solidement les rênes de la politique »7. Considéré par les élites francophones, qu’elles soient de tendance libérales ou catholiques, comme un « patois ménapien » n’ayant pas droit de cité dans un Etat moderne centralisé autour d’une seule langue, le néerlandais n’a pu pleinement jouir de son statut de langue nationale que « septante ans [après] la loi instaurant l'égalité de 1898 »8. La volonté d’éradication des dialectes flamands était ainsi la manifestation la plus claire de l’oppression qui découle des orientations du nouvel État belge établi en 1830 et dirigé par une élite tendant à « mépriser » le peuple flamand.
5Même dans la phase contemporaine où l’usage du néerlandais s’est imposé dans les administrations fédérales, l’ascendant historique des francophones aurait perduré. Si le déséquilibre intra-belge découlait à l’origine du système électoral censitaire qui « excluait la plupart des Flamands du processus démocratique et les condamnait à une vie en marge de la société, de l’économie et de la culture », aujourd’hui les multiples garanties qui bénéficient à la minorité francophone apparaissent injustifiées au regard du principe démocratique du gouvernement de la majorité. Faisant fi de ce principe, les francophones auraient préservé des pouvoirs démesurés qu’ils continuent d’exercer de façon abusive à l’égard de la Flandre, comme l’attesterait la détention paritaire par les francophones de la moitié des postes ministériels fédéraux bien qu’ils soient numériquement minoritaires ou la panoplie de mécanismes institutionnels leur permettant de bloquer ou retarder les effets d’un vote majoritaire flamand. Ainsi, « tout accord entre les communautés linguistiques reflète chaque fois « le peu que les partis francophones sont prêts à autoriser. Tôt ou tard […] les limites de cet accord seront atteintes et l’opinion publique flamande exigera à nouveau une réforme. Et la minorité francophone essaiera à nouveau d’étouffer constitutionnellement ces exigences. La Belgique n’est plus une démocratie »9.
6Si la responsabilité des francophones concernant les multiples griefs et vexations linguistiques subis par les néerlandophones serait avérée, dans la rhétorique des élites politiques flamandes, il en irait de même de l’absence d’un espace démocratique unique et du dysfonctionnement qui en résultent. Ces conséquences trouveraient leur source dans un épisode déterminant des années trente, celui de la frontière linguistique. L’adoption du principe de la frontière linguistique en 1932 balisera en effet toutes les évolutions fédérales voire confédérales ultérieures. De ce fait, au cours de ce tournant historique, l’occasion manquée de conférer un caractère bilingue à toute la Belgique aurait pu, selon d’aucuns, fonder un espace démocratique transcendant des réalités sociopolitiques exclusivement communautaires. Or face aux possibilités qui se présentaient de faire de la Belgique un pays bilingue, le « Compromis des Belges » élaboré par les dirigeants du Parti Ouvrier Belge, devancier du Parti socialiste, énonce le principe de l’intégrité culturelle de la Flandre et de la Wallonie. Préfigurant les lois linguistiques de 1932, ce compromis reflète, selon l’historien Lode Wils, moins une volonté wallonne de respecter l’exercice du néerlandais en Flandre que l’ultime évolution du mouvement régionaliste wallon qui concevait désormais l’unilinguisme des deux régions comme un frein à l’avancée du néerlandais en Belgique10. Dans cette conjoncture critique, plusieurs politiciens flamands croient déceler une faute historique des dirigeants wallons. Leur choix aurait en quelque sorte assigné au développement politique de la Belgique une finalité qui a impliqué le dépassement de l’Etat unitaire et l’entrée en vigueur d’un mouvement continu d’accroissement des pouvoirs des régions et des communautés en même temps qu’un amenuisement permanent de ceux des autorités centrales. Dans les mots de l’ancien premier ministre social-chrétien Jean-Luc Dehaene, le rôle des dirigeants du sud du pays dans le déclenchement de ce processus aux propriétés déterministes est indiscutable. En effet, si « en 1932, la Wallonie avait accepté le régime du bilinguisme, la Belgique ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui ». Les francophones ne peuvent donc logiquement pas dénoncer les revendications autonomistes et donner « des leçons aux néerlandophones alors qu’ils ont eux-mêmes créé le problème. Qui a choisi […] l’unilinguisme ? Pas le flamand, hein, le Wallon ! »11.
7Ayant « détruit la nation belge » en prenant « la mauvaise décision d’essayer d’arrêter l’évolution du pays vers le bilinguisme »12, les francophones militeraient aujourd’hui vainement pour la préservation de la sphère étatique commune voire préconiseraient, en étant pour certains partisans de l’établissement d’une circonscription fédérale, un retour illusoire à l’État unitaire. Le leader indépendantiste Bart de Wever exprime clairement cet argumentaire : « Au lieu de créer un espace démocratique belge unique, une nation politique, l’élite francophone a créé une démocratie parallèle au sein de l'État belge afin de tenter de contrer la majorité flamande. Pour y réagir, les Flamands ont formé une sous-nation qui s’est transformée en contre-nation. À cause de ce processus, la Belgique est maintenant complètement divisée en deux parties, en deux démocraties, chacune ayant ses propres médias, institutions et partis politiques, et son propre consensus social. Nous avons peu en commun, voire rien du tout. Dans les mots du Commissaire européen Karel De Gucht, la Belgique est devenue une conférence diplomatique permanente entre deux nations. Cette réalité est renforcée par le fait que les Flamands et les Belges francophones ont des points de vue politiques profondément divergents quant à la manière de faire face aux défis de l’avenir »13.
8Parmi les défis à relever figure sans doute la question de l’amnistie des collaborateurs de la seconde guerre mondiale. Synonyme par excellence d’une discorde mémorielle qui se superpose sur le clivage communautaire, le passé de guerre a traditionnellement opposé une opinion importante en Flandre qui a eu tendance à assimiler les collaborateurs à des « victimes » de la répression qui a suivi la Libération, à une opinion majoritaire en Wallonie qui a constamment rejeté toute mesure de clémence envers les collaborateurs, que ce soit l’amnistie ou des mesures visant la prise en compte des conséquences sociales de la répression14. L’appel lancé en 2011 par le ministre de la justice Stefaan De Clerck illustre l’insistance du côté flamand pour ne pas laisser sans réponse la situation des anciens collaborateurs. L’ancien ministre voit dans le débat sur le passé de guerre la possibilité d’une réconciliation et d’une pacification communautaire : « Ce que je veux, c'est ouvrir le débat, avoir un dialogue. Après 65 ans, il doit être possible d'examiner comment des éléments de réconciliation peuvent être construits. Il n'est pas question d'amnistie, mais on pourrait avoir un débat sur les effets qui se font encore sentir pour certains descendants »15.
9Cette sollicitude vis-à-vis des « victimes de la répression » acquiert tout son sens lorsqu’on se penche sur le parcours individuel de certains promoteurs de la reconnaissance législative des méfaits inhérents à cette période historique. Président du parlement flamand, Jan Peumans (N.V-A) est de ceux-là. Nourri « dès le biberon » au nationalisme flamand, il fait partie d’une famille dont l’histoire se confond sous le signe de l’injustice et de l’humiliation avec celle de la Flandre de la première moitié du vingtième siècle. « Ces événements, reconnait-il, m’ont marqué ». Il étoffe son constat en relatant les faits qu’il considère avoir été décisifs dans ses choix personnels : « De nombreux membres de ma famille s’affichaient comme des flamingants convaincus. Mon père l’était. Son frère, moine dans un couvent, l’était aussi ». Ce dernier évoquait devant ses neveux « l’histoire du mouvement flamand » et le cortège d’humiliations accompagnant la puissance de la bourgeoisie francophone. Un autre oncle, membre du VNV (le Vlaams Nationaal Verbond, qui collaborait avec l’occupant allemand), « a été tué sous les yeux de ses élèves, au milieu de la cour de récréation de son école (…) par des lâches ». Ses propres enfants ont été qualifiés « “zwarten”, ce quolibet dont on affublait les inciviques, tous ceux qui étaient soupçonnés d’avoir collaboré avec l’occupant nazi ». Les réactions épidermiques de l’opinion francophone dès que la problématique du traitement des collaborateurs est publiquement évoquée s’expliqueraient par une représentation erronée de leur part qui les conduit à suspecter toute demande émanant de la Flandre. Celle-ci n’est que la continuité d’une vision qui a constamment tenu la collaboration pour un phénomène essentiellement flamand. « Je sais, continue le président du parlement flamand, que les Wallons serinent toujours que les Flamands étaient tous des collaborateurs, des fascistes pendant la guerre. On ne va pas refaire l’histoire, mais le rexisme est une page d’histoire francophone. La collaboration n’est pas un fait exclusivement flamand. À l’époque, c’est la bourgeoisie francophone qui contrôlait l’ensemble des grands secteurs industriels. Là aussi, la collaboration a existé. Mais je précise que j’ai une aversion totale pour le régime nazi, les idées qu’il a véhiculées et les horreurs qu’il a générées »16.
10En prenant la mesure du vécu flamand au sein de la Belgique, une narration historique des relations communautaires ne peut donc que s’attarder sur les multiples facettes d’une même réalité où se côtoient les récits du « mouvement flamand », du « prêtre Daens » qui s’est élevé contre l’injustice de la condition des travailleurs flamands au prix de lourdes sanctions des autorités ecclésiastiques francophiles, le « refus de laisser entrer des Flamands au Parlement wallon », ainsi que les « situations intolérables dans les hôpitaux bruxellois » où l’usage du français pénaliserait l’accès des néerlandophones aux soins de santé17. D’après l’ancien premier ministre Mark Eyskens, pour saisir la sensibilité de leur partenaire national, « les francophones doivent comprendre que les Flamands reviennent de loin. Il y a cent ans, la langue flamande n'existait même pas » et ce n’est que récemment qu’on a assisté à « l'achèvement de cette émancipation »18.
11Le peu d’attachement de l’opinion flamande aux symboles de l’État belge, comme la monarchie, a aussi une raison historique liée à une expérience passée négative : « On ne peut, déclare le président du principal parti flamand, que constater que dans l'histoire, [la famille régnante] les Saxe-Cobourg étaient contre chaque mouvement d'émancipation : émancipation flamande, sociale, ouvrière, éthique... ils étaient toujours contre. Donc je ne vois pas pourquoi [Albert II, le roi actuel] serait mon ami»19. Le renversement de situation, par rapport à la période postérieure à la guerre où en Wallonie les mises en cause de la monarchie étaient courantes, a pour origine la persistance d’une faible connaissance du néerlandais au sein de la famille régnante. Selon le socialiste Johan Vande Lanotte, « lors de la Question royale [en 1950], la Flandre voulait revoir le Roi sur le trône alors que les Wallons entendaient s’en débarrasser. Aujourd’hui, les francophones sont les plus attachés à la monarchie. Parmi les éléments qui ont entraîné ce basculement, il y avait le niveau de connaissance du néerlandais à la Cour. Non pas que l’on ait pu mettre en doute la qualité, du néerlandais de nos derniers Rois, mais sa pratique par leur entourage n’était de toute évidence pas du plus haut niveau »20.
12La revendication d’une réduction des pouvoirs du roi, qui est un leitmotiv de certaines formations politiques flamandes, peut s’expliquer par ces propos. De manière générale, le passé apparait dans les discours flamands la cause des demandes d’autonomie et par conséquent du conflit autour de la réforme de l’État. L’usage de la mémoire sert à éclairer les revendications de transfert de compétences en les insérant dans un cheminement téléologique vers l’autonomie voire, pour d’aucuns, vers l’indépendance. L’affirmation d’un « dysfonctionnement » au sein de la Belgique imputée aux francophones est forgée à l’aide de représentations du passé qui mettent en évidence une situation incontestable d’iniquité historique vécue par les Flamands.
La perception francophone : l’absence de légitimité historique pour une autonomie flamande
13Dans leurs discours, les politiciens francophones se concentrent sur la défense des régions de Bruxelles et de Wallonie, dont ils sont très majoritairement issus. Les éléments rhétoriques qu’ils mobilisent s’assimilent d’une part, à une contre-argumentation suscitée par les positions flamandes, et d’autre part, à des considérations historiques générales à partir des enjeux actuels du conflit communautaire. Dans cette dernière ligne discursive, on trouve les analogies historiques, à l’instar de celles relevées par l’ancien Ministre-président de la Région Bruxelloise Charles Picquet. Il voit dans la situation de la fin des années deux mille marqué à la fois par une récession et un blocage politico-institutionnel sans précédent, la confluence de deux crises économique et institutionnelle. La structure de celles-ci semblent similaires d’un côté à la « crise économique et sociale (de) 1929 », et d’un autre à la crise « institutionnelle (de) 1950 avec la Question Royale »21 qui a occasionné, sur fond de divergences entre flamands et wallons, un conflit intense autour de la tentative de récupération du trône par Léopold III après plusieurs années d’exil.
14De la même manière que l’élite politique flamande s’appuie sur une lecture spécifique du passé pour avancer son agenda favorable à une plus grande autonomie du nord du pays, l’élite politique francophone déploie des efforts interprétatifs analogues mais en leur assignant un objectif opposé : la défense de la Belgique unie et le renforcement du rôle des francophones dans les institutions fédérales. L’absence d’un bruxellois ou d’un wallon au poste de premier ministre depuis des décennies est l’occasion pour celui qui le deviendra après le règlement de la crise institutionnelle en 2011 de recourir à une telle stratégie. Pour le wallon Elio di Rupo, « il n'y a aucune raison de limiter le débat du Premier ministre aux seuls partis flamands. Les quatre millions de francophones de ce pays n'ont plus de Premier ministre depuis 1974 ! 33 ans après - la génération d'un Christ - on pourrait peut-être aussi crucifier une tradition... Il n'y a pas de malédiction, de fatalité »22. Même lorsque les propos de certains politiciens se rapprochent de ceux de leurs homologues flamands laissant planer un doute sur une possible convergence s’agissant des revendications confédérales, une nuance se glisse aussitôt dans le discours développé qui rappelle l’attachement majoritaire des francophones au statu quo institutionnel. Ainsi lorsqu’un socialiste bruxellois, Philippe Moureaux, qui a joué un rôle important dans les réformes de l’Etat ces dernières décennies, attaque la Monarchie en la plaçant dans un système « d’Ancien Régime », il circonscrit aussitôt sa critique au style peu moderne de l’héritier du trône tout en affirmant que dans le contexte Belge marqué par des crises à répétitions, la stabilité de la Monarchie « comporte ses avantages » et que par conséquent « il est important de conserver le rôle extérieur du Roi »23.
15Cependant, l’essentiel des déclarations politiques francophones contenant des références au passé semble s’insérer dans un contre-argumentaire visant à conforter l’Etat fédéral face aux revendications flamandes. Nous l’avons vu, la raison de la crise institutionnelle et politique entre 2007 et 2011 réside dans le conflit opposant flamands et francophones sur la réforme de l’État. L’affrontement a eu lieu notamment sur un dossier emblématique : l’arrondissement de Bruxelles Halles Vilvorde (BHV). Il s’agit d’un arrondissement électoral et judiciaire à cheval sur les régions de Bruxelles et de Flandre et qui permettait aux citoyens qui y résident, en dépit de la frontière linguistique qui sépare ces deux entités fédérées – la première étant bilingue et la deuxième néerlandophone –, de voter pour les mêmes listes électorales. Il garantissait en outre pour les francophones qui habitent la partie flamande de cet arrondissement l’accès à la justice dans leur langue natale24. Les partis flamands demandent depuis des décennies la scission de cet arrondissement considéré comme une anomalie dans la Belgique post-unitaire où le principe de territorialité prévaut. C’est précisément pour satisfaire l’objectif d’intégrité territoriale que les politiciens flamands se mobilisent depuis des années pour atteindre ce but, tenu régulièrement en échec par des partis francophones craignant la fin des droits des minorités linguistiques et soutenant une vision davantage axée sur les droits des personnes que sur le principe de territorialité25.
16Les négociations qui mèneront au final à une scission de BHV durant l’année 2012 sont, selon Olivier Maingain président des Fédéralistes Démocrates Francophones, un moment historique. Pour ce défenseur des francophones, « BHV est au cœur même de la conception que l’on a de l’avenir de l’Etat belge » et la résolution de cette question offre une seule alternative : « Soit on bascule vers le confédéralisme, comme voudraient nous y préparer les partis flamands, et dans ce cas, le sort d’une frontière linguistique appelée à devenir frontière d’Etat a une importance cruciale. Soit on reste dans un cadre fédéral, et il faut démontrer alors, via le maintien de BHV, que Bruxelles est la région qui fédère au centre du pays ». L’aspiration de chaque communauté transparait également selon Maingain dans les logiques opposées qui animent les compromis intra belges, une première logique aspirant par la réforme de l’Etat à une différence de nature avec la situation précédente, une deuxième tentant de cantonner cette ambition dans des marges impliquant une différence de degré, soit l’approfondissement dans des limites déjà entérinées de l’architecture fédérale En effet, « il y a toujours eu des approches radicalement différentes des négociations institutionnelles de la part des partis flamands et francophones : nous avons négocié en nous disant que c’était une manière de sauver la Belgique dans un cadre fédéral ; ils ont négocié en se disant que cela préparait l’émergence d’un Etat flamand. Qui peut encore douter un instant que le projet flamand, c’est bien cela ?, le confédéralisme ?, l’émergence d’un Etat flamand ?, même si c’est, peut-être, encore au sein d’un Etat belge pour un certain temps ? »26.
17Outre au cours de débats d’ingénierie institutionnelle opposant des tendances contraires selon l’appartenance communautaire, les politiciens francophones défendent également leurs régions face à des propos de politiciens du Nord du pays qui mettent régulièrement en cause le fait que la Wallonie vit « aux crochets de la Flandre ». L’argument invoquée en guise de défense rappelle la situation inverse prévalant encore il y a quelques décennies où « la Wallonie était extrêmement riche jusqu'au milieu des années '60 puis a subi une série de dégradations de son tissu économique »27. L’ancien ministre-président de la région wallonne Jean-Claude Van Cauwenberghe estime en ce sens que si aujourd'hui « la Flandre est en effet la première de classe […], pendant 30 ans, elle fut deuxième aussi »28. C’est pour cela que « lorsqu'on fait des calculs sur ce que la Wallonie a donné à la Flandre, c'est deux fois plus que ce qu'on n'a jamais reçu d'elle. S'il y a un « Van Cauwenberghe » à la tête du gouvernement wallon, c'est que la Wallonie a accueilli des Flamands et les a aidés à survivre. C'est trop facile de faire une photographie de la solidarité à un moment donné de l'Histoire. Quand la Flandre était sans industrie et dans la famine, la Wallonie a été un réservoir d'emplois pour des centaines de milliers de Flamands. Jusqu'en 1964, le PIB wallon a été supérieur au PIB flamand. Cela ne nous fait pas plaisir d'avoir besoin de solidarité. Nous faisons tout pour en sortir et nos efforts de redressement sont salués par de nombreuses personnalités du Nord […] »29. Cette inscription dans le temps du principe d’équité représente une dimension fondamentale des arguments de type historique employés par les politiciens wallons et bruxellois pour consolider les transferts de richesse à partir de la Flandre. Du côté flamand, en revanche, le recours au passé semble plus complexe que la défense ponctuelle d’un élément du différend communautaire.
18D’autres positions, sans qu’elles ne soient reprises par l’ensemble des personnalités politiques du sud du pays, reflètent une stratégie plus générale pour mettre à l’abri la Wallonie et Bruxelles des charges flamandes (tableau 1). Il en va ainsi de la défense du rôle historique du français et des valeurs qui lui sont inhérentes telle que formulée par un député libéral, Daniel Ducarme, lors de l’une de ces interventions à la chambre pour récuser diverses mises en cause provenant des nationalistes du nord du pays. La particularité de ce discours est qu’il exprime à la fois une vision normative de l’ordre communautaire que devrait conférer selon lui l’appartenance à l’une des deux langues nationales, en même temps qu’un rappel des méfaits de la collaboration en Flandre. Dans le propos du député francophone, la focalisation par la Flandre sur les revendications d’autonomie est le signe d’une fermeture d’esprit à laquelle s’oppose l’ouverture qu’assure la langue française, considérée comme un vecteur de propagation de règles universelles : « la culture universelle du français veut dire qu'il y a une valeur essentielle qui est le partage universel des droits de l'homme et de la femme ». Bien plus que le signe d’un repli qui ne peut se mesurer à la fécondité normative de la langue française, le nationalisme flamand qui a pour pivot la défense du néerlandais en Belgique ne permet pas d’accéder à ce qui s’apparente à l’essence de l’Homme. Car il faut en effet « quitter les rives de l’Yser [fleuve qui parcourt la Flandre] pour comprendre quelles sont les valeurs de l’humanité »30. La présentation des droits de l’homme comme un corpus de valeurs consubstantielles au français affirme, dans le contexte belge, une certaine supériorité par rapport à toute idéologie concurrente basée sur un autre vecteur linguistique. Continuant le vif échange lors de la séance plénière avec son homologue flamand lequel évoque l’épisode de la Terreur qui déconsidère selon lui la promotion par la France des droits de l’homme, le politicien libéral introduit un élément biographique pour disqualifier définitivement les assertions des radicaux du mouvement flamand : « Je suis Belge, je ne suis pas né en France, mais à Liège. Étant natif de Liège, j'ai sans doute une perception assez française. Vous parlez du régime de la Terreur. Je suis d'accord, il y a eu une terreur après la Révolution française, mais celle à laquelle ma famille a été la plus attentive, avec un grand-père qui s'appelait Van Lerberghe et qui venait de Gand, c'est la terreur subie par certains pendant les années 40-45 »31.
19Tableau 1 : Illustration des arguments types de nature historique des politiciens flamands et contre-arguments francophones
20A l’opposé, une intervention d’un député socialiste, Jean-Pol Henry, faisant état de la « chance » qu’il a eu d’apprendre le néerlandais à l’école, reconnait « la lutte d’émancipation du peuple flamand qui veut obtenir la reconnaissance de son identité dans l’État belge », en pointant simultanément qu’il « est du devoir de tout le monde de promouvoir sa langue maternelle et sa culture, mais jamais au détriment d’autres langues et d’autres cultures, ni des droits et des libertés individuelles »32. Cette dernière position semble refléter une position francophone relativement consensuelle, Ainsi, les motivations historiques du mouvement flamand sont perçues comme justes, mais certains de ses choix passés et de ses orientations actuelles sont pour les francophones une erreur à la fois morale et politique. Elio Di Rupo affiche sa compréhension vis-à-vis du parcours de la Flandre, « une communauté, majoritaire en nombre, (qui) a été minorisée, (...) a besoin de démultiplier ses forces pour s'extraire des difficultés. Je peux comprendre cet élan : ma force de travail résulte aussi du milieu très modeste dont je suis issu... ». Mais en même temps il rappelle que « les francophones doivent prendre conscience que l'importante minorité qu'ils forment doit leur faire revendiquer leur place légitime »33.
Conclusion
21Sans jamais former un tout uniforme et se rejoignant parfois au-delà du clivage communautaire, les représentations francophones et flamandes du passé affichent néanmoins une certaine cohérence interne et exposent par conséquent des vues opposées sur le passé belge. A la fois intimement liées et découplées du conflit en cours, ces mémoires concurrentes se construisent dans une interaction où se mêlent l’argumentaire des uns et le contre-argumentaire des autres. On retrouve également dans cet enchevêtrement, comme force créatrice, la continuité des réalités sociales que ces mémoires communautaires symbolisent. Car le passé est d’autant plus pertinent pour les défis du présent qu’un parallélisme entre les deux est possible. La mémoire du passé sera maintenue, ou au contraire, si les réalités représentées se sont estompées, celle-ci aura tendance à s’éclipser. Cet élément de contrainte atténue grandement la conception instrumentaliste du passé, celui-ci n’étant pas (seulement) ce qu’on en fait. La structure du conflit social en cours dicte ainsi, d’après Michael Schudson, en partie quels sont les passés disponibles, dont on se remémorera publiquement et quels sont les passés indisponibles qui sont inatteignables par notre perception34. Or le passé d’injustice et de vexations linguistiques semble rester pertinent aujourd’hui encore du côté flamand, alors que le passé marqué par le succès industriel wallon et un certain rayonnement du français apparait toujours un répertoire de sens encore valable du côté francophone. L’infortune des uns et la fortune des autres, toutes deux situées dans un temps révolu, entrent en résonance avec des vécus sociopolitiques qui en sont pourtant actuellement éloignés. La raison à cela tient donc moins à la permanence des réalités que ces choix mémoriels symbolisent qu’aux objectifs politiques assignés au recours au passé. Si l’insistance sur l’histoire d’une Wallonie pionnière de la Révolution industrielle sur le continent se comprend à la lumière de la volonté affichée par les dirigeants wallons d’atteindre à nouveau une prospérité économique dans le sud du pays, le rappel répété de l’injustice linguistique autrefois subie par les Flamands peut se comprendre aussi au regard de l’objectif déclaré ces dernières années par les autorités flamandes de conférer une plus grande autonomie au nord du pays. Ainsi la durabilité des constructions symboliques antérieures expriment d’une part un souhait de revenir à un vécu passé « heureux » en maintenant unie une Belgique qui l’aurait favorisée, et, d’autre part, manifeste une aspiration pour se défaire d’une situation précédente « préjudiciable » en transformant les restes du cadre institutionnel qui l’auraient promue.
22Décembre 2014
Notes
1 Le corpus de discours faisant référence au passé a été constitué à partir de bases d’archives de quotidiens nationaux. Ce choix se justifie pour différentes raisons et pose certains écueils qu’on a tentés de surmonter. La nature des données recherchées exige de recourir à une démarche d’identification de la source primaire qui passe par un tri destiné à séparer les données pertinentes de celles qui ne le sont pas. Les journaux représentent une base de données essentielle de la vie politique recensant tout type discours, dont ceux évoquant le passé. Nulle part répertoriés comme tel, ces derniers peuvent être mis en lumière soit par une revue systématique des bases d’archives, soit par l’introduction de mots clés. La première méthode se révèle rédhibitoire au vu de la période couverte. La deuxième méthode, qui a été choisie, a l’avantage de cibler directement les données pertinentes et de reconstituer à partir de là les termes d’un débat portant par exemple sur la guerre ou l’occupation. En outre, pour atténuer l’écueil du biais de sélection, il a été demandé à 6 personnes pour chaque cas, de différents milieux socioprofessionnels, d’établir une liste de mots-clés faisant référence à l’histoire nationale en général. Sans être nécessairement exhaustive, cette méthode se rapproche fortement de la démarche systématique comme l’atteste la quantité de discours recueillis. 113 discours comprenant une évocation du passé ont été sélectionnés. Afin de respecter le positionnement linguistique par rapport à l’actualité et la symétrie dans la production des discours, l’analyse s’est basée sur deux journaux francophones, La Libre et Le Soir, et sur deux quotidiens néerlandophones, De Standaard et De Morgen. Les annales du Parlement fédéral ont permis en complément de constituer un corpus le plus représentatif possible.
2 Cf. FARHAT, N. (2012), « Le conflit communautaire belge entre contingence identitaire et déterminisme historique. Analyse de path dependence de la formation des communautés et des trajectoires institutionnelles. », Revue française de science politique,vol. 62, n° 2, pp. 231-254.
3 QUATREMER, J. (2006), « D'un Etat unitaire à un Etat fédéral »,Libération, 18 août.
4 PHILIPPON, I. (2008), « Louis Tobback ne veut pas des Pays-Bas », Le Vif, 15 mai.
5 VANOVERBEKE, D. (2010), « A l’heure de la mondialisation et de l’Europe sans frontières, la question de l’identité nationale a-t-elle lieu d’être posée », Le Soir, 3 mars.
6 QUATREMER, J. (2006), « D'un Etat unitaire à un Etat fédéral », op. cit.
7 LOWIE, I. (1998), « Proposition de résolution relative à la dissolution et à la scission complètes de l'État belge »,Chambre des Représentants de Belgique, 5 mai.
8 BOURGEOIS, G., (2002), « Compte rendu intégral », Chambre des Représentants de Belgique, Séance plénière, 13 juin.
9 DE WEVER, B. (2011), « Construire une nation en Flandre », Communication présentée au 77th Annual National Conference of the Scottish National Party, Inverness, 21 octobre.
10 WILS, L. (1996), Histoire des nations belges. Belgique, Flandre, Wallonie : quinze siècles de passé commun, Ottignies LLN, Qorum, p. 198.
11 VANOVERBEKE, D., et LAMQUIN, V. (2007), « Francophones, le problème vient de vous ! », Le Soir, 03 août. Ces propos établissant une responsabilité, spécifiquement wallonne, dans l’évolution de la Belgique vers deux collectivités politiques sans cesse plus autonomes sont parfois corroborés par les politiciens francophones, à l’instar d’Elio di Rupo qui reconnait que les Wallons auraient dû « choisir » le bilinguisme en 1932 et auraient pu encore le faire, si telle était leur volonté, en 1963. (KAMY A. M., et ROCHETTE-RUSSE L. (2000), « Centre Harmel », dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, IJD, Tome I, pp. 241-242).
12 DE WEVER, B. (2011), « Interview à la RTBF », 9 novembre.
13 DE WEVER, B. (2011), « Construire une nation en Flandre », op. cit.
14 Cf. BALACE, F., « Collaboration et répression en Wallonie : un regard particulier ? », dans GOTOVITCH, J. et KESTELOOT, C. (éd.) (2002), Collaboration, répression. Un passé qui résiste, Bruxelles, Éditions Labor, pp. 51-70; Cf. WITTE, E. et al. (2010), Political History of Belgium from 1830 Onwards, Brussels, Vubpress, p. 237.
15 DE CLECK, S. (2011), « Des réactions à chaud exagérées », Dernière Heure, 19 mai.
16 VANOVERBEKE, D. (2010), « Jan Peumans : ‘Si je pouvais, je renaîtrais Wallon’ », Le Soir, le 6 février.
17 WILLEMS, F. (2002), « Compte rendu intégral », Commission de l’intérieur, des affaires générales et de la fonction publique, Chambre des Représentants de Belgique, 30 avril.
18 DELVAUX, B. (1998), « Eyskens ne croit plus à la Belgique SA de papa », Le Soir, 14 avril.
19 VANOVERBEKE, D. et DUBUISSON, M. (2012), « Au Palais, sans cravate », Le Soir, 28 décembre.
20 LAPORTE, C. (2010), « ‘Elle est déjà protocolaire’ », La Libre, 22 mars.
21 COPPI, D. (2009), « Les socialistes au-devant du ‘désastre libéral’ », Le Soir, 30 mars.
22 VANOVERBEKE, D. et COPPI, D. (2007), « ‘Un Premier francophone ? Il n'y a pas de malédiction !’ », Le Soir, 13 janvier.
23 BUXANT, M. et SAMYN, S. (2010), « ‘Ils vivent encore dans l’Ancien Régime’ », La Libre, 24 mars.
24 Pour une analyse récente des enjeux autour de la circonscription de Bruxelles-Halle-Vilvorde voir, BLERO, B. (2011), « Bruxelles-Hal-Vilvorde, couronne d'épines de l'État fédéral belge ? », Pouvoirs, vol. 1, n° 136, pp. 97-123.
25 La structuration ces dernières décennies de l’État belge a permis que les deux logiques coexistent : celle d’un fédéralisme personnel qui reconnait un droit aux personnes de choisir dans certains cas leurs institutions, et le fédéralisme territorial qui a institutionnalisé les identités linguistiques en leur délimitant un territoire. A ce sujet voir, SINARDET, D., « Territorialité et identités linguistiques en Belgique », dans Joanna Nowicki et al. (dir.) (2008), « L’Épreuve de la diversité culturelle », Hermès, n° 51, pp. 131-149. Sur les diverses implications d’un régime de territorialité linguistique voir, VAN PARIJS, P., « Linguistic Justice for Europe, Belgium and the World », dans RAYMAEKERS, B., (éd.) (2008), Lectures for the XXIst Century, Leuven, Leuven University Press, pp. 13-36.
26 COPPI, D. (2008), « ‘Messieurs, voici le prix à payer’ », Le Soir, 17 mai.
27 ‘COPPI, D. (2009), « Les socialistes au-devant du ‘désastre libéral’ », op. cit.
28 VANOVERBEKE, D. (2000), ‘Jean-Claude Van Cauwenberghe’, Le Soir, 11 décembre.
29 GHESQUIERE, D. (2002), « Van Cau.: ‘la Flandre est ingrate’ », Le Soir, 28 juin.
30 DUCARME, D. (2006), « Compte rendu intégral », Chambre des Représentants de Belgique, Séance plénière, 19 décembre.
31 Ibidem.
32 HENRY J.-P. (2007), « Compte rendu intégral », Chambre des Représentants de Belgique, Séance plénière, 26 avril 2007.
33 COPPI, D. (2009), « Les socialistes au-devant du ‘désastre libéral’ », op. cit.
34 SCHUDSON, M. (1989), « The present in the past versus the past in the present », Communication, Vol. 11, pp. 105-113.