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- Volume 78 (2025)
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Stenus asphaltinus Erichson 1840 récemment redécouvert en Belgique (Coleoptera, Staphylinidae, Steninae)

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La découverte d’un spécimen mâle de Stenus asphaltinus Erichson 1840 à Souverain-Wandre (commune de Liège) le 13 mai 2024 vient confirmer la présence actuelle de l’espèce sur le territoire belge, où seules deux anciennes occurrences étaient recensées auparavant. Les circonstances de l’observation sont décrites et les données sur la biologie et la répartition de ce rare staphylin sont résumées.
Abstract
On May 13, 2024, a male specimen of Stenus asphaltinus Erichson 1840 was discovered at Souverain-Wandre (commune of Liège). This observation confirms the species’current presence in Belgium, where only two previous old occurrences had been recorded. The full context of the observation is described and key data on the biology and distribution of this rare rove beetle are summarised.
Table des matières
Reçu le 26 mars 2025, accepté le 25 juin 2025 et mis en ligne le 27 juin 2025.
Cet article est distribué suivant les termes et conditions de la licence CC-BY (http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr)
INTRODUCTION
1Faisant partie de l’immense famille des Staphylinidae, le genre Stenus Latreille 1796 arrive en tête des genres les plus riches du règne animal avec plus de 3100 espèces décrites à travers le monde et une diversité maximale dans les forêts tropicales (Puthz, 2021). Moins abondants en Europe, ses représentants réunis au sein de la sous-famille des Steninae sont tout de même au nombre de 120 en France (Tronquet, 2020), 103 en Allemagne (Bleich et al., 2024), 75 dans les Iles Britanniques (Denton, 2013 ; Duff, 2024), 82 aux Pays-Bas (van Stuivenberg, 1997 ; Vorst, 2004) et au moins 80 en Belgique (Bruge et al., 2001 ; Drugmand & Pontégnie, 2003 ; Struyve, 2014 ; Struyve, 2025).
2Ces coléoptères noirs, élancés et de taille modérée (1-8 mm), ont une allure des plus caractéristique avec leurs gros yeux hémisphériques latéralement très proéminents, leur pronotum ± cylindrique, plus étroit et non bordé latéralement, leurs élytres courts, ainsi que leur abdomen subcylindrique progressivement rétréci vers l’arrière. L’aspect coriace du tégument densément ponctué constitue un autre trait typique de ces staphylins. Ils possèdent en outre des antennes de 11 articles (les 2 basaux plus dilatés et les derniers légèrement élargis en massue) et des tarses de 5 segments à toutes les pattes. D’un point de vue phylogénétique, les Stenus forment un clade monophylétique (Lang et al., 2015) attesté par un labium mobile pouvant être projeté vers l’avant afin d’attraper une proie comme décrit ci-après.
3Les Stenus sont des prédateurs vagiles et essentiellement diurnes qui pourchassent de menus invertébrés au sol ou sur la végétation basse, le plus souvent dans les lieux humides ou frais : rives des eaux stagnantes ou courantes, humus et litière des cariçaies et des roselières, mousses des prairies, marais et tourbières, ... Hormis durant la fin de l’automne et l’hiver, ils s’observent facilement au sol, courant entre les galets ou sur la vase. On capture aussi les adultes toute l’année, en tamisant les débris végétaux et les mousses, en fouillant à vue les touffes de graminées voire en retournant des pierres ou du bois mort. Les Stenus ont un corps parfaitement profilé (les trois tagmes étant articulés entre eux) pour circuler aisément au sein de ces microhabitats. Ils disposent de pattes à la fois effilées et puissantes qui leur apportent une grande agilité. Leurs yeux volumineux, composés de nombreuses ommatidies uniformément réparties, leur assurent une excellente vision. Quoique possédant des ailes postérieures fonctionnelles, ces staphylins volent peu et chassent leurs proies soit en les poursuivant activement, soit à l’affut. Ils les saisissent à l’aide de leurs mandibules falciformes, mais disposent aussi d’un organe remarquablement spécialisé, unique chez les coléoptères : un labium télescopique à extrémité adhésive facilitant la capture d’une proie à une certaine distance et surtout à très haute vitesse, un peu comme chez la larve de libellule ou le caméléon. Ce dispositif très élaboré, décrit il y a près de deux siècles par Thion (1835), a été étudié par différents chercheurs contemporains dont Betz (1998) et semble spécialement destiné à la capture d’organismes agiles tels que les collemboles, son efficience variant considérablement en fonction des capacités défensives des proies visées (voir les synthèses de Betz et al. (2018) et de Drugmand & Garcelon (2019)).
4Quoique généralement peu collectés par les entomologistes, les Stenus de la faune belge sont investigués de longue date et ce qu’on connaissait de leur répartition à l’aube du 21ème siècle a été résumé par Bruge et al. (2001) sous la forme d’une table d’occurrence par districts phytogéographiques. Parmi les 78 espèces citées dans ce travail, plusieurs sont des raretés connues d’un seul district ou par d’anciennes captures sporadiques. C’est le cas de Stenus asphaltinus Erichson 1840, objet du présent article à l’occasion de sa récente redécouverte dans la vallée de la Meuse en aval de la ville de Liège.
Stenus asphaltinus en quelques MOTS
5Ce Stenus de taille moyenne (4,5-5,5 mm) fait partie d’un groupe d’espèces - anciennement réunies dans le sous-genre Stenus (Puthz, 2012 ; Duff, 2024) - combinant un abdomen rebordé latéralement, des tarses postérieurs allongés et minces avec le 1er segment nettement plus long que le dernier et le 4ème segment simple (non élargi) et des tergites antérieurs dépourvus de carène centrale à leur base.
6Il se distingue aisément des espèces voisines par son tégument fortement brillant, non microréticulé et à ponctuation forte à rugueuse, constituée de points piligères arrondis très densément répartis. Le corps, les pattes et les antennes sont uniformément noirs, coloration sans doute à l’origine de l’épithète spécifique. En outre, le pronotum est creusé d’un sillon longitudinal léger mais généralement bien marqué. Chez les mâles, une petite épine subapicale se remarque sur les tibias des pattes intermédiaires et postérieures, un peu plus développée sur ces dernières. Enfin, l’édéage du mâle est d’aspect suffisamment caractéristique pour confirmer l’identification en cas de doute éventuel (Lohse, 1964 ; Dauphin, 1991).
Stenus asphaltinus en BELGIQUE
7De la présence de Stenus asphaltinus en Belgique, on ne sait que très peu de chose. Dans la littérature, la localité d’Argenteau citée par Donckier de Donceel (1880), sur indication d’un certain A. Maurissen, demeure encore aujourd’hui l’unique occurrence répertoriée. Située sur la rive droite de la Meuse en amont de Visé, cette localité est ainsi la seule retenue dans le Catalogus Staphylinidarum Belgicae de Segers (1986) et semble aussi constituer la source exclusive sur laquelle se reposent Bruge et al. (2001) pour signaler l’espèce du district mosan. Précisons que, par sa position sur le rebord occidental du plateau de Herve, Argenteau se trouve en fait aux confins des districts mosan et brabançon. Donckier de Donceel ne fournit aucun détail sur le biotope de l’observation. À la fin du 19ème siècle, le lieu était un hameau s’étendant autour de son château et son parc, au nord du village actuel, et ses alentours étaient couverts de vergers hautes tiges, de prairies, de terres cultivées et de quelques bois peu étendus. Actuellement, le secteur apparaît beaucoup plus boisé avec quelques prairies confinées dans des clairières tandis que les vergers y ont presque totalement disparu.
8Quant aux collections entomologiques, celle de l’IRSNB, la plus importante du pays, ne recèle qu’un seul spécimen identifié S. asphaltinus. Sous sa paillette se trouvent deux étiquettes avec les mentions « La Roche X.41 - R. de Ruette » et « R.M.H.N.B. 15.427 - Coll. R. de Ruette »1. L’imprécision de ces informations est habituelle aux matériaux muséologiques historiques. Cependant, on sait que la période d’activité de R. de Ruette s’est concentrée entre 1930 et 1945, et que la quasi-totalité de ses récoltes provient des rives de l’Ourthe autour de La Roche-en-Ardenne, Maboge, Hotton ou Houffalize (J. Fagot, comm. pers.). Ces indications confirment que la localité de capture de S. asphaltinus est bien La-Roche-en-Ardenne et non un des nombreux autres toponymes apparentés qui parsèment le territoire wallon. De plus, malgré l’absence de précision sur les circonstances de l’observation, il est à peu près sûr qu’elle se situe aux abords de l’Ourthe. Cette donnée muséologique, restée apparemment inédite jusqu’à ce jour (sous réserve de vérification), permet d’ajouter le district ardennais à la répartition belge de S. asphaltinus.
9Après un silence de plus de 80 ans, voici que ce Stenus fait de nouveau parler de lui ! En effet, le 13 mai 2024, un mâle est découvert lors de l’inventaire d’une prairie communale surplombant le cimetière de Souverain-Wandre, soit à 5 km au sud-ouest d’Argenteau et à 5,8 km du centre-ville de Liège. Le spécimen a été obtenu par tamisage de mousses en situation éclairée mais fraîche, sur le rebord d’une importante zone d’affaissement de la prairie (Figures 3 A-C). Son identification n’a posé aucune difficulté et a été accréditée par Pol Limbourg (IRSNB). L’échantillonnage a couvert quelques mètres carrés et a duré une vingtaine de minutes, les bryophytes tamisées appartenant essentiellement aux espèces Rhytidiadelphus squarrosus (Hedw.) Warnst., Pseudoscleropodium purum (Hedw.) M. Fleisch. et Calliergonella cuspidata (Hedw.) Loeske (det. André Sotiaux). Trois autres Staphylinidae ont été détectés parmi ces mousses : Stenus clavicornis (Scopoli 1763), Stenus ossium Stephens 1833 et Tachyporus chrysomelinus (Linnaeus 1758).
10Située sur le territoire de la ville de Liège, ancienne commune de Wandre (50°39'26.4"N, 5°39'16.0"E), la prairie s’accroche au flanc droit de la vallée de la Meuse entre le petit cimetière de Souverain-Wandre et la rue de la Forêt, à une altitude de 100 mètres (Figures 1-2). D’une surface d’environ 7500 m2, la parcelle occupe une pente d’exposition nord-ouest sur un sol de type limono-caillouteux à charge schisteuse et à drainage naturel principalement favorable (GbBf4). Le socle géologique est constitué de schistes houillers, lesquels ont été abondamment exploités par les charbonnages de la région pendant plusieurs siècles (Renard, 1971). Le paysage actuel est certes assez verdoyant mais offre à la vue un contraste saisissant entre le fond de vallée densément urbanisé et industrialisé et le versant largement forestier (bois des Houlpais et de Wandre). L’enclave d’un hectare et demi dans laquelle s’inscrit notre prairie était jadis plus étendue, à l’époque où les vergers et l’élevage participaient encore à l’économie locale. À partir des années 1970, les arbres fruitiers ont progressivement été supprimés et les prés qui subsistent n’accueillent plus qu’épisodiquement quelques moutons.
Figure 1. Localisation de la prairie de Souverain-Wandre figurée par le contour rouge (© SPW).
Figure 2. Prairie de Souverain-Wandre sur fond PPNC, la flèche montrant l’affaissement survenu en 2021 (© SPW).
11La nature du terrain et son orientation induisent un microclimat frais, comme en témoigne l’important développement de la strate muscinale. Le cortège floristique se compose de diverses espèces représentatives des prairies mésophiles peu fertilisées comme la luzule champêtre (Luzula campestris (L.) DC.) particulièrement abondante, la véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys L.), la fétuque rouge (Festuca rubra L.), l’agrostide capillaire (Agrostis capillaris L.), l’oseille des prés (Rumex acetosa L.), la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum L.), le géranium découpé (Geranium dissectum L.), le liondent d’automne (Scorzoneroides autumnalis (L.) Moench), la cardamine des prés (Cardamine pratensis L.), etc. La présence de nombreux « dômes » de fourmis (Lasius spp.) couverts de bryophytes participent à l’hétérogénéité du couvert végétal, de même que plusieurs petites dépressions humides accueillant des plantes hygrophiles telles que le cirse des marais (Cirsium palustre (L.) Scop.) ou la reine des prés (Filipendula ulmaria (L.) Maxim.). En outre, au mois de juillet 2021, à la suite de pluies torrentielles, un glissement de terrain a entrainé l’affaissement déjà évoqué avant d’engloutir une partie du mur du cimetière situé plus bas (Figure 2). La prairie s’est ainsi retrouvée éventrée par une doline de quinze mètres de diamètre et d’un mètre de profondeur, limitée par des talus érodés et traversée par un écoulement d’eau favorisant l’implantation du jonc épars (Juncus effusus L.), de l’épilobe hirsute (Epilobium hirsutum L.) et d’autres plantes hygrophiles. À noter qu’un second affaissement de terrain, également causé par de fortes pluies, a eu lieu le 17 mai 2024 (soit quelques jours après notre visite) à une quinzaine de mètres de la première doline.
Le point sur la répartition et l’écologie de Stenus asphaltinus
12Élément ouest-paléarctique, Stenus asphaltinus est distribué dans la majeure partie de l’Europe à l’exception des contrées nordiques (Schülke & Smetana, 2015). La littérature consultée nous certifie sa présence dans au moins 21 pays : Albanie, Allemagne, Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Espagne continentale, France, Grand-Duché de Luxembourg, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Serbie, Slovaquie, Suisse, Tchéquie, Ukraine.
13D’importantes lacunes apparaissent néanmoins dans cette vaste aire géographique et l’espèce ne semble nulle part commune, avec des mentions se rapportant majoritairement à des individus isolés et souvent anciennes. D’après les informations disponibles, sa limite nord passe par l’Angleterre dans le Cheshire (Denton, 2013) et par l’Allemagne dans le massif de la Weser en Basse-Saxe (Theunert, 2012). Vers l’est, cette aire atteint au moins l’Ukraine et la Roumanie (Mateleshko, 2007). Enfin, dans le sud, elle s’étend jusqu'à la Sicile, l’Albanie (Puthz, 1980) et la Grèce (Bordoni, 1974) et se prolonge vers le sud-ouest jusqu’à la province galicienne de Lugo, en Espagne (Gamarra & Outerelo, 2009).
14Dans les Iles Britanniques, S. asphaltinus est confiné au sud de l’Angleterre et au Pays de Galles où il a toujours été très rare et est maintenant en déclin avec à peine deux occurrences recensées postérieures à 1980 (Denton, 2013 ; Duff, 2024).
15D’après Dauphin (1991) et Tronquet (2020), l’espèce occupe toute la France continentale, et se trouve aussi en Corse selon Sainte-Claire Deville (1914). Dès le 19ème siècle, on la connaissait notamment à Paris, en Normandie, dans l’Aube, les Alpes, les Cévennes, les Hautes-Pyrénées (Fauvel, 1873). Renseignant ce Stenus d’une localité au sud de Saint-Dizier, Peschet (1919) précise à son sujet « Presque partout dans le bassin de la Seine ; n'était signalé ni de la Haute-Marne, ni de la Marne ». Du nord de la France, relevons aussi une capture plus récente publiée par Jung (1975) à Breteuil, dans l’Oise. La documentation contemporaine paraît peu fournie et à peine cinq observations sont enregistrées sur l’INPN (au 30 août 2024). La très vaste collection réunie par M. Tronquet (dont le relevé est diffusé par l’Association Roussillonnaise d'Entomologie2) ne contient que huit spécimens provenant de 4 départements : Hautes-Alpes, Isère, Pyrénées-Orientales et Var. En outre, Callot (2016) qui a énormément exploré sa région, affirme ne disposer d’aucune donnée tant pour l’Alsace que pour les secteurs plus orientaux malgré l’existence d’anciennes citations (voir Fauvel, 1873). Plus au sud, en Provence, à la limite Vaucluse/Bouches-du-Rhône, S. asphaltinus a été détecté dernièrement sur la Durance dans le cadre d’un projet de réhabilitation du pont suspendu de Mallemort (Naturalia-Environnement, 2022).
16Aux Pays-Bas, ce Stenus se révèle très sporadique comme indiqué par van Stuivenberg (1997) qui n’a pu réunir que 13 spécimens capturés pour la plupart avant 1970 et presque tous dans le Limbourg méridional. Sa présence au Grand-Duché de Luxembourg reste largement méconnue et la capture d’un spécimen en 1989 à Garnich, dans le sud-ouest du territoire, à 5 kilomètres de la Lorraine belge, mérite d’être rappelée (Drugmand, 1993).
17En Allemagne, il n’existe que de rares mentions et captures dessinant globalement une aire extrêmement fragmentée. Ainsi, Koch (1968) ne la renseignait que des anciennes provinces de Rhénanie, Westphalie et Bavière et pour la région qui l’intéressait, il n’a pu compiler que deux localités, actuellement situées dans le land de Rhénanie-Palatinat : Ahrweiler dans la vallée de l’Ahr (donnée du 19ème siècle) et Stromberg dans le massif montagneux du Hunsrück. Pour l’heure, seule la Bavière méridionale a encore fourni des observations contemporaines à l’échelle du territoire allemand (Bleich et al., 2024) où l’espèce est désormais considérée comme menacée d’extinction (Schmidl et al., 2021). La situation est identique en Suisse où ce Stenus est une véritable rareté pour laquelle seules quelques mentions éparses sont signalées des cantons de Genève, Vaud, Valais, Tessin, Uri et Grisons (Uhlig et al., 2006). Et c’est le cas aussi en République tchèque où la plupart des données sont anciennes, notamment en Bohème d’où la dernière citation remonte au milieu du 20ème siècle (Benedikt & Kejval, 2024).
18En Autriche, le staphylin semble plus répandu et on le renseigne de la majeure partie du territoire mais les observations n’en restent pas moins souvent localisées à des stations isolées (e.a. Wagner et al., 2016).
19En Italie, Bordoni (1974) qualifiait cette espèce d’assez commune et répandue à travers toute la péninsule, ainsi qu’en Sardaigne et en Sicile. Mais sa rareté est néanmoins relevée dans certaines régions, dont le Sud-Tyrol (e.a. Schatz, 2008).
20Enfin, à la marge orientale de son aire de répartition, les données publiées de S. asphaltinus sont très éparses et souvent fort anciennes. Pour la Pologne, les mentions historiques ont été résumées par Burakowski et al. (1979) et sont visualisables sur le site Biomap3. De rares auteurs mentionnent la présence de l’espèce en Roumanie, en particulier Stan (2008) qui rappelle de vieilles citations des montagnes de Maramureş, au nord du pays sur la frontière ukrainienne, et Stan et al. (2016) qui détaillent une capture effectuée en 2015 dans les Carpates méridionales, sur les reliefs autour de Dobra. Elle est citée aussi de la Transcarpatie, région d’Ukraine limitrophe de la Slovaquie, où une occurrence est documentée par Mateleshko (2007). Enfin, de Russie, Goreslavets (2016) l’indique de la plaine de la Volga, dans la région de Samara, mais cette observation semble sujette à caution selon Salnitska et al. (2022) ; si elle venait à être confirmée, ce serait la seule donnée de S. asphaltinus rapportée à ce jour du territoire russe, constituant un bond de près de 2000 km vers l’est !
21La biologie de S. asphaltinus ne semble pas avoir fait l’objet de recherches spécifiques et ses stades pré-imaginaux restent encore inconnus. Les indications relatives à ses préférences écologiques sont peu étayées, souvent vagues, voire divergentes, et dispersées dans des articles de faunistique, rapports ou sites web. Dans sa célèbre Faune gallo-rhénane, Fauvel (1873) écrit à son sujet, p. 236 « Sous les feuilles mortes, les pierres des coteaux ou des prairies subalpines, dans les endroits humides ; plaines et montagnes ; juin à août ». Plus récemment, Tronquet (2020) estime qu’en France c’est un hôte de biotopes chauds notamment d’éboulis ou de sable, alors que Dauphin (1991) l’indique de divers milieux humides ! Dans le nord du pays, à Breteuil (Oise), Jung (1975) a trouvé l’espèce parmi des débris sylvestres au sein d’une plaine agricole traversée par la Noye, petite rivière bordée de bois plus ou moins humides. En Provence, dans la basse vallée de la Durance, elle fait plutôt partie du cortège des espèces typiques des grèves limono-sableuses du lit de la rivière (Naturalia-Environnement, 2022).
22En Grande-Bretagne, l’espèce s’avère typique des pelouses calcicoles et des landes sèches (Lott & Anderson, 2011 ; Denton, 2013). Néanmoins, Fowles (2004) liste S. asphaltinus parmi les coléoptères spécialistes fortement associés aux sédiments fluviaux exposés pendant au moins une partie de leur cycle de vie (mais également présents dans un éventail plus large d'habitats tels que les affleurements, les suintements, les marges d'étangs, ...)
23En Europe centrale, cette espèce est souvent qualifiée de thermophile-héliophile et est signalée surtout sur les éboulis montagnards, les pentes sèches, dans les sablières et sur les berges de graviers (Puthz, 2012). Pour Franz (1970), dans les Alpes du Nord-Est, le staphylin évolue généralement sur des éboulis en montagne et n’a apparemment pas de caractère hygrophile. Plusieurs auteurs autrichiens le renseignent le long de rivières de montagne. Par exemple, dans le Vorarlberg, à l’extrémité ouest du pays, où l’espèce est rare, deux exemplaires ont été collectés par Schatz (2006) sur un talus de gravier rudéral, le long d’un petit affluent de la rivière Ill. Plus à l’est, en Styrie, Wagner et al. (2016) ont récolté un spécimen en juillet 2015 dans le fond d’une vallée alpine sur un vaste éboulis calcaire partiellement colonisé par une pelouse rocailleuse et des ligneux pionniers. Pour l’Allemagne, les indications sur les habitats colonisés font largement défaut, ce qui s’explique par la grande rareté de l’espèce. Dans l’ouest du pays, à Ahrweiler, un certain nombre de spécimens furent jadis capturés dans des fissures de vieux murs de vignoble (Koch, 1968). En Suisse, dans le Tessin, Kiener (1994) évoque la présence de ce Stenus sur des rochers humides et gorgés d'eau au sein d’un maquis de châtaigniers, sur le flanc escarpé du val d’Isorno vers 520 m d’altitude, dans le même habitat que l’Hydrophilidae Anacaena lohsei Berge & Hebauer 1989. Dans sa faune des Pays-Bas, van Stuivenberg (1997) écrit que l’espèce habite plutôt les endroits humides, sous les feuilles mortes et les pierres, et lui prête un caractère sténotope. Bordoni (1974) estime aussi qu’il s’agit d’une espèce hygrophile et humicole.
24Dans l’est de son aire de répartition, l’espèce peut apparaître davantage forestière. Ainsi, en Transcarpatie, elle a été trouvée dans la litière d’une forêt de hêtres et sur le sol d’une forêt claire (Mateleshko, 2007). Dans certaines régions de la République tchèque, ce Stenus fréquentait aussi jadis les chênaies de plaine mais il semble les avoir désertées en raison d’une absence d’inondations printanières des plaines alluviales au cours des dernières décennies alors que ces crues jouaient un rôle important pour le transport de différents Staphylinidae (dont S. asphaltinus) depuis de plus hautes altitudes (Boháč, 2016).
25À ce propos, on a fréquemment attribué à S. asphaltinus des affinités montagnardes (e.a. Lohse, 1964 ; van Stuivenberg, 1997) et on l’a parfois même qualifié de relique glaciaire (voir Kiener, 1994) mais en réalité, sa distribution altitudinale s’avère fort ample et rien ne semble confirmer de façon claire une quelconque préférence pour les reliefs. Ainsi, il est intéressant de noter que toutes les données néerlandaises ainsi que les observations d’Argenteau et de Souverain-Wandre se situent sous la cote des 200 mètres, alors qu’en Europe centrale, les observations effectuées au-dessus de 1000 mètres d’altitude ne sont pas rares (citons par exemple Bugnion (1880), dans les Alpes suisses ; Stan et al. (2016), dans le centre de la Roumanie ; Schatz (2008), dans le Sud-Tyrol). En France, dans les Alpes de Haute-Provence, une trouvaille récente a même été faite à près de 2200 m d’altitude au bord du Verdon à Allos (A. Vincent, juillet 20184). Comme Schatz (2006) et d’autres, il paraît plus logique de considérer S. asphaltinus comme une espèce à large amplitude altitudinale présente depuis l’étage collinéen jusqu’à l’étage subalpin.
26Alors, espèce eurytope ou sténotope ? Tout dépend de l’échelle spatiale, que l’on se réfère à une région circonscrite ou à l’ensemble de l’aire géographique, somme toute fort étendue et regroupant une grande diversité de conditions écologiques et climatiques. À défaut d’étude détaillée et à moins qu’on soit en présence d’un complexe d’espèces, on peut donc estimer que les informations plus ou moins contradictoires sur les biotopes occupés à travers l’Europe traduisent avant tout une certaine plasticité écologique de S. asphaltinus.
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Figure 3. Stenus asphaltinus Erichson, 1840. A : mâle disséqué en vue dorsale (notez le labium dévaginé). B : édéage. C. Lieu de capture
DISCUSSION
27Aux dires de la plupart des spécialistes et des sources consultées, Stenus asphaltinus passe pour une véritable rareté en Europe occidentale. Pour la Belgique, une mention bibliographique du 19ème siècle à Argenteau et un spécimen de musée récolté en 1941 à La Roche constituent les seuls témoignages de l’existence de ce staphylin sur le territoire. La capture d’un individu mâle le 13 mai 2024 dans la vallée de la Meuse à quelques kilomètres en aval de la ville de Liège représente donc un fait d’importance faunistique.
Figure 4. Carte de distribution des occurrences de Stenus asphaltinus Erichson, 1840 en Région wallonne. Carrés verts : données anciennes (< 1950) ; carré rouge : capture récente de Souverain-Wandre (© Jean-Yves Baugnée).
28Comment l’espèce a-t-elle pu parvenir sur cette prairie du cimetière de Souverain-Wandre isolée dans un paysage fortement urbanisé alors qu’il est de notoriété que les Stenus sont de médiocres voiliers ? Difficile de répondre à cette question en l’absence de données antérieures mais il est tout à fait possible qu’une population locale soit passée inaperçue jusqu’ici. Cette hypothèse est soutenue par le fait que la mention historique d’Argenteau est distante d’à peine 5 kilomètres et se situe sur le même versant mosan. De plus, la principale population des Pays-Bas, dans le Limbourg méridional autour de Maastricht, n’est située qu’à une vingtaine de kilomètres. Il parait donc plausible de considérer Souverain-Wandre comme faisant partie d’une même aire d’occupation englobant le Limbourg néerlandais et la basse Meuse liégeoise. Toutefois, l’état actuel de cette population et notamment son degré de fragmentation restent à préciser, sachant que la tendance générale de l’espèce est au déclin avec une très forte diminution des occurrences contemporaines.
29Les prairies comme celle du cimetière de Souverain-Wandre, dont la structure et l’exploitation ont sans doute peu changé au cours des dernières décennies, se font particulièrement rares dans nos paysages de plus en plus modifiés et urbanisés. Ce sont le plus souvent de petites parcelles abandonnées, enclavées dans des zones agricoles ou d’habitat, situées sur des reliefs difficiles d’accès pour les engins motorisés. Or, il est bien établi que l’intensification des pratiques agricoles constitue l’un des facteurs majeurs du déclin des arthropodes des prairies (Seibold et al., 2019). Dans ce contexte, la station de S. asphaltinus témoigne de la valeur écologique de cette prairie. Ceci justifie pleinement sa mise sous statut dans le cadre de la création de la réserve naturelle des Bois de Wandre, initiée par le cantonnement de Liège du Département Nature et Forêts.
30Reste à savoir si Stenus asphaltinus est actuellement confiné à cette seule prairie, et dans ce cas pour quelle raison, ou bien s’il est en réalité plus largement répandu mais sous-détecté ? L’avenir nous dira peut-être si l’on assiste à un retour possible de cette espèce en déclin un peu partout en Europe occidentale…
REMERCIEMENTS
Nous tenons avant tout à remercier Lou Schumacher qui nous a fait découvrir la prairie de Souverain-Wandre dans le cadre de son travail de fin d’études. Nous sommes redevables à André Sotiaux pour avoir assuré, avec sa diligence habituelle, l’identification des bryophytes, ainsi qu’à Pol Limbourg et Yvonnick Gérard (IRSNB) pour leur aide dans la recherche de spécimens en collection. Merci aussi à Jean Fagot pour sa relecture et ses suggestions pertinentes. Enfin, nous souhaitons saluer les démarches engagées conjointement par la Ville de Liège et le Cantonnement de Liège du Département de la Nature et des Forêts en faveur de la création d’une réserve naturelle à l’endroit des Bois de Wandre.
Bibliographie
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Notes
1 https://collections.naturalsciences.be/ssh-entomo/collections/be-rbins-belgian-staphylinidae/images/belgium-staphylinidae-189.jpg/image
2 https://r-a-r-e.fr/wp-content/uploads/2020/06/Staphylinidae-collection-Tronquet.xlsx
3 https://baza.biomap.pl/en/taxon/species-stenus_asphaltinus/mapb
4 https://www.galerie-insecte.org/galerie/view.php?ref=215282