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- Volume 40 (2022)
- numéro 1
- Influence de la fertilisation azotée et de la concurrence monospécifique de Rottboellia cochinchinensis (Lour.) W. Clayton sur le maïs dans l’Ouest du Burkina Faso
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Influence de la fertilisation azotée et de la concurrence monospécifique de Rottboellia cochinchinensis (Lour.) W. Clayton sur le maïs dans l’Ouest du Burkina Faso
Résumé
Au Burkina Faso, le maïs constitue la deuxième céréale en terme de quantité de production. Sa production est confrontée à la pauvreté des sols et la forte infestation des adventices telle que Rottboellia cochinchinensis (Lour.) W. Clayton. L’étude a pour objectif de déterminer l’effet de la fertilisation azotée et du niveau de nuisibilité de Rottboellia cochinchinensis sur la productivité du maïs. Les effets de trois doses d’azote 0, 100 et 150 kg/ha d’urée 46 % ont été comparés dans des conditions d’enherbement croissant de R. cochinchinensis. L’estimation de l’infestation potentielle des mauvaises herbes à la mise en place de l’essai révèle 293 graines/m² de R. cochinchinensis. L’apport de 150 kg/ha d’urée a permis de réduire l’effet à 30 Jours d’Enherbement (JE) de R. cochinchinensis par une croissance rapide du maïs et un rendement moyen supérieur à 2,5 t/ha. Cependant une carence d’azote (0 kg/ha) a induit une réduction de 19,5 % la hauteur du maïs entre 70 et 95 JE. De plus, cette carence réduit de 66,66 % le rendement en grain avec 30 JE de maïs comparativement au traitement apport de 150 kg/ha d’urée. Néanmoins un désherbage précoce associée à 150 kg/ha d’urée, permettent de maîtriser l’enherbement de Rottboellia cochinchinensis et d’améliorer la productivité du maïs grain.
Abstract
In Burkina Faso, maize is the most important cereal in terms of production. Its production is confronted with poor soils and high infestation of weeds such as Rottboellia cochinchinensis (Lour.) W. Clayton. This study aims to determine the effect of nitrogen fertilization and the level of weed infestation of Rottboellia cochinchinensis on maize productivity. The effects of three nitrogen doses of 0, 100 and 150 kg/ha urea 46 % were compared in condition of increasing weedy of R. cochinchinensis. Estimation of the potential weed infestation revealed 293 seeds/m² of R. cochinchinensis. The application of 150 kg/ha of urea reduced the effect of R. cochinchinensis at 30 weedy Day (WD) by rapid growth of maize and an average yield greater than 2.5 t/ha. However, a nitrogen deficiency (0 kg/ha) induced a 19.5 % reduction in maize height between 70 and 95 WD. In addition, this deficiency reduced grain yield by 66.6 % with 30 WD of maize compared to the treatment with 150 kg/ha of urea. Nevertheless, an early weeding combined with 150 kg/ha of urea, allows to control the weediness of Rottboellia cochinchinensis and to improve the productivity of grain maize.
Tabla de contenidos
Introduction
1Le maïs est une plante annuelle cultivée comme céréale pour ces grains riches en amidon et comme plante fourragère. Il est destiné à la consommation humaine et animale selon Théa (1). Le maïs possède une bonne plasticité adaptative Marchand (2) qui lui permet d’être cultivé dans diverses zones agro-écologiques. Cette aptitude, associée à son potentiel de rendement supérieur aux autres céréales Marchand (2) a contribué à faire du maïs la première céréale cultivée dans le monde devant le blé et le riz. Au Burkina Faso, le maïs y occupe la deuxième place INSD (3) avec une production nationale de 1 710 898 tonnes DGESS/MAAH (4).
2Ce niveau de production du maïs au Burkina Faso s’explique surtout par l’augmentation des superficies. En effet, de 2011 à 2016, la superficie a augmenté de 30 % DGESS/MAAH (4). Il faut noter aussi l’effet positif de l’adoption des variétés améliorées subventionnées en partie par l’Etat. Cependant, la faiblesse des rendements est imputable aux nombreuses difficultés que rencontrent les maïsiculteurs. Ces difficultés sont d’ordre abiotiques (pluviométrie, fertilité du sol) et biotiques (maladies, ravageurs et l’infestation des mauvaises herbes).
3L’utilisation raisonnée de la fertilisation azotée permet de prévenir les problèmes de toxicité liée à l’azote et d’améliorer la productivité du maïs. En effet, selon Thibaudeau et al. (5) l’apport optimum de la fertilisation azotée peut permettre d'atteindre un rendement économique optimal dans plus de 80 % des cas.
4Quant aux mauvaises herbes, elles constituent une véritable contrainte biotique à la production agricole. En effet, les mauvaises herbes constituent un facteur limitant et affectent assez négativement le rendement en grain des cultures (6). Elles ont non seulement un effet négatif sur la croissance et le développement des cultures, mais aussi sur leur productivité. En absence de désherbage, les pertes de rendement sont très importantes, pouvant atteindre 95 % par rapport à un témoin désherbé (7). Certaines adventices, telle que Rottboellia cochinchinensis (Loureiro) W. Clayton, ont des degrés d’agressivité et de nuisibilité particulièrement élevés.
5En effet, R. cochinchinensis qui est une herbacée annuelle de la famille des Poaceae est l’une des espèces de mauvaises herbes les plus agressives dans le monde (8). Selon Funez et al. (9), cette espèce est originaire de l’Asie du sud, et appartient à la tribu des Andropogoneae. Elle affecte le maïs et beaucoup d’autres cultures (10). Sa croissance rapide est un facteur favorable pour une forte concurrence vis-à-vis des cultures pour les ressources du milieu et pour leur causer d’importantes pertes de rendement. Cependant, l’adoption des principes de la lutte intégrée prenant en compte les méthodes agronomiques, chimiques et la modélisation permet de maîtriser la flore adventice des cultures (11).
6L’objectif global de cette étude est d’améliorer la productivité des systèmes de production de maïs. Il s’agissait de façon spécifique de déterminer la nuisibilité potentielle des mauvaises herbes, l’effet de la fertilisation azotée et la durée de la concurrence mono spécifique de Rottboellia cochinchinensis (Lour.) W.Clayton sur la productivité du maïs.
Matériel et méthodes
Site d’étude
7L’étude a été conduite durant les deux campagnes humides de 2017 et 2018 à Sidi (11°4’36,97752 Ouest et une latitude de - 4°45’51,48648 Nord). C’est un village de la commune rurale de Kourinion situé à 55 km de la ville de Bobo-Dioulasso, sur l’axe Bobo-Dioulasso-Orodara frontière du Mali. Cette commune est située dans le Sud-Est de la province du Kénédougou, dans la région des Hauts-Bassins, dans l’Ouest du Burkina Faso. Du point de vue climatique, la commune est située dans la zone sud-soudanienne du Burkina Faso.
8La parcelle est une nouvelle défriche exploitée pendant trois 3 ans avant la mise en place de l’essai. Les précédents culturaux sont le Riz pluvial-maïs-maïs. Le travail du sol a consisté durant les 3 années d’exploitation à un labour à la traction animale avec une paire de bœufs après application d’un herbicide total (glyphosate). Un désherbage manuel a été effectué deux semaines après semis. La parcelle a été amendée avec de l’engrais chimique (NPK et Urée) et du fumier provenant d’un parc d’élevage de bovins. Le choix du champ pour l’expérimentation a été fait sur la base d’une forte infestation de Rottboellia cochinchinensis constatée durant la campagne 2016/2017 (Photo 9)
Figure 1 : Parcelle expérimentale avec des résidus de Rottboellia cochinchinensis en début de campagne agricole 2017/2018, Sidi
Matériel
9La variété améliorée de maïs SR 21 a été utilisée. Cette variété a un cycle de 95 jours et un rendement potentiel de 5,1 t/ha. Elle est cultivée aussi bien en saison pluvieuse qu’en saison sèche en condition d’irrigation
Dispositif expérimental
10Après la préparation du sol qui a consisté à faire un labour et un planage, le maïs a été semé selon un écartement de 80 cm entre les lignes de semis et 40 cm entre les poquets. Un démariage à deux plantes par poquet a été fait après la levée. Chaque parcelle élémentaire comporte 2 lignes de semis de 6 m de long avec une superficie de 10,8 m² (6 m x 1,8 m).
11L’essai a été conduit selon un dispositif factoriel de type split-plot. La dose d’azote avec trois modalités (N0, N1 et N2) est le facteur principal (Tableau 1). Le NPK (14-23-14) a été utilisé comme fumure de fond à 15 jours après semis (JAS). L’urée (46 % N) a été apportée comme fumure de couverture en deux fractions dans les proportions de 1/3, 2/3 respectivement à 30 et 45 JAS. La durée d’enherbement de Rottboellia cochinchinensis constitue le facteur secondaire avec 4 modalités (S0, S1, S2 et S3) (Tableau 1) soit une combinaison fertilisation/désherbage (NS) de 12 traitements.
12Ainsi, le dispositif (Figure 2) comporte 36 parcelles élémentaires complètement randomisées à trois répétitions. La superficie totale de l’essai est de 520 m2 (26 m x 20 m). La distance entre les blocs est de 1 m et celle entre les parcelles élémentaires de 0,40 m. Des diguettes de 50 cm délimitent chaque parcelle élémentaire pour éviter le ruissellement de l’eau d’une parcelle à l’autre.
Tableau 1 : Liste des traitements étudiés
Dose de l’azote (N) en kg/ha |
Durée de l’enherbement (S) : |
N0 : 0 |
S0 : 95 jours d’enherbement (JE) |
N1 : 100 |
S1 : 30 JE |
N2 : 150 |
S2 : 45 JE |
S3 : 70 JE |
Figure 2 : Dispositif expérimental illustrant la randomisation des traitements
N0 (0 kg/ha d’urée 46 %), N1 (100 kg/ha d’urée 46 %) ; N2 (150 kg/ha d’urée 46 %) ; S0 (95 JE) ; S1 (30 JE) S2 (45 JE), S3 (70 JE)
Évaluation du stock semencier de Rottboellia cochinchinensis
13Avant la mise en place de la culture, un prélèvement de sol a été fait à l’aide d’une tarière de 5 cm de diamètre à une profondeur de 20 cm. C’est à cette profondeur que se trouve le maximum de graines d’adventices (12). Trois échantillons ont été collectés sur l’une des diagonales de chaque parcelle élémentaire (Figure 3) soit au total (12×3×3) 108 échantillons sur la parcelle.
14Les échantillons de sol prélevés dans l’essai ont été transférés dans 16 pots qui correspondent chacun à 1/4 de chaque échantillon pour faciliter la levée et le comptage des espèces. Les pots sont au préalable remplis au 2/3 de terre stérilisée et placés sous une serre et arrosés régulièrement pour favoriser la germination des semences de mauvaises herbes contenues dans les échantillons de sol. Chaque quinze (15) jours après la première levée jusqu’au stade adulte des adventices, un inventaire permet de déterminer la richesse spécifique et la densité des espèces d’adventices germées du stock semencier.
Figure 3 : Schéma illustrant le prélèvement du sol dans la parcelle élémentaire
Inventaire floristique de la parcelle expérimentale de maïs 15 jours après le semis (JAS)
15L’inventaire floristique a été fait avant le désherbage en utilisant la technique du tour de champs. Cette technique consiste à parcourir la parcelle de sorte à identifier toutes les espèces présentes (13). Elle permet de connaître les différentes espèces de façon exhaustive notamment la diversité spécifique dans la parcelle (14).
Collecte et analyses des données
16La collecte des données sur les plants de maïs et de Rottboellia cochinchinensis a porté sur :
-
la hauteur (cm) des plants (HP) à 70 JAS qui a été mesurée sur 5 plants à partir du sol jusqu’au sommet de la feuille la plus haute ou la panicule pour déterminer l’effet de l’enherbement sur la croissance du maïs ;
-
l’abondance des espèces en surface à 15 JAS en surface suivant l’échelle de Barralis (Tableau 2) ;
-
le rendement grain (t/ha) du maïs a été calculé à partir de la parcelle utile de 9,36 m2 (5,2 m × 1,8 m) au taux d’humidité de 15 % ;
-
la biomasse fraîche (t/ha) de Rottboellia cochinchinensis est obtenue après arrachage et pesée à l’aide d’une balance électronique afin de déterminer le niveau de concurrence de R. cochinchinensis pour l’eau et les éléments nutritifs ;
-
le nombre d’espèces ayant germé a été compté pour déterminer la densité des espèces par unité de surface ;
-
l’inventaire des adventices est effectué de la germination jusqu’au stade adulte.
17Le tableur Excel a été utilisé pour la saisie des données. Le logiciel R version 3.4.1 a été utilisé pour l’analyse des variances (ANOVA) et la comparaison des moyennes suivant le test Tukey au seuil alpha de 5 %.
Tableau 2 : Echelle de Barralis (15) pour la notation d’abondance des adventices.
Classe |
Correspondance |
1. |
< 1 individu/m2 |
2. |
1-2 individus/m2 |
3. |
3-20 individus/m2 |
4. |
21-50 individus/m2 |
5. |
> 50 individus/m2 |
Résultats
Infestation potentielle et réelle de la parcelle d’expérimentation
18La germination des graines des adventices du stock semencier de la parcelle expérimentale a permis d’identifier 29 espèces. Ces espèces appartiennent à 26 genres et à 15 familles (Figure 4). Les poaceae (24,14 %) sont les plus abondantes. Elles sont suivies des Cyperaceae et des Rubiaceae qui représentent respectivement 17,24 % et 10,34 % des espèces.
19En termes d’infestation potentielle (toutes espèces confondues), on a relevé 4 043 graines/m2 (Tableau 2) correspondant à 40 434 065 graines/ha. Concernant Rottboellia cochinchinensis, on a un stock semencier estimé à 293 graines/m2 soit 2 925 218 graines/ha.
20L’inventaire des espèces adventices en surface à 15 jours après le semis, sur la parcelle expérimentale a permis d’identifier en condition réelle 25 espèces, reparties en 14 familles (Tableau 3). Les Poaceae sont les plus dominantes et représentent 24 % de l’effectif des espèces inventoriées (Figure 5). Elles sont suivies de loin par les Euphorbiaceae, qui représentent 12 % des espèces recensées. De plus, la majorité des espèces, soit 72 % appartiennent à la classe des dicotylédones.
Figure 4 : Fréquence par familles d’adventices ( %) des différentes espèces du stock semencier relevées sur la parcelle expérimentale
Tableau 3 : Niveau d’infestation potentielle en fonction des espèces et abondance moyenne au champ des mauvaises herbes de surface à 15 jours après le semis
Genre et Espèces |
Famille |
Nombre moyen de graines/échantillon en pot |
Nombre de graines/m² |
Abondance de la flore de surface à 15 JAS |
total/ha |
Acalypha segetalis Müll. Arg. |
Euphorbiaceae |
- |
- |
1 |
- |
Acanthospermum hispidum DC. |
Asteraceae |
- |
- |
2 |
- |
Ageratum conyzoides L. |
Asteraceae |
75 |
354 |
- |
3538570 |
Alysicarpus rugosus (Willd.) DC. |
Fabaceae |
- |
- |
2 |
- |
Amaranthus Sp |
Amaranthaceae |
234 |
1,1 |
- |
11040340 |
Ammannia Sp |
Lythraceae |
5 |
24 |
- |
235905 |
Brachiaria lata (Schumach.) C.E. Hubbard |
Poaceae |
- |
- |
3 |
- |
Cassia obtusifolia L. |
Caesalpiniaceae |
- |
- |
2 |
- |
Commelina benghalensis L |
Commelinaceae |
24 |
113 |
3 |
1132343 |
Corchorus olitorius L. |
Tiliaceae |
1 |
5 |
2 |
47181 |
Crotalaria retusa L. |
Fabaceae |
3 |
14 |
1 |
141543 |
Cyperus difformis L. |
Cyperaceae |
1 |
5 |
- |
47181 |
Cyperus esculentus L. |
Cyperaceae |
23 |
109 |
- |
1085162 |
Cyperus Sp |
Cyperaceae |
131 |
618 |
1 |
6180703 |
Daniellia oliveri (Rolfe) Hutch. & Dalz. |
Caesalpiniaceae |
- |
- |
1 |
- |
Digitaria horizontalis Willd. |
Poaceae |
3 |
14 |
3 |
141543 |
Echinochloa colona (L.) Link |
Poaceae |
7 |
33 |
- |
330267 |
Eleusine indica (L.) Gaertn. |
Poaceae |
1 |
5 |
2 |
47181 |
Eragrostis turgida (Schumach.) De Wild. |
Poaceae |
4 |
19 |
- |
188724 |
Euphorbia hirta L |
Euphorbiaceae |
2 |
9 |
1 |
94362 |
Gomphrena sp |
Amaranthaceae |
- |
- |
1 |
- |
Hyptis suaveolens Poit. |
Lamiaceae |
- |
- |
1 |
- |
Ipomea eriocarpa R. Br. |
Convolvulaceae |
5 |
24 |
1 |
235905 |
Kyllinga pumila Michx. |
Cyperaceae |
13 |
61 |
- |
613352 |
Leucas martinicensis (Jacq.) R. Br. |
Lamiaceae |
13 |
61 |
- |
613352 |
Ludwigia hyssopifolia (G. Don) Exell |
Onagraceae |
131 |
618 |
- |
6180703 |
Mariscus Sp |
Cyperaceae |
7 |
33 |
- |
330267 |
Mitracarpus villosus (Sw.) DC. |
Rubiaceae |
15 |
71 |
1 |
707714 |
Ocimum canum sims |
Lamiaceae |
1 |
5 |
1 |
47181 |
Oldenlandia corymbosa L. |
Rubiaceae |
69 |
326 |
- |
3255485 |
Paspalum scrobiculatum |
Poaceae |
4 |
19 |
3 |
188724 |
Phyllanthus amarus Schum. & Thonn. |
Euphorbiaceae |
- |
- |
2 |
- |
Physalis Sp |
Solanaceae |
1 |
5 |
- |
47181 |
Rottboellia cochinchinensis (Lour.) W. Clayton |
Poaceae |
62 |
293 |
1 |
2925218 |
Setaria pallide-fusca (Schumach.) Stapf & C.E. Hubbard |
Poaceae |
3 |
14 |
2 |
141543 |
Sida rhombifolia L. |
Malvaceae |
- |
- |
2 |
- |
Stachytarpheta angustifolia (Mill.) Vahl |
Verbenaceae |
1 |
5 |
- |
47181 |
Triumfetta rhomboidea Jacq. |
Tiliaceae |
- |
- |
1 |
- |
Vernonia Sp |
Asteraceae |
18 |
85 |
- |
849257 |
Waltheria indica L. |
Sterculiaceae |
- |
- |
1 |
- |
Total |
857 |
4043 |
41 |
40434065 |
« - » : absence de cette espèce en surface ou dans le stock de graines
Figure 5 : Fréquence par familles d'adventices ( %) des différentes espèces inventoriées 15 jours après le semis sur la parcelle expérimentale
Niveau d’Infestations de Rottboellia cochinchinensis en fonction du niveau de fertilisation azotée et de la durée d’enherbement
21Les biomasses fraîches de Rottboellia cochinchinensis par traitement varient en fonction du niveau de la fertilisation azotée et de la durée d’enherbement (Figure 6). L’analyse des variances montre qu’il y a une différence significative (P < 0,001) entre les traitements (Tableau 4). La biomasse fraiche la plus élevée (9 t/ha) a été obtenue avec le traitement N2S0 (150 kg/ha d’urée + 95 JE), tandis que le traitement N0S1 (0 kg/ha d’urée + 30 JE) a enregistré la biomasse fraiche la plus faible (0,4 t/ha).
Figure 6 : Effet de la durée d’enherbement et du niveau de fertilisation azotée sur la biomasse fraiche de R. cochinchinensis
N0S0 (0 kg/ha d’urée + 95 JE), N0S1 (0 kg/ha d’urée + 30JE), N0S2 (0 kg/ha d’urée + 45 JE), N0S3 (0 kg/ha d’urée + 70 JE) ; N1S0 (100 kg/ha d’urée + 95 JE), N1S1 (100 kg/ha d’urée + 30 JE) ; N1S2 (100 kg/ha d’urée + 45 JE), N1S3 (100 kg/ha d’urée + 70 JE) ; N2S0 (150 kg/ha d’urée + 95 JE), N2S1 (150 kg/ha d’urée + 30 JE) ; N2S2 (150 kg/ha d’urée + 45 JE), N2S3 (150 kg/ha d’urée +70 JE)
Tableau 4 : Résultats de l’analyse de variance appliquée à la biomasse de Rottboellia cochinchinensis
|
D |
Sum |
Sq Mean |
F value |
Pr (>F) |
Traitements |
11 |
311,9 |
28,35 |
6,33 |
0,0000821 *** |
Résidus |
24 |
10,5 |
4,48 |
||
Code de Significativité |
0 |
0,001'***' |
0,01'**' |
0,05',*' |
0,1' |
Effet combiné du niveau de l’azote et de la durée d’enherbement sur les paramètres de croissance et le rendement du maïs
22La Figure 7 présente la hauteur des plantes à 70 JAS des traitements en fonction du niveau de fertilisation azotée et de la durée d’enherbement. Il ressort que les traitements ont un effet significatif (p < 0,05) sur la croissance des plants de maïs (Tableau 5). En effet, la hauteur la plus élevée (226 cm) a été obtenue avec le traitement N2S1 (150 kg/ha d’urée + 30 JE) tandis que la plus faible (185 cm) a été enregistrée avec le traitement N0S0 (0 kg/ha d’urée + 95 JE).
23Dans les conditions d’infestation de R. cochinchinensis comprises entre 1 et 2 t/ha de biomasse fraiche, seul le traitement N2S1 (150 kg/ha d’urée + 30 JE) a permis d’obtenir un rendement en grain moyen supérieur à 2,5 t/ha (Figure 8). Dans cet intervalle d’infestation, le traitement le moins performant est le traitement N0S1 (0 kg/ha d’urée + 30 JE) avec un rendement en grain moyen inférieur à 1,5 t/ha soit une réduction de 66,66 % comparativement au traitement N2S1. De plus, on constate que l’effet de l’augmentation du rendement par la dose de 150 kg/ha d’urée est annulé par les infestations de R. cochinchinensis comprises entre 8 à 10 t/ha de biomasse fraîche.
Figure 7 : Effet de la durée d’enherbement et du niveau de fertilisation azotée sur la hauteur des plants de maïs
N0S0 (0 kg/ha d’urée + 95 JE), N0S1 (0 kg/ha d’urée + 30JE), N0S2 (0 kg/ha d’urée + 45 JE), N0S3 (0 kg/ha d’urée + 70 JE) ; N1S0 (100 kg/ha d’urée + 95 JE), N1S1 (100 kg/ha d’urée + 30 JE) ; N1S2 (100 kg/ha d’urée + 45 JE), N1S3 (100 kg/ha d’urée + 70 JE) ; N2S0 (150 kg/ha d’urée + 95 JE), N2S1 (150 kg/ha d’urée + 30 JE) ; N2S2 (150 kg/ha d’urée + 45 JE), N2S3 (150 kg/ha d’urée + 70 JE)
Tableau 5 : Résultats de l’analyse de variance appliquée à la hauteur des plants de maïs à 70 JAS
|
Df |
Sum |
Sq Mean |
F value |
Pr (>F) |
Traitements |
11 |
12449 |
1131,7 |
2,39 |
0,0362* |
Résidus |
24 |
11378 |
474,1 |
||
Code de Significativité : |
0 |
0,001'***' |
0,01'**' |
0,05',*' |
0,1' |
Figure 8 : Effet de la durée d’enherbement et du niveau de fertilisation azotée sur le rendement du maïs
N0S0 (0 kg/ha d’urée + 95 JE), N0S1 (0 kg/ha d’urée + 30JE), N0S2 (0 kg/ha d’urée + 45 JE), N0S3 (0 kg/ha d’urée + 70 JE) ; N1S0 (100 kg/ha d’urée + 95 JE), N1S1 (100 kg/ha d’urée + 30 JE) ; N1S2 (100 kg/ha d’urée + 45 JE), N1S3 (100 kg/ha d’urée + 70 JE) ; N2S0 (150 kg/ha d’urée + 95 JE), N2S1 (150 kg/ha d’urée + 30 JE) ; N2S2 (150 kg/ha d’urée + 45 JE), N2S3 (150 kg/ha d’urée + 70 JE)
Discussion
24Le niveau d’infestation réelle est fonction de la richesse de la banque de semences du sol. Celle-ci a été estimée à 4043 graines/m2 d’adventices soit 40 434 065 graines/ha ce qui est assez élevée. Cette densité par hectare de graines obtenues est comprise dans l’intervalle de densité du stock global de graines établi par Traoré (16) compris entre 30 millions et 1 milliard de graines/ha dans un champ de vigne désherbé chimiquement en France. En effet, Chauvel et al. (17) et Hajjaj et al. (18) les caractéristiques agronomiques des pratiques culturales expliquent les différences de densité des espèces.
25Rottboellia cochinchinensis, à elle seule compte 293 graines/m2 soit 2 925 218 graines/ha. Cette densité qui est supérieure à 2.106 graines/ha et obtenue avec un nombre d’échantillons supérieur à 50, indique que nos résultats ont une précision de 20 % selon la formule de Chauvel et al. (17). Cette densité enregistrée (293 graines/m2) est proche de celle de 324 graines/m2 de Rottboellia cochinchinensis obtenue en début de campagne, dans un champ de maïs au Costa Rica, Valverde (19).
26Cette force densité s’expliquerait par l’origine de l’infestation de Rottboellia cochinchinensis qui provient du fumier utilisé comme amendement. Ces résultats sont en accord avec ceux de Rahali et al. (20) qui ont montré que l’itinéraire technique a une incidence sur la densité des adventices. En effet, le type de travail du sol, de fertilisation influence la diversité et la dynamique des adventices (7).
27L’étude de la flore potentielle et de la flore observée de la parcelle expérimentale a révélé l’importance des Poaceae dans l’enherbement des parcelles de maïs dans cette partie du pays. Toutes les espèces adventices identifiées appartiennent aux groupes d’espèces inféodées à la zone Sud-soudanienne du Burkina Faso établis par Traoré et Maillet (21).
28De plus, Rottboellia cochinchinensis et Euphorbia hirta font partie de la liste restreinte d’espèces de la zone Sud-soudanienne. La forte densité de R. cochinchinensis enregistrée s’expliquerait alors par l’écologie favorable au développement de l’espèce. Il s’agit donc d’une espèce à forte capacité d’infestation dans cette zone de forte production de maïs. Ces résultats sont en accord avec ceux de Kouakou et al. (8) qui ont montré l’effet négatif de la densité de Rottboellia cochinchinensis sur le rendement du maïs en Côte d’Ivoire. Pour ce qui concerne le niveau d’infestation par famille de la culture du maïs, les Poaceae sont les plus nuisibles en raison de leur forte infestation potentielle (24 %) et réelle (24 %). Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’elles appartiennent à la même famille que le maïs et donc adaptées aux techniques culturales du maïs notamment la fertilisation.
29Il y a une corrélation entre l’infestation de R. cochinchinensis et le niveau de fertilisation azotée. En effet, l’apport de 150 kg/ha d’urée a permis de réduire l’effet d’un enherbement de 30 jours par une forte croissance du maïs. Cependant, l’effet de la carence d’azote (0 kg/ha) a induit une réduction de 19,5 % la hauteur du maïs avec une durée enherbement comprise entre 70 et 95 JAS. En effet, le rabougrissement est un symptôme de la carence en azote chez le maïs (5). Ces résultats corroborent ceux de Strahan et al. (22) qui ont montré dans une étude conduite aux Etats Unis que la compétition entre Rottboellia cochinchinensis et le maïs réduit de 18 % la hauteur du maïs par rapport au témoin désherbé. Rottboellia cochinchinensis a donc un effet dépressif sur la croissance due à sa forte concurrence pour l’azote.
30De plus, les plants rabougris ont du mal à obtenir de la lumière donc de réaliser une bonne photosynthèse. Pourtant dans la situation d’une compétition entre une culture et les mauvaises herbes, la lumière est une ressource limitante (11) dont la plante a besoin pour se développer plus vite (23).
31L’infestation de Rottboellia cochinchinensis a aussi eu un effet dépressif sur le rendement en grains du maïs. En effet, en l’absence de fertilisation azotée, un enherbement de 30 jours de Rottboellia cochinchinensis réduit de 66,66 % le rendement en grain de maïs comparativement à un traitement avec apport de 150 kg/ha d’urée. Néanmoins, au-delà de 8 t/ha de biomasse fraîche de R. cochinchinensis cette dose (150 kg/ha d’urée) n’a aucun effet positif sur le rendement en grain.
32L’effet de concurrence de R. cochinchinensis pour l’azote est alors mis en évidence, ce qui confirme l’agressivité de cette espèce pour le maïs, signalée par Kouakou et al. (8). La concurrence pour les éléments nutritifs est donc à l’avantage de R. cochinchinensis entre 30 et 90 jours malgré la fertilisation azotée. Selon Valverde (19) la période critique de compétition de Rottboellia cochinchinensis sur le maïs se situe entre 45 et 60 JAS. Pour l’enherbement mono-spécifique de R. cochinchinensis on pourrait la situer avant 45 JAS.
Conclusion
33Cette étude a permis de déterminer le stock semencier de mauvaises herbes d’une parcelle fortement enherbée par Rottboellia cochinchinensis. Ce stock est très élevé et constitue une source potentielle d’infestation de la parcelle par les mauvaises herbes. La combinaison de la fertilisation azotée et la période de désherbage a été étudiée dans la lutte contre Rottboellia cochinchinensis. La dose recommandée d’azote de 150 kg/ha permet au maïs de résister à 30 jours d’enherbement de R. cochinchinensis. Le rendement en grain du maïs est donc amélioré à condition que l’enherbement de R. cochinchinensis soit bien maîtrisé de façon précoce.
34Au vu des résultats, Rottboellia cochinchinensis devrait être sarclé jusqu’au-delà de 45 JAS afin de préserver le potentiel de production du maïs.
35Toutefois, il est nécessaire de poursuivre les recherches dans deux directions :
36- Évaluer l’efficacité des matières actives de synthèse ou des extraits de plantes locales sur l’infestation de Rottboellia cochinchinensis ;
37- Évaluer une approche de lutte intégrée prenant en compte le travail du sol, l’utilisation d’herbicides, la fertilisation et les variétés dans la lutte contre Rottboellia cochinchinensis.
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