L’enfant exposé au traumatisme : Le cas des violences sexuelles et ses conséquences
Résumé
Les troubles consécutifs aux violences exercées envers les enfants sont encore bien souvent trop peu diagnostiqués. En cause notamment, les difficultés propres au diagnostic de PTSD chez le jeune enfant, dont la symptomatologie revêt une forme bien spécifique et différente de celle de l’adulte. Les risques psychiques encourus par l’enfant suite à la confrontation à ce type d’événement sont pourtant considérables. Dès le très jeune âge, l’événement traumatique, bien qu’il ne soit pas encodé dans la mémoire autobiographique, laisse des traces dans un autre système de mémoire tout aussi puissant, la mémoire émotionnelle. Celle-ci agit sournoisement en plaçant l’enfant dans des conduites d’évitement et d’hypervigilance, et favorise le développement d’un cerveau orienté vers la survie. D’autre part, l’enfant est particulièrement vulnérable à vivre des épisodes de dissociation péritraumatique, eux-mêmes fortement corrélés au développement de troubles de stress post-traumatiques. La réaction parentale, trop souvent négligée, prédit par ailleurs fortement la vulnérabilité de l’enfant face au traumatisme. Les parents ont une place essentielle dont il faut tenir compte tant dans le diagnostic que dans l’organisation des soins. Enfin, les violences sexuelles ont la particularité de représenter un type d’événement associé à un haut taux de PTSD et l’on a montré qu’un tel passé de victimisation dans l’enfance constitue l’un des premiers risques de re-traumatisation à l’âge adulte. Ces situations nécessitent dès lors une prise en charge spécifique et qui soit la plus précoce possible. À défaut, les symptômes psychotraumatiques s’installent dans la durée, et deviennent le terreau de graves troubles compromettant le bon développement de l’enfant et la construction de sa personnalité. Ainsi se maintient le cycle de perpétuation des violences.