Dissensus https://popups.uliege.be/2031-4981 fr La science sociale spinoziste de Frédéric Lordon : une intervention politique immanente ? https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1490 Frédéric Lordon s’est attelé, à travers de nombreux ouvrages, à développer ce qu’il a appelé une science sociale spinoziste. Son projet est de développer une socio-anthropologie économique à partir du « postulat » du conatus, selon lequel « toute action est la manifestation d’une puissance individuée que Spinoza nomme conatus, cet effort que chaque chose déploie "pour persévérer dans son être"1 ». Ce concept de conatus lui permet de développer un concept générique d’intérêt, capable de rendre compte tant de l’inclination à donner que de l’intérêt égoïste à prendre pour soi, tous deux constituant des formes de « l’intérêt à effectuer ses puissances2 ». C’est ainsi que F. Lordon renvoie dos à dos les figures de l’homo oeconomicus rationnel de la science économique et celle de l’homo donator de la théorie du don développée entre autres par Alain Caillé et Jacques Godbout. Il s’agit « de sortir de l’infernale alternative de l’"intérêt" (utilitaire) et du "désintéressement"3 ». Les deux pôles de cette alternative doivent donc être appréhendés comme deux cas, deux actualisations de l’intérêt fondamental du conatus, mouvement d’une existence intéressée à soi4. Ce qui dirige l’élan du conatus n’est cependant pas à chercher dans une subjectivité souveraine. Il ne s’agit ni d’une capacité de calcul, telle la rationalité optimisatrice de l’acteur de la Rational Choice Theory, ni d’une « tendance naturelle à donner » ou d’une « pulsion du don »5. Le conatus « ne se fera activité dirigée Thu, 04 Aug 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1490 Spinoza contre Spinoza : l’antihumanisme de Frédéric Lordon à la lumière de l'althussérisme https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1492 Parce qu’à travers la description de la configuration actuelle des sciences sociales, Frédéric Lordon y livre les raisons qui l’ont poussé vers Spinoza, La société des affects permet de réfléchir sur l’actualité du spinozisme, entendue comme l’ensemble des usages qui en sont faits pour comprendre une conjoncture intellectuelle et socio-politique déterminée1. En l’occurrence, si F. Lordon préconise un certain retour à Spinoza, c’est avant tout pour contrecarrer une tendance dominante dans les sciences sociales actuelles : celle qui consiste à restaurer un certain humanisme théorique afin de s’opposer aux conséquences du « structuralisme »2. Pour F. Lordon, ces sciences sociales « humanistes » reprochent au structuralisme d’avoir oublié le mouvement historique et tentent, a contrario, de penser l’action de l’homme dans l’histoire en abandonnant l’étude des structures et en restaurant la figure du sujet comme instance de liberté souveraine. Fondamentalement hostile à cette « révolte humaniste » mais conscient des difficultés engendrées par les pensées structuralistes pour traiter le problème du mouvement historique, F. Lordon propose de penser à nouveaux frais l’action politique et les transformations de l’histoire sans pour autant s’appuyer sur le postulat de la liberté de l’homme. C’est dans cette perspective qu’il se réjouit du regain d’intérêt des études sociologiques pour la question des émotions, déplorant néanmoins le « subjectivisme psychologique » qui les anime. Ainsi s Thu, 04 Aug 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1492 Propositions politiques et horizon communiste. Remarques à propos de la reconstruction d’un monde failli chez Frédéric Lordon. https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1499 Frédéric Lordon propose depuis de nombreuses années des analyses et des diagnostics portant sur le « capitalisme mondialisé à dominante financière », sur les effets de la mondialisation financière et marchande, et sur les racines et la dynamique de la crise actuelle. Tant dans ses interventions publiques que dans son effort théorique en faveur d’un programme « spinoziste » en sciences sociales, Lordon a souvent associé à ses analyses des propositions politiques relativement immédiates. Il s’agira dans ce texte d’interroger ce qui, en elles, semble faire problème. Bien sûr, le caractère « immédiat » de ces positionnements ne saurait être que relatif. La perspective théorique adoptée par F. Lordon a pour objectif d’articuler les différents niveaux institutionnels qui composent la « scène » mondiale du capitalisme contemporain. Selon ce structuralisme sociologique renouvelé, l’économique et le politique obéissent à des logiques structurales dont la compréhension demande de cerner un fonctionnement d’ensemble plus qu’une simple séquence de décisions ponctuelles. C’est pourquoi les prises de position politiques de l’auteur ne peuvent que viser des logiques et des structures générales des rapports sociaux – telles que la « basse pression » salariale et la double mondialisation-déréglementation financière et marchande. Autrement dit, la politique que prône F. Lordon suppose une série d’hypothèses théoriques sur les structures fondamentales des institutions économiques et politiques Thu, 04 Aug 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1499 Critique du capitalisme néolibéral et travail rhétorique chez Frédéric Lordon : un discours d’affectation. https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1500 Les ouvrages de Frédéric Lordon ont offert ces dernières années un éclairage nouveau sur des mécanismes de la finance et du capitalisme en régime néolibéral, en vertu de la place centrale qu’ils accordent aux affects. Depuis L’intérêt souverain (2006) jusqu’au récent La société des affects (2013) en passant par Capitalisme, désir et servitude (2010), F. Lordon explore les ressorts et enjeux théoriques d’une « anthropologie économique spinoziste », voire d’un « structuralisme des passions », dans le but de rendre intelligible non seulement les structures et les opérations du monde de la finance, en particulier dans le domaine bancaire, mais aussi les formes historiques adoptées par le mode de production capitaliste en tant qu’il est porteur d’organisation sociale et, plus largement encore, la structure fondamentale de la domination dans les sociétés humaines1. Les recherches de F. Lordon, appuyées sur la philosophie du conatus de Spinoza, proposent ainsi simultanément un renouvellement de la critique de l’économie politique telle que Marx l’avait inaugurée dans Le Capital et la construction d’un nouveau modèle d’intelligibilité de la domination sociale. Il est frappant que cette triple entreprise – analyse de la finance, analyse du capitalisme, analyse de la domination – soit doublée d’une attention portée au discours même qui la développe. On peut repérer une telle attention dans la pluralité des genres de discours qu’investit F. Lordon : ouvrages « savants » ou « universita Thu, 04 Aug 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1500 De l’idéologisation du mythe à la mythisation de l’idéologie.Contribution à un problème de psychologie politique https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1506 « On ne peut changer que ce que l’on connaît vraiment. Connaître vraiment signifie toutefois comprendre la chose en termes de ses conditions actuelles. » Karl Mannheim Introduction Cette étude se donne pour but d’examiner à nouveaux frais certains aspects d’un problème classique de la psychologie politique1, à savoir le rapport entre mythe et idéologie. S’agissant d’un travail théorique qui s’inscrit dans le cadre d’une recherche collective, il nous semble nécessaire, dans un premier temps, de resituer la problématique dans son contexte pratique. Pour ce faire, dans la première partie de notre travail, nous discuterons les thèses de l’ouvrage de Christian Boucq et de Marc Maesschalck intitulé Déminons l’extrême droite, qui offre, sur fond de la synthèse d’une expérience de formation en milieu associatif, des propositions théoriques nouvelles pour appréhender le phénomène contemporain de l’extrémisme de droite à partir d’une remise en chantier de la notion d’idéologie. Ce premier geste de contextualisation de la question sera suivi par la relecture critique d’une hypothèse classique concernant le problème théorique du rapport entre mythe politique et idéologie, telle qu’elle a été élaborée par la psychologie de masse de Wilhelm Reich. Cette réflexion débouchera dans un troisième temps sur un phénomène majeur qu’il convient de questionner davantage que ne l’avait fait la psychologie de masse, à savoir la crise de la fonction intégrative des idéologies entendue comme « insécurit Thu, 04 Aug 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1506 La vie inséparée. Vie et sujet au temps de la biopolitique, de Muriel Combes https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1505 Qu’est-ce que « la vie » ? Voilà une question qui nous paraît épuisante avant même que nous n’osions une réponse tant elle serait éculée, grandiloquente et dépassée. Pourtant c’est bien le projet auquel s’adonne Muriel Combes dans son ambitieux ouvrage La vie inséparée, publication de sa thèse doctorale écrite en 2002. Ce texte a l’énorme mérite de ne pas répondre à cette question frontalement à travers une démarche définitionnelle lourde et philosophiquement hermétique ; il s’agit plutôt de garder la vie à l’esprit en tant que problème constitutif de la philosophie, problème qui ne s’épuise pas dans la philosophie mais qui s’y forme pour fonder un « acte extra-philosophique1 ». En suivant l’intuition de Canguilhem, il est question pour Combes de vivre avec le problème de la vie, de conserver ce problème comme exercice de réflexion, dans la mesure où cet exercice est appelé par la philosophie. Le sous-titre de l’ouvrage (Vie et sujet au temps de la biopolitique)nous indique le vrai questionnement dont il s’agit de comprendre les ressorts et les enjeux : comment élaborer une philosophie de la vie à l’heure où celle-ci est thématisée en tant qu’objet de connaissance et d’intervention biopolitique à part entière ? Et dans ce contexte, comment saisir le sujet en tant qu’être vivant et éthique ? Que l’on adhère ou non à la conclusion de son livre, force est de constater que l’articulation qu’elle opère autour de Foucault avec Simondon et Canguilhem, entre autres, est puissante et Thu, 04 Aug 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1505 Philosophie critique et  politique de l’éducation (Foucault, Alain, Canguilhem) https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1513 Il n’y a nulle part d’accès à l’âge adulte : seulement la transformation possible, un jour, de cette longue inquiétude en sommeil mesuré. C’est parce que personne ne cesse d’être tenu en tutelle. La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement ; mais toujours d’une manière qui leur échappe1. 1. Un cadre théorique kantien : critique, éducation, politique Le présent article consiste pour l’essentiel en une réévaluation – voire en une actualisation – des Propos sur l’éducation (1932)d’Alain. La lecture que j’en propose s’inscrit dans le cadre d’une recherche quant aux rapports de la philosophie critique, du problème de l’éducation et de la politique d’émancipation. Avant d’entrer dans le vif du propos, je donne quelques éléments généraux permettant de circonscrire ce cadre théorique. Dans la perspective du discours de la philosophie moderne (selon moi inauguré par Kant et incluant, sur son bord extrême, Foucault), on appellera critique un style ou une attitude théorico-pratique de la pensée, une certaine manière, pour la pensée – et le sujet de la pensée –, de se rapporter à soi, de s’interroger sur ses conditions d’émergence et d’existence afin, par le biais de cette attitude réflexive, d’expérimenter sa transformation possible2. Mettant à l’épreuve les limites de son exercice habituel ou normal, cette transformation correspondra pour la pensée à la découverte en acte de son aptitude originaire à penser à partir de soi et, pour le sujet, à l’appr Thu, 04 Aug 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1513 Présentation https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1488 Les ouvrages de Frédéric Lordon ont offert ces dernières années un éclairage nouveau sur « la politique », c’est-à-dire aussi bien sur la forme-État et ses dérivés, que sur les différentes figures prises par le mode de production capitaliste – en fonction desquelles la forme-État prend sens – et sur les régimes d’affectivité qui, à un niveau micro-politique, déterminent les rapports interindividuels « moléculaires » et surdéterminent les organisations « molaires » qui les ordonnent et qu’ils investissent. Cette entreprise, Lordon la mène depuis La politique du capital au moins (2002), qui propose une analyse des mécanismes de la finance et du capitalisme en régime néolibéral à partir d’une étude de cas : le combat à coup d’OPE qu’ont mené entre elles trois banques françaises (Paribas, BNP, Société générale) à la fin des années 19901. Dans cet ouvrage, Frédéric Lordon prenait appui sur la conceptualité spinoziste pour donner à comprendre les logiques de puissance à l’œuvre dans ce combat et, plus largement, les affects mobilisés par le régime néolibéral. De L’intérêt souverain (2006) jusqu’au récent La société des affects (2013) en passant par Capitalisme, désir et servitude (2010), il a développé ces intuitions motrices pour proposer une « anthropologie économique spinoziste », parfois présentée également comme un « structuralisme des passions », qui vise à remplir un triple objectif : construction de schèmes théoriques susceptibles de saisir, au niveau systémique comme au n Tue, 05 Jul 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1488 Sur Capitalisme, désir et servitude. Lettre à Frédéric Lordon https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1496 Liège, le 6 janvier 2014 Cher Frédéric Lordon, Pour prolonger la double séance de travail qui s’est tenue en mars dernier autour de vos écrits, j’ai choisi d’adopter une forme épistolaire. Cette forme voudrait faire écho à l’esprit des Lumières qui imprègne joyeusement vos livres ; elle devrait aussi permettre de mêler, à la présentation de quelques temps forts de votre pensée, l’ébauche d’une discussion critique qui se voudrait autre chose qu’une façon ridicule de vous faire la leçon. Je sais, pour avoir lu Deleuze et l’avoir éprouvé mainte fois, que la plupart du temps rien n’est moins intéressant que les critiques et échanges d’arguments en philosophie. Parce qu’elles ne s’enracinent pas dans le même sol théorique ou le même terrain conceptuel, les critiques tombent le plus souvent à côté, ne produisent rien, ne nous avancent pas d’un iota. Votre terrain conceptuel, qui consiste à lire Spinoza avec Marx, mais aussi – surtout ? – avec Bourdieu, n’est pas tout à fait le mien. Je partage votre admiration pour Spinoza et Marx, mais n’ai jamais été disciple de Bourdieu. J’ai même plutôt navigué ces dernières années du côté de Bruno Latour et de l’ANT. Si je me permets pourtant de discuter çà et là vos travaux depuis cet angle (disons celui de la théorie de l’acteur-réseau et de l’épistémologie constructiviste), c’est qu’il m’est apparu que vos livres croisaient souvent cette position théorique, et qu’une confrontation explicite avec elle les rendrait peut-être encore plus forts Tue, 05 Jul 2016 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1496 Le transindividuel dans la genèse des groupes sociaux https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1403 Introduction Quelle est la genèse d’un groupe dont l’action est immanente aux actions de ses membres de manière à les potentialiser, leur octroyant un lieu commun de surgissement et entretenant leur déploiement ? Une telle potentialisation supposerait que, sans se réduire à la somme des actions individuelles et sans à l’opposé les étouffer en s’y surimposant, le collectif mobilise les individus en ouvrant des dimensions inédites pour leurs actions et en renforçant les liens qui les mettent en mesure de les réaliser. Il s’agira donc dans cet article d’interroger la genèse de différentes formes d’individualité sociale, c’est-à-dire de relations entre individus et collectifs, afin de saisir quels processus d’individuation sous-tendent le surgissement de groupes où l’action de chacun se trouve potentialisée par sa participation à l’action collective. C’est pourquoi il nous semble essentiel de faire appel à l’approche ontogénétique proposée par Gilbert Simondon. En qualifiant son approche d’ontogénétique, Simondon veut signaler que sa démarche vise à prendre pour point de départ des formes d’individualité données en essayant de remonter aux processus d’individuation qui les ont produites. Loin de rendre compte d’une unité en remontant à une unité plus originaire (par exemple de l’individu à l’espèce), Simondon affirme la priorité de l’individuation par rapport à tout individu constitué. Il essaie de formuler une ontologie de la relation d’après laquelle l’individu ne peut être te Tue, 21 May 2013 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1403