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Lutte, résistance et conquête : une expérience muséale dans la ville d’Estrutural1
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Cet article traite de l’expérience muséale rendue possible par les activités menées au Point de Mémoire de la ville d’Estrutural, en périphérie de Brasilia dans le District Fédéral. À travers des expositions, des interviews, des « rondes de mémoire », et à partir des récits de ses habitants, y sont consignés et re-présentés les aspects historiques de la ville, les luttes, les conquêtes, la résistance et l’importance de la mémoire culturelle mobilisée comme instrument de réflexion, de citoyenneté et de culture.
Abstract
The present article describes the museal experience materialized by the activities carried out in the Memory Point of Cidade Estrutural, located in the Federal District, by means of exhibitions, interviews, “memory circles” which are registered and re-presented starting from its residents’ narratives. They present historical aspects of the city, the fights, the conquests, the resistance and the importance of cultural Memory as an instrument of reflection, citizenship and culture.
Table des matières
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« Pour moi, l’importance de la mémoire, c’est quand vous avez vécu une histoire en pleine conscience, et qu’ensuite vous savez comment la raconter de manière critique, que vous comprenez quel a été votre propre rôle. Pour moi, cela est un pouvoir. Je pense que lorsque vous avez cette compréhension de la mémoire, et que vous vivez une histoire, vous avez du pouvoir entre vos mains. C’est pour cela que le Point de Mémoire est puissant, parce qu’il n’a pas le pouvoir d’une seule histoire, il a le pouvoir de plusieurs histoires. » (Maria Abadia Teixeira de Jesus, éducatrice populaire et membre de l’Équipe de coordination du Point de Mémoire de l’Estrutural)
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Introduction
3Ce jour-là, en arrivant au bout de la rue bordée de modestes habitations où se trouve le Point de Mémoire de l’Estrutural2, nous tombons sur un portail en voie d’être entièrement graffité, sur une foule de gens devant les façades colorées des maisons, et toutes ces expressions qui imprègnent notre ville, le hip hop, les jeux de rue, le dur labeur et la méfiance de la police.
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5Nous sommes en 2011, et le Point de Mémoire inaugure sa première exposition3. Dès l’entrée, sur le sol peint qui reproduit un tronçon de route, une barricade de pneus empilés barre le passage. En arrière-plan, en guise de papier peint, le mur est entièrement tapissé des pages du Journal officiel du District Fédéral, sur lesquelles figure une liste interminable de noms : ceux des citoyens et citoyennes ayant obtenu une parcelle dans notre ville, ce rêve lointain, qui n’a été atteint qu’au prix de nombreuses luttes, d’innombrables disputes politiques, et de quelques vies4. Dans la seconde pièce, une autre fresque de graffitis, cette fois-ci essentiellement monochrome et figurative, représente les rues de la ville, ses maisons et ses habitants. L’un d’entre eux paraît transporter des bidons d’eau, suspendus à un manche à balai appuyé sur ses épaules. Un autre, derrière lui, pousse une charrette de transport, de celles qui servent à collecter les matériaux recyclables dans les rues. Dans l’espace de la première salle, se détache encore ce baril métallique, un fût de 200 litres qui s’impose par sa taille, mais aussi par sa signification, dans une ville envahie par la poussière5.
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7Dans la deuxième salle, le texte de présentation de l’exposition nous explique :
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« Cette salle accueille notre mémoire, la mémoire des habitants et des habitantes de l’Estrutural, une mémoire qui trouve sa traduction dans un objet, dans une photo, dans ces morceaux de nous-mêmes qui rappellent des moments tristes, des moments douloureux, des moments de lutte, de résistance, ou encore des moments de joie. Les objets ici exposés immortalisent nos expériences, nos expériences vécues, et nous ramènent aux jours passés, aux luttes pour un lieu de vie, pour un lieu à nous, marqué par nos histoires. Ces objets, les nôtres, qui ont défilé dans les rues, dans le cortège6, ont signifiés une fois de plus l’union entre nos existences, cette fois-ci pour revivre notre passé, afin que nous puissions ressentir davantage le présent et construire un avenir de conquêtes. Et pour que nous n’oubliions pas cela, nous consacrons nos souvenirs sur l’autel de nos mémoires, afin que nos descendants connaissent leur passé et l’importance de ce lieu qui est aujourd’hui notre demeure dans le monde. »
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10Poursuivant cette mission, une deuxième exposition est inaugurée l’année suivante. Et pour l’annoncer, les femmes prennent la tête d’un cortège coloré et musical à travers les rues étroites de la ville, brandissant leur étendard comme une figure de proue, où figure la mention « Mouvements de l’Estrutural : La Femme et la Ville ».
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12Ici les premiers rôles sont féminins. À l’entrée du musée sont affichées des photographies de femmes, des femmes considérées par l’équipe de coordination du Point de Mémoire comme des symboles de lutte. Parmi ces dernières, Carolina Maria de Jesus, Maria da Penha, Olga Benário, Frida Kahlo, Cora Coralina, Clementine de Jesus, Zilda Arns, Dilma Rousseff, Estamira et Rosa Luxemburg7. Sur le mur latéral de la première salle, des portraits grands formats, sous verre, de femmes ordinaires de la ville d’Estrutural. Elles ont choisi elles-mêmes leurs poses, leur maquillage, et le tirage. Ces photographies occupent la majeure partie de la pièce. En face, un rideau de bouteilles en plastique colorées, remplies d’objets féminins. Dans la salle plus à l’intérieur, sur un grand couvre-lit en patchwork de tricoline et de percale, dans des tons lilas, sont présentées les photos du making of de l’exposition en format 10x15.
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14Dans la deuxième pièce, le mur latéral gauche cette fois-ci est couvert de petits miroirs de salle de bains, de ceux que l’on achète dans les magasins pour 1,99 reais, disposés de façon irrégulière. Dans le mince cadre de bois qui leur sert de support, certains ont été remplacés par des photographies de femmes dans leur quotidien urbain. Ces portraits se mélangent, dans la vision de l’observateur pénétrant l’univers ici exposé, avec son propre visage reflété dans les miroirs. Sur le mur opposé, comme pour clore l’exposition, sont accrochés des objets qui dépeignent le quotidien féminin, comme des chemisiers, des colliers, des éventails, des anneaux, des culottes, de la lingerie. Mais aussi des truelles, et des sandales, car comme l’explique le texte de présentation de l’exposition :
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« À travers les images de vingt et une habitantes, l’exposition présente les Rosas, les Abadias, les Marias, les Nilzas, Vanderlinas, Jaciras, les Solanges, Marias do Socorro, Regianes, Eulinas, Candaces, Fátimas, Luzilenes, les Kellys, Baianas, Anas, Ritas, Lourdes et Kátias, qui nourrissent leurs familles et bâtissent cette ville au jour le jour.
Elles sont collectrices de déchets, couturières, étudiantes, femmes au foyer, enseignantes, artisanes, commerçantes, chefs de famille. Ce sont des femmes qui se sont battues pour pérenniser l’Estrutural. Sans elles, cette ville n’existerait peut-être pas. Ce sont des femmes guerrières qui, en composant leur histoire personnelle, construisent l’histoire collective de la ville. »
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17Ces deux expositions font partie d’un vaste ensemble d’expériences réalisées au long des quatre dernières années par un groupe d’étudiants, de militants, de travailleurs et d’habitants de l’Estrutural, après qu’ils se soient décidés à s’engager dans le projet du Point de Mémoire. Un groupe diversifié, dans une ville diversifiée, formant un ensemble bouillonnant d’interprétations, de sentiments, de désirs, de théories, d’idéologies et de rêves. Mais qui assume, en tout état de cause, un seul et même engagement : construire l’espace et la place de la mémoire de celles et ceux qui ont bâti, et continuent de bâtir cette ville. C’est de cette ville, de la trajectoire de ce projet, de ce lieu de mémoire consacré à toutes ces personnes dont nous allons parler.
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La lutte pour la ville et la place de la mémoire dans l’Estrutural
19La ville d’Estrutural est née à Brasilia au milieu des années 1960, regroupant un petit nombre de familles à proximité des régions administratives de Cruzeiro, Guará et du « Plan pilote » de la capitale fédérale8. En dépit de sa proximité avec la ville planifiée, l’Estrutural est apparue en raison et aux alentours d’une zone où, jusqu’à aujourd’hui, fonctionne la décharge de Brasilia. Elle a accueilli une grande quantité de personnes, jusqu’à devenir une ville comptant à présent près de quarante mille habitants.
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21Son nom provient de sa localisation au long de l’axe routier DF-095 construit au début des années 1970, officiellement dénommé Estrada Parque Ceilândia (EPCL) mais plus communément appelé Via Estrutural. Dona Vanda et Nenéu, connus comme les premiers habitants de la région, s’étaient établis ici antérieurement. Près de dix ans plus tard, de manière certes progressive, ce même chemin a commencé à faire partie de la trajectoire de vie de nombreuses personnes, parvenues en ce lieu alors appelé « Boca do Lixo »9, comme en témoigne l’inscription sur la carte de vaccination de la fille de Dona Lia.
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23Il s’agissait de personnes aux origines et aux trajectoires diverses, qui n’entretenaient ni la même compréhension, ni la même façon de parler de la vie en ces lieux. Néanmoins, à partir de ce moment-là, la lutte qu’ils devront mener pour subsister dans l’Estrutural, pour ne pas en être évacués, introduira et fera croître une relation interactive entre tous ceux qui, plus tard, participeront de la même ville, vivant des expériences similaires et revendiquant une même reconnaissance. Cela les amènera à résister ensemble, y compris contre la répression politique et policière.
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25Dans le cas de l’Estrutural, la solidarité entre les habitants n’a pas résulté d’une relation affective immédiate, ou de l’identification à une histoire commune. Au contraire, les différences étaient patentes, mais l’unité nécessaire à la lutte pour le droit au logement allait révéler une vision partagée du droit à un lieu, qui s’opposait au discours du gouvernement et des médias, pour ne mentionner que ceux-ci. Et dès lors qu’il est indispensable de s’unir, de s’entraider et de mutualiser la lutte pour un droit commun, s’ensuit pareillement une célébration du vivre ensemble : « quand ils sont arrivés, on s'est mêlés à eux, ils ont commencé à faire la fête et on s'est tous mélangés », comme nous le raconte Fatima.
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27S’établir et construire la ville : dans cette démarche, la passerelle au-dessus des voies rapides, le poste de santé, l’eau, l’électricité et l’école sont perçus comme des conquêtes, quand bien même il eût fallu pour cela recourir à des discussions et des accords informels avec des politiciens professionnels. Personne ne se perçoit comme un simple bénéficiaire de ces biens publics. Au contraire, tous se sentent partie prenante et demandeurs d’améliorations, non seulement parce qu’ils ont pu guider l’action du gouvernement, mais aussi parce qu’ils se sont organisés et ont agi collectivement pour y parvenir. Lorsqu’il est question de droits conquis, on aurait tendance, d’un certain point de vue, à les interpréter comme n’étant rien d’autre que des concessions intéressées. Dans l’Estrutural cependant, leur conquête est comprise comme un processus d’expansion d’un droit résultant de la participation politique. À l’encontre de la perception générale de la répartition des droits sociaux, ceux-ci ont été ici pris de force. Indépendamment des voies formelles de participation, et contrecarrant la volonté de beaucoup d’autres acteurs, l’eau, l’électricité et les passerelles sont le résultat d’une lutte politique.
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29La lutte pour le droit au logement n’était pas une simple réaction à la croissance urbaine propre aux métropoles capitalistes – qui exclut d’une part et concentre la richesse de l’autre – et à un ordre inégalitaire dans la reconnaissance des droits. Elle était aussi une lutte pour le droit de vivre dans l’Estrutural, un site privilégié dans le District fédéral ; une lutte pour le droit de préserver et jouir de tout ce qui avait été construit et conquis, et d’affirmer que ce lieu appartenait aussi à celles et ceux qui vivent et travaillent avec les déchets.
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31La relation avec les déchets ne se limitait pas à un problème de travail, non seulement parce qu’elle imprimait un style de vie et un rapport à la nature différents, mais aussi parce qu’elle impliquait une relation spécifique entre les habitants de la ville, et entre cette dernière et les autres villes du District Fédéral. La relation aux déchets a trait à la vie quotidienne de l’Estrutural, à son présent, mais aussi à ses perspectives d’avenir, étant donné que chaque année sont renouvelées les promesses de fermeture de la décharge, ce qui affecte même ceux qui ne travaillent plus là-haut10 – la condition actuelle de la plupart de ses habitants. Cet avenir, suspendu à l’expectative de devoir partir un jour, quand bien même la ville serait régularisée, est incertain. Car la question ne concerne pas seulement les expulsions forcées ordonnées par le gouvernement. Elle se rapporte aussi au travail, à la pauvreté, et au reste de la société brésilienne, principalement les villes voisines.
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33Le sentiment de non-acceptation perçu localement, même s’il s’accompagne de l’idée de lutte et de conquête, est également présent dans les récits sur la décharge et dans les interprétations des récents changements structurels liés au marché immobilier dans la ville, qui s’ajoutent aux actions de déménagement forcé entreprises par le gouvernement.
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35Malgré le mépris qu’ils disent éprouver quant à leur domiciliation dans l’Estrutural, ses habitants perçoivent aussi la valeur concédée à leur ville, aux facilités qu’elle offre du fait de sa situation favorable, entourée de lieux onéreux, et comment cela la rend convoitée. La permanence de la décharge est peut-être l’une des raisons pour lesquelles ils n’ont pas encore été évacués une fois pour toutes. Comme le dit Creuza, c’est un lieu de riches, mais pour l’instant les riches ne sauraient faire face à cette proximité du dépôt d’ordures, parce que ce n’est pas leur histoire.
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37Avec les rumeurs de fermeture de la décharge et la régularisation de la ville, il est facile de constater que le nombre de personnes intéressées à acheter un bien immobilier dans l’Estrutural a beaucoup augmenté. La ville est remplie d’annonces de vente de maisons et, simultanément, de constructions de chambres à louer, de nombreuses maisons comportant au moins un étage exclusivement destiné à cet usage. Cela ne signifie pas nécessairement que les gens partent. Beaucoup d’habitants vendent leur maison en résidant encore sur place, en location, tandis que d’autres achètent plusieurs propriétés. Cela ne signifie pas forcément non plus qu’il s’agisse là de nouveaux arrivants, car beaucoup de ceux qui vivent en location ne sont que de nouvelles familles originaires de la ville elle-même. Mais la problématique qui se pose est la suivante : les gens ont associé cette dynamique outrancière du commerce immobilier à une facette d’un autre processus, celui de l’expulsion des résidents qui ont construit et conquis cette ville, de ceux que l’on désigne généralement comme ses plus anciens habitants.
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39Parallèlement à cette perception, qui n’est pas seulement la sienne, Creuza parle d’une lutte pour préserver les racines, une lutte pour s’opposer à ce mouvement de départ des habitants, comme résistance à une tendance que l’on sent advenir dans l’achat et la vente des parcelles. Selon Abadia, cette lutte pour la préservation des racines dure depuis longtemps déjà, et est présente autant dans le quotidien des collecteurs de déchets que dans la dispute politique pour raconter l’histoire de la ville.
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41Dans les entretiens et les conversations réalisées au Point de Mémoire, l’importance accordée au fait de raconter et conserver le plus fidèlement possible les expériences vécues est flagrante. Se manifeste même un soupçon vis-à-vis des chercheurs universitaires qui veulent faire de la ville un objet d’études, selon Abadia, principalement du fait qu’à plusieurs reprises, ces histoires ont été racontées mais les recherches n’ont fait l’objet d’aucune restitution, ou encore parce que souvent les gens ne s’identifiaient pas à ce qui était dit à leur sujet.
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43Le souci de préserver ces mémoires est si clair qu’en 1998 un député du parlement du District Fédéral a constitué une collection de vidéos, de photographies, de douilles de balles et de bombes qui avaient été conservées suite à l’opération Tornado11, et a rassemblé ce matériel dans une maison qu’il occupait à l’Estrutural, à laquelle il a donné le nom de « Musée du sang ». Ce musée, même s’il s’agissait d’un musée privé, et même s’il est à présent fermé, a acquis une notoriété qu’il a conservée jusqu’à aujourd’hui dans la ville.
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45Comme l’explique Abadia, ce n’est pas parce que l’histoire représentée dans ce musée incarnerait toute l’histoire de l’Estrutural, ou encore la plus importante, ou même la version authentique des faits, que le Musée du sang a gagné cette reconnaissance de la part des habitants. C’est parce que dans cette ville on comprend l’importance de raconter ce qui est vécu, ou ce qui a été vécu, quand bien même on n’en connaîtrait pas clairement les effets. Une autre raison, ajoute-t-elle, est que le Musée du sang, à l’époque, participait des conflits politiques de la ville, et que même s’il était dirigé par un député, il représentait la version de l’histoire d’un groupe, un groupe de la ville, ce qui lui a permis de se faire connaître et de devenir une référence même pour les adversaires de celui-ci. S’il a été reconnu, c’est parce que se disputer la mémoire de l’Estrutural faisait également partie de la politique de cette ville.
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47À la fin des années 1990, Deuzani et Telma, toutes deux actives au sein du Círculo Operário do Cruzeiro12, ont commencé à former des alphabétiseurs, selon les principes de Paulo Freire. Conformément à cette méthodologie, le processus d’alphabétisation comprend comme activité finale l’écriture par les élèves de leur propre histoire de vie. Une fois le premier groupe de formateurs constitué, de nombreuses classes ont été ouvertes et de nombreuses histoires ont été écrites, dès lors sous la direction d’Antônio Francisco, Vanda et Nana, parmi d’autres habitants de la ville, dont quelques éducateurs nouvellement formés. Des années plus tard, Abadia, déjà accompagnée d’autres éducatrices populaires, a rencontré une partie de ce groupe et s’est jointe à celui-ci pour fonder, en 2008, le Mouvement pour l’éducation et la culture de l’Estrutural (MECE).
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49En 2009, Deuzani a été contactée par l’Institut Brésilien des Musées (Ibram), qui démarrait le programme des Pontos de Memória, les « Points de Mémoire », et désirait consulter le MECE au sujet de la possibilité de mener un projet pilote dans l’Estrutural. La proposition de l’Ibram était de choisir douze villes ou quartiers de la périphérie des grandes métropoles afin d’encourager, en collaboration avec des groupes locaux organisés, la création de Points de Mémoire. Le MECE a mobilisé plusieurs collectifs de la ville, parmi lesquels l’Association VIVER et la « Préfecture régionale communautaire » (PRECES)13, pour une réunion avec l’Ibram en vue de la présentation de cette proposition. Après avoir accueilli favorablement celle-ci, le groupe initial formé par le MECE, l’association VIVER et la PRECES, résolu à réaliser ce projet dans la ville, s’est attelé à la mobilisation d’autres habitants pour participer au processus de construction du Point de Mémoire de l’Estrutural.
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51Abadia, Alessandra et Fernanda, qui ont participé à ce premier groupe, faisaient alors également partie du Mouvement des Travailleurs Sans Emploi (MTD) et de la Marche Mondiale des Femmes (MMM)14. Conjointement au Point de Mémoire et à la MECE, elles ont décidé d’établir des cotisations pour payer le loyer de la maison du frère d’Abadia, qui s’appellerait désormais « Casa dos Movimentos » (« la maison des mouvements »). Le Point de Mémoire, soutenu par une série de partenaires, y a initié diverses activités de formation en muséologie, organisant deux grandes expositions et quelques « Rondes de mémoire »15. À cela se sont ajoutés, parmi d’autres activités, des cours d’art pour jeunes et pour adultes ; et a été constitué une collection de témoignages, de documents, de photographies et d’objets recueillis auprès des habitants, considérés comme représentatifs des histoires de la ville.
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53Après la fermeture du Musée du Sang, principalement en raison du départ du député, le Point de Mémoire est devenu la principale organisation centrée sur les mémoires collectives et individuelles de l’Estrutural. Immanquablement, par la nature du travail qu’il se proposait d’entreprendre, il a d’emblée fait l’objet de nombreux débats politiques.
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55En tout état de cause, à travers ces débats ou parmi tant d’autres suscités par l’Estrutural, la « vérité » sur ce qu’a été et ce qu’est l’histoire de cette ville fait encore l’objet de conflits politiques, ce qui prouve que celle-ci est toujours en cours de conquête : comme beaucoup s’en sont avisés, le processus de déplacement ou d'expulsion de ses premiers habitants n’est pas définitivement clos. Ni par ailleurs irréversible, face à la spéculation immobilière qui se déploie de façon vertigineuse, comme le déplorent d'autres. Et cela parce que s’il y a des querelles et des conflits à propos du passé, c’est que d’une certaine manière le présent, et plus encore l’avenir, ne sont pas entièrement déterminés, comme l’explique la sociologue de la culture Myrian Sepúlveda dos Santos (2009, p. 234) :
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« La mémoire se cristallise lorsque son objet n’existe plus. Elle est toujours une recréation de cet objet et, en tant que telle, elle conserve des continuités et des différences en relation au passé vécu auquel elle se rapporte. [...] La collection muséologique est toujours un produit de l’activité humaine, de l’histoire, des rapports de pouvoir. »
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58Raconter ces histoires dans l’Estrutural revient aussi à dire à qui appartient ce lieu, mais pas uniquement : c’est également une façon d’affirmer pourquoi il existe, ou pourquoi il doit exister. Simultanément, raconter est une stratégie pour rester, et rester est une raison de raconter. Comme le soutient Jacira, également participante du projet du Point de Mémoire, l’importance du lieu réside dans son histoire : « Si nous tous, les anciens habitants, vendons nos parcelles et quittons les lieux, notre histoire de lutte, de guerre et de conquête meurt. Seul celui qui a vécu connaît les détails... seul celui qui a connu la souffrance sait réellement l’importance de ce que nous avons ici aujourd’hui ».
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60Ainsi, dans l’Estrutural, la politique se fait aussi en « élisant, réélisant, soustrayant, additionnant, excluant et incluant des fragments dans le champ du mémorable » et, face aux menaces toujours présentes d’expulsion, on comprend aussi qu’ici, « préserver, c’est d’abord prévoir le danger de destruction, valoriser ce qui s’y trouve exposé, et tenter d’éviter que cela ne se manifeste comme une issue fatale » (Chagas 2009, p. 165).
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62Bien que l’on puisse entretenir des doutes quant au fait que le projet du Point de Mémoire ait été créé à partir d’une initiative gouvernementale, on ne peut vider la proposition de préservation de la signification politique qu’elle a acquise, ou possédait déjà, dans la ville. Par ailleurs, ce sens de la défense et de la préservation de la ville fait partie, comme le dit Abadia, de l’existence de chaque collecteur de déchets qui rapporte quotidiennement des objets chez lui, pas toujours en raison d’une utilité immédiate, mais souvent comme partie d’une collection de ce qu’a été et de ce qu’est encore l’Estrutural. Les déchets sont le motif invoqué pour le manque de respect vis-à-vis de la valeur particulière de cette ville. Mais ils sont tout à la fois un objet de fierté et une dimension de la lutte pour la reconnaissance des mémoires et d’un rôle social distinct qui n’a été assumé que dans l’Estrutural.
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64Les habitants, confrontés aux difficultés du travail dans la décharge, aux discriminations vécues à l’extérieur de la ville du fait de cette activité et de la proximité des déchets dans leur quotidien, ont trouvé dans la mémoire un acte intellectuel de dotation de sens. Pour Abadia, le Point de Mémoire représente la possibilité de raconter cette histoire de manière critique, de regarder ce qui a été vécu et de pouvoir formuler des interprétations et des évaluations. Ainsi, la décharge et les souffrances vécues dans l’Estrutural deviennent, à travers un processus politique d’usage de la mémoire, les motifs d’une fierté associée à la qualité spécifique de ce lieu pour lequel reconnaissance et réparation sont exigées.
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Un inventaire participatif et la signification « épocale » du Point de Mémoire de l’Estrutural
66Depuis sa création, le Point de Mémoire s’est donné pour objectif de raconter les histoires de l’Estrutural en fonction des choix et des cadrages opérés par ses propres habitants. Par conséquent, l’une de ses principales préoccupations a été d’accommoder un espace et inspirer la confiance nécessaires à une écoute libre et ouverte. Cela a fait du Point de Mémoire de l’Estrutural une unité vivante, accordant la priorité, dans tous les sens du terme, à l’être humain, dans la mesure où il a été conçu pour reconstruire et renforcer la mémoire sociale et collective de la communauté à partir de ses habitants, de leurs origines, leurs histoires, leurs luttes et leurs valeurs.
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68Dans l’Estrutural, le Point de Mémoire a un projet politico-pédagogique dynamique et intervient en tant qu’agent de transformation sociale, en tant qu’espace de mémoire, en développant des actions qui cherchent à promouvoir la culture de la localité, se consacrant au développement social et culturel. En resignifiant la mémoire, il a provoqué divers mouvements dans le domaine des arts, en faveur d’une culture contre-hégémonique : la maison d’édition populaire Abadia Catadora, la Banque communautaire de l’Estrutural et la Bibliothèque communautaire.
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70La maison d’édition populaire Abadia Catadora a été créée à partir des ateliers d’édition de livres organisés par l’équipe de la maison d’édition argentine Eloisa Cartonera, en novembre 2011. Cette première maison d’édition de l’Estrutural, à l’instar de son homologue argentine, a rendu hommage à une courageuse activiste sociale de la communauté qui avait travaillé dans le recyclage des ordures. Ses publications sont réalisées de manière artisanale, en optimisant la réutilisation du papier jeté à la poubelle et avec le concours d’artistes locaux qui confectionnent les couvertures des ouvrages, de sorte que chaque livre est une pièce unique, ou autrement dit, une œuvre d’art.
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72Le travail de mobilisation communautaire promu par l’inventaire participatif a également ouvert la voie à la création de la Banque communautaire de l’Estrutural, dont la monnaie sociale est la « Conquista », n’ayant cours que dans les limites de la ville. Une monnaie qui présente, sur ses billets, des images de cette histoire qui est racontée, d’un passé et d’un présent qui se construit. Et c’est aussi de ce processus qui valorise ce qui est gardé, ce qui est rassemblé au long de la vie, qu’est née l’impulsion de rouvrir la Bibliothèque communautaire, qui fonctionnera au rez-de-chaussée de la maison d’Abadia avec les livres que sa famille a collectés dans la décharge depuis 1993.
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74Selon Maury Rodrigues da Cruz (2007), « la matière dont traite le musée est la vie elle-même »16. De fait, il est possible d’affirmer que le Point de Mémoire, comme espace de relation entre l’homme en tant que sujet et son environnement, créé la vie. Cruz poursuit en affirmant que les collections matérielles et immatérielles parviennent aux musées « dans le sillage de la tempête », exigeant impérativement de leurs agents une connaissance de l’origine de celles-ci, de leur phase actuelle et de leur « signification épocale », car ce processus est traversé par une dimension d’érudition, qui implique « la culture scientifique, la culture philosophique, et fondamentalement la culture populaire, considérée comme “de première main”, assurant pour sa part le maintien de la culture ». Ainsi, la fonction du Point de Mémoire, en tant qu’espace de réflexion, procède de la compréhension que les collections culturelles matérielles et immatérielles ont une dimension temporelle, et qu’il est nécessaire de s’enquérir continuellement, auprès de ses participants, de « l’origine des collections, de leur phase actuelle et de leur signification épocale », comme le préconise Cruz (2007)17.
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76Cela signifie, en d’autres termes, de prendre part aux conflits quotidiens de la ville et se mettre au service de la lutte quotidienne de ses habitants. Après avoir découvert durant le IVème Forum National des Musées que les histoires racontées dans l’Estrutural pouvaient gagner leur place dans un musée, Adoaldo Alencar, « Duda », a décidé d’utiliser la caméra que son fils venait d’acheter pour enregistrer la vie quotidienne de la ville à travers le regard du nouveau personnage qu’il s’est mis à incarner, le journaliste communautaire « Duda face à la communauté ». Malgré le temps qu’il consacrait à suivre les luttes de la ville, Duda continuait d’affronter ses propres défis quotidiens pour assurer son existence dans l’Estrutural.
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78Dans une petite ferme du secteur de Santa Luzia, en bordure de la ville, il avait planté une vaste pépinière d’arbres du cerrado18, qui impressionnait ceux qui la visitaient. Des plantes dont il connaissait l’âge et l’origine, qui composaient sa collection naturelle à ciel ouvert, son écomusée. Pour y parvenir, son histoire a toujours été une histoire de lutte. Après avoir été évacué du premier site qu’il occupait, sous prétexte d’être installé dans une zone de préservation environnementale, il a vu s’élever à la place de son ancienne maison la « Cidade do Automóvel », un secteur réservé aux grands concessionnaires de voitures dans le District Fédéral. C’est la raison pour laquelle il fut le seul fermier à résister à la dernière évacuation de Santa Luzia. Il écrivait alors : « Expulser les pauvres de la zone noble et garder pour soi les droits qu’on leur a arrachés. Expulser les pauvres des zones à risque et construire des maisons de riches. Expulser les pauvres des zones environnementales afin de ne pas contaminer vos jardins. Tout cela n’est pas nouveau. Il est nécessaire de tirer au clair cette situation ».
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80Il est resté encore quelques années dans sa ferme, plus que l’on ne pouvait s’y attendre. Mais récemment, Duda a subi le coup le plus dur : la zone ayant été abandonnée par l’État et envahie par de nouveaux habitants, sa ferme a été totalement pillée et occupée, sans qu’il ne puisse bénéficier d’aucune protection pour faire valoir ses droits. Le seul souvenir, et maintenant aussi l’« arme » de lutte dont il dispose, ce sont les enregistrements réalisés par le collectif du Point de Mémoire dans sa ferme. Une collection qui est désormais la preuve de son histoire, et de tout ce qu’il a construit.
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82Le travail de préservation inclut les actions de sauvegarde du patrimoine culturel, qu’il soit matériel ou immatériel. Au Point de Mémoire de l’Estrutural, à travers l’histoire de Duda comme de tant d’autres, trouvent leur place les manifestations culturelles les plus diverses, latentes ou en activité, parce que la plupart d’entre elles proviennent d’un tissu de relations configuré et reconfiguré à partir d’histoires de vie. Des histoires de vie qui n’ont certainement pas commencé ici dans le District Fédéral, compte tenu du peuplement récent de cette région, mais qui aujourd’hui s’y sont consolidées sur fond de beaucoup de résistance, de cheminements et de silence imposé. Ici, il n’est pas seulement question de collecter des objets, des images, des témoignages. Il est question d’enregistrer et de conserver des mémoires dans leur contexte, conférant ainsi du sens à la collection et, d’une certaine manière, à travers la recherche, re-signifiant et redimensionnant ces mémoires dans le temps, l’espace et la culture. Ce n’est que dans cette relation entre signifié et signifiant dûment contextualisée et combative qu’il est possible de comprendre la fonction sociale du Point de Mémoire, et la contribution de celui-ci à la ville d’Estrutural. Il y a des choses dont il faut se souvenir, et d’autres qu’il faut oublier, comme s’y réfère Abadia, qui est aussi couturière : « Un couvre-lit en patchwork, tissés des multiples accents des habitants, la voilà cette communauté. La conquête des espaces, qui est notre visage. Les possibilités d’un avenir que nous ne dessinons pas, mais dont nous disposons ».
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Bibliographie
Chagas Mario, 2009 : « Memória política e política de memória », in Abreu Regina & Chagas Mario (orgs.), Memória e Patrimônio: ensaios contemporâneos, Rio de Janeiro, Lamparina.
Cruz, Maury Rodrigues da, 2007 : Panorama do Patrimônio Cultural Paranaense na Contemporaneidade, Desafios e Tendências, Palestra, Secretaria de Estado da Cultura do Paraná.
Santos Myrian Sepúlveda dos, 2009 « Memória e narrativas nacionais », in Abreu Regina & Chagas Mario (orgs.) 2009 : Memória e Patrimônio: ensaios contemporâneos, Rio de Janeiro, Lamparina.
Notes
1 Traduction Chloé de Sousa Veiga, Ana Swartz Paredes et Dominique Schoeni. La version originale en portugais de cet article est parue dans un volume des Cadernos do CEOM consacré à la muséologie sociale, publié en 2014 sous la direction de Mario Chagas et Inês Gouveia. Disponible en ligne sur : https://bell.unochapeco.edu.br/revistas/index.php/rcc/issue/view/168.
2 NdT : le programme des Pontos de Memória (« Points de mémoire »), mis en place en 2009 par l'Institut brésilien des musées (Ibram, Instituto Brasileiro de Museus) en partenariat avec le Ministère de la culture et l'Organisation des États ibéro-américains (OEI), s'adresse aux divers groupes sociaux qui n'ont habituellement pas la possibilité d'exposer leur propre patrimoine, de raconter leur histoire et leur mémoire, afin que celles-ci soient reconnues et valorisées comme une partie intégrante de la mémoire sociale brésilienne. De plus amples informations à ce sujet peuvent être trouvées sur le site https://www.gov.br/museus/pt-br/acesso-a-informacao/acoes-e-programas/pontos-de-memoria.
3 NdT : Intitulée Luta, Resistência e Conquista, (« Lutte, Résistance et Conquête »), elle a donné son nom au présent article.
4 NdT : La reconstitution d’une barricade de pneus renvoie aux multiples manifestations réalisées au petit matin par les habitants, barrant les voies rapides adjacentes pour faire entendre leurs revendications. Les pages du Journal officiel qui figurent dans l’exposition, dûment conservées par les intéressés, datent du mois de janvier 2008. Elles mentionnent les noms de 7.000 résidents concernés par la régularisation de leur parcelle.
5 NdT : des tonneaux de ce type étaient utilisés pour accueillir l’eau fournie par les camions-citernes, quand la ville n’était pas encore raccordée au réseau d’adduction d’eau.
6 NdT : l’inauguration des expositions donne lieu préalablement à un « musée de parcours », un cortège à travers les rues durant lequel les objets sont présentés.
7 NdT : respectivement écrivaine brésilienne, habitante de la favela et collectrice de déchets (1914-1977) ; leader brésilienne de mouvements de défense des Droits des femmes, née en 1945 ; militante communiste allemande d'origine juive (1908-1942) ; artiste peintre mexicaine (1907-1954) ; poétesse, conteuse et écrivaine brésilienne (1889-1985) ; chanteuse brésilienne, qui a contribué à la popularisation de la samba (1901-1987) ; médecin pédiatre, spécialiste en santé publique, créatrice de la pastorale de l'enfant et de la pastorale des personnes âgées (1934-2010) ; économiste et politicienne brésilienne, ex-présidente du Brésil, née en 1947 ; collectrice de déchets, rendue célèbre par le documentaire de Marcos Prado qui lui a été consacré (1941-2010) ; philosophe et économiste marxiste germano-polonaise (1871-1919).
8 NdT : Le Plano piloto constitue le centre de Brasilia, entièrement conçu et construit de manière planifiée entre 1957 et 1960, et regroupant les bâtiments de l’ensemble des institutions de direction de l’État fédéral brésilien.
9 NdT : Boca do lixo, littéralement « la bouche à ordures », qualifie l’entrée des décharges à ciel ouvert.
10 L’accumulation des déchets dans la même zone au long des quarante dernières années, sans même parler de la quantité de détritus enfouis sous la terre, a fait que la décharge a atteint une hauteur d’environ quarante mètres par rapport au niveau de la ville, de sorte que l’expression « là-haut » est souvent utilisée en lieu et place de « décharge ». Parfois sont aussi utilisés les termes de « remblai » ou de « recyclage ». En outre, les différents espaces et matériaux à l’intérieur de la décharge portent des noms différents, comme la zone appelée « carrefa » (en référence à la chaîne Carrefour), où sont jetés les déchets provenant des supermarchés, ou « séparation », espace dans lequel après un tri sélectif les déchets sont séparés par couleur et par matériau pour être envoyés au recyclage.
11 En 1998, le gouvernement du District Fédéral a mobilisé 3.000 policiers anti-émeute dans une opération menée à l’Estrutural pour déloger les nouveaux occupants. À partir de ce moment, la présence policière a été renforcée dans cette ville, initiant une période de surveillance et de conflit qui marquera définitivement l’histoire de la vie de ceux qui y habitaient à cette époque. Cette opération avait été baptisée « Opération Tornado » par la police.
12 Le Cercle des travailleurs de Cruzeiro (COC) est une organisation liée à la Confederação Brasileira de Trabalhadores Circulistas (à présent renommée Confederação Brasileira de Círculos Operários – Confédération brésilienne des cercles ouvriers), issue de la Confédération nationale des travailleurs catholiques (CNOC) fondée en novembre 1937. Le COC a son siège à Cruzeiro, une ville voisine d’Estrutural, et mène des activités culturelles et politiques principalement dans ces deux villes.
13 NdT : une organisation communautaire fonctionnant sur un mode associatif.
14 « La Marche mondiale des femmes est née en 2000 en tant que mobilisation à large échelle, rassemblant des femmes du monde entier dans une campagne contre la pauvreté et la violence. [...] Parmi les principes du MMM figurent l’organisation des femmes en milieu rural et urbain à partir de la base et les alliances avec les mouvements sociaux. ». Site internet de cette organisation : http://marchamulheres.wordpress.com/mmm/.
15 Organisation de goûters ou de cafés avec des habitants et des invités extérieurs pour parler de l’histoire de la ville dans un format de cercle de conversation.
16 NdT : la citation originale, « o currículo do museu é a vida », fait allusion aux programmes d’études des institutions universitaires.
17 Conférence prononcée par Maury Rodrigues da Cruz au Secrétariat d’État à la Culture du Paraná, en 2007, à l’occasion de l’événement Panorama do Patrimônio Cultural Paranaense na Contemporaneidade Desafios e Tendências.
18 NdT : Le cerrado est un milieu et un type de végétation caractéristique du Plateau central brésilien.