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Le métier d’antiquiste, du champ normatif à l’ère « post-disciplinaire » : méthodes, concepts, perspectives. Introduction
Table des matières
1Dans le domaine de la recherche en histoire, l’antiquiste fait face à une documentation particulièrement lacunaire et hétérogène du fait de l’éloignement chronologique de la période traitée. Si ce corpus est régulièrement étoffé par les découvertes archéologiques, numismatiques, papyrologiques et épigraphiques, et par l’avancement méthodologique pour l’étude des matériaux anciens, ce n’est pas toujours le cas des sources textuelles pour lesquelles le caractère incomplet, partiellement détruit ou altéré est parfois irrémédiable. À cela s’ajoute le déplacement, dans le domaine plus large des sciences humaines, de l’intérêt scientifique depuis une « société-système » (dont les rouages peuvent être reconstruits par l’étude des sources, de leurs auteurs et de leurs acteurs), vers une société de l’individu (centrée sur la reconstruction de la pluralité des rôles et des actions au sein de la société, indépendamment de l’image qui est donnée de ces individus dans les sources). Cet état des lieux mène inéluctablement l’antiquiste à élargir le champ de ses expertises, et à se plier à un renouvellement constant de ses perspectives de recherche et de ses réflexions théoriques. Dans un environnement de recherche dominé par l’emprunt de plus en plus fréquent d’outils d’analyse et de concepts d’interprétation n’appartenant pas au champ classique de l’historien, les repères méthodologiques que constituaient naguère les concepts de « sources »1 et de « disciplines »2 apparaissent de plus en plus ténus.
2Dans l’historiographie récente, un premier train de transformations méthodologiques et théoriques est contemporain de l’essor des théories constructivistes dans les années 1950. Henri-Irénée Marrou introduit en 1954 le concept d’« historien-architecte », spécialisé avant tout dans la recherche heuristique, mais mettant aussi à profit les autres sources pouvant contribuer à élargir notre connaissance du passé humain.3 En 1961, Louis Robert propose de voir en l’historien un « homme-orchestre », « qui sait jouer de chaque instrument disponible et tirer de tous une symphonie ».4 En 1962, Claude Lévi-Strauss élabore en anthropologie le concept de « bricolage », qu’il définit comme un travail intellectuel non soumis à des règles théoriques, et qui vise à établir des connexions entre les différentes disciplines composant le champ des Sciences Humaines et Sociales.5 Ce faisant, plusieurs disciplines jusque-là considérées dans une perspective hiérarchisée, comme « disciplines auxiliaires » de l’histoire,6 ont de plus en plus acquis leur autonomie, chacune contribuant à leur manière, et de manière interconnectée les unes aux autres, à une connaissance approfondie des civilisations anciennes.7 Le problème apparaît donc comme étant avant tout de nature terminologique (et peut-être lié à la langue française), le terme d’« histoire » de l’Antiquité étant utilisé en lieu et place de celui, plus holistique, de « sciences » des de l’Antiquité. Le débat est d’ailleurs présent à tous les niveaux de l’étude des vestiges des civilisations anciennes. Ainsi, l’avènement de l’archéologie processuelle dans les années 1960, et les paradigmes d’objectivité qu’elle défend, ont amené un renouvellement méthodologique important, axé sur des terrains jusque-là délaissés et notamment l’application des méthodes issues des sciences fondamentales à l’étude des traces matérielles du passé humain. Par-delà la diversité des méthodes, outils d’analyse et concepts impliqués dans cette investigation, c’est donc « l’unité du savoir » qui est, là aussi, revendiquée, comme c’est le cas dans différents domaines des sciences humaines et sociales depuis les dernières décennies du XXe siècle.8
3Cette volonté d’unification du savoir s’est vue opposer, dès les années 1970 et 1980, la revendication d’une nécessaire spécialisation dans la recherche scientifique : le chercheur doit demeurer dans un territoire conceptuel bien circonscrit, autour d’hypothèses bien déterminées, avec des outils d’analyses propres — c’est-à-dire « monodisciplinaire ».9 Ceci étant dit, les frontières entre les différentes disciplines relatives à l’étude des mondes anciens n’ont cessé de devenir de plus en plus ténues, du fait du recouvrement des hypothèses de travail, des thématiques et des champs d’études.10 La réflexion s’est alors déplacée vers les pratiques de la navigation entre les diverses disciplines : lorsqu’il y a emprunt, rencontre, convergence entre différentes disciplines, comment ce processus doit-il s’opérer ? Les notions de pluridisciplinarité, d’interdisciplinarité, et de transdisciplinarité recouvrent-elles les mêmes démarches de construction du savoir ?11
La recherche sur les mondes anciens, entre interdisciplinarité et thématiques post-disciplinaires
4Comme l’indique Frédéric Darbellay, la pluridisciplinarité constitue en quelque sorte un premier pas vers le décloisonnement du savoir, tout en restant « dans le champ d’attraction de la disciplinarité » : en effet, elle « en reproduit le principe par l’addition-juxtaposition de plusieurs disciplines, sans nécessairement chercher les zones d’interaction entre elles ».12 L’interdisciplinarité, en tant que démarche individuelle, revient à mobiliser plusieurs disciplines de manière à « croiser les regards ». Si les possibilités sont plurielles, deux pratiques principales peuvent être distinguées, selon les travaux d’Eve-Anne Bühler. D’une part, l’interdisciplinarité de proximité « consiste à utiliser des concepts, des théories et des méthodes de disciplines proches de la sienne, donc de profiter du voisinage disciplinaire » de manière à « pouvoir proposer des interprétations plus riches, originales, du processus étudié ». D’autre part, l’interdisciplinarité dédaléenne « consiste à vouloir comprendre comment un objet de recherche peut être questionné par d’autres disciplines » : limité dans la compréhension de son objet, le chercheur « se tourne vers de nouvelles disciplines pour trouver des éléments de compréhension et d’analyse plus heuristiques » : il met en œuvre « des concepts opératoires théorisés et explorés par une autre discipline », jusqu’à parfois aboutir à la fusion des disciplines et, ce faisant à la mise en œuvre d’une nouvelle démarche de recherche méthodologiquement autonome.13 Certains parlent alors de « transdisciplinarité », terme introduit pour la première fois en 1970 par Jean Piaget.14
5En connexion avec ces considérations épistémologiques et méthodologiques, c’est l’horizon des champs thématiques appliqués à l’étude des mondes antiques qui s’est vu bouleversé depuis les années 1980. Du champ normatif, le débat s’est déplacé vers un univers de recherche « post-disciplinaire ». Cette transformation s’inscrit dans la mouvance des théories post-processuelles en anthropologie et en archéologie, qui sont nées en réaction au processualisme et entendent combattre le poids de la subjectivité individuelle, des stéréotypes et des cadres de pensée modernes et actuels dans l’étude des sociétés passées. Centrées sur l’hypothèse d’une universalité dans les représentations symboliques, ces théories prônent un décloisonnement dans l’étude du fonctionnement, des traditions, des mentalités des civilisations passées : les thématiques de recherche sont transculturelles et transpériodes, « universelles », détachées des assignations socialement, socioculturellement et sociopolitiquement construites par les sociétés occidentales modernes, et impliquent les différentes disciplines normatives au même titre et de manière interconnectée, voire fusionnée. Cette perspective de recherche oppose, à la prédominance d’une histoire principalement écrite par les hommes et par les vainqueurs, la multi-vocalité du discours permettant de mieux identifier la place de la pluralité, de l’altérité, des identités minoritaires et transgressives dans les civilisations passées.15 Les questions de genre, de particularismes locaux, de minorités sociales, politiques et culturelles, de décolonisation, de globalisation et de « glocalisation » sont toutes trajectoires de recherche nées dans la mouvance post-processuelle.16
Le point sur le métier d’antiquiste dans la recherche universitaire francophone
6Alors que, dans le monde anglo-saxon, le cloisonnement disciplinaire a depuis longtemps laissé la place à l’organisation thématique des groupes de recherche et d’enseignement sur les civilisations antiques, au sein de la recherche universitaire francophone, les facultés et départements sont plus longtemps restés organisés sur la base de disciplines fondamentales. Cette tradition, héritée du XIXe siècle, est le risque d’un découpage institutionnel dans l’étude de l’Antiquité.17 Ceci étant dit, depuis le début des années 2000, il est devenu de plus en plus commun que différentes disciplines se voient reconfigurées vers la création d’espaces holistiques sur les civilisations anciennes : on voit naître des unités de recherche et d’enseignement spécifiquement dédiées aux « Mondes Anciens », aux « sciences de l’Antiquité », et prônant l’interdisciplinarité. En outre, les domaines de recherche thématiques et transpériodes ont eux aussi fait leur apparition dans la recherche francophone : les groupes de recherche et programmes d’enseignement en études de genre en sont les exemples les plus représentatifs.
7Dans la lignée de diverses manifestations scientifiques tenues en France au cours des vingt dernières années, et prioritairement adressées aux jeunes chercheurs,18 ce volume s’intéresse à aux réalités actuelles de la recherche universitaire belge sur les mondes anciens. Plus spécifiquement, il donne la parole à différents chercheurs doctorants et postdoctorants qui, s’ils se définissent comme archéologues, historiens ou philologues, sont avant tout spécialistes des civilisations antiques, et démontrent comment, à leur façon et en adéquation avec leur problématique de recherche, ils manient les outils d’analyse, les perspectives et les concepts d’interprétation bien au-delà du cadre normatif traditionnel.
8Dans les pages qui suivent, Géraldine Frère (Université de Namur) aborde la question des aspects pratiques, des enjeux et des difficultés de la recherche archéométrique, avec l’exemple du verre à vitre en milieu romain. Tiffany Bellon (Université Catholique de Louvain) recourt au concept de « glocalisation » pour caractériser la pluralité des niveaux d’identité des Thraces résidant à Rome, entre autochtones et étrangers, et les moyens d’expression de celle-ci au travers des pratiques épigraphiques. Au moyen des outils de la logométrie appliquée aux discours des personnages de l’Octavie du Pseudo-Sénèque, Marc Vandersmissen explore l’importance déterminante du genre, et plus particulièrement de la figure féminine, dans la construction de personnalités et de destins individuels des deux personnages principaux de la pièce tragique. Sur la base de l’étude sémantique d’attitudes transgressives commises par des hommes et rapportées (comme telles) dans la littérature latine, Héloïse Malisse (Université Catholique de Louvain) souligne la complexité des identités de genre dans la Rome antique, et s’attelle à mettre en exergue l’existence du composant féminin comme référence (inusitée) dans l’univers des pratiques sociales romaines. Sur base du constat variable concernant le rôle et l’importance de la femme dans la société égyptienne, en fonction des sources mobilisées, Claudia Venier (FNRS – Université de Liège) se fonde sur une étude archéologique des assemblages funéraires de la nécropole de Gourob pour proposer une étude sociologique des femmes inhumées autour du complexe palatial. Brice De Potter (FNRS – Université Libre de Bruxelles) s’intéresse aux manifestations du sentiment de deuil chez les hommes et chez les femmes dans les épitaphes attiques archaïques. Sadi Maréchal (Research Foundation – Flanders (FWO, Universiteit Ghent) propose un compte-rendu historiographique sur la façon dont la question du genre a été intégrée dans les études des bains grecs et romains, depuis la fin du XIXe siècle.
9Ces contributions ont fait l’objet de présentations et de discussions dans le cadre de trois journées d’études organisées à l’Université Saint-Louis de Bruxelles entre 2020 et 2022 : une table-ronde internationale sur le thème de la glocalisation, et deux journées d’études de l’École Doctorale « Histoire, Histoire de l’Art et Archéologie », l’une sur la pluridisciplinarité, l’autre sur la thématique du genre dans la recherche sur l’Antiquité.19
Notes
1 À ce titre, dans un ouvrage dédié aux sources sur la Méditerranée antique, Anne-Françoise Jaccottet souligne la confusion trop souvent faite entre « sources » et « disciplines ». Selon cette chercheuse, les documents antiques ne sont pas des sources en eux-mêmes, ils deviennent des sources pour le chercheur qui les utilise. Il revient donc à l’antiquiste de nommer et de contextualiser ces documents de façon à mettre en valeur leurs potentialités. A.-F. Jaccottet, Réflexion liminaire. Vous avez dit « sources » ? Pluridisciplinarité et documents antiques, dans Aux sources de la Méditerranée antique : Les sciences de l’Antiquité entre renouvellements documentaires et questionnements méthodologiques. Actes du colloque tenu à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme à Aix-en-Provence les 8 et 9 avril 2011, dir. M. Carrive, M.-A. Le Guennec, L. Rossi, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2014 (Héritages Méditerranéens).
2 On propose ici de définir une discipline comme étant « constituée d’un certain nombre de principes fondateurs, d’hypothèses générales, de concepts qui déterminent un champ d’études et permettent en même temps de construire le phénomène en objet d’analyse. Se constitue ainsi un cadre conceptuel, et c’est à l’intérieur de celui-ci que peuvent être construites diverses théories [...]. » P. Charaudeau, Pour une interdisciplinarité « focalisée » dans les sciences humaines et sociales, in Questions de communication, vol. 17, 2010, p. 200-201. Voir également la définition donnée plus récemment par J. Heilbron, A regime of disciplines : Toward a historical sociology of disciplinary knowledge, dans The digital turn: New roles for sociology in the postdisciplinary age. Essays in honor of Donald N. Levine, éd. C. Camic, H. Joas, Lanham, Rowman & Littlefield Publishers, p. 23–42. Notons aussi que, comme l’explique C. Baratin dans son très complet compte-rendu historiographique, l’histoire ancienne est, durant la moitié du XXe siècle, considérée comme « discipline » par A. Momigliano. Voir C. Baratin, Des Antiquaires aux Sciences de l’Antiquité : l’histoire ancienne sur le métier, dans L’Atelier du Centre de recherches historiques, vol. 7, 2011 (L’historiographie aujourd’hui : Défis, expériences, enjeux). Le début du paragraphe suivant de cette introduction résume quelques grands jalons expliqués par C. Baratin.
3 Ce concept est défini dans un essai publié chez Seuil en 1954 : H.-I. Marrou, De la connaissance historique, Paris, Seuil, 1954.
4 L. Robert, « L’épigraphie », dans L’Histoire et ses méthodes, éd. Samaran C. (Encyclopédie de la Pléiade), Paris, Gallimard, 1961, p. 475.
5 Ce concept est défini dans un essai publié chez Plon en 1962 : C. Lévi-Strauss, La Pensée Sauvage, Paris, Plon, 1962. Cette notion reste populaire dans le domaine académique et scientifique au sens large, pour décrire l’omniprésence de la pluridisciplinarité. Voir notamment M. Jollivet, Compte-rendu des Journées, Natures Sciences Sociétés, 2008, vol. 16, Supplément « Les formations interdisciplinaires : problèmes, expériences, perspectives », p. 13: « Il n’y a pas de modèle ; on est dans le domaine du bricolage. Avec tout ce que ce mot implique de compromis, par rapport à l’objectif poursuivi, imposés par les contraintes locales de tous ordres. Mais aussi avec l’exigence de créativité que cela suppose […]. ».
6 Voir par exemple L’Histoire et ses méthodes, éd. Samaran C. (Encyclopédie de la Pléiade), Paris, Gallimard, 1961.
7 Voir, à ce titre, les éléments de réflexion proposés par C.-E. Perrin dans son compte rendu de l’ouvrage de C. Samaran cité plus haut : C.-H. Perrin, L’Histoire et ses méthodes, dans Journal des Savants, 1962, p. 129–155.
8 À ce titre, voir la réflexion de Robert Franck sur l’intérêt de concilier les points de vue issus de différentes disciplines pour les intégrer en un savoir unifié : R. Franck, La pluralité des disciplines, l’unité du savoir et les connaissances ordinaires, dans Sociologie et sociétés, vol. 31, no 1, 2002, p. 129-142 (avec bibliographie).
9 P. Charaudeau, op. cit. n. 2.
10 En guise d’exemple, Alessandro Garcea, professeur de littérature latine et histoire des textes, est à la tête de l’initiative des Sciences de l’Antiquité à l’Alliance Sorbonne Université. Il souligne que « Étudier les sciences de l’Antiquité aujourd’hui nécessite d’avoir une perspective transdisciplinaire. L’Histoire, la littérature, l’histoire de l’art, l’archéologie et la philosophie font toutes partie de l’étude de l’Antiquité. La façon dont se pratique la recherche dans ce domaine implique donc d’avoir des notions dans ces différentes disciplines ainsi qu’en épigraphie, en papyrologie, en paléographie, en numismatique, des sciences souvent considérées comme auxiliaires et ignorées des non-spécialistes » (https://www.sorbonne-universite.fr/actualites/notre-offre-pedagogique-sur-lantiquite-na-dequivalent-nulle-part-ailleurs; publié le 19/11/2020, mis à jour le 23/07/2021).
11 Muriel Lascaux et Alain Morel s’intéressent à l’épistémologie des termes de multi-disciplinarité, pluri-disciplinarité, inter-disciplinarité, et trans-disciplinarité : M. Lascaux, A. Morel, Transdisciplinarité. Principes et cadres de l’accompagnement transdisciplinaire, dans Addictologie en 49 notions, éd. A. Morel, Dunod, Nanterre, 2015, p. 351–361.
12 F. Darbellay, « Vers une théorie de l’interdisciplinarité ? Entre unité et diversité », dans Nouvelles perspectives en sciences sociales : revue internationale de systémique complexe et d’études relationnelles, vol. 7, no 1, 2011, p. 73.
13 E.-A. Bühler, F. Cavaillé, M. Gambino, Le jeune chercheur et l’interdisciplinarité en sciences Sociales. Des pratiques remises en question, dans Natures Sciences Sociétés, vol. 14, 2006, p. 395.
14 J. Piaget, L’épistémologie des relations interdisciplinaires, dans L’interdisciplinarité; Problèmes d’enseignement et de recherche dans les universités, OCDE, Paris, 1972, p. 131-144.
15 J.S. Thomas, M.B. Schiffer (éd.), Reconfiguring the social, reconfiguring the material, dans Social Theory in Archaeology, Salt Lake City, University of Utah Press, 2000, 143–155.
16 La théorie de globalisation s’intéresse à reconstruire le mouvement des objets, des personnes et des idées à grandes distances dans l’Antiquité, par-delà les cloisonnements sociaux, politiques et culturels traditionnellement identifiés pour ces sociétés par la recherche historique et archéologique du XXème siècle. En cela, cette théorie prône la décentralisation et la multi-directionnalité des connections : voir Globalisation and the Roman world. World history, Connectivity and Material Culture, éd. M. Pitts, M.J. Versluys, Cambridge, Cambridge University Press, 2015. Le néologisme « glocalisation » résulte d’une alliance entre le « global » et le « local ». Cette théorie réutilise les avancées faites dans le domaine de la « globalisation », tout en reconnaissant une variabilité locale, inhérente au passé individuel, dans l’adoption et dans la reproduction de pratiques, de mentalités et de références globalement partagées. Pour un exemple de recherche récente dans ce domaine, voir : D.C. Van Alten, Glocalization and Religious Communication in the Roman Empire: Two Case Studies to Reconsider the Local and the Global in Religious Material Culture, dans Religions, vol. 8, 2017, 140. Sur le thème de la décolonisation, voir M. Bruchac, Decolonization in Archaeological Theory, dans Encyclopedia of Global Archaeology, éd. C. Smith, New York, Springer, p. 2069-2077. Sur le thème de l’archéologie du genre, voir M. Conkey, J. Spector, Archaeology and the Study of Gender, dans Advances in Archaeological Method and Theory, vol. 7, 1984, p. 1–38.
17 Comme l’indique F. Darbellay, cette organisation « permet certes les approfondissements disciplinaires nécessaires à l’avancement des connaissances de pointe, mais (elle) représente dans le même temps une forme de barrière organisationnelle qui peut, selon les cas, freiner voire condamner par avance toute tentative de mise en dialogue des disciplines. » F. Darbellay, Vers une théorie de l’interdisciplinarité ? Entre unité et diversité, dans Nouvelles perspectives en sciences sociales : revue internationale de systémique complexe et d’études relationnelles, vol. 7, no 1, 2011, p. 67.
18 Sur la pluridisciplinarité, on peut citer comme exemple : Les formations interdisciplinaires : problèmes, expériences, perspectives, Journées de l’Association Natures Sciences Sociétés Dialogues, Paris, ENS, 7 et 8 février 2007, organisées par Marcel Jollivet et Marie-Alix Carlander. Aussi L’interdisciplinarité en archéologie : Démarche et méthodologie dans le cadre des recherches doctorales, Journée d’études de l’association APAREA, avec le soutien du laboratoire TRACES, de la Maison des Sciences de l’Homme de Toulouse et du Service Régional de l’Archéologie Midi-Pyrénées, 3 mai 2012, Université de Toulouse le Mirail. Un article récent sur le même thème : À la croisée des chemins : le jeune chercheur entre désir d’interdisciplinarité et ancrage monodisciplinaire, éd. J. Fresneau, L. Gautier, dans Revue de l’école doctorale Science des sociétés (ED 624), vol. 11, 2020, p. 9–15. En ce qui concerne les études de genre : Genre et Antiquité, table ronde de l’équipe Phéacie, organisée par les universités Paris I et Paris VII, 18 et 19 mars 2005, INHA, Paris. Aussi Genre et luxe, Journée d’études organisée par Florence Gherchanoc et Noémie Villacèque, vendredi 3 décembre 2021, Université de Paris, Amphithéâtre Turing, Bât. Sophie Germain, Place Aurélie Nemours, Paris 13.
19 Le monde romain, entre société globale et cultures locales ? La « glocalisation » des pratiques quotidiennes depuis les guerres puniques jusqu’au règne de Trajan, Table-ronde virtuelle organisée par Florence Liard et Emilie Colpaint (CRHiDI, Université Saint-Louis de Bruxelles), 12 mai 2021, Université Saint-Louis Bruxelles. La pluridisciplinarité dans la recherche sur l’Antiquité, Activité annuelle du module « Antiquité » de l’École Doctorale Histoire, Art et Archéologie (HISTAR), 20 mai 2021, Université Saint-Louis, Bruxelles. Intégrer la thématique du genre dans la recherche sur l’Antiquité : Avancées actuelles et perspectives d’avenir, Journée d’étude du module « Antiquité » de l’École Doctorale ED4 – Histoire, Histoire de l’Art et Archéologie (HISTAR), 12 mai 2022, Université Saint-Louis, Bruxelles.
Pour citer cet article
A propos de : Florence Liard
Florence Liard est historienne et archéologue de formation. Elle est diplômée du doctorat en Histoire, Arts et Archéologie, du Master en Histoire, et de la Licence en Archéologie à l’UCLouvain. Sa recherche porte sur les phénomènes de changements, de continuité, d’appropriation et d’innovation survenus dans les traditions céramiques en Grèce antique, en réponse à des événements majeurs d’expansion politique et économique enregistrés par l’archéologie et par l’histoire depuis l’Âge du Bronze jusqu’à l’époque moderne. Avant d’enseigner à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, Florence Liard a travaillé en tant que chercheuse postdoctorale à la British School of Archaeology at Athens, à l’Université Bordeaux-Montaigne, à l’Academia Belgica, et à Universiteit Leiden.