Exposer l’humanité. Les musées d’archéologie face à la problématique du genre, entre surexposition des hommes et sous-exposition des femmes. Réflexions à partir de l’Espagne et de la Belgique
Isabelle Algrain est docteure en Histoire, arts et archéologie de l’Université libre de Bruxelles (2011) et titulaire d’un master de spécialisation en études de genre (2019). Collaboratrice scientifique au Centre de Recherches en Archéologie et Patrimoine de l’Université libre de Bruxelles, elle est spécialiste de l’étude morphologique de la céramique grecque des époques archaïque et classique et travaille à la publication du matériel retrouvé dans le complexe sud du site de Despotiko (Paros). Depuis sa thèse de doctorat, elle s’intéresse également à la question de la représentation et de la construction identitaire des femmes et des hommes dans la Grèce antique. Parmi ses publications, on trouve notamment L’alabastre attique. Origine, forme et usages, Bruxelles, 2014, ouvrage couronné en 2016 du Prix quinquennal Joseph Gantrelle par la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Elle a également coordonné l'ouvrage collectif : Archéologie du genre. Construction sociale des identités et culture matérielle, Bruxelles, 2020. Contact : ialgrain@gmail.com
Introduction
1La naissance de l’archéologie du genre est liée aux développements théoriques des études féministes et aux mouvements sociaux de la deuxième vague féministe axés sur les luttes pour les droits reproductifs, la sexualité, le travail et la famille (Algrain & Mary, à paraître). Dès les années 1970, et surtout dans les années 1980, on peut progressivement voir cette influence percoler dans le domaine de l’archéologie, en particulier aux États-Unis et en Norvège. Les premiers articles entremêlant les thèmes de l’archéologie et du féminisme sont surtout des critiques des conditions de travail et de la domination masculine au sein de la profession, des réflexions sur le manque de représentation féminine dans les salles d’exposition des musées et une critique de l’androcentrisme qui imprègne les interprétations du passé dans les publications (Sørensen 2000) 1. La notion de « genre » fait son entrée dans la théorie archéologique en 1984 avec un article de Margaret W. Conkey et Janet D. Spector (Conkey & Spector 1984) et montre que cette donnée est non seulement essentielle pour comprendre notre vie sociale et notre identité dans le présent mais également pour analyser et comprendre le passé. Mais qu’est-ce que le genre ?
2Dans les sociétés occidentales, le système sexe/genre a longtemps et est encore majoritairement envisagé de manière strictement binaire. Le sexe est présenté comme une catégorie biologique, immuable et universelle, dans laquelle les individus sont classés en deux groupes (« homme » / « femme »). Le genre est défini comme « un système de bicatégorisation hiérarchisé entre les sexes et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées » (Bereni et al. 2020). Quatre dimensions analytiques viennent compléter cette définition. 1) Le genre est une construction sociale qui n’est pas universelle et immuable mais varie selon les époques et les lieux. 2) Le genre est un processus relationnel et son étude nécessite de prendre en compte les relations entre les individus et les groupes d’individus, par exemple entre les femmes et les hommes. 3) Le genre est un rapport de pouvoir et implique l’existence d’une relation asymétrique et hiérarchique entre les femmes et les hommes (Héritier 1996). 4) Le genre est imbriqué dans d’autres rapports de pouvoir et les catégories « femmes » et « hommes » ne sont pas homogènes. Les rapports de genre vont donc s’imbriquer dans des rapports de classe, de race, d’âge, de sexualité, d’état de santé, d’appartenance religieuse etc. qui vont se conjuguer et produire des rapports de domination spécifiques (intersectionnalité) (Crenshaw 1989 ; 1991).
3Dans le domaine de l’archéologie, la question de l’égalité investit aussi dès les années 1980 la thématique des représentations de femmes, que ce soit dans les publications, les outils de vulgarisation scientifique ou plus particulièrement dans les musées d’archéologie. Le Royaume-Uni, les États-Unis, la Norvège, l’Allemagne ou encore l’Espagne sont parmi les premiers pays à s’être lancés dans cette réflexion autour de l’archéologie du genre. À l’heure actuelle, en matière d’intégration du genre dans les musées d’archéologie, l’Espagne domine largement la recherche. Les recherches menées sur ce sujet spécifique se sont attachées aux stéréotypes et aux biais imprégnant les expositions, permanentes ou temporaires, lorsqu’elles abordent le rôle des femmes dans les sociétés anciennes2. Les chercheuses et conservatrices ont également proposé des solutions originales pour pallier ce manque de visibilité des femmes et pour offrir une vision plus nuancée des relations sociales dans les sociétés anciennes. Ces études et ces propositions s’insèrent dans le cadre plus vaste des recherches menées sur le genre en muséologie (par exemple Levin 2010 ; Adair & Levin 2020 ; Association musé.e.s 2022). Elles répondent également aux préoccupations de l’ICOM qui a, entre autres, adopté en 2013 la résolution n°4 intitulée « Musées, intégration des questions d’égalité entre les sexes et inclusion ». Celle-ci recommande aux musées d’analyser « les récits racontés sous l’angle de l’égalité homme-femme », de travailler en concertation avec le public « afin de mettre en place une politique d’égalité entre les sexes » et d’utiliser une perspective intersectionnelle « afin de concrétiser l’approche inclusive dans les musées » (ICOM 2013 ; voir aussi ICOM 2016, résolution n°2 et Sanz 2017).
4Dans cet article, nous ferons un bref tour d’horizon des recherches menées sur la question du genre et sur la représentativité des femmes et des groupes minoritaires dans les musées archéologiques, en particulier en Espagne. En utilisant ces questionnements comme point de départ, nous nous pencherons sur une étude de cas, à savoir la représentativité des femmes et des hommes au sein de la Galerie de l’Homme au Muséum des Sciences naturelles de Bruxelles. Nous présenterons enfin quelques-unes des initiatives menées par les chercheuses et conservatrices espagnoles dans le but de construire des musées plus inclusifs.
1. Les musées d’archéologie : une interprétation sexiste du passé ?
5Au sein d’un musée, la collection archéologique est utilisée pour raconter une histoire. Une histoire qui est le plus souvent fabriquée par la recherche3 – car les objets en eux-mêmes sont dénués de signification – et qui est le plus souvent le reflet des normes sociales et de la culture dominantes d’une part, et de l’intérêt des conservateurs pour certains thèmes d’autre part (Izquierdo Peraile 2014, p. 18 ; Dionísio Rechena 2016, p. 56). Le conservateur donne un sens aux objets et peut donc conforter le visiteur dans ses stéréotypes ou peut l’amener à les questionner. « Nous considérons que les visiteurs interprètent une exposition muséale avec le cadre mental de référence dont ils disposent, un cadre qui se forme dans le processus de socialisation et d’apprentissage. La plupart des musées confirment ce cadre de référence, contribuant à ratifier les stéréotypes de genre et les préjugés que les visiteurs avaient déjà avant d’entrer en contact avec les expositions. (…) Le langage utilisé dans les expositions a le pouvoir de valider les stéréotypes et préjugés actuels à l’égard des femmes4 » (Dionísio Rechena 2016, p. 56-57 ; voir aussi Tyburczy 2016).
6Dans le passé, cette subjectivité inhérente aux chercheurs et aux conservateurs a présidé à la constitution des collections muséales et au choix des objets présentés dans les salles d’exposition. L’histoire construite à partir des objets a souvent été une histoire masculine. Longtemps, on a eu une tendance à considérer que la plus grande part de la culture matérielle avait été produite par les hommes et, à partir de cette vision, les visiteurs ont été amenés à déduire la supériorité des hommes sur les femmes et à croire que les hommes ont été les seuls protagonistes et les seuls « moteurs » de l’Histoire. Dans les musées, les hommes, « porteurs » de la narration, sont les acteurs et les sujets principaux de l’histoire tandis que les femmes ont souvent un rôle ornemental et ne sont pas essentielles pour la compréhension du sujet (Prados Torreira 2016, p. 18-19 ; Sánchez Romero 2016, p. 28-29 ; Sørensen 2000). Cette focalisation sur le rôle et les activités des hommes a non seulement occulté les femmes mais d’autres groupes constitutifs des sociétés anciennes comme les enfants, les jeunes, les personnes âgées, ou encore des groupes qui ont laissé peu de traces archéologiques à l’image des esclaves ou des catégories sociales les plus pauvres.
7Les raisons qui ont mené à une sous-représentation, voire à une gynopie, c’est-à-dire à une invisibilité des femmes dans les musées d’archéologie, ont depuis longtemps été identifiées et sont multiples (Maceira-Ochoa 2017). On a noté l’androcentrisme scientifique qui implique de se concentrer uniquement sur le point de vue des hommes, ou le binarisme créant des oppositions du type féminin/masculin, privé/public et qui préside à la hiérarchisation des sexes. D’autres facteurs ont également joué un rôle comme le sexisme linguistique présent sur les panneaux et les cartels, la résistance au changement de méthodologie produit par l’introduction d’une perspective de genre dans la muséologie, la tendance à oublier que les relations de genre et les rôles de genre ne sont pas immuables, mais changent selon les époques et les régions (Dionísio Rechena 2016, p. 58-59).
1.1. Le choix des objets
8Le choix des objets exposés dans les salles des musées est prépondérant pour construire un discours sur le passé. Certaines activités communément associées aux femmes ont laissé peu de traces archéologiques et sont donc souvent peu présentes dans les vitrines à l’instar de la vannerie ou du travail du textile ou d’autres activités de maintenance. Souvent, c’est également parce que les objets associés à la vie quotidienne et aux activités dites féminines sont moins prestigieux et/ou réalisés dans des matériaux moins précieux. On retrouvera plus aisément dans les vitrines des objets associés à l’univers masculin, comme des armes métalliques et des haches polies, plutôt que de la céramique de cuisine (Sørensen 2000, p. 32-34)5. Il est donc primordial de « faire parler » les objets qui sont dans les collections muséales à propos des groupes qui sont fréquemment les moins privilégiés à savoir les femmes, les personnes âgées et les enfants (Prados Torreira 2016, p. 22). En projetant le présent – et ses stéréotypes – sur le passé et en reflétant peu la diversité de nos sociétés, la conséquence est de rendre les femmes, ainsi que les autres groupes minoritaires, invisibles ou d’attribuer peu de valeur aux activités qui leur sont associées. Les objets dans les collections qui sont supposément fabriqués par les hommes sont ainsi exposés de manière répétée sans qu’il y ait la moindre remise en question sur le fait que ces objets ont bien été produits par des hommes. L’exemple du matériel lithique des périodes préhistoriques est en cela intéressant car aucune preuve scientifique ne permet d’identifier le sexe ou l’âge de la personne qui l’a réalisé. Il est « traditionnellement » admis – et cette tradition produit des stéréotypes androcentriques – depuis le XIXe siècle que ces outils sont fabriqués par des hommes alors qu’il est probable que chaque individu devait produire ses propres outils, comme le montrent les exemples ethnographiques (Prados Torreira 2017, p. 32). D’autres stéréotypes récurrents concernent par exemple l’absence des femmes de thèmes comme la chasse durant la préhistoire alors que l’on sait que la coopération était essentielle pour la survie du groupe, ce qui impliquait notamment un travail collectif lors du dépeçage des animaux6 (Prados Torreira 2016, p. 18 ; Maceira-Ochoa 2017, p. 78).
9Par ailleurs, les espaces dédiés aux femmes dans les musées archéologiques sont souvent limités (Sørensen 2000, p. 32-34). Sont mentionnées au travers des objets leur présence dans les espaces domestiques et leurs tâches liées au care et à la subsistance du groupe. Ces « activités de maintenance » regroupant le soin et l’éducation des enfants et des personnes âgées, la fabrication des textiles et la vannerie, la transformation et la préparation de la nourriture, etc., pourtant essentielles, ne sont pas considérées comme ayant de l’importance, ou à tout le moins comme ayant une importance égale aux activités masculines (Prados Torreira 2016, p. 18). L’insistance sur le modèle de la « femme au foyer », enfermée dans l’espace domestique où elle prend soin des siens, procède d’un phénomène d’iconisation et de stéréotypisation (Maceira-Ochoa 2017, p. 83) : le musée renforce auprès du public le stéréotype, créé par les archéologues dès le XIXe siècle, selon lequel la place des femmes a de tous temps été à la maison et qu’elles ne participaient pas avec les hommes aux activités extérieures.
10À cela s’ajoute la « sur-spécificité », un mécanisme sexiste dans la construction des savoirs qui consiste à présenter des attitudes ou des tâches qui pourraient être à la fois masculines et féminines comme spécifiques à un seul sexe (Maceira-Ochoa 2017, p. 80-81). Par exemple, la participation des femmes n’a pendant très longtemps pas été envisagée pour la réalisation des peintures rupestres du Paléolithique en raison d’une tendance à considérer que la plus grande part de la culture matérielle – et en particulier l’art – a été produite par les hommes (Prados Torreira 2016, p. 18). Mais dans le cas des peintures paléolithiques, cette division entre les associations homme/art et femmes/artisanat est remise en question de manière fréquente depuis le début des années 2010. L’affiche de l’exposition Arte sin artistas. Una mirada al Paleolítico (18 décembre 2012 – 7 avril 2013), au Museo Arqueológico Regional de Madrid, a suscité une vive controverse dans la sphère scientifique car elle montrait une femme du Paléolithique avec deux jeunes enfants en train de peindre le plafond de la grotte d’Altamira7 (Escobar García & Baquedano Pérez 2016, p. 136-137). Des critiques non fondées car l’argument selon lequel rien ne prouve que les femmes aient peint les grottes peut être retourné : aucun élément scientifique ne prouve que ce sont exclusivement des hommes qui les ont peintes. Des études récentes sur les empreintes négatives laissées par les individus du Paléolithique indiquent au contraire la participation d’hommes et de femmes dans leur réalisation (Snow 2013).
11La présentation binaire des objets féminins vs des objets masculins peut également être questionnée, en particulier pour les sociétés comprenant plus de deux genres. C’est par exemple le cas dans les populations d’Amérique du Nord où l’on retrouve des two-spirit, dans la Chine impériale et pendant l’époque byzantine où les eunuques constituent un troisième genre (Algrain 2021). Luz Maceira-Ochoa signale par exemple que le Museo Nacional de Antropología de México, dans les salles consacrées aux cultures d’Oaxaca, ne mentionne pas l’existence d’un troisième genre pourtant présent dès avant la colonisation et toujours représenté par les muxe chez les Zapotèques (Maceira-Ochoa 2017, p. 75-76). La diversité des systèmes sexe/genre et des sexualités nécessite une reconnaissance de la part des musées car l’éducation à l’égalité passe, entre autres, par une reconnaissance du caractère changeant du genre.
12Les politiques nationales et les attitudes envers le genre, le sexe et la sexualité imprègnent certains musées et peuvent contribuer aux discriminations ou à l’invisibilisation des femmes et des groupes minoritaires, notamment issus de la communauté LGBTQIA+ (Tyburczy 2016 ; Levin 2020). Par exemple, le Museum of Fine Arts de Boston accueille la plus importante collection de vases grecs décorés de scènes érotiques, réunie par Edward Perry Warren (1860-1928), un riche mécène qui vivait ouvertement son homosexualité et qui les a donnés au musée de son vivant. Ces vases ont été exposés à partir de 1964 sans que l’on note de protestations de la part du public et c’est à cette occasion que les surpeints cachant les sexes en érection des personnages furent enlevés (Vermeule 1969). Dans la nouvelle muséographie, seul l’un de ces nombreux vases, décoré d’une scène érotique hétérosexuelle, est encore présenté au public. Les autres vases, et notamment les scènes homosexuelles, sont remisés dans les réserves (Thompson 2022). On peut se demander si un certain puritanisme, voire une certaine forme de censure, n’a pas présidé au réaménagement des salles présentant les collections de vases grecs du musée, réouvertes au public en décembre 2021. La censure dissimulée (covert censorship selon Katz 2018) ou censure implicite (implicit censorship selon Butler 1997) qualifie le fait de ne pas exposer certains objets ou œuvres d’art, ou d’ajouter au cartel de certaines pièces ou à l’entrée de certaines salles une précision sur le caractère potentiellement « offensant » de celles-ci, car elles ne correspondent tout simplement pas à la culture hétéronormative dominante et renvoient aux sexualités LGBTQIA+ (Tyburczy 2016, p. 101-124).
13On rappellera toutefois que « les collections (…) doivent faire réfléchir le visiteur, l’aider à formuler de nouvelles questions et participer au processus de connaissance collective. Si ces collections rendent invisible la moitié de la population et ne donnent la parole qu’à des éléments considérés comme masculins et – en général, appartenant à des groupes puissants –, le musée transmettra un discours biaisé et non scientifique. Il ne s’agit donc pas de renoncer à la rigueur archéologique, ni de falsifier ou d’idéaliser le passé (…), il s’agit de créer un discours non exclusif qui nous parle d’une réalité plus complexe et moins linéaire, qui permet de rendre les femmes visibles » (Prados Torreira 2017, p. 31). Cela concerne également les groupes minoritaires et les personnes LGBTQIA+.
1.2. Le poids des textes et des images
14Les appellations du type « l’homme préhistorique », « l’homme de Cro-Magnon », « la galerie de l’Homme », etc. utilisées sur les panneaux et les cartels sont fréquentes dans les musées. Or, l’usage universel du masculin supposé désigner les deux sexes est loin d’être neutre. Au contraire, ces formulations tendent à effacer les femmes de la narration car, pour le public, le sujet de l’action reste masculin (Argelès, Piqué & Vila 1991 ; Prados Torreira 2016, p. 24-25 ; Prados Torreira 2017, p. 33-34 ; Maceira-Ochoa 2017, p. 78-80). Ce mécanisme est important car il peut contribuer à renforcer les stéréotypes de genre : « quand l’Histoire se fait au masculin, les femmes du passé deviennent inexistantes et l’opposition classique et néfaste entre le masculin visible et actif, et le féminin invisible et passif se renforce » (Querol 2017, p. 53-54). L’utilisation d’un langage inclusif est cependant facile à mettre en œuvre et d’autres formules existent pour désigner « l’évolution de l’humanité », « le genre humain », « les populations préhistoriques », etc. Les langues comme le français ou l’espagnol rendent cet exercice un peu plus compliqué qu’en anglais par exemple, car leur grammaire comprend les genres masculin et féminin. Ces deux langues regorgent néanmoins de vocabulaire épicène, ce qui permet de résoudre la question du genre des mots.
15L’évocation de différents groupes humains s’échelonnant sur plusieurs millions d’années avec les artefacts qui leur sont associés sont la norme dans les musées consacrés à la Préhistoire. Le Musée d’Altamira en Espagne a affiché une politique progressiste face aux questions de genre lors de la rénovation de l’institution au début des années 2000. L’équipe du musée a délibérément choisi d’utiliser, à chaque fois, un homme et une femme dans ses illustrations à taille humaine de quatre représentants du genre humain (Homo habilis, Homo heidelbergensis, Homo neanderthalensis et Homo sapiens). Malgré tout, le nombre de représentations d’hommes reste supérieur à celles des femmes au sein des salles d’exposition du Musée d’Altamira (Fatás Monforte & Martínez Llano 2016).
16Cette situation est loin d’être inhabituelle. Maria Ángeles Querol Fernández a étudié les illustrations utilisées dans six musées espagnols réaménagés ou créés après 2000, plus précisément les scènes où au moins deux personnages interagissent (que ce soient des dessins, des vidéos, des BD éducatives…). La proportion la plus élevée de représentations féminines est de 33% pour le Musée d’Almeria. Mais, même si de nombreuses femmes sont représentées, seules 50% sont debout et 28% sont à genoux pour effectuer diverses tâches dans ce que Querol Fernández qualifie de « position d’humiliation totale issue de l’idéologie artistique » alors que les hommes représentés dans cette position ne sont que 10% (Querol Fernández 2016, p. 48). Les tâches réalisées par les femmes sur ces images sont peu diversifiées et sont liées à la cuisine et au care mais, de manière paradoxale, peu à l’artisanat (seulement 15%). Un phénomène de sexualisation des personnages féminins peut également apparaître dans les illustrations (Prados Torreira 2017, p. 35-36).
2. Un exemple belge
17Concevoir un message cohérent et inclusif, aussi bien dans le texte que dans les illustrations est essentiel. Nous avons analysé la muséographie de la Galerie de l’Homme du Muséum des Sciences naturelles de Bruxelles, dont l’inauguration date de 2015. Il ne s’agit pas d’un musée d’archéologie mais une partie de ses collections dédiées à l’évolution humaine trouve des similitudes avec les présentations que l’on retrouve fréquemment dans les musées ou les galeries consacrées à la Préhistoire. « La Galerie de l’Homme » dont le nom est traduit en néerlandais « De Galerij van de mens », en allemand « Die Galerie des Menschen » et en anglais « The Gallery of Humankind » comporte des originaux et des reproductions de squelettes de différentes espèces humaines et préhumaines et quelques artéfacts (pierres taillées). À l’exception du français, toutes les langues utilisées pour nommer cette galerie renvoient à la notion d’humanité, beaucoup plus neutre que le terme « homme ». L’illustration placée à son entrée comprend sept personnages appartenant à différentes espèces humaines, parmi lesquelles quatre femmes (Fig. 1). Pour expliquer l’illustration de l’affiche, le site web du musée précise que ce dernier souhaitait « casser les clichés » liés à l’évolution humaine : « Et tant que nous y étions, nous avons choisi de casser un dernier cliché en utilisant aussi des femmes pour illustrer l’évolution de l’Homme8 ! ». L’effort iconographique est louable mais la persistance de l’utilisation du mot « Homme » pour renvoyer à l’ensemble de l’humanité rend celui-ci quelque peu bancal.
Figure 1 Affiche placée à l’entrée de la Galerie de l’Homme, Muséum des Sciences Naturelles à Bruxelles. Photo : Isabelle Algrain, avec l’autorisation du Muséum.
18De plus, dans les 75 textes muséaux déployés à l’horizontale sur des tables, à côté des vitrines (cartels, textes explicatifs), le nombre d’occurrences des termes génériques utilisés pour qualifier les êtres humains et préhumains est à plus de 54% neutre mais renvoie au masculin dans plus de 42% des cas (Fig. 2). La mention spécifique du féminin est limitée à 3%.
Homme |
28 |
Renvoi au masculin : 42,55% |
homme |
8 |
|
mâle |
4 |
|
femme |
0 |
Renvoi au féminin : 3,19% |
femelle |
3 |
|
humain (nom) |
20 |
Neutre : 54,26% |
humain (adjectif) |
20 |
|
préhumain (nom) |
11 |
Figure 2 Tableau recensant les termes génériques utilisés pour qualifier les êtres humains et préhumains dans les textes muséaux de la Galerie de l’Hommes, Muséum des Sciences Naturelles à Bruxelles.
19La plupart des textes sont écrits à la troisième personne du singulier et au masculin, et les femmes ou les mentions du féminin en sont presque absentes. Le résultat n’est pas neutre puisque les termes utilisés pour qualifier les préhumains et humains renvoient à des qualités traditionnellement associées au masculin. Alors qu’un mâle et une femelle de l’espèce Paranthropus boisei sont présentés sous forme de sculptures, le titre d’un des panneaux expliquant les différences de statures entre les sexes s’intitule « Des mâles costauds ». L’Homo erectus est un « explorateur », l’Homo heidelbergensis est un « grand gaillard costaud » (rien n’indique si la femme de cette espèce est elle aussi une grande gaillarde costaude ou une petite créature chétive) et l’Homo sapiens est « conquérant ». L’Australopithecus garhi « aurait-il pu utiliser des outils rudimentaires ? » et l’Homo habilis est-il « le premier artisan ? ». Paradoxalement, alors que les écrans tactiles permettant d’en savoir plus sur chaque espèce montrent sur la page d’accueil l’image d’individu correspondant au squelette exposé, tantôt de sexe féminin, tantôt de sexe masculin, le texte reste au masculin « neutre ». L’écran dévolu à l’Homo floresiensis illustre ainsi une femme, à côté d’une sculpture de femme mais a pour titre « Le plus petit homme ».
20Dans les deux salles consacrées à l’évolution des êtres humains et préhumains, 14 sculptures en pied, grandeur nature, présentent des reconstitutions d’espèces allant de l’australopithèque et l’être humain moderne, et 9 d’entre elles sont des femmes (Fig. 3). Visuellement, les femmes sont donc largement présentes à défaut de l’être dans les textes. Deux dioramas accompagnent les expôts. Le premier montre des individus à l’échelle 1/25 très grossièrement représentés, au point qu’il est difficile de savoir si l’on a voulu rendre leur sexe identifiable : 2 individus grossièrement représentés, dont l’un pourrait être une femme, dépècent un gros animal, 2 autres individus d’apparence masculine fabriquent des outils en pierre, tandis qu’à l’ombre d’un arbre, une femme s’occupe de deux enfants. Dans le second diorama, un homme rôtit de la viande au-dessus d’un feu, un second apporte du bois, une femme allaite un bébé, une autre femme dort et un enfant mange (Fig. 4). Dans ces dioramas, certains stéréotypes, généralement associés aux femmes (passivité, prédilection pour les tâches liées au care) sont reproduits, montrant à l’inverse des hommes actifs, en train d’utiliser ou de fabriquer des outils.
21Le Muséum est loin d’être un exemple isolé. Même dans les musées où la présentation se veut la plus neutre possible en termes de genre, rendre inclusifs les textes et les visuels n’est pas toujours une tâche aisée (par exemple Eppler 2017 pour le Landesmuseum Württemberg de Stuttgart).
Figure 3 Première salle avec des reproductions à l’échelle 1:1 de différents hominidés, Galerie de l’Homme, Muséum des Sciences Naturelles à Bruxelles. Photo : Isabelle Algrain, avec l’autorisation du Muséum.
Figure 4 Diorama, Galerie de l’Homme, Muséum des Sciences Naturelles à Bruxelles. Photo : Isabelle Algrain, avec l’autorisation du Muséum.
3. Intégrer le genre dans les salles d’exposition
22Que ce soit dans le cadre d’expositions temporaires ou dans les salles d’exposition des musées d’archéologie, les équipes de nombreux musées espagnols ont depuis le début des années 2000 amorcé une réflexion sur l’intégration des questions de genre, avec l’idée que « les musées archéologiques peuvent et doivent transmettre une histoire inclusive qui contribue à rendre visibles les groupes traditionnellement marginalisés de la société, afin de contribuer à une éducation à l’égalité » (Prados Torreira & López Ruiz 2017, p. 11). Cette réflexion est loin d’être systématique et ne concerne pas toujours l’ensemble des départements au sein d’une même institution mais les efforts fournis, la pédagogie mise en œuvre et présentée dans les publications montre le dynamisme de cette thématique de recherche dans la péninsule ibérique. Afin d’intégrer la dimension de genre dans les salles d’exposition et afin de garantir une perspective inclusive et non discriminatoire, cette notion doit être présente lors de la conception-même de l’exposition, doit présider à la sélection des objets, à l’élaboration des textes d’accompagnement et à la réalisation de tout matériel visuel (Prados Torreira 2017).
23Par exemple, lors de la rénovation des salles d’exposition sur la Grèce antique au Musée archéologique national de Madrid, il a été décidé de procéder à un remaniement complet de la présentation de la collection de vases grecs (Cabrera Bonet 2016). Plutôt que de présenter ces objets dans leur développement typo-chronologique, l’équipe du musée a choisi de mettre en avant des thématiques permettant au visiteur de comprendre les aspects sociaux, politiques et économiques de la vie quotidienne des anciens Grecs. L’exposition s’articule autour de la phrase de Thalès de Milet, « Je remercie les dieux d’être un homme et non un animal, d’être un homme et non une femme, d’être un Grec et non un barbare » (Diogène Laërce 1,34) et donc autour de l’identité de l’homme grec.
24Le but est d’expliquer l’exclusion de l’autre, du différent, en opposant l’homme grec, le citoyen, à l’altérité des femmes, des étrangers et des éléments liés à la nature. Deux thèmes parallèles illustrent la séparation de la sphère domestique associée aux femmes, « Oikos. La maison », et de la sphère publique associée aux hommes, « Polis. La ville ». « L’objectif est de montrer la vie quotidienne grecque et de mettre en lumière, dans une perspective de genre, la construction d’un système social et politique qui établit et sanctionne l’inégalité et l’exclusion » (Cabrera Bonet 2016, p. 105). En analysant l’organisation sociale et la fabrique des inégalités dans la société grecque, l’équipe du musée évite l’écueil de la naturalisation et de la déshistoricisation puisque, souvent, « il n’y a pas d’effort systématique pour montrer l’organisation, les relations et les pratiques sociales comme le produit de chaque société et de chaque époque (…), mais comme si elles avaient eu depuis toujours le même caractère, le même sens, la même organisation, etc., les éternisant, immobilisant le monde social » (Maceira-Ochoa 2017, p. 86).
25Les actions menées par les chercheuses espagnoles ne se limitent pas à l’étude de la muséographie et au réaménagement des salles d’exposition. Partant du constant que le matériel iconographique utilisé à des fins éducatives (manuels scolaires, publications spécialisées et pour le grand public, sites web, images utilisées dans les musées etc.) est particulièrement limité quant aux représentations des rôles et des activités des femmes des sociétés préhistoriques et antiques, elles ont développé en 2007 le projet PastWomen - historia material de las mujeres (https://www.pastwomen.net). Le projet a pour but d’offrir un répertoire d’images inclusives qui peuvent être utilisées lors de tout type de diffusion des recherches historiques et archéologiques. Les images, les textes et les objets analysés sur le site recouvrent cinq thématiques principales : la prise en charge des personnes, la préparation de la nourriture, la vie en communauté, les espaces de vie et les technologies du quotidien (Sánchez Romero 2016, p. 32-35). En 2022, une exposition virtuelle, Otras miradas al pasado (https://otrasmiradas.pastwomen.net) propose, pour célébrer les 15 ans du projet, de montrer l’apport de l’archéologie féministe et de genre et de réaffirmer le rôle central des femmes et des minorités souvent invisibilisées dans la vie communautaire des sociétés préhistoriques et antiques.
26L’impact de ses initiatives, que ce soit dans des musées d’archéologie ou d’autres types d’institutions muséales, est réel. L’analyse de cet impact indique que l’intégration d’une perspective de genre contribue « à l’autonomisation et à la participation sociale des femmes, à la prise de conscience sociale concernant certaines questions d’intérêt pour les femmes, ainsi qu’à la promotion de l’égalité des sexes et au changement des modèles sociaux » (Maceira-Ochoa 2017, p. 89). Les minorités bénéficient elles aussi d’une approche centrée sur le genre et sur la déconstruction des stéréotypes (Clayton & Hoskin 2020).
Conclusion
27La France, la Belgique et d’autres pays francophones s’intéressent seulement à l’archéologie du genre depuis le début des années 2010 (Belard 2017 ; Trémeaud 2018 ; Algrain 2020 ; Augereau 2021 ; sur le retard des pays francophones, voir Algrain, Mary, Pasquini & Vandevelde 2022) et accusent donc plus de trente ans de retard par rapport aux pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, la Norvège, l’Allemagne ou encore l’Espagne, où le sujet fait déjà l’objet de nombreuses études. Ces premières recherches en français analysent les contextes archéologiques par le prisme du genre et ne touchent pas à la question du genre dans les musées archéologiques. Les recherches corollaires, en particulier sur la place des femmes dans les musées et sur l’intégration du genre au sein des salles d’exposition, ne se sont pas développées dans tous ces pays avec la même ampleur et l’Espagne domine largement la recherche sur ces thèmes.
28Or, la recherche a progressé sur le rôle des femmes dans les sociétés anciennes, sur les relations entre les sexes, sur la participation au pouvoir des femmes dans certaines régions, sur la sexualité, sur les violences de genre, sur la place des femmes dans les activités de production, etc. et nous voyons encore peu le résultat de ces recherches dans les musées francophones9. Le musée n’est pas une institution figée mais active qui doit refléter les avancées de la recherche, loin d’un discours idéaliste sur les conditions de vie des femmes et des groupes dominés dans les sociétés anciennes. Même si toutes les questions ne sont pas résolues, même s’il reste des données inconnues, ses objectifs devraient être de pousser le public à se questionner sur ses présupposés, de refléter la société dans son ensemble et d’éduquer à l’égalité. « [Les musées] doivent être des espaces qui reflètent la diversité de notre société, des lieux qui abritent l’histoire des différents groupes d’âge et de sexe et qui, en fin de compte, ont la capacité de transmettre la mémoire collective d’une communauté. Dans de tels espaces, aucun individu ne devrait se sentir exclu en raison de son sexe, de son âge, de sa race, de sa religion, de son groupe social, de son orientation sexuelle, etc. En bref, les musées ont l’obligation de jouer un rôle clé dans l’éducation à l’égalité » (Prados Torreira 2016, p. 18).
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Notes
1 Les recherches menées sur les questions de genre sont régulièrement épinglées comme étant militantes et non scientifiques. Pour une bibliographie sur l’impossibilité d’une démarche neutre et la subjectivité scientifique, nous renvoyons à Algrain & Mary à paraître. Sur cette question, voir également Elias 1993.
2 Les institutions muséales ont pourtant un personnel fortement féminisé, cf. Izquierdo Peraile 2017.
3 Nous utilisons délibérément le terme « fabrication » en référence au travail de Tyburczy 2016 qui parle de la fabrication du sens qui se fait au sein des musées à partir des objets (meaning making).
4 Toutes les citations ont été traduites par l’autrice.
5 Sørensen dans son ouvrage paru en 2000 recense de nombreuses études qui traitent de cette question. Pour des données plus approfondies, je renvoie donc à cet ouvrage. Pour un état des lieux plus récent, voir Izquierdo Peraile 2017.
6 Le stéréotype de la chasse préhistorique masculine trouve, notamment, sa source dans le livre de Charles Darwin, La Filiation de l’homme et la Sélection liée au sexe publié en 1871. L’auteur y assène comme une vérité scientifique irréfutable une différence dans les facultés intellectuelles des deux sexes, évidemment à l’avantage de l’homme. La chasse, une activité exclusivement masculine selon Darwin, serait un facteur clé du processus d’hominisation et aurait contribué à l’évolution de la taille du cerveau cf. Querol 2017, p. 57.
7 Le visuel est également utilisé sur la brochure de présentation de l’exposition disponible sur le site du musée : https://tinyurl.com/2p99wfmz
8 Page consultée le 9 juillet 2022, https://www.naturalsciences.be/fr/museum/exhibitions-view/771/2762/697
9 Par exemple, en Belgique, le Musée archéologique de Namur a organisé du 11 juillet 2020 au 25 octobre 2020 une exposition intitulée Pas son genre ! La question du genre en archéologie. Le NMB Nouveau Musée de Bienne en Suisse a présenté l’exposition Moi homme. Toi femme. Des rôles gravés dans la pierre ? du 21 septembre 2019 au 29 mars 2020. L’exposition itinérante Archéo-sexisme, principalement présentée dans les universités, dénonce depuis 2019 le sexisme dans la profession et sur les chantiers archéologiques.