Les Cahiers de muséologie

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Alexandre Delarge

Il ne faut pas collecter le patrimoine immatériel

(Numéro 2 — Dans la marge)
Débats et Controverses
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Mots-clés : patrimoine matériel, patrimoine immatériel, collections, savoirs
Keywords : physical cultural heritage, intangible cultural heritage, collections, knowledges

Émergence et intérêt du patrimoine immatériel

1Traditionnellement, le musée collecte des objets. Sa mission étant de garder des témoins pour les générations futures. Depuis les années 1960 et l’extension de la notion de patrimoine notamment en direction des patrimoines perçus « comme sans qualité » les musées dits de « société » vont s'y intéresser en mobilisant les sciences humaines, principalement l'ethnologie et l'histoire, pour documenter et valider la valeur patrimoniale de ces « nouveaux patrimoines » (Davallon 2019). C'est ainsi que ces musées vont s’intéresser, en plus du patrimoine matériel au patrimoine immatériel, voire aux biens fongibles. La convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée en 2003 par l'UNESCO (UNESCO, 2003) a favorisé ce positionnement et, au-delà, une large prise de conscience de l'intérêt de ce type de patrimoine, alors même que la définition de l'UNESCO ne recouvre pas celle que sous-tendent les démarches des musées de société. De fait, ce patrimoine apparaît relativement nouveau, alors qu'il est pris en compte depuis longtemps par les ethnographes ou les folkloristes, tout en voyant ses contours évoluer au fil des décennies. Un des exemples les plus marquants sont sans doute les recherches coopératives sur programme (RCP) du musée du Trocadéro, monographies pluridisciplinaires menées dans certaines régions telle l'Aubrac (1964-1966).

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3Une autre raison de l’intérêt accordé à l’immatériel réside sans doute dans le développement considérable des technologies numériques de l'information et de la communication dans la société moderne, ainsi que l’idée selon laquelle la perte de lien social (réelle ou imaginaire) pourrait être compensée par un travail sur la mémoire. Enfin, la prise en considération de la parole et des expériences des habitants/témoins « ordinaires », dans l’ensemble des médias, ainsi que l'émergence de la parole de tout un chacun sur Internet, viennent-elles aussi militer pour la prise en compte du patrimoine immatériel.

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5Les musées, après avoir collecté des objets, se mettraient donc à collecter du patrimoine immatériel : mémoire, parole, savoir-faire, histoires, gestes, rituels, etc. Or, une des critiques qui peut être faite à nombre de musées est que beaucoup des objets collectés ne sont accompagnés que d’informations pauvres ou tellement générales qu’elles en deviennent banales. C'est ce que déplore Marc-Alain Maure : « Les objets traditionnellement collectionnés par les musées n'ont jamais été sélectionnés dans le but de créer des collections représentatives de l'état général d'une société à un moment donné. Les objets ont été choisis suivant des critères très subjectifs de « qualité » selon lesquels l'objet en question à une sorte de signification universelle » (Maure 1992, p. 80-81). Même les rubriques de l'inventaire des musées de France sont peu nombreuses et très factuelles2. Passer de cette phase consacrée au patrimoine matériel à une phase consacrée à l’immatériel par un mouvement de balancier risquerait dès lors d’être voué aux mêmes faiblesses.

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7Revenons aux missions des musées. Il est possible de considérer que leur but est de collecter et de conserver des collections (quasiment exclusivement matérielles) pour les générations futures, dans le cadre du champ choisi par le musée. Celui-ci peut être thématique, artistique, territorial, etc. Dans les musées la collecte porte principalement sur des périodes révolues3, c’est à dire bien souvent sur du patrimoine au sens le plus fort, ce qui correspond à des objets morts ou agonisants, transmis par nos ancêtres. Ces biens patrimoniaux sont collectés parmi ceux que le temps a bien voulu porter jusqu’à nous. Ainsi le musée est-il le lieu de conservation d’objets plus ou moins déconnectés les uns des autres donnant une vision lacunaire et un peu sèche du champ développé par le musée, ce que constate Marshall McLuhan : « Le musée traditionnel occulte le plus souvent la réalité globale de l'objet exposé » (McLuhan 2008, p. 48). Dans ce contexte, le travail des conservateurs vise, notamment, à donner une cohérence à cet ensemble.

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Des collections de « composites »

9Ces prolégomènes ont pour unique objectif de cadrer le propos et de poser les bases d’une vision alternative des musées. Il nous semble que le musée doit avoir pour mission de collecter les témoignages nécessaires à la compréhension du champ d’investigation retenu par le musée qui relève dans la majorité des cas de l’environnement ou des productions de l’homme. Nous sommes loin de la définition de la Loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France qui précise que : « est considéré comme musée, au sens de la présente loi, toute collection permanente composée de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt public [...] ». Si nous acceptons cette nouvelle approche notre façon de travailler doit alors totalement changer. En effet, ce ne sont plus les objets qui sont au cœur des préoccupations des musées, mais bien la société, le groupe, l’activité, etc. Si ce ne sont plus les objets, ce n’est pas non plus le patrimoine immatériel. En effet, pour rendre compte d’unités complexes (société, groupe, activité, etc.), il est indispensable de collecter un ensemble de témoignages y ayant trait, c’est à dire aussi bien des témoins matériels (objets, écrits, photos, architecture, etc.) qu’immatériels (témoignages, savoir-faire, rituels, mythes, etc.), voire fongibles (animaux, plantes). C'est bien le croisement entre ces données qui permet d'approcher la réalité de la traiter, de donner de l'épaisseur à la connaissance et de renforcer la validité des informations apportées par chaque type de patrimoine. La vraie compréhension ne peut passer que par la collecte de complexité portée par la diversité des supports, ce que Joëlle Le Marec et Igor Babou (Le Marec & Babou 2003) ont appelé les « composites », quand Jean Davallon dit que « l'objet patrimonial matériel […] est donc un être culturel hybride : indiscutablement autographique […] il est aussi allographique » (Davallon 2019, p. 64-65).  Il ne faut donc ni collecter le patrimoine matériel, ni le patrimoine immatériel, mais bien l’ensemble des deux, dans leurs relations. Il y a donc « un double phénomène de patrimonialisation. D'abord une patrimonialisation au sens juridique, c'est à dire soumission à la propriété […]. Mais également patrimonialisation, au sens de transformation en objet du patrimoine culturel digne de conservation et de restauration. Ces deux types de patrimonialisation renvoient aux deux dimensions de l'objet. La première est liée à la matérialité […]. La seconde, en revanche est liée à sa dimension immatérielle » (Gleize 2013, p. 85)

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11Allons plus loin. Si le musée a jusqu'ici créé son identité sur la conservation, la volonté de le faire évoluer en « un instrument qu’un pouvoir et une population conçoivent, fabriquent et exploitent ensemble » comme le préconisait pour les écomusées George Henri Rivière (Rivière 1984, p. 443-445), peut changer cette orientation. D’un lieu sacré dédié à la mort, le musée devient un lieu partagé en prise sur la vie. Dès lors les collections peuvent ne plus être centrales et ne plus constituer qu’un aspect du patrimoine. Celui-ci étant considéré comme « une ressource locale qui ne trouve sa raison d'être que dans son intégration dans les dynamiques de développement. Il est hérité, transformé, produit et transmis, de génération en génération. Il appartient à l'avenir » (Varine 2002, p. 15). Cette définition sous-entend que le patrimoine est multiple dans sa forme, vivant, susceptible de modifications et définit par la valeur de sens que la communauté lui accorde. Le musée peut donc aussi bien conserver que faire vivre et faire évoluer le patrimoine. Cette façon de voir permet d’être plus en prise avec la réalité du patrimoine, qui est, de toutes façons, en constante évolution, mais aussi plus en prise avec ses acteurs. Il apparaît alors que si le musée souhaite rendre compte de la société, il ne peut se contenter de collecter et conserver des objets anciens au sujet desquels, par ailleurs, il possède peu ou pas d'informations. Par ailleurs, comme cela est affiché à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration4, la « collecte des traces matérielles et immatérielles de l'histoire de l'immigration doit s'appuyer sur la participation des habitants » (Poinsot 2012, p. 216). Bien que nécessaire et alimentant la polysémie des objets, les paroles d'habitants sont encore souvent perçues comme peu fiable du point de vue scientifique.

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Les collectes de l'écomusée du Val de Bièvre5

13L’expérience de l’écomusée du Val de Bièvre (Fresnes 94)6 est relativement récente du point de vue que nous défendons. En effet, depuis de nombreuses années l'équipe de l'écomusée collecte la mémoire, mais l’approche de la complexité est plus récente. Je me propose dans un premier temps de présenter notre approche de la collecte du patrimoine et dans un second temps d’ouvrir sur les pistes d’avenir, en essayant pour chaque phase d’expliciter les enjeux et les faiblesses de la démarche. Au cours de cette présentation, il faut garder présent à l’esprit le fait que Fresnes est une ville de banlieue, donc marquée par un patrimoine récent et habité par une communauté changeante.

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15Les programmes de collecte sont principalement entrepris dans le cadre de travaux liés aux expositions, celles-ci traitent surtout de sujets dits « de sociétés », tels que les usages de la télévision, les loisirs, la représentation sociale des femmes, etc. Ces sujets sont abordés dans une approche diachronique. La collecte part donc de la thématique et non de l’objet, celui-ci n’apparaît que dans la mesure où il fait sens par rapport au sujet. De plus la thématique retenue l'est pour l'importance qu'elle revêt dans la vie actuelle des membres de la communauté, nous pouvons aborder le patrimoine vivant ou en train de se faire, en plus du patrimoine passé. La collecte se déroule en lien avec des entretiens. D’ailleurs nous ne collectons plus (sauf exceptions) que des objets pour lesquels nous avons un entretien. Nous avons bien conscience qu'il faudrait compléter ces entretiens par le recueil de l’environnement et des mouvements par le film et la photo, ce que nous ne faisons pas, faute de moyens humains, ce qui est le propre des petits musées. Cette façon de procéder, du fait du temps qu'elle requiert, réduit considérablement le nombre d’objets collectés, mais elle maximise la valeur de sens de chaque objet. Nous estimons qu’il faut collecter moins, mais mieux. Une des difficultés de cette approche réside dans le fait que l’entretien n’est riche que si l’informateur est le propriétaire et/ou l’utilisateur de l’objet, cela réduit évidemment la période sur laquelle nous pouvons travailler (100 ans au grand maximum).

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17Nous pratiquons toujours des entretiens très ouverts, ce qui permet, partant de l’objet, de ne pas se cantonner aux simples données techniques et descriptives et d’élargir fortement les informations collectées et les registres de sens qui lui sont liés.  Ainsi, lors de la collecte d’un poste de télévision, l'informateur a été amené à parler des cadeaux d’entreprise, des rapports hommes/femmes, de l’habitat, de la retraite, etc. Ceci permet de rentrer dans l’intimité de l’enquêté et de le faire parler de nombreuses choses, y compris certaines qui n’ont que peu de liens apparents avec l’objet ou le sujet. Chaque objet devient donc le porteur d’un petit univers de sens qui rend compte de la vie sociale. De plus, des thématiques nouvelles et imprévues peuvent émerger de ces entretiens. Nous voyons que la thématique retenue conduit à collecter des objets qui lui sont liés, ensuite de quoi l'entretien autour de l'objet peut conduire à ouvrir de nouvelles thématiques. Il existe donc un jeu d'aller-retour, de circularité, entre thématiques et objets.

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19En accumulant les entretiens, il est possible de sentir assez rapidement se développer une épaisseur, des recoupements, des récurrences. L’ensemble de ces sens, au-delà de la signification technique de l’objet, peuvent être mis en relations. Pourtant, une des critiques qui a pu nous être formulée est que l'objet ainsi traité devient « prétexte », ce qui rend bien compte de notre rupture avec le modèle classique du musée et des collections.

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21En 2015 nous avons initié la constitution d'une collection écomuséale en collaboration avec l'écomusée du Fier monde (Montréal, Québec), inventeur du concept (Binette 2013, p. 26-33). Il s'agit d'une collection d'objets appartenant à des habitants et désignés par eux comme relevant d'un patrimoine de la communauté, validé par un comité d'acquisition et documenté avec eux, notamment par une enquête orale. Cette démarche qui s'inscrit dans l'approche des « composites » est particulièrement féconde car les habitants, qui sont toujours prêts à livrer des informations, le sont d'autant plus sur un objet qu'ils conservent, qui par cette action acquiert un statut nouveau et dont l'histoire se trouve au croisement de leur vie et de celle de la communauté. Là encore émergent de nouvelles thématiques relatives au territoire. Ainsi a été désigné comme patrimoine commun un pavé (fig. 1) provenant de la démolition en 1988 d'une cité de transit bâtie en 1962. Outre le pavé, la documentation comprend des photos, un film, des archives et un entretien avec un élu présent à l'époque7.

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Figure1 – La collection écomuséale, une collection documentée et accessible au public, qui reste propriété des habitants. Photo : Écomusée grand-Orly Seine Bièvre.

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24En 2000 nous avons réalisé une collecte participative « Vos objets au musée » (fig. 2), le résultat ne fut pas à la hauteur de nos espérances, car la méthode adoptée était imparfaite, aucun modèle de ce type de démarche n’existant à notre connaissance. Si la méthode qui a consisté en un appel à la population afin que les habitants viennent au musée présenter des objets à des conservateurs, s’est avérée imparfaite, nous avons en partie pu collecter « du sens ».

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Figure 2 – Collecte d'objets, documents et contenus, par et avec les habitants. Photo : Écomusée grand-Orly Seine Bièvre (graphisme O. Schimmenti).

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27En même temps que les habitants présentaient les objets qu’ils avaient choisis et sur lesquels nous ne mettions aucune restriction, les habitants venaient les raconter et précisaient pour quelles raisons ils considéraient qu'ils étaient des éléments de patrimoine. De façon indirecte, en analysant l'ensemble des raisons que les habitants avaient évoquées pour que leur objet fasse patrimoine, nous avons identifié « le sens du patrimoine », celui donné par la communauté. C'est grâce à cette analyse que nous avons identifié les trois axes de collecte de l'écomusée : les objets impliqués dans la communication, les objets impliqués dans la transmission et les objets impliqués dans la vie sociale8. On le voit, ces thèmes définis avec les habitants, sont des concepts et non pas des catégories du monde matériel comme c'est encore le cas dans la plupart des musées. Du fait de ce choix, ce sont les significations, le sens, qui sont au centre de la politique de collecte, et non plus l'objet.

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29Autre approche de la « collecte du sens » ; l’Atelier de l’Imaginaire. Depuis 1978, un atelier de pratique artistique, animé par Évelyne Coutas, existe à l’écomusée. La plasticienne travaille avec des enfants principalement en classes primaire, mais aussi en secondaire, sur des thèmes patrimoniaux : habitat, commerce, loisir, école, etc. et, dans la mesure du possible sur le thème de la grande exposition annuelle. Le travail se déroule en trois phases : prises de vues photographiques individuellement, réflexions en commun sur le thème, réalisation d’œuvres9. A travers l'ensemble de la production des œuvres qui sont versées en collection (fig. 3) au fil des années, nous pouvons voir évoluer la réalité matérielle du territoire mais aussi la façon dont les jeunes la conçoivent et se conçoivent eux-mêmes dans leur rapport au monde (au territoire). Ici aussi, à travers la collecte photographique et la production d’œuvres, nous recueillons du sens.

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Figure 3 – Le regard artistique d'élèves sur le thème de l'identité. Photo : Écomusée grand-Orly Seine Bièvre.

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Forces, faiblesses et perspectives

32Ce type d'approche patrimoniale nécessite d’être défini en amont en se dotant d'objectifs. En effet, dans un musée qui traite du territoire ou d’une communauté, si des limites ne sont pas fixées, la collecte va capter toute l'énergie de l'institution. Encore faut-il garder une certaine souplesse pour que les habitants puissent trouver leur place dans ce cadre et intervenir. Comme nous l'avons vu, le champ thématique de collecte adopté associe matérialité de l'objet et immatérialité de ses sens. Tout comme les objets de collections sont accessibles aux publics et chercheurs (sur demande), les entretiens leur sont mis à disposition aux archives départementale qui en assurent la gestion et la présentation dans le cadre d'un accord de partenariat avec l'écomusée.

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34Envisager la collecte du sens signifie nécessairement qu’il faut « travailler » avec les habitants sur leur vécu, ainsi la ré appropriation et la participation peut-elle facilement être engagée. Surtout si nous prenons en compte le fait que l’objet n’est pas le but, mais plutôt un moyen de faire parler de sujets très variés. Ce travail de collecte et d’enquête orale peut conduire à des approfondissements par le biais de la photo, de la vidéo et déboucher sur des actions. Prenons l’exemple de la carte orange (abonnement aux transports en commun) pour expliquer l’ouverture des thèmes. Il a été possible à partir de cet objet très ordinaire de parler de la situation familiale de l’usager, de sa stratégie de positionnement sur le quai et dans les rames, de ses occupations dans le train (lectures), de l’emploi qu’il occupe et qu’il rejoint grâce aux transports en commun, de sa vie familiale et même sentimentale, etc. Il nous semble aussi que la constitution des collections ne doit pas être un but, mais un moyen dans le cadre d’actions muséologiques diverses (expositions, créations, participations, etc.) S'il en était autrement cette fonction serait remise au centre des missions du musée, ce qui tuerait la dynamique de travail, notamment participatif.

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36Travailler sur la collecte du sens au contemporain permet de mieux comprendre les hommes. Objectif que fixait dès 1954 Claude Lévi-Strauss aux musées d'anthropologie : « Il ne saurait s'agir exclusivement de recueillir des objets, mais aussi et surtout de comprendre des hommes » (Levi-Strauss 1958, p. 413) ; ce qui, pour nous, est atteint par ces modalités de collecte qui nécessitent de tenir compte des préoccupations des habitants et de les impliquer. C'est dans cette mesure que Jean-Bernard Roy dit que « les objets sont le résultat ou le moyen pour produire, dans un contexte spécifique, une époque donnée, des débats, des connaissances [...] » (Roy 2013, p. 67). D'autant que la part immatérielle de l'objet est fuyante et douée d'ubiquité ; elle est tout à la fois dans le musée et hors du musée. Notre approche est aussi le moyen de suivre l’évolution du patrimoine qui est en éternel changement ; il naît, vit, se développe, meurt, ressurgit… Nous ne collectons donc ni le patrimoine matériel (les objets), ni le patrimoine immatériel, mais le sens des choses, c’est à dire la vie.

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Bibliographie

Battesti Jacques (dir.), 2012 : Que reste-t-il du présent ? Collecter le contemporain dans les musées de société, Bordeaux, Le Festin.

 

Binette René, 2013 : « Collectionner sans acquisition : le concept de collection écomuséale », in Neufs de Transilie, Utilité, pérennité des collections, Savigny le Temple, Les neufs de Transilie, p. 26-33.

 

Chevallier Denis, 2013 : « Introduction. Les musées de société : la grande mue du XXIe siècle », in Chevallier Denis (dir.) Métamorphoses des musées de société, Paris, La documentation Française, p. 11-17.

 

Davallon Jean, 2019 : « Les musées au cœur de la reconfiguration des patrimoines ? », in Le Marec Joëlle, Schiele Bernard & Luckerhoff Jason (dir.), Musées, mutations..., Dijon, OCIM, p. 53-75.

 

Delarge Alexandre, 2004 : « La mémoire orale : collecter le contemporain », Pour n° 181, mars, p. 76-82.

 

Delarge Alexandre, 2012 : « Le patrimoine non-matériel ; avenir des musées ? », in Battesti Jacques (dir.), Que reste-t-il du présent ? Collecter le contemporain dans les musées de société, Bordeaux, Le Festin, p. 128-136.

 

Delarge Alexandre & Coutas Evelyne (dir.), 2000 : Résonances ou le musée au risque de l'art, Fresnes, Écomusée de Fresnes.

 

Gleize Bérengère, 2013 : « Le regard du juriste », in Neufs De Transilie Utilité, pérennité des collections, Savigny le Temple, Les neufs de Transilie, p. 16-25.

 

Le Marec Joëlle & Babou Igor, 2003 : « De l’étude des usages à une théorie des composites : objets, relations et normes en bibliothèque », in Souchier Emmanuel, Le Marec Joëlle & Jeanneret Yves (dir.), Lire, écrire, récrire : objets, signes et pratiques des médias informatisés, Paris, Éditions de la BPI/Centre Pompidou, p. 233-299.

 

Levi-Strauss Claude, 1958 : Anthropologie structurale, Paris, Plon.

 

McLuhan Marshall, Parker Harley & Barzun Jacques, 2008 : Le musée non linéaire : exploration des méthodes, moyens et valeurs de la communication avec le public par le musée, Lyon, Aléas.

 

Maure Marc-Alain, 1992 : « Réflexions sur une nouvelle fonction du musée – 1976 », in Desvallées André, Vagues, une anthologie de la nouvelle muséologie, volume 2, Mâcon-Savigny le temple, Éditions W.M.N.E.S.

 

Poinsot Marie, 2012 : « La Cité nationale de l'histoire de l'immigration, une initiative pionnière au cœur des enjeux de société actuels des musées », in Battesti Jacques (dir.), Que reste-t-il du présent ? Collecter le contemporain dans les musées de société, Bordeaux, Le Festin, p. 212-231.

 

Rivière George Henri, 1992 : « L'écomusée, un modèle évolutif (1971-1980) », in Desvallees André, Vagues, une anthologie de la nouvelle muséologie, vol. 1, Mâcon- Savigny le temple, Éditions W.M.N.E.S, p. 440-445.

 

Roy Jean-Bernard, 2013 : « Les collections horticoles et la demande sociale », in Neufs de Transilie, Utilité, pérennité des collections, Savigny le Temple, Les neufs de Transilie, p. 59-68.

 

UNESCO, 2003 : Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel [en ligne]. Disponible sur : https://ich.unesco.org/fr/convention.

 

Varine Hugues de, 2002 : Les racines du futur, le patrimoine au service du développement local, Chalon-sur-Saône, ASDIC.

Notes

1 Cet article est un développement de mon intervention aux Séminaire de muséologie et patrimoine du futur de l'Université de Rio (UNIRIO), lors des 3ème rencontres internationales des écomusées et musées communautaires (13-17 septembre 2004) à Santa Cruz et Rio de Janeiro (Brésil).

2 Voir à ce titre l'annexe 1 de l'arrêté du 25 mai 2004 fixant les normes techniques relatives à la tenue de l’inventaire, du registre des biens déposés dans un musée de France et au récolement.

3 La collecte du contemporain étant peu pratiquée, de rares ouvrages abordent ce sujet. Voir Battesti 2012.

4 Nommé Musée national de l’histoire de l'immigration depuis 2014.

5 L'écomusée de Fresnes est créé en 1976, son nom devient Val de Bièvre en 2007, puis du Grand-Orly Seine Bièvre en 2020.

6 L'auteur de cet article a dirigé l'écomusée de Fresnes de 1988 à 2018.

7 Voir la fiche sur le site de l'écomusée [en ligne], disponible sur https://ecomusee.grandorlyseinebievre.fr/collections-documentation/la-collection-ecomuseale/pave.

8 Présenté dans le PSSC (projet scientifique social et culturel) de juillet 2011, p. 38.

9 Pour plus de détails, voir Delarge & Coutas 2000.

Pour citer cet article

Alexandre Delarge, «Il ne faut pas collecter le patrimoine immatériel», Les Cahiers de muséologie [En ligne], Dans la marge, Numéro 2, p. 162-172 URL : https://popups.uliege.be/2406-7202/index.php?id=1115.

A propos de : Alexandre Delarge

Après avoir été chargé de patrimoines dans un parc naturel régional, Alexandre Delarge a déployé son activité professionnelle au sein des musées de société, particulièrement les écomusées. Il a notamment créé un écomusée à l’île de la Réunion et dirigé de 1988 à 2017 l'écomusée de Fresnes- Val de Bièvre. Au cours de sa carrière il a mis en pratique et défendu les démarches participatives. Il a toujours considéré que le musée devait être engagé, notamment par le biais des expositions (travailleurs pauvres, représentation sociale des femmes, gens du voyage, etc.). Ces positionnements ont aussi guidé sa présidence de la Fédération des écomusées et des musées de société de 2013 à 2017.