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Thomas Briamont

Le Musée de l’Éphémère de Herstal : source d’inspiration pour le musée de demain ?

(Numéro 1 — Carnets de visite)
Compte-rendu
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1. Qu’est-ce qu’un musée ?

1Voici une question qui peut paraître anodine : les musées sont des institutions courantes dans le paysage culturel belge et il peut sembler facile de les définir. Pourtant, la question de la définition du terme « musée » a souvent posé problème à la muséologie (Gob & Drouguet 2014, p. 43-47). Et pour cause, le musée peut prendre des formes extrêmement diversifiées et il ne cesse de se transformer, de se réinventer. Si nous avons décidé de commencer notre contribution par cette question, c’est qu’elle est d’une brûlante actualité. Lors de sa Conférence générale de 2016, à Milan, le Conseil International des Musées (ICOM) a décidé de revoir sa définition du musée, estimant que la dernière mouture votée en 20071 ne correspondait plus exactement aux défis et aux réalités du XXIe siècle. Dès 2017, un comité permanent (le Museum Definition Prospects and Potentials ou MDPP) fut mis sur pied avec pour mission de formuler des recommandations sur la révision de la définition. Un processus de réflexion participatif fut également lancé, chacun pouvant contribuer à l’élaboration d’un nouveau texte plus actuel et plus adapté. Nous avons nous-même tenté l’expérience dans le cadre de notre formation en muséologie à l’Université de Liège, réalisant ainsi à quel point il était complexe de trouver des termes qui soient précis, tout en incluant la diversité des expériences muséales à travers le monde.

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3En juillet 2019, le conseil d’administration de l’ICOM a finalement décidé de soumettre une nouvelle définition2 au vote de l’assemblée générale devant se réunir le 7 septembre 2019, à Kyoto. Celle-ci déclencha des débats animés, si bien que l’AG décida de reporter le vote. Après une année émaillée de vives discussions, le MDPP fut remanié et rebaptisé ICOM Define. Actuellement, une nouvelle méthodologie a été élaborée et un nouveau processus de consultation est en cours (ICOM s. d.).

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5Si les débats suscités par l’élaboration d’une nouvelle définition sont si intenses, c’est parce qu’ils renvoient directement au rôle que doit jouer le musée dans la société. La question n’est pourtant pas nouvelle. En 1968 déjà, Hugues de Varine écrivait dans un texte pionnier du mouvement de la nouvelle muséologie :

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« Le musée est une institution qui peut et doit être adaptée aux besoins réels du monde moderne, c’est-à-dire de l’homme moderne » (De Varine 1992, p. 54).

 

7Dans ce texte, le muséologue français souhaitait dénoncer le musée traditionnel comme une institution poussiéreuse défendant et propageant le modèle culturel d’une élite. Il appelait alors à une véritable révolution culturelle dans les musées, qui devaient devenir des institutions au service de l’homme et du développement de la société. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, mais les problématiques soulevées par Hugues de Varine restent d’actualité. Comment le musée doit-il se positionner face aux problèmes rencontrés par notre société ?

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9La visite du Musée de l’Éphémère à Herstal amène irrémédiablement à s’intéresser à cette question, notamment en ce qui concerne l’écologie et le développement durable. En effet, en dépit de l’urgence climatique, les thématiques environnementales peinent à s’imposer au musée. Pourtant, la problématique préoccupe certains muséologues depuis plusieurs années. Ainsi dans les années 90, un collectif de muséologues français et canadiens dressait déjà un premier bilan de la façon dont les institutions muséales abordaient les thématiques environnementales. Il donnait également une ébauche d’explication de leur relative absence au musée :

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« Car le musée n’a pas coutume de traiter de sujets qui appartiennent au présent et qui, de surcroît, demandent de prendre position. Il est plutôt tourné vers la conservation d’un passé dont la valeur sociale (esthétique, mémorielle, scientifique) est admise par tous ; bref, d’un patrimoine reconnu » (Davallon, Grandmont & Schiele 1992, p. 20).

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12Certaines institutions tentent pourtant de franchir le pas et de traiter l’écologie comme un véritable objet de musée. C’est le cas du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée qui, dans les années 2000, a initié une grande entreprise de collecte d’objets liés à la défense de l’environnement (Robert & Leroux 2009). Plus récemment en Belgique, un musée exclusivement consacré à l’environnement (le Musée BelExpo) a ouvert ses portes (Semninckx 2018). La thématique commence donc à s’implanter dans le monde muséal.

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14Au cours de ces quelques pages, nous allons voir que le Musée de l’Éphémère propose des réponses inédites et innovantes pour faire face à la crise écologique. En outre, l’expérience qu’il propose amène incontestablement à s’interroger sur la définition du musée et les missions qui lui sont attribuées. Notre réflexion s’appuiera sur des concepts développés par la nouvelle muséologie qui, bien que n’ayant pas directement inspiré le développement du Musée de l’Éphémère, peuvent se révéler utiles pour saisir la richesse de cette expérience. Notons enfin que la visite sur laquelle s’appuie cette contribution remonte à janvier 2019 et que, depuis, le Musée de l’Éphémère a vu ses activités affectées par un incendie et par la crise sanitaire du coronavirus. Par conséquent, certaines réalités décrites ci-dessous ont sans doute évolué au cours des derniers mois.

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2. Présentation succincte du Musée de l’Éphémère

16Le Musée de l’Éphémère a été inauguré au mois de mai 2018. Il se trouve à Herstal, derrière l’hôtel de ville, sur une ancienne friche industrielle réaménagée. C’est un projet qui a été imaginé par l’artiste Werner Moron, sculpteur en biotope pour Natagora, une association de sauvegarde de l’environnement. Le projet a également été soutenu par les pouvoirs publics, en l’occurrence par la commune de Herstal (Commune de Herstal s. d.).

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18Bien que le musée ait été inauguré récemment, le projet a germé depuis plus d’une dizaine d’années dans la tête de Werner Moron. Il l’a d’abord développé dans son propre domicile à Liège, avant de collaborer avec le Préhistomuseum de Ramioul. Là-bas, il a imaginé une première ébauche du Musée de l’Éphémère avec différents aspects que l’on retrouve aujourd’hui à Herstal. Ainsi, le projet développé au Préhistomuseum était décrit en ces termes :

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20« Il s’agit d’abord d’une attitude ouverte vis-à-vis du patrimoine naturel qui nous entoure et d’une nécessaire prise de conscience de préserver un environnement de qualité à l’échelle d’un site défini ou d’un quartier. Dans son principe, le projet vise à encourager et à aider des habitants à participer au discours social dans l’espace public quels que soient leurs différences ou leurs antagonismes. Idéalement, les actes qui résultent de l’action ont pour objectifs de permettre aux citoyens de se parler, d’agir ensemble sur un territoire qu’ils choisissent et de rester sensibles aux vibrations d’une actualité » (Préhistomuseum 2016).

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22On retrouve donc des idées fondamentales que nous allons développer par la suite. Après Ramioul, c’est à Herstal que Werner Moron a finalement eu l’occasion de développer pleinement son projet sur un espace qui s’était libéré derrière l’hôtel de ville (Moron 2019).

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24D’un point de vue matériel, le Musée de l’Éphémère ressemble à un « parc ». Ainsi, en plus d’être un musée, il s’agit d’un lieu de passage pour les habitants de la commune d’Herstal.

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26À l’origine, le site est divisé en neuf zones, chacune d’elles ayant des caractéristiques différentes3 :

  1. « Le chemin des canailles » : un chemin en graviers qui permet d’accéder et de se déplacer dans le parc ;

  2. « L’art participatif » : un lieu dédié à l’art avec une fresque évolutive pour les jeunes du quartier ;

  3. « Les jardins de la ruche » : essentiellement un lieu de production de légumes, de viande (lapins et poules), d’œufs, mais aussi de savoir-faire ;

  4. « La forêt comestible » : un espace nourricier où l’on retrouve des arbres fruitiers et qui permet d’organiser différentes activités (par exemple sur la conservation des fruits) ;

  5. « Les grimpantes » : comme son nom l’indique, il s’agit d’un mur où l’on retrouve des plantes grimpantes ;

  6. « Les portes de la ruche » : un espace rocailleux avec quelques plantes qui est propice à l’implantation des insectes.

  7. « Les chemins sensoriels et récréatifs » : un endroit où le visiteur peut découvrir différentes plantes avec ses cinq sens ;

  8. « Les hôtes du jardin » : une zone consacrée à la création d’espaces verts pour les hommes, les plantes et les animaux ;

  9. « Le jardin des curiosités » : un endroit avec une approche ludique et éducative des plantes exotiques.

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28Au centre du parc, là où se trouve le « jardin des curiosités », ont été placés des conteneurs maritimes recyclés et munis de technologies innovantes. C’est là que s’est installé le projet LEASE (Laboratoire économique, artistique, scientifique et environnemental) qui associe l’Université de Liège, Natagora, l’intercommunale Urbéo et le pôle MécaTech. Ce projet prône la collaboration entre artistes, scientifiques, entrepreneurs, etc. pour stimuler l’innovation et mieux envisager l’avenir4. Par ailleurs, ces conteneurs sont destinés à accueillir les nombreuses activités organisées par le musée.

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30Enfin, un dernier élément à mettre en avant est l’utilisation des nouvelles technologies qui tranche véritablement avec l’aspect de nature brute que l’on retrouve au musée. Ainsi, le parc est muni de poubelles fonctionnant à l’énergie solaire. Grâce à l’énergie accumulée, elles sont capables de compacter elles-mêmes les déchets, ce qui permet de multiplier leur contenance par cinq. Elles sont également dotées d’une intelligence artificielle qui leur permet d’indiquer en temps réel leur taux de remplissage. Elles sont donc vidées uniquement quand elles sont pleines. Un autre exemple de l’utilisation des nouvelles technologies est l’éclairage. Celui-ci est spécialement adapté pour ne pas déranger les chauves-souris ou autres animaux nocturnes (La Libre Belgique, 25 avril 2018, p. 12).

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3. Un véritable musée ?

32Il est un évident que le Musée de l’Éphémère s’éloigne considérablement du modèle traditionnel des musées qu’on a l’habitude de voir en Belgique : une collection exposée à des visiteurs dans un bâtiment. D’ailleurs, il n’est pas reconnu par les pouvoirs publics comme étant un musée. Mais pourquoi alors avoir nommé ce parc « musée » ?

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34Plusieurs explications sont possibles. Dorothée Luczak, une des responsables du site, explique ce choix par la dimension pédagogique du projet. D’après elle, cet espace a été appelé musée plutôt que parc car « chacune des zones poursuit un objectif pédagogique précis, partagé avec la population » (La Libre Belgique, 25 avril 2018, p. 12). Ce n’est donc pas la collection qui est au centre du projet, mais bien la relation avec la population de Herstal, cette dernière constituant non seulement le public, mais aussi un véritable acteur au sein du musée.

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36Werner Moron, concepteur du projet, nous a fourni une explication plus complète, mais également plus réflexive. Le nom « Musée de l’Éphémère » est en fait un oxymore. Dans l’imaginaire collectif, un musée conserve un patrimoine reconnu et ancien : c’est le lieu de la conservation du savoir et du patrimoine. Mais dans le cas du Musée de l’Éphémère, il s’agit de conserver des éléments fragiles comme des saisons, des insectes, des plantes… En d’autres termes, il s’agit de jouer sur la contradiction entre l’idée de conservation accolée au musée et l’idée de fragilité qui renvoie au terme « éphémère » (Moron 2019).

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38Une dernière explication, plus rationnelle et qui s’éloigne des idées du concepteur, est que le parc ne doit pas exister indéfiniment. En effet, dans une interview, le bourgmestre de Herstal a expliqué les futurs projets qui doivent s’installer sur l’ancienne friche industrielle :

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« Nous y avons fait le nouvel hôtel de ville mais il nous reste encore un hectare sur lequel nous voudrions voir se développer une promotion immobilière. En attendant qu’elle se fasse, nous avons voulu un espace de convivialité pour les citoyens » (La Meuse (édition de Liège), 25 avril 2018, p. 11).

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41Si la promotion immobilière évoquée n’a pas encore vu le jour actuellement, cette déclaration du bourgmestre montre que le Musée de l’Éphémère tel qu’il a été développé derrière l’hôtel de ville de Herstal pourrait disparaître dans un futur plus ou moins proche : il est donc lui-même éphémère. Toutefois, cela ne constitue pas tant un problème, le lieu n’étant pas une finalité en soi. Au contraire, le Musée de l’Éphémère se caractérise par son étonnante capacité à se réinventer et reformuler son projet en des lieux et en des temps différents. S’il était amené à quitter le centre de Herstal, il fleurirait sans doute à nouveau sur un autre site propice, offrant un abri (pour accueillir un public et diverses expériences artistiques) et un espace de verdure (dédié à la conservation du patrimoine naturel fragile).

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43Au final, le Musée de l’Éphémère doit-il être considéré comme un véritable musée ? Chacun aura sans doute sa propre réponse à cette question, mais il est un fait certain que l’expérience proposée par le Musée de l’Éphémère est déstabilisante, car elle s’éloigne considérablement du modèle de musée que nous avons l’habitude de rencontrer en Belgique. De ce fait, la visite de cet endroit permet de mieux saisir les débats qui animent l’ICOM sur la définition du musée. En effet, si le Musée de l’Éphémère ne correspond pas exactement au cadre défini en 2007 – notamment parce qu’il ne prétend pas être une institution permanente, bien au contraire – il comprend toutefois des aspects intéressants qui nous amènent à réfléchir sur ce que doit être le musée de demain. La dernière partie de cette contribution, qui analyse le Musée de l’Éphémère à l’aune des concepts de la nouvelle muséologie, en offre une illustration.

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4. Un musée au service du développement local ?

45Lors de notre visite, nous avons été particulièrement frappé par la proximité entre les préoccupations du Musée de l’Éphémère et certains concepts de la nouvelle muséologie, alors même que ce courant n’a pas influencé Werner Moron dans son projet. Deux concepts chers à la nouvelle muséologie semblent particulièrement pertinents pour saisir la richesse de ce projet et comprendre en quoi il peut contribuer à la réflexion sur le musée de demain : le développement local et l’éducation.

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47Dans la nouvelle muséologie, le musée est considéré comme un acteur et un outil au service du développement local (Assunção Dos Santos 2009, p. 214-218). Mais voici une affirmation qui nous amène à diverses questions. Que signifie exactement le développement ? Il s’agit d’un terme extrêmement souple et subjectif qui peut correspondre à des réalités diverses et variées. C’est la raison pour laquelle l’initiateur du projet Werner Moron n’est pas très à l’aise avec ce concept (Moron 2019). Toutefois, l’idée du développement n’est pas absente au Musée de l’Éphémère. On entrevoit une volonté de promouvoir un développement durable, qui sauvegarde un patrimoine naturel fragile dans un contexte urbain.

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49La question qui se pose alors est la suivante : comment le musée peut-il contribuer à ce développement ? Une réponse qui semble s’imposer est la participation de la population au projet muséal. En effet, d’après certains auteurs, la participation apparaît aujourd’hui comme la condition sine qua non du développement (Assunção dos Santos 2009, p. 219). Or il s’agit précisément d’un aspect qui est central au Musée de l’Éphémère. Pour en être convaincu, il suffit de lire la description du musée, qui était en ligne sur son site internet fin 2018 :

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« [Le Musée de l’Éphémère est] un lieu inventif dédié à la préservation de la nature, à la conservation des plantes sauvages et indigènes, à la détente, à l’art participatif, aux démarches éco-responsables, à la découverte, à l’apprentissage, aux formations et à la collaboration avec des publics de tous les âges » (Moron 2019).

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52On perçoit ainsi que la dimension humaine et la participation des citoyens sont centrales dans le projet. Cette collaboration et ce dialogue se retrouvent aussi dans la conception même du projet. Il s’agit certes d’une idée qui a germé dans la tête d’un artiste mais ce n’est pas pour autant que la population est mise de côté. Bien au contraire, Werner Moron place la participation des citoyens au centre de son projet. Il a donc organisé de nombreuses assemblées générales pour les amener à s’exprimer, à dialoguer entre eux et à réfléchir ensemble (Musée de l’Éphémère 2018).

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54La participation de la population renvoie directement au rôle pédagogique du musée, et donc au concept d’éducation qui occupe également une place centrale au Musée de l’Éphémère. Comme dans la plupart des musées, le public a la possibilité de participer à diverses activités. Ainsi, il peut apprendre de nouvelles techniques de botanique, découvrir de nouvelles plantes et il est invité à reproduire ce qui lui a été enseigné dans son propre jardin. Par exemple, le 24 avril 2018 a eu lieu une formation sur la création d’une prairie fleurie. Le 1er juin de la même année, c’est un atelier sur la création des mares qui a été présenté. Enfin, en septembre, un stage théorique et pratique de plusieurs séances a été organisé sur l’ornithologie. D’autres activités du même type ont été organisées au cours de l’été 2019.

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56Mais le projet pédagogique du musée ne se limite pas à ces activités. D’après Werner Moron, la pédagogie se fait en trois temps au Musée de l’Éphémère. D’abord, le citoyen est invité à visiter le musée seul, avec ses propres savoirs et conceptions. Ensuite, un médiateur intervient pour lui permettre de jeter un nouveau regard sur le musée. Enfin, le citoyen est amené à poser un acte qui peut prendre diverses formes (planter une graine, réaliser une construction artistique…) (Moron 2019). Ce dernier point est extrêmement important puisqu’il induit un certain rapport au public qui consiste à lui donner un rôle actif et à le faire participer au développement du projet. On peut y voir un lien avec les idées du pédagogue brésilien Paulo Freire, qui sont chères à la nouvelle muséologie. Ce dernier établit un lien entre prise de conscience et développement. Il prône ainsi une pédagogie de la libération qui amène une population à prendre conscience de son pouvoir d’action et de son rôle à jouer dans le développement (Freire 1992). Le Musée de l’Éphémère préconise cette même prise de conscience. Il appelle les citoyens à s’interroger sur leurs actions et à participer à la mise en place d’un nouveau cadre de vie. L’objectif est que le public devienne « acteur et moteur du changement » (Préhistomuseum 2016).

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Conclusion

58Au final, le Musée de l’Éphémère propose une expérience déroutante. Il amène toute personne qui le visite à s’interroger sur ce qu’est un musée et sur les missions qui lui sont dévolues dans notre société contemporaine. Cette contribution se basant sur une visite et sur une conversation avec le concepteur du projet, nous sommes bien conscient qu’elle ne fait que proposer quelques pistes de réflexion. Il y aurait donc matière à approfondir la recherche, en s’intéressant par exemple au développement du musée ces deux dernières années et en suivant ses évolutions futures. Un travail de plus grande ampleur permettrait sans doute de mieux comprendre encore les lignes directrices qui guident ce projet.

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60Au cours, de ces quelques pages, nous avons toutefois montré à quel point le Musée de l’Éphémère était un projet innovant, situé aux marges du paysage muséal belge. Engagé dans le développement durable, il offre une réponse originale aux problématiques environnementales qui captent tant l’attention de notre société contemporaine. De ce fait, il présente certains aspects qui peuvent nourrir la réflexion sur le musée de demain et les missions qui lui sont attribuées.

 

Bibliographie

Assunção dos Santos Paula, 2009 : « Sociomuseology II - Museology and Community Development in the XXI Century », Cadernos de Sociomuseologia, n° 29, n. p.

 

Commune de Herstal, s. d. : « Le Musée de l’Éphémère », Herstal [en ligne]. Disponible sur : https://www.herstal.be/loisirs/culture/musee-de-l2019ephemere (consulté le 6 mai 2021).

 

Davallon Jean, Grandmont Gérald & Schiele Bernard, 1992 : L’environnement entre au musée, Lyon, Presses universitaires de Lyon.

 

Freire Paulo, 1992 : « L’éducation, pratique de la liberté », in Desvallées André, Vagues : une anthologie pour la nouvelle muséologie, vol. 1, Mâcon, Éditions W.M.N.E.S., p. 195-212.

 

Gailly Paul, 2019 : « Les 9 zones du Musée de l’Éphémère », Musée de l’Éphémère [en ligne]. Disponible sur https://web.archive.org/web/20191016050139/http://musee-ephemere-herstal.be/les-9-zones-du-musee-de-lephemere/ (consulté le 6 mai 2021).

 

Gob André & Drouguet Noémie, 2014 : La Muséologie. Histoire, développements, enjeux actuels, 4e édition, Paris, Armand Colin.

 

ICOM, s. d. : « Définition du musée », ICOM [en ligne]. Disponible sur : https://icom.museum/fr/ressources/normes-et-lignes-directrices/definition-du-musee/ (consulté le 6 mai 2021).

 

Moron Werner (Musée de l’Éphémère), 3 janvier 2019, entretien mené par Briamont Thomas, non enregistré, Herstal.

 

Musée de l’Éphémère, 2018 : « Le Musée de l’Éphémère », Musée de l’Éphémère [en ligne]. Disponible sur : https://web.archive.org/web/20181216235959/http://musee-ephemere-herstal.be/ (consulté le 20 avril 2021, lien archivé le 16 décembre 2018 via le site WayBackMachine).

 

Pa.J., 2017 : « Lease. Faire naître l’étincelle », 15e jour du mois. Mensuel de l’Université de Liège [en ligne], n° 267, octobre. Disponible sur : http://le15ejour.uliege.be/jcms/c_53246/fr/lease (20 avril 2021).

 

Préhistomuseum, 2016 : « Art contemporain I Musée de l’Éphémère », Préhistomuseum [en ligne]. Disponible sur : http://prehistomuseum.be/art-contemporain-i-musee-de-lephemere/ (consulté le 6 mai 2021).

 

Raoul-Duval Juliette, 2019 : « Vif débat sur la « définition des musées » à ICOM ? », La Lettre de l’OCIM, n° 186, novembre-décembre, p. 12-14.

 

Robert Marie & Leroux Mathilde, 2009 : « Quand l’écologie devient objet(s) de musée », La Lettre de l’OCIM, n° 121, janvier-février, p. 19-27.

 

Semninckx Julien, 2018 : « L’environnement commence à s’exposer », Regards sur les musées, p. 14-15.

 

Varine Hugues de, 1992 : « Le musée au service de l’homme et du développement », in Desvallées André Vagues : une anthologie pour la nouvelle muséologie, vol. 1, Mâcon, Éditions W.M.N.E.S., p. 49-68.

Notes

1 « Le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’étude, d’éducation et de délectation ». Gob & Drouguet 2014, p. 44.

2 « Les musées sont des lieux de démocratisation inclusifs et polyphoniques, dédiés au dialogue critique sur les passés et les futurs. Reconnaissant et abordant les conflits et les défis du présent, ils sont les dépositaires d’artefacts et de spécimens pour la société. Ils sauvegardent des mémoires diverses pour les générations futures et garantissent l’égalité des droits et l’égalité d’accès au patrimoine pour tous les peuples. Les musées n’ont pas de but lucratif. Ils sont participatifs et transparents, et travaillent en collaboration active avec et pour diverses communautés afin de collecter, préserver, étudier, interpréter, exposer, et améliorer les compréhensions du monde, dans le but de contribuer à la dignité humaine et à la justice sociale, à l’égalité mondiale et au bien-être planétaire ». Sur cette définition et les débats qui se sont développés en France, voir Raoul-Duval 2019.

3 Pour une description plus précise, voir Gailly 2019.

4 Sur ce projet, voir Pa.J. 2017.

Pour citer cet article

Thomas Briamont, «Le Musée de l’Éphémère de Herstal : source d’inspiration pour le musée de demain ?», Les Cahiers de Muséologie [En ligne], Carnets de visite, Numéro 1, 98-107 URL : https://popups.uliege.be/2406-7202/index.php?id=539.

A propos de : Thomas Briamont

Thomas Briamont est titulaire d’un master en Histoire de l’Université de Liège en 2018, après avoir réalisé un mémoire sur la Belgique et la question allemande pendant la seconde crise de Berlin, et d’un master en Histoire de l’art et Archéologie (orientation Muséologie), également à l’Université de Liège en 2019. Il poursuit maintenant des recherches sur les relations entre la Belgique et la RDA en vue de la réalisation d’une thèse de doctorat.