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Selma Zaiane-Ghalia

Le musée acadien de l’université de Moncton (MAUM) : un lieu de formation exceptionnel

(Hors-série n° 1 — Communications)
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Résumé

Le Musée acadien de l’Université de Moncton est gratuit pour toute personne étudiante, il reste pourtant sous-utilisé. Nous avons décidé d’y amener les personnes inscrites au cours « Loisir et culture ». C’est un cours optionnel qui gagne en popularité au point que le quota maximum fixé à vingt places est dépassé avec trente-et-une inscriptions acceptées en 2019 (2012 : 5; 2014 : 10 ; 2016 : 20 ; 2018 : 22). Ceci nous permet d’évaluer le processus pédagogique mis en place qui comporte un travail approfondi sur les musées via notre musée universitaire. Le Musée acadien organise, annuellement, plusieurs conférences et ateliers, ainsi que des expositions temporaires, en plus d’une exposition permanente qui présente l’histoire acadienne, le grand dérangement, et expose le premier drapeau acadien. Nous présenterons comment le musée est utilisé en mettant l’accent sur les bénéfices retirés par les personnes étudiantes et soulignerons l’impact identitaire sur certains jeunes acadiens et leur nouveau regard sur la richesse de leur patrimoine culturel, qu’ils sauront valoriser sur le plan des loisirs et du tourisme, à travers cet exercice et leurs commentaires. Le Musée acadien offre une grande variété de situations d’apprentissage autour desquelles des activités pédagogiques peuvent être organisées : muséographie, œuvres exposées, gestion des collections, les réserves, communication, promotion (communiqués de presse, site web, Facebook, twitter, etc.) et collaborations externes (prêt d’œuvres, travaux de recherche, exposition itinérantes).

Mots-clés : musée universitaire, Acadie, apprentissage expérientiel, approche participative, découverte de soi

Abstract

The Musée acadien at the University of Moncton is free for any student, yet it is underutilized. As part of our course « Leisure and Culture » we introduced the students to the environment. This optional course, is gaining in popularity to the point that the maximum quota set at twenty places is exceeded with thirty-one registrations accepted in 2019 (2012: 5; 2014: 10; 2016: 20; 2018: 22). This allows us to evaluate the pedagogical process put in place, which involves in-depth work on museums through our university museum. The Musée acadien organizes several conferences and workshops annually, as well as temporary exhibitions, in addition to a permanent exhibition that presents the acadian history, the deportation, and displays the first acadian flag. We will present how during the course we use the museum by focusing on the benefits that students receive and highlight the impact on identity on some young Acadians and their new perspective on the richness of their cultural heritage. Thus increasing their appreciation for its value in terms of leisure and tourism, through this exercise and their comments. As a setting for the course, the Musée acadien offers a wide variety of learning situations that pedagogical activities can be organized around: museography, exhibited works, collections management, reserves, communication, promotion (press releases, website, Facebook, twitter, etc.) and external collaborations (loan of works, research work, travelling exhibition).

Keywords : university museum, Acadia, experiential learning, participatory approach, self-discovery

Introduction

1Le recours à l’espace muséal comme espace éducatif faisant partie intégrante d’un cursus scolaire est documenté par plusieurs auteurs en ce qui a trait aux apprentissages en primaire (Cormier & Savoie 2011 ; Larouche, Fillon & Landry 2015 ; Martin 2015). D’autres auteurs s’intéressent à l’éducation muséale de manière plus générale ou à la formation des futurs enseignants à l’utilisation pédagogique des musées (Allard & Lefebvre 2001; Bélanger & Meunier 2011). Dans notre travail, nous nous penchons sur la valeur ajoutée actuelle de l’espace muséal, sur ses apports pour nos apprenants, futurs gestionnaires dans le domaine culturel, dans le cadre du cours « Loisir et Culture », mais aussi sur son impact identitaire pour certains jeunes et sur le nouveau regard que portent nos apprenants sur la richesse de leur patrimoine culturel.

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1. Le musée acadien de l’Université de Moncton : lieu de sauvegarde des artefacts de l’histoire acadienne au Nouveau-Brunswick

3Fondé en 1886 au sein du Collège Saint-Joseph de Memramcook par le père Camille Lefebvre, le musée acadien a déménagé à plusieurs reprises (1898, Monument Lefebvre; 1914, retour au troisième étage du Collège Saint-Joseph; 1953, transfert partiel à Moncton). Après avoir passé 20 ans aux oubliettes, il refait surface en 1980 dans un bâtiment aux normes muséales, avec une atmosphère contrôlée, sur une superficie de 1 700 m2 : dans le pavillon Clément-Cormier sur le campus de l’Université de Moncton (Leblanc 2007). C’est le plus important musée sur la thématique de l’histoire et de la culture acadienne. Il abrite la plus riche collection d’objets sur ce sujet : 35.000 objets et photographies en 1974 (Cormier 1974) et plus de 44.000 aujourd’hui dont l’exemplaire unique du premier drapeau acadien. Le musée, sa collection plus spécifiquement, a fêté ses 130 ans d’histoire en 2016. La tutelle de sa gestion a été annexée à la bibliothèque Champlain en 2011, octroyant ainsi plus de visibilité au musée tout en fêtant son 125e anniversaire.

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5Le musée présente en moyenne deux expositions temporaires par année. L’exposition permanente, réalisée en 2004 dans le cadre des commémorations du 400e anniversaire de la fondation de l’Acadie, ouverte en 2005, s’intitule « L’aventure acadienne ». C’est à cette époque que des postes d’écouteurs et des vidéos ont été incorporés dans le musée. L’exposition présente l’Acadie des Maritimes depuis 1604. Le parcours est pédagogique et il est conçu de façon chronologique : « on marche à travers le temps ». Grâce à des changements de couleur sur le plancher, on identifie les thématiques de la pêche, de l’agriculture, de l’éducation, de la politique, de l’influence du poème « Évangeline », des arts, du commerce, etc. (fig. 1). Les murs changent de couleur pour différencier l’Acadie française et l’Acadie anglaise. Le renouvellement de l’exposition permanente en 2004 a bénéficié de la fine pointe de la recherche en sciences humaines et en sciences sociales sur la société acadienne grâce à la localisation du musée sur le campus de la plus grande université francophone au Canada hors Québec (Lafleur 2011). Le musée est le plus ancien et le plus grand des nombreux musées acadiens que l’on trouve dans les provinces Maritimes, au Québec et en Louisiane (Leblanc 2007).

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Figure 1 – Vue sur l’exposition permanente. Photo : S. Zaiane-Ghalia.

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2. Méthodologie et population

8Nous avons conçu un modèle d’enseignement pluridisciplinaire actif, centré sur la « personne étudiante » qui est capable de construire son savoir et ses apprentissages, œuvrant pour une transmission de savoir-faire plutôt que de savoirs. Plusieurs recherches tendent à démontrer les bienfaits d’approches éducatives et formatives qui ne se limitent pas à un seul modèle d’enseignement (Bräuer 2012 ; Tremblay-Wragg & Raby 2014 ; Raby & Viola 2016). Nous utilisons des principes reconnus et valorisés dans le domaine de la protection environnementale et du leadership, à savoir les approches pluridisciplinaires et écosystémiques, en abordant l’enseignement par projet, collaboratif, et l’apprentissage expérientiel. En effet, nos sociétés sont en évolution rapide, encourageant la concertation et le travail en équipe pluridisciplinaire intersectoriel, et nos étudiants se doivent d’être bien préparés. Suivant un cheminement réfléchi, chaque personne réalise des apprentissages individuels et en groupe, apprenant par elle-même mais aussi lors d’interactions avec d’autres, sachant que les personnes étudiantes viennent de disciplines et pays divers (le cours étant un cours optionnel).

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10Parmi les défis majeurs rencontrés par la direction du musée en 2011, il y a eu celui d’accroître la fréquentation du musée en salle et virtuellement. Depuis que nous avons commencé notre cours en 2012, nous invitons nos étudiants à aimer la page Facebook du musée. Ainsi, et même si le chiffre est encore en deçà de nos objectifs, nous constatons une nette croissance : 306 (18/09/2014), 756 (04/10/2016), 1.238 j’aime et 1.390 suivis (12/09/2019), soit une croissance de 304,5 % en 5 ans, sachant qu’en 2015 et 2018 nous n’avons pas effectué la visite du musée mais nous avons fait la visite de la galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen qui partage le même bâtiment et le même hall de réception (fig. 2). Notre objectif était d’éveiller la curiosité des jeunes dans l’espoir qu’ils iraient par eux-mêmes visiter le musée. Durant le cours, nous avons toutefois parlé du musée acadien dans le cadre du chapitre relatif aux musées. Nous n’avons pas de chiffres sur la fréquentation ultérieure du musée par des personnes inscrites au cours. Toutefois, il est intéressant de relever cet extrait d’une fiche de travail d’une personne étudiante ayant des origines acadiennes, témoignant de ses apprentissages faisant suite à la visite de la galerie d’art :

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« […] Ce que j’ai le plus aimé, par contre, c’est la petite visite improvisée que moi, T. et J. avons faite pendant la pause. Nous sommes allés voir l’autre côté de la galerie là où les objets de l’histoire acadienne sont exposés. La bible abîmée au mur gauche a capté mon attention, puisque j’en ai une presque pareille à la maison. Les enregistrements audios m’ont beaucoup impressionné. Il y en avait pour différentes raisons (ex. : des textes écrits par des personnes importantes de l’histoire acadienne et une chanson) et certains enregistrements étaient drôles à entendre. »

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13Durant la visite au musée, la conservatrice expose le contenu muséographique de l’exposition permanente et introduit parallèlement des notions sur la conception du musée, son histoire, l’histoire des Acadiens et du grand dérangement de 1755 ainsi que la déportation et les liens entre les différents monuments historiques de la région. Elle fait visiter l’exposition temporaire du moment en introduisant les notions relatives à la création et à la conception d’une exposition temporaire, au fait qu’elle peut être propre au musée acadien utilisant des objets de la réserve puis être prêtée et donc voyager ou bien provenir d’un autre musée. En classe, nous préparons la visite par un travail de recherche que les participants doivent effectuer en suivant une fiche qui leur est fournie avec des questions et des indices relatifs à la gestion d’un musée. Le travail est enrichi par une réflexion durant et après la visite avec une comparaison avec d’autres types de musées dans d’autres pays.

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15La fiche de travail comporte douze volets et un treizième où les personnes sont invitées à mentionner trois apprentissages majeurs qu’elles ont pu réaliser durant cette activité en lien avec la gestion d’un musée.

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Figure 2 – Hall d’accueil, Musée AUM & Galerie d’art, 2016. Photo : S. Zaiane-Ghalia.

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18Nous analysons ici les réponses du point 13, les trois apprentissages majeurs, dans le cadre de l’évaluation de notre approche d’enseignement en lien avec la valorisation de l’usage éducatif de notre musée universitaire.

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20Quand nous lisons « J’ai pu voir à quoi ressemblait un musée pour la première fois, ce qui m’a permis de savoir qu’un musée n’est pas un endroit quelconque » cela appuie l’importance d’avoir un musée sur un campus pour rapprocher le monde muséal des jeunes. Cette visite est gratuite pour toute personne sur présentation de sa carte d’étudiante et malgré cela plusieurs personnes étudiantes ne sont pas au courant. C’est pourquoi nous avons décidé d’y amener les personnes inscrites à notre cours « Loisir et Culture ». C’est un cours optionnel qui a gagné en popularité les cinq dernières années au point que le quota maximum fixé à 20 places a été dépassé largement à l’automne 2019 avec 31 inscriptions acceptées (2012 : 5; 2014 : 10; 2016 : 20; 2018 : 22). Le cours était initialement cyclé aux deux années et, à la suite de demandes croissantes, il se donne maintenant chaque automne.

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3. Résultats préliminaires

3.1. Avant la visite du musée

22Avant d’aborder le volet relatif aux musées, comme tout premier travail dans le cadre du cours, les étudiants sont invités à visiter le campus à la recherche d’une œuvre d’art qui les interpelle. Ils peuvent dépasser les limites géographiques du campus pour s’aventurer au centre-ville de Moncton, une ville-musée à ciel ouvert. L’objectif est de les introduire graduellement au monde de la culture et des arts. Ils doivent prendre une photo de l’œuvre, trouver son nom et celui de l’artiste, effectuer une recherche sur ce dernier : qui est-il, pourquoi, dans quelles conditions et avec quels matériaux a-t-il réalisé cette œuvre-là ? Le partage en classe est très fort en émotions. Et même s’il arrive qu’une même œuvre interpelle plusieurs jeunes, les ressentis partagés sont très personnels. Ce premier travail sert d’activité « brise-glace » permettant à tous de mieux se connaître et il améliore les travaux de groupe. Parmi les œuvres qui ont marqué, citons la statue en hommage à Clément Cormier installée non loin du musée et de la bibliothèque Champlain et qui donne sur l’Avenue de l’Université, mentionnée par un étudiant en ces mots :

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« […] En conclusion, le travail demandé du cours GLST2411 m’a permis d’en apprendre beaucoup sur un artiste du Nouveau-Brunswick qui est M. Claude Roussel et sur un homme très important qui est le père Clément Cormier. Cette recherche et l’apprentissage de ce travail m’a fait ressortir un sentiment de fierté envers le Nouveau-Brunswick et aussi envers ces deux grandes personnes. Grâce à M. Roussel, le père Clément Cormier qui a été une personne indispensable pour l’Université de Moncton ne sera jamais oublié. »

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25La culture acadienne, dont la diaspora s’étale sur plusieurs lieux répartis à travers le Nouveau‐Brunswick, l’Île‐du‐Prince-Édouard, la Nouvelle‐Écosse, et Terre‐Neuve‐et‐Labrador, le Québec et les États‐Unis, est riche et diverse. Le mandat du musée est de collectionner, préserver et montrer les objets et photographies touchant le passé des Acadiens. Il arrive que des jeunes choisissent une œuvre d’art du musée qu’ils ont déjà visité. C’est ainsi que l’œuvre « La Déportation des Acadiens », achevée en 1893 par George H. Craig, a été présentée par une personne étudiante en ces termes :

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« J’ai choisi cette œuvre, car à chaque visite du musée acadien, elle a toujours su attirer mon attention avec ses petits détails et sa représentation d’un moment d’horreur dans l’histoire des Acadiens. Étant de souche acadienne, cette peinture a une signification spéciale pour moi. Aussi, la grande question sur la couleur portée par les soldats britanniques a attiré en moi une certaine curiosité dans l’œuvre. Était-ce une erreur ? Je me rappelle, lors d’une de mes visites au musée, que le guide avait déclaré que les soldats étaient en bleu, parce qu’ils étaient américains, ce qui est totalement faux. Je peux dire que ce projet m’a permis de mettre au clair un long mystère ! »

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3.2. La visite du musée

28La visite commence par une rencontre avec la conservatrice au niveau du hall d’accueil (fig. 2). Puis, en fonction de l’exposition temporaire en place, la visite continue en suivant l’architecture des lieux (fig. 3, 4 et 5).

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Figure 3 – Salle d’exposition temporaire, 2012. Photo : S. Zaiane-Ghalia.

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Figure 4 – Salle d’exposition temporaire, 2016. Photo : S. Zaiane-Ghalia.

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32Et tout au long de la visite, des informations pertinentes sont partagées aux jeunes qui ont en mains leur fiche de visite (fig. 2 et 4), préparée par la professeure, sur laquelle ils remplissent des enseignements et qui devrait les inspirer à poser des questions nécessaires aux connaissances requises. Ils sont encouragés à poser toute question librement. La visite de l’exposition permanente se déroule ensuite en mettant l’accent sur les moindres détails relatifs à l’architecture et aux éléments muséographiques du lieu : l’entrée en forme de coque de bateau pour rappeler la déportation dans les navires, le sol en bois puis le changement de couleur et de matière des sols pour attirer l’attention sur le passage d’une période historique à une autre, le choix des artefacts et l’importance mondiale de certains d’entre eux par rapport à l’histoire acadienne, les procédures de restauration, le choix judicieux des emplacements d’exposition, etc. La visite se termine dans l’amphithéâtre du musée qui a une capacité maximale de 30 places par une présentation d’éléments plus spécifiques à la gestion administrative et financière du musée, avec un aperçu de l’organigramme, de la programmation, des budgets, etc. Les participants peuvent alors poser encore une fois des questions.

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Figure 5 – Exposition temporaire, sécurisation des œuvres, 2016. Photo : S. Zaiane-Ghalia.

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3.3. Après la visite du musée

35Les jeunes ont une semaine pour absorber les apprentissages de la visite et les émotions qui en découlent très souvent pour ensuite soumettre un minimum de trois apprentissages majeurs réalisés en lien avec les objectifs du cours et le volet de la gestion d’un musée. Très peu de personnes étudiantes ont visité le musée avant le cours.

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3.3.1. La sécurité des œuvres exposées

37Même s’il s’agit ici d’un musée relativement petit, les artefacts sont très importants et ont parfois une valeur qui peut attirer des convoitises (fig. 5). La sécurisation des œuvres ne concerne pas uniquement des vols potentiels, elle concerne aussi la sécurité du public par rapport à d’éventuels accidents de chutes d’artefacts ou d’inadvertance de parents dont de jeunes enfants, tout naturellement curieux, iraient toucher des objets. L’importance de la créativité dans la gestion du budget pour assurer un bon déroulement d’une exposition temporaire, sa sécurisation, tout en permettant au public de pleinement apprécier un rapprochement avec des objets exceptionnels, font partie des apprentissages que la visite cherche à transmettre. L’objectif est atteint lorsqu’on lit de la part d’une étudiante internationale que parmi les éléments majeurs de ses apprentissages elle retient le fait de « maintenir un bon degré d’humidité pour les œuvres pour éviter qu’elles ne se détériorent » et « veiller à la sécurité des œuvres, savoir les exposer de sorte à ne pas se les faire voler ».

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3.3.2. La gestion de la réserve

39Il arrive que les jeunes aient le privilège de découvrir les coulisses du musée, la réserve ou remise ce qui a toujours un impact intéressant et peut inciter des vocations. Ainsi, une personne d’origine acadienne de la Nouvelle-Écosse écrit :

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« J’ai appris que chacun de ces objets étaient catalogués et possédaient un code à barres, afin de bien informatiser le recueil. De nos jours, c’est même normal de prendre plusieurs photos de l’artefact avec une caméra professionnelle afin de créer une image tridimensionnelle pour les employés et les visiteurs. C’est évident qu’avec un tel montant d’artefacts, c’est bien important d’utiliser ces méthodes d’informatisation pour bien s’organiser dans son travail. »

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42Une autre personne a mentionné :

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« La remise sert aussi comme un espace de travail. Elle est organisée de plusieurs façons, avant il y’avait des petites affiches qui donnait des informations sur l’objet sans l’emplacement maintenant les objets sont en ligne on utilise un logiciel pour les retrouver facilement (l’emplacement de l’objet) […]. Les objets sont conservés de façon sécuritaire, pour qu’ils puissent durer plusieurs années. […] »

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3.3.3. Le jardin patrimonial

45En 2017, l’équipe du musée a commencé à aménager chaque été un jardin de semences patrimoniales à l’entrée du musée en exposant un panneau explicatif pour rendre hommage au patrimoine agricole acadien. Cet espace a particulièrement marqué une jeune étudiante internationale d’origine africaine qui mentionne « le jardin n’est pas là dans le but de le manger, on collectionne les graines à la fin de la saison, les vends et on les replante. Les graines voyagent comme cela. »

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Conclusion : Des idées pour le musée

47Il nous est arrivé de demander aux jeunes de proposer des idées pour contribuer à faire avancer la gestion optimale du musée. Parmi les propositions :

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« Le musée pourrait insérer des iPads qui démontrent virtuellement une variété d’objets de la collection plus grande. Sur ces appareils technologiques intelligents, c’est aussi possible de mettre disponible des chansons traditionnelles ou d’autres vidéo-clips des moments historiques. Lorsqu’on met une variété d’information sur un appareil tel qu’un iPad, cela donne au visiteur le choix d’apprendre plus sur ce qui lui intéresse, enrichissant l’expérience de visite. »

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50Et encore :

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« De plus en plus, les gens sont à la recherche de tourisme et d’activités expérientiels. Je crois donc que c’est important que le musée acadien insère dans l’exposition un atelier très interactif. Par exemple, on pourrait offrir une leçon très courte en danse traditionnelle acadienne. Un guide pourrait fournir un visiteur avec les souliers nécessaires et ensuite lui montrer quelques pas de bases. On pourrait aussi jouer de la musique appropriée, ou même faire jouer un vidéo de party de cuisine. Selon moi, les gens se souviennent très souvent de ces expériences interactives, car non seulement on apprend sur la culture d’autrefois, on la vit. »

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53Cela augure un avenir serein pour notre musée qui ouvre la porte vers des horizons culturels inspirants pour la jeune génération.

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Bibliographie

Allard Michel & Lefebvre Bernard, 2001 : La formation en muséologie et en éducation muséale à travers le monde, Québec, Éditions Multimondes.

 

Bräuer Gerd, 2012 : « Section essay : Academic literacy development », in Thaiss Christopher, Writing programs worldwide. Profiles of academic writing in many places, Anderson, South Carolina, Parlor Press, LLC, p. 465-484.

 

Bélanger Charlène & Meunier Anik, 2011 : « Une approche muséologique de la visite scolaire au musée », Cahier du GREM, n° 9.

 

Cormier Jeanne-Mance & Savoir Hélène, 2011 : « De l’influence d’une visite au musée sur la conscience historique des élèves du primaire », Revue canadienne de recherche sociale/Canadian Journal of social Research, n° 4, p. 42-72.

 

Cormier Père Clément c.s.c., 1974 : « Le Musée acadien de l’université de Moncton », La Société historique acadienne, 42e cahier, vol. 5, n° 2, p. 48-54. Disponible sur : https://www.umoncton.ca.

 

Lafleur Claude, 2011 : « Universités francophones canadiennes – Que deviendraient les francophones hors Québec sans leur réseau universitaire ? », Le Devoir. Disponible sur :  https://www.ledevoir.com.

 

Larouche Marie-Claude, Fillon Pierre-Luc & Landry Nicole, 2015 : « Conception et étude du potentiel d’un dispositif muséo-techno-didactique pour le raisonnement en sciences humaines d’élèves québéquois de 5e années du primaire », Revue des sciences de l’éducation de McGill, vol. 50, n° 2/3, p. 293-320.

 

Leblanc Bernard, 2007 : « Musée acadien de l’Université de Moncton », Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française. Disponible sur : http://www.ameriquefrancaise.org.

 

Martin Thérèse, 2015 : « Motivations à mettre en lumière la culture muséale des enfants », Éducation et francophonie, vol. 43, n° 1, printemps, p. 63-79.

 

Tremblay-Wragg  Émilie & RABY Carole, 2014 : « Recourir à une variété de modèles d’enseignement. Échanges de bonnes pratiques entre enseignants du niveau universitaire », GRIIP, vol. 3, numéro spécial.

 

Raby Carole & Viola Sylvie (dir.), 2016 : Modèles d’enseignement et théories d’apprentissage : pour diversifier son enseignement, 2e édition, Québec, Éditions CEC.

Pour citer cet article

Selma Zaiane-Ghalia, «Le musée acadien de l’université de Moncton (MAUM) : un lieu de formation exceptionnel», Les Cahiers de Muséologie [En ligne], Hors-série n° 1, Communications, 94-106 URL : https://popups.uliege.be/2406-7202/index.php?id=706.