La dévalaison des poissons dans la Meuse moyenne belge

p. 11-267

Résumé

L’objectif de cette étude était de caractériser les profils de dévalaison des poissons dans la Meuse pour mieux comprendre la phénologie, la signification biologique et les implications démographiques liées à ce phénomène. Notre méthode était basée sur le suivi des rythmes d’entraînement des poissons sur la prise d’eau de refroidissement de la centrale nucléaire de Tihange, à l’échelle annuelle, saisonnière et journalière.

Nous avons d’abord décrit, au sein de la communauté ichthyologique la plus abondante recensée en Meuse wallonne, les profils globaux de dévalaison à l’échelle annuelle et défini des groupes d’espèces dont le statut écologique dans la Meuse mérite une analyse approfondie de leurs mouvements, dans le contexte particulier de l’altération des habitats et de la fragmentation longitudinale du fleuve. Outre le cas des poissons migrateurs amphihalins, les poissons Cyprinidae rhéophiles (le hotu Chondrostoma nasus et le chevesne Leuciscus cephalus), dont les populations actuelles sont des vestiges de l’ancienne zone à barbeau qu’était la Meuse avant ses aménagements, ont montré des profils de dérive particulièrement prononcés chez les 0+, non seulement durant leur croissance estivale, mais surtout lors des hausses du débit de la Meuse en automne.

Les facteurs hydrologiques semblent avoir une influence particulièrement accentuée sur la dérive des 0+ en raison du haut degré d’altération des berges, ce qui pose des questions sur le devenir de ces poissons dispersés vers l’aval et les implications sur le recrutement des juvéniles de ces espèces en perpétuel déséquilibre démographique. Par ailleurs, l’abondance de poissons rhéophiles lithophiles, sous la forme de 0+, nous a conduit à examiner la contribution potentielle des affluents dans les populations dérivantes en Meuse.

Un suivi comparatif de la dérive des 0+ au filet dans la Mehaigne durant les étés 2003 et 2004 nous a permis d’écarter les affluents comme origine des hotus 0+ en Meuse. De plus, la comparaison des empreintes microchimiques des chabots 0+ Cottus gobio interceptés en nombre à Tihange avec celles des populations installées dans les affluents locaux a montré des différences significatives entre les teneurs de certains éléments en trace, comme le Sr. Ces différences permettent de conclure à un succès de reproduction du chabot en Meuse.

Cette étude amène de nouvelles informations biologiques sur l’état de santé physique de la Meuse et de sa communauté ichthyenne et permet de mettre en évidence (1) un impact du manque d’habitats de nurseries sur l’exposition des 0+ à une dispersion forcée, ainsi que (2) 1 impact des mortalités des poissons, surtout pour les migrateurs, sur les prises d’eau industrielles. Nous discutons des pistes de restauration écologique des habitats dans la Meuse, et présentons des résultats prometteurs d’une barrière comportementale acoustique qui a permis de réduire le taux d’entraînement des poissons à Tihange.

Notes de la rédaction

Thèse de doctorat présentée le 4/04/2006

Texte

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Citer cet article

Référence papier

Damien Sonny, « La dévalaison des poissons dans la Meuse moyenne belge », Cahiers d'éthologie, 22 (3-4) | 2009, 11-267.

Référence électronique

Damien Sonny, « La dévalaison des poissons dans la Meuse moyenne belge », Cahiers d'éthologie [En ligne], 22 (3-4) | 2009, mis en ligne le 31 janvier 2024, consulté le 15 mai 2024. URL : http://popups.uliege.be/2984-0317/index.php?id=1123

Auteur

Damien Sonny

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