Contribution à I'éthologie des babouins (Papio anubis) du Parc de l'Akagera (Rwanda)

Les interactions sociales des babouins de la troupe dite « Ihema » sont analysées en prenant en compte dix catégories d'âge et de sexe et quatre types d’interactions entre un animal actif émetteur et un animal passif récepteur. Les quatre comportements enregistrés entre les paires sont : l'épouillage mutuel ; la poursuite, de nature agonistique et exprimant la dominance ; la présentation du postérieur, de nature amicale ou exprimant la soumission ; la monte, relevant du registre sexuel ou socio-sexuel et exprimant, dans ce dernier cas, la dominance. On a observé 1805 paires d'individus dans des interactions d'épouillage mutuel à caractère amical, et 148 paires dans les autres types d'interactions. Ces différentes interactions entre les représentants des différentes catégories sociales ont été exprimées dans des matrices sociométriques et des sociogrammes. Le sociogramme d'épouillage révèle des liens sociaux importants des femelles adultes vers les enfants ; entre les mâles et les femelles adultes ; des enfants vers les mâles adultes ; des mâles adultes vers les femelles en œstrus ; entre femelles adultes ; il y a par contre peu d'épouillage entre les mâles adultes et entre les enfants. Le sociogramme des relations de dominance-soumission est totalement différent. Les relations de ce type sont fortes entre mâles adultes, et des mâles adultes vers les jeunes mâles ; celles où intervient une composante sexuelle sont fortes des mâles adultes ou juvéniles vers les femelles adultes et en chaleur.

Connaissant le nombre total des comportements de diverses natures enregistrés, et le nombre d’individus des différentes catégories d'âge et de sexe, il est possible de dresser le profil comportemental de ces différentes catégories sociales. Ainsi, les mâles adultes, et dans une moindre mesure les mâles juvéniles, sont plus souvent dominants et épouillés que la moyenne attendue. Par contre, les femelles adultes et juvéniles sont plus souvent subordonnées et émettrices d’épouillage. Les femelles en œstrus ont un profil différent : elles sont plus souvent épouillées qu'épouilleuses, mais elles sont très nettement subordonnées, avec forte fréquence du comportement de présentation. Les femelles lactantes ou portant un bébé sont, comme les enfants eux mêmes, plus souvent épouillées qu'épouilleuses, et elles interviennent peu dans les autres types d’interaction.

Ces différents types d'analyse permettent ainsi de dégager cinq types de relations sociales unissant les membres du groupe : les relations maternelles, les relations entre un enfant et un mâle adulte, les relations entre les femelles, les relations sexuelles, et enfin les relations hiérarchiques entre mâles. ces derniers avaient été privilégiés par les premiers auteurs. Les travaux récents mettent plutôt l'accent sur les effets à long terme du rôle des femelles quant à l'éducation et 1a transmission des normes sociales.