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De la socio-éthologie des oiseaux à la nature humaine
p. 113-136
Monogamy is very rare in mammals but frequent in birds. That is why the author proposes to investigate more closely some mating structures in birds, a zoological class in which monogamy is predominant. Having shown that modern ethologists emphasize individual strategies and gene based selection rather than group selection, having shown some important differences between polygamous and monogamous birds as sexual dimorphism and differencies in mate choice, the author studies the two mechanisms which allow male birds to be sure of their fatherhood : mate guarding of the fecond female and frequent copulations.
Based on some recent publications, and particularly the most detailed study of the dunnock by Nick Davies, the demonstration shows that male and female reproductive strategies are not the same, and that speaking of a conflict between the sexes is unavoidable. The mutual recognition of the necessity of reproduction and the conflict about the divergent individual strategies in order to attain an optimal reproduction are the basis of a continuum among family structures. This continuum includes a spectrum of mating patterns from simultaneous polygyny to simultaneous polyandry.
To look on human family organizations as structures of a continuum could lead to a better understanding of the reality we observe. Given the frequent convergencies of avian and human mating behaviour and family structures, it seems plausible that the socioethology of birds could contribute to an outline of human nature.
L'éthologie lorenzienne a dressé le tableau d'un comportement animal qui, rétrospectivement, frappe par une certaine idéalisation de l'animal. Depuis les années septante, sous l'impact de la sociobiologie surtout, toute la biologie évolutionniste a rejeté la thèse de la sélection de groupe et l'idée que le comportement animal viserait l'intérêt de l'espèce. L'accent a été mis sur les stratégies de survie et de reproduction individuelles, voire sur les gènes, ce qui a eu un effet de désillusion. Il s'avère, en effet, que, même dans la monogamie, les tactiques reproductives mâles et femelles ne se recouvrent pas aussi parfaitement qu'on le pensait, d'où un conflit entre les sexes plus ou moins prononcé. Comme la plupart des humains vivent en famille biparentale, cette structure sociale mérite un intérêt tout particulier. Mais la monogamie est rare chez les mammifères. Pourquoi alors ne pas regarder de plus près une classe zoologique dans laquelle la monogamie constitue l'organisation sociale de base ? Est-ce que l'étude des oiseaux nous permet de mieux comprendre notre monogamie humaine, et ceci malgré la spécificité de cette dernière ?
L'étude de différentes espèces d'oiseaux dont les stratégies de reproduction sont bien connues fait apparaître la monogamie comme un compromis acceptable pour les deux sexes si ces derniers n'arrivent pas à imposer l'organisation familiale qui leur assure le meilleur succès reproductif. Ce que l'on observe dans la réalité, c'est un continuum d'organisations, allant de la polygynie simultanée d'un côté, à la polyandrie simultanée de l'autre. Aussi bien les différents types de parades que les critères du choix du partenaire présentent des convergences avec des comportements humains. Il en va de même pour les efforts déployés par les mâles pour garantir leur certitude de paternité. Vu l'intérêt des nombreuses convergences entre les structures sociales des oiseaux et les nôtres, il semblerait que la socio-éthologie comparée des oiseaux apporterait une contribution valable à une esquisse de [a nature sociale de l'Homme. Dans ce contexte, l'élaboration de modèles qui expliquent les seuils de passage d'une structure à une autre est particulièrement souhaitable et prometteuse.
Conférence présentée le 23 novembre 1999 au Grand Auditorium de l'Institut de Zoologie de l'Université de Liège, sous l'égide du service d’Éthologie et avec le concours de l'asbl Faune, Éducation, Ressources Naturelles (F.E.R.N.).
Rolf Schäppi, « Les aléas de la monogamie », Cahiers d'éthologie, 19 (2) | 1999, 113-136.
Rolf Schäppi, « Les aléas de la monogamie », Cahiers d'éthologie [En ligne], 19 (2) | 1999, mis en ligne le 26 janvier 2024, consulté le 21 novembre 2024. URL : http://popups.uliege.be/2984-0317/index.php?id=521
8 rue du Simplon, CH l2O7 Genève.