Éthologie et hybridation des tilapias

Le présent travail concerne l'analyse des mécanismes éthologiques d'isolement de deux espèces de Cichlides africains couramment utilisées en pisciculture : les Sarotherodon niloticus et mossambicus. Il comprend cinq parties : la dernière étant réservée à la conclusion générale.

- La première partie fait le point des connaissances actuelles sur l'hybridation chez les poissons Téléostéens du groupe Tilapia;

- Dans la seconde, on discute l’intérêt et les difficultés de l'application des techniques statistiques à des données éthologiques;

- Dans la troisième, on présente les espèces étudiées, le matériel d'enregistrement du comportement et on décrit les méthodes d'observation et d'expérimentation.

- Dans la quatrième, on analyse et on compare la forme, les fréquences d'apparition et l'évolution des actes intervenant dans le comportement de parade. On analyse et on compare ensuite la séquence des événements menant à la ponte et à la fécondation.

En ce qui concerne la forme, la fréquence d'utilisation des actes sexuels et le rôle que chaque acte apporte pour le succès de la reproduction, on remarque que les femelles des deux espèces montrent une extraordinaire homogénéité.

Chez les mâles, on note d'abord que le répertoire des actes sexuels n'est pas exactement le même. En ce qui concerne la forme de ces éléments, on remarque qu'il n'y a aucune similitude entre les mâles des deux espèces. Enfin, ces éléments de la cour des mâles diffèrent tant par leur fréquence d'emploi que par leur signification sexuelle.

L'analyse des séquences d'actes dans les contextes intra et interspécifiques a été effectuée pour chaque sexe et pour chaque espèce. Les résultats principaux sont les suivants :

1. L'analyse statistique montre que l'évolution d'actes menant à la ponte et à la fécondation n'obéit pas à un modèle markovien où seul l'acte précédent est lié à l'acte suivant selon un enchaînement aléatoire;

2. Quelles que soient les espèces, les séquences d'actes effectués par un poisson en contexte conspécifique et interspécifique diffèrent significativement. On conclut que la cour adressée aux femelles conspécifiques n'est pas semblable à celle adressée aux femelles hétérospécifiques. Enfin, les schémas de cour obtenus révèlent une grande hétérogénéité chez les mâles des deux espèces.

Enfin, l'étude de l'enchaînement des interactions comportementales conduisant à la ponte et à la fécondation chez des couples conspécifiques et mixtes met en évidence des voies principales et des voies secondaires. L'ordre de succession des échanges s'avère relativement homogène au niveau des voies secondaires; par contre, il diverge nettement au niveau des voies principales.

On termine le travail par quelques remarques résumant le paradoxe rencontré dans la spécificité des actes des mâles et la non discrimination perceptive des femelles; ensuite, on propose une hypothèse sur les possibilités d'obtenir des productions massives d'hybrides chez les Cichlides du genre Sarotherodon.