Problématique de la conservation, de l’exploitation halieutique et de l’aménagement des ressources ichtyologiques dans une grosse rivière de la zone à barbeau : l’Oruthe liégeoise

Ce rapport examine les implications pratiques d'une recherche écologique effectuée sur les populations de poissons de l' Ourthe à Hamoir (zone à barbeau) depuis 1970 . Les données écologiques de base concernent la composition et la structure (abondance relative des espèces) de l'ichtyofaune, les densités - biomasses absolues de l'ichtyocénose et des populations et leur production ainsi que 1'exploitation par la pêche . Au plan écologique et piscicole, la situation de 1 'Ourthe paraît assez satisfaisante dans l'ensemble : 23 espèces formant une ichtyomasse totale de 315 kg/ha dont 210 kg/ha exploitables par la pêche, variété des espèces (espèces principales : truite, ombre, barbeau, hotu, chevaine, goujon, perche , brochet), croissance rapide et belle taille des poissons, prélèvements globaux par la pêche relativement équilibrés par rapport à la production totale de la rivière). On décèle cependant des perturbations de l'ichtyocénose dues à l'altération de la qualité de 1 'eau et du milieu (réduction des populations de truites, ombres, ablettes de rivière) et à la surexploitation halieutique (truite, ombre, perche, brochet, vairon). Vu l'importance des populations sauvages (espèces pour lesquelles n' existe aucune possibilité de rempoissonnement), tous les efforts d'aménagement doivent être centrés sur la conservation de ces populations, via la protection du milieu, l'amélioration de la législation halieutique (instauration d'une taille légale pour le hotu, élévation de la taille légale du chevaine, avancement de la période de fermeture de l'ombre, réglementation des méthodes de capture) et ·la mise au point de piscicultures de repeuplement (ombres, goujons, barbeaux). Pour les autres espèces (truite, gardon , brochet, perche), il existe des possibilités de rempoissonnement mais le recourt à cette technique - dont l' efficacité n'est pas toujours évidente - ne doit pas exclure des mesures de protection du même type que celles appliquées aux espèces sauvages (notamment aménagements du milieu et des frayères). En conclusion, cette étude insiste surtout sur la nécessité, d' une part d'appliquer en matière de pêche et d'aménagement piscicole, des solutions nouvelles, mieux adaptées à la situation actuelle des ressources piscicoles et de la pression de pêche et, d'autre part, d'envisager des mesures de conservation de la faune ichtyologique pour elle-même, indépendamment de toute considération halieutique.