Mise au point de l’alevinage contrôlé du barbeau Barbus barbus (L.) en Belgique : perspectives pour le rempoissonnement des rivières

À partir de barbeaux géniteurs capturés par pêche à l’électricité dans l’Ourthe le 19 mai 1982, on a obtenu plus ou moins 8000 ovules qui ont été fertilisés artificiellement et incubés au laboratoire à 15-22°C. L’éclosion complète des embryons demande 120 degrés-jours à 17,6°C et 85 degrés-jours à 21,3°C ; à ce moment (âge : 7 jours) la survie atteint 69,0-72,9 %. Le stade de la larve nageuse (13 mm – 15 mg) correspondant au début de l’alimentation exogène est atteint, suivant la température, 9-14 jours (198-253 degrés-jours) après la fécondation ; la survie à ce stade est 65,0-84,5 % selon les essais. Le taux de mortalité des larves (âge final : 29-37 jours ; poids moyen final : 22 mm – 270 mg) varie entre 0,07 %/jour (moyenne pour 10 essais : 0,52%). Le taux de mortalité tombe ensuite à moins de 0,6 %/jour (moyenne pour 7 essais : 0,34 %/jour) chez les alevins de 29-85 jours (poids final : 0,051-2,167 g) et à moins de 0,10 %/jour en moyenne chez les alevins de 83-171 jours (poids final : 1,461-6,300 g). Pour les 7 essais de longue durée, la survie finale varie entre 36,9 à 72,4 % (moyenne : 70%) par rapport aux larves nageuses à alimentation exogène. La croissance des jeunes barbeaux varie considérablement en fonction de la température de l’eau qui agit sur l’appétit et la consommation de nourriture ; la croissance est nulle à moins de 13°C, très faible (indice 1) à 16°C et maximum (indice 9) à 24°C. À température constante, le taux de croissance dépend de la taille des poissons, du type d’alimentation (daphnies ; larves de chironomes ; aliment sec commercial) et surtout de la ration alimentaire journalière. Le contrôle et l’optimalisation de l’environnement thermique des alevins et de leur alimentation a permis de produire en 150-180 jours des barbeaux ayant la taille (9-10 cm) et le poids (10-15 g) d’individus âgés de 16-24 mois en rivière. Les bases techniques établies dans cette étude ouvrent la voie à une reproduction en masse d’alevins de barbeaux destinés au rempoissonnement des rivières belges où l’espèce régresse ou est disparue.