Nécessité de médiatiser : La responsabilité sociale des journalistes face aux violences sexuelles en temps de guerre
Résumé
Bien que le mouvement #metoo ait récemment contribué à faire des violences sexuelles exercées contre les femmes un problème public largement relayé par les médias, le sujet des violences sexuelles perpétrées en temps de guerre par les belligérants envers les populations civiles ne bénéficie pas encore de la même visibilité médiatique.
Pourtant, ces exactions répondent à bien des égards aux mêmes logiques que les violences sexuelles commises en temps de paix et comportent une forte portée humaine et sociale puisqu'elles produisent des effets destructeurs sur de nombreux individus et, bien au-delà, sur le tissu des sociétés et communautés concernées. Malgré l'ampleur de leurs conséquences, ces violences restent néanmoins trop souvent méconnues, sous-traitées, voire envisagées comme un triste mais banal effet secondaire des conflits, et ne bénéficient pas de la reconnaissance qu'elles mériteraient.
Dans ce contexte, les médias semblent avoir un rôle important à jouer d’information, d’explication, de prise de conscience et de dénonciation du phénomène, et c'est ce rôle social que nous nous proposons d'analyser à travers cette communication. En traitant de ces violences sexuelles, les médias peuvent en effet contribuer à mettre en lumière des actes qui concernent des théâtres d’opération éloignés, dangereux et difficilement accessibles, devenant ainsi les principaux - si ce n’est les seuls - fournisseurs d’informations à destination des citoyens. En ce sens, la question de la médiatisation est essentielle dans la manière dont ces violences peuvent être perçues, comprises, combattues et solutionnées, et ainsi devenir un véritable enjeu du débat public.