Les tourbières sont-elles des éponges régularisant l’écoulement ?
Université de Liège
Station scientifique des Hautes-Fagnes
Rue de Botrange, 137
B-4950 Robertville
c.wastiaux@swing.be
Résumé
L’affirmation selon laquelle les tourbières fonctionneraient comme des éponges demande à être fortement nuancée. La masse principale de la tourbière (le catotelme), composée de tourbe relativement humifiée, se comporte comme un aquitard. Malgré une porosité totale très élevée, qui lui permet de contenir un important stock d’eau, sa capacité à transmettre cette eau est grandement limitée par une conductivité hydraulique très faible. Les échanges d’eau ont essentiellement lieu dans la partie supérieure (l’acrotelme), composée de tourbe peu humifiée, au sein de laquelle seule une très mince couche superficielle participe effectivement à l’écoulement. Dans ces milieux toujours proches de la saturation, une part importante des précipitations est rapidement évacuée sous forme d’écoulement rapide de crue. Contrairement aux idées reçues, les tourbières n’assurent ni un effet tampon sur les crues, ni un soutien d’étiage qui soient significatifs.
Abstract
Peat bogs are often compared to sponges. However, this widely spread idea needs to be corrected. The bulk of the peat (the catotelm) is moderately or strongly humified and behaves as an aquitard. Although its very high total porosity allows it to store a huge water volume, water is transmitted at a very slow rate due to its very low hydraulic conductivity. Water exchanges mostly take place in the upper layer (the acrotelm) which is made of poorly humified peat. Only a thin top layer is actually involved in the runoff processes. Peat bogs are always close to saturation so that a large part of precipitation is rapidly discharged as quickflow. Peat bogs thus have no significant effect on reducing floods nor on sustaining baseflow.