Analyse du temps de résilience d’un cours d’eau à moyenne énergie (la Moselle amont) suite aux importantes altérations anthropiques de la deuxième moitié du vingtième siècle
Ingénieur d’études
Oteis
thierry.beck@oteis.fr
Professeure
UMR 6590, ESO le Mans CNRS
jeannine.corbonnois@univ-lemans.fr
Résumé
L’étude s’inscrit dans le prolongement des travaux réalisés entre 1980 et 2000, qui ont mis en évidence le rôle des activités humaines (extractions de granulats en lit mineur et report massif de ces dernières en lit majeur) dans la déstabilisation morpho-sédimentaire du lit de la Moselle à la sortie du massif vosgien, considérée comme une rivière à "moyenne énergie" (BCEOM, 1981, Maire et Lasserre, 1991, Maire et Corbonnois, 2000). Son ambition est d'examiner la résilience de l'hydrosystème et de déterminer sa trajectoire vers un nouvel équilibre dynamique.
Notre étude porte sur un secteur de rivière long d'une dizaine de kilomètres où les interventions anthropiques récentes ont été moins fortes qu'ailleurs (exception faite d'« opérations blanches » permettant de rétablir les sections d’écoulements dans les zones de sur-sédimentation suite aux crues de 1982 et 1983).
Deux séries de données sont traitées : 1) les plus anciennes concernent la période 1980-2000. Elles proviennent d'études antérieures que nous réinterprétons, 2) les plus récentes ont été mesurées sur le terrain entre 2003 et 2012.
Notre objectif est de déterminer l'ampleur de la déstabilisation du secteur étudié au cours de la période 1980-2000, en réponse à de fortes perturbations intervenues sur les portions de linéaires situées en amont et en aval et de mettre en évidence les évolutions morpho-sédimentaires survenues depuis 2003 par une approche morphologique (Martin et Church, 1995 ; Ashmore et Church, 1998 ; Brasington et al., 2000 ; Eaton et Lapointe, 2001 ; Fuller et al., 2003 ; Ham, 2005) et hydraulique.
Modifications du profil longitudinal et recoupements de méandres entretiennent une importante dynamique du lit de la Moselle. Par ailleurs, nos observations mettent en évidence l’effet de facteurs locaux (présence d’aménagements et de méandres ancrés) sur cette dynamique.
Ainsi, depuis le milieu du XXème siècle, le réajustement de la Moselle, qui se réalise selon des modes variés, n’est pas encore achevé. Cette instabilité, qui constitue l'originalité du secteur, est par ailleurs prise en compte par une gestion spécifique de l'hydrosystème (protection de la biodiversité, prise en compte de la capacité auto épuratoire du cours d’eau, régulation des débits de crues).