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Hajar Oulad Ben Taïb

La prise en charge des femmes immigrées marocaines par Vie Féminine via les consultations de nourrissons à Molenbeek-Saint-Jean de 1964 à 1974

(Vol. 46 - 2023)
Article
Open Access

Résumé

Les immigrées marocaines, qui arrivent en Belgique entre 1964 et 1974 grâce aux dispositions juridiques du regroupement familial prévues par les accords bilatéraux de 1964, sont approchées par deux organismes féministes rivaux : les Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) et les Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC). Ces dernières mettent en place dès 1947, un « Groupe immigré » qui deviendra en 1960, « Action Immigrée ». Cette structure est l’une des toutes premières à offrir une aide concrète aux pionnières immigrées, en rassemblant les femmes marocaines et turques aux côtés de femmes italiennes, espagnoles et grecques avec lesquelles elles rentrent en contact lors des consultations des nourrissons notamment. Notre étude a pour objectif de présenter les dynamiques de prises en charge locales des Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC) en faveur des immigrées marocaines à travers les consultations de nourrissons organisées entre 1964 et 1974 à Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles).

Index de mots-clés : immigration marocaine, femmes, Vie féminine, Bruxelles

Abstract

The Moroccan immigrant women who arrived in Belgium between 1964 and 1974 thanks to the legal provisions for family reunification, provided for in the bilateral agreements of 1964, were approached by two rival feminist organisations: the Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) and the Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC). The latter set up a « Groupe immigré » in 1947, which became « Action Immigrée » in 1960. This structure was one of the very first to offer concrete help to immigrant pioneers, bringing together Moroccan and Turkish women alongside Italian, Spanish and Greek women with whom they came into contact, particularly during infant consultations. The aim of our study is to present the dynamics of the local support provided by the Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC) to Moroccan immigrant women through the infant consultations organised between 1964 and 1974 in Molenbeek-Saint-Jean (Brussels).

Index by keyword : Brussels, women, migration, maroccans

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Image 1. Vie Féminine, archives d’Action Immigrée. Boite 480, fascicule « Les groupes "femmes immigrées" de Vie Féminine », 1974.

1. Introduction

1Dès sa naissance en 1830, la Belgique se distingue par la formation et la mise en opposition de groupements philosophiques et idéologiques différents1. Entre libéraux et catholiques, des tensions importantes émergent autour de la place de la religion dans la société. Plus tard, vers la fin du 19e siècle, ces deux partis sont rejoints par le Parti Ouvrier Belge. Chacun de ces trois « piliers » développe son propre réseau : son syndicat, ses associations, ses mutualités, ses hôpitaux, ses écoles, ses consultations de nourrissons, etc. Cette pilarisation de la société aura une influence importante sur la vie sociale de la population : chaque citoyen étant amené à évoluer au sein d’un « pilier ».

2Dans ce contexte, c’est les mouvements chrétiens qui seront les plus actifs envers les immigrés. Les différentes structures chrétiennes telles que le Mouvement ouvrier chrétien (MOC)2, la Confédération des syndicats chrétiens (CSC)3, Caritas Catholica4, ou encore Brabantia5, s’investissent dans la prise en charge de la population immigrée dès l’arrivée des premiers contingents d’immigrés6. C’est le cas aussi pour les Marocains qui arrivent entre 1964 – date de la signature de l’accord bilatéral avec le Maroc – et 1974, date de la fin de l’immigration officielle de travail avec la fermeture des frontières belges. La population féminine fera alors l’objet d’un intérêt particulier. De fait, les immigrées marocaines, qui arrivent en Belgique entre 1964 et 1974 grâce aux dispositions juridiques du regroupement familial prévues par les accords bilatéraux de 1964, sont approchées par deux organismes féministes rivaux : les Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS)7 et les Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC). Ces dernières mettent en place dès 1947, un « Groupe immigré » qui deviendra en 1960, « Action Immigrée ». Cette structure est l’une des toutes premières à offrir une aide concrète aux pionnières immigrées, en rassemblant les femmes marocaines et turques aux côtés de femmes italiennes, espagnoles et grecques avec lesquelles elles rentrent en contact lors des consultations des nourrissons notamment.

3Notre étude a pour objectif de présenter les dynamiques de prises en charge locales des Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC) en faveur des immigrées marocaines de Bruxelles à travers les consultations de nourrissons organisées entre 1964 et 1974. Afin de permettre une meilleure compréhension de ces dynamiques de prises en charge, nous avons limité cette recherche à l’une des communes les plus emblématiques de la présence marocaine à Bruxelles : la commune de Molenbeek-Saint-Jean. Cette démarche s’explique aussi par l’organisation même des LOFC et sa structure pyramidale : des activités sont organisées au niveau national, régional et local. Les archives ont été conservées suivant cette organisation. Ainsi, afin de comprendre le fonctionnement et l’organisation de la structure, nous avons débuté notre recherche par la consultation du fond de la région bruxelloise où les activités menées dans les diverses communes se mêlaient. Afin de mieux comprendre l’action des LOFC en faveur des immigrées, nous avons consulté les archives d’« Action Immigrée » au niveau national. Nous avons ensuite complété ces informations par celles obtenues avec le dépouillement de la revue mensuelle du mouvement pour les années 1964 à 1974. Les informations recueillies ont permis de mieux mesurer le rapport des LOFC avec leur public, et de voir dans quelle mesure le mouvement prenait en considération la problématique de la femme immigrée. Ensuite, afin de décrire le fonctionnement des consultations de nourrissons et l’accueil réservé aux immigrées marocaines, nous avons consulté les archives des consultations de nourrissons organisées par les LOFC dans la commune de Molenbeek-Saint-Jean. Si cette recherche se focalise sur l’action locale des LOFC, plusieurs boites et fardes d’archives contenant aussi bien des correspondances, des bilans d’activités et des procès-verbaux de réunions, permettent de mieux appréhender les difficultés des femmes immigrées en général et plus particulièrement des femmes marocaines à Bruxelles.

2. Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC)

4En 1906, Victoire Cappe8 donne naissance au Mouvement social féminin chrétien en Belgique, et fonde les Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC). Dès leur lancement après la Deuxième Guerre mondiale, les LOFC s’affilient à la Ligue des Travailleurs Chrétiens qui devient le Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC). En 1969, les LOFC prennent le nom de Vie féminine : Mouvement chrétien d’Action culturelle et sociétale. Ce n’est que bien plus tard, en 1976, suite au décret de la Communauté française sur l’éducation permanente, que la structure prend le nom de Vie Féminine : mouvement d’éducation permanente (VF). Alors que les structures publiques et privées belges ne s’intéressent que très peu aux femmes immigrées, les LOFC lancent, dès 1947, un « Groupe immigré » qui en 1960 prend le nom d’« Action Immigrée ». VF organise alors ses sections au niveau régional et local. À l’échelle locale, le siège de VF est situé dans la commune de Saint-Josse-ten-Noode à la rue de la Poste no 111 et centralise l’ensemble des actions menées dans les communes bruxelloises.

« Action Immigrée »

5Même si présents dès les débuts à Bruxelles, c’est surtout en Wallonie que les services d’« Action Immigrée » sont les plus actifs9. La politique d’entraide mise sur pied par « Action Immigrée » consiste essentiellement en un travail de conscientisation des femmes migrantes à la nécessité d’une promotion sociale10. Ainsi, les sections locales sont encouragées, par les instances supérieures de VF, à repérer des immigrées qui peuvent intégrer les réunions d’« Action Immigrée » au niveau régional et national. Dès 1969, aux côtés d’Italiennes et d’Espagnoles, des femmes marocaines et turques y siègent11. L’organisation en pyramide (national-régional-local) octroie à « Action Immigrée » une cohérence dans toutes ses activités : de l’accueil dans les gares de femmes immigrées12, à l’organisation de rassemblements et de meeting réunissant tous les groupes d’activités13. « Action Immigrée » ne sera pas le seul organe de VF à se pencher sur la question de l’immigration. En effet, dans la revue de Vie Féminine, plusieurs articles abordent la condition des femmes migrantes et les activités d’« Action Immigrée » reçoivent un écho : certains articles sont même partiellement ou totalement traduits en espagnol14, en italien15, en arabe16, en portugais17 ou en turc18.

6Par ses sections locales implantées dans chaque commune bruxelloise, mais aussi via les consultations de nourrissons de VF ou à travers les assistantes sociales présentes au sein des écoles19, « Action Immigrée » entre en contact avec les femmes marocaines. Un rapport des activités pour l’année 1973-197420 ainsi qu’une correspondance tenue entre la direction d’« Action Immigrée » et une bénévole des activités de VF21, fournissent l’essentiel des informations concernant les sections locales de Bruxelles.

7Les premières mentions des activités locales destinées aux femmes marocaines datent du tout début des années 1970. À côté des activités organisées pour les femmes marocaines à Saint-Josse et à Schaerbeek, un troisième groupe de femmes marocaines est identifié à Molenbeek-Saint-Jean. Des trois sections, le groupe de femmes de Molenbeek-Saint-Jean est le plus important : entre treize et vingt-deux femmes y participent. C’est dans l’église Saint-Jean-Baptiste, située sur le Parvis Saint-Jean-Baptiste no 153, que les activités d’ « Action Immigrée » s’y déroulent.

8Selon le rapport d’activités de l’année 1973-1974, ces femmes y viennent pour « couper, coudre et raccommoder des vêtements d’enfants, du mari et d’elles-mêmes. Quelques-unes venaient parce qu’elles se sentaient toutes seules chez elles et aux cours, elles pouvaient passer des moments agréables et trouver des amies22 ». Afin d’assurer la communication au sein du groupe, les participantes qui parlent le français jouent, laborieusement, le rôle d’interprète, mais les femmes marocaines s’expriment en des dialectes différents (le tamazight, le tachelhit, le tarifit ou encore l’arabe dialectal). C’est pourquoi les bénévoles d’ « Action Immigrée » privilégient des discussions autour de sujets plus « simples », aidés d’images et de diapositives. À côté des cours de français donnés par un prêtre qui, afin de trouver la méthode adéquate, s’est attaché la collaboration du CIRE23, des cours de remédiation pour les jeunes immigrés marocains sont également organisés à l’église Saint-Jean-Baptiste24.

9Cette prise en charge inédite des femmes marocaines dans la commune de Molenbeek-Saint-Jean n’est pas totalement désintéressée. En effet, les objectifs poursuivis par VF consistent surtout à former de futures militantes qui à terme, rejoindront le mouvement. Ainsi, la dimension de « propagande » est envisagée par la projection régulière lors des séances, de diapositives relatives au mouvement de VF et de ses actions. Les femmes marocaines approchées devaient, dans la logique de VF, servir de relais avec les autres femmes de mêmes conditions comme en atteste le rapport des activités de l’année 1973-1974 :

Il serait très intéressant de continuer des contacts spécialement avec Abiba, Fatima, Drisia et Touria. Elles pourraient petit à petit prendre des responsabilités vis-à-vis du groupe. Ce sont des femmes conscientes de la nécessité d’une promotion personnelle. Peut-être créer un petit groupe avec elles pour les préparer à prendre cette responsabilité, elles s’expriment très bien en français25.

10Paradoxalement, la vision traditionnelle de la femme que VF véhicule à travers les cours de cuisine et de couture – donnée à une population presque exclusivement féminine – permettra aux femmes marocaines une plus grande socialisation ainsi qu’une prise de conscience de la nécessité de faire évoluer leur situation26.

3. Les consultations des nourrissons et les immigrées marocaines dans la commune de Molenbeek-Saint-Jean

11Dès la fin de la Première Guerre mondiale, les Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes – qui allait en 1969 devenir Vie Féminine – voient dans l’organisation de services maternels, une excellente opportunité d’engagement pour les femmes27. À l’échelle nationale, Vie Féminine compte 213 consultations de nourrissons, soixante-et-une consultations prénatales, 150 consultations pour les enfants âgés de trois à six ans et deux consultations multidisciplinaires, toutes agréées par l’ONE28.

12Dans la région de Bruxelles, jusqu’à vingt-neuf consultations nourrissons agréées par l’ONE, jumelées à une consultation prénatale et/ou à une consultation des trois à six ans, sont organisées par VF29. Ces consultations sont centralisées depuis les « Services Maternels et Infantiles » de VF situés à Saint-Josse, rue de la Poste no 111. À travers les consultations de nourrissons, VF poursuit son engagement, initié avec « Action Immigrée », en faveur des femmes immigrées. Ainsi, dans un article publié en mars 1971 dans la revue de Vie Féminine, nous pouvons lire que : « Les consultations de nourrissons de Vie Féminine ont non seulement un rôle de prévention médicale, mais également un rôle social. C’est ainsi que les immigrées y trouvent l’aide et les conseils pour s’adapter à notre pays 30».

13À Molenbeek-Saint-Jean, VF organise deux consultations : l’une située à la rue de Geneffe no 114, qui prendra plus tard le nom de « consultation Saint-Jean » et l’autre située à la rue Haeck no 61 portant le nom de « consultation Saint-Rémy » ou « consultation Reine Fabiola ». Chaque année, un bilan détaillé des consultations est envoyé aux Services Maternels et infantiles (SMI) de VF, afin que ce dernier puisse contrôler les activités des consultations. Ces bilans sont par la suite envoyés à la Fédération régionale de Bruxelles qui centralise les consultations nourrissons agréées par l’ONE et octroie les subsides31. Ces derniers sont attribués en fonction, d’une part, du nombre d’inscrits à la consultation et d’autre part, de la mise en place ou non du programme élargi (cf. organisation de vaccinations). Par ailleurs, « les locales » (nom donné aux consultations) de VF et les SMI entretiennent de nombreuses correspondances, assurant ainsi une bonne circulation des informations. De plus, des visites annuelles sont organisées dans les consultations de VF afin d’en contrôler l’organisation. C’est Mme Van den Driessche, responsable des vingt-neuf consultations de VF, qui assure ce contrôle jusqu’en 1968, date à laquelle elle est remplacée par Mme Delchevalrie32. Après chaque visite, la responsable des consultations de nourrissons est tenue d’effectuer une mise au point avec chaque présidente des différentes consultations.

La consultation de la rue de Geneffe

14À partir de 1933, la consultation des nourrissons (C.N.) est organisée à cette adresse33. Par la suite, une consultation des trois à six ans y est annexée. Entre 1963 et 1968, la consultation déménage à la rue de l’école no 76. Cette C. N. sera confrontée à de sérieuses difficultés de recrutement du personnel. Mais malgré ces difficultés récurrentes, elle connait un important développement à partir des années 1970 comme en témoigne l’infirmière Van Bussel, exerçant sa profession depuis vingt-sept ans au sein de cette consultation34. En 1972, Mme Delchevalrie va jusqu’à déclarer que la seule infirmière présente à la consultation ne pouvait prendre congé au risque de voir la consultation s’écrouler35.

15C’est A.Gillis qui est à la tête de cette consultation36. Elle entretient ainsi une importante correspondance avec les SMI. À chaque changement de poste, des courriers sont échangés afin de les en informer. De plus, une réunion générale entre la consultation et les SMI se tient tous les mois. En réalité, c’est l’ONE qui gère le personnel des consultations. Chaque changement doit impérativement se faire avec l’accord de l’ONE et ce n’est qu’à titre indicatif que ces informations sont transmises aux SMI.

16La fréquentation de la consultation est en constante croissance. Dès la sortie de l’hôpital, les mères qui accouchent pour la première fois en Belgique reçoivent la visite d’une infirmière ou d’une bénévole qui effectue les premiers contacts et prodigue les premiers conseils. À l’instar des autres consultations de nourrissons, les consultations de VF envoient leur personnel à domicile et espèrent ainsi attirer la maman vers leur consultation. Il arrive que la mère refuse, car elle s’est déjà attachée à une autre consultation, ou parce qu’elle effectue le suivi de son bébé auprès d’un pédiatre. La consultation des trois à six ans rassemble, quant à elle, un public moins important, les mères n’assurant un suivi minutieux que durant les premiers mois du bébé. Le comité des C. N. est prévenu des naissances via une liste envoyée par l’administration communale. Ainsi, la fréquentation des consultations est fortement liée à l’envoi de ces listes. L’origine des femmes qui fréquentent cette consultation est précisée dans un compte-rendu de la visite de 1975 : ce sont principalement des Marocaines et des Turques37. C’est pourquoi les dépliants envoyés par l’ONE contiennent essentiellement des illustrations plutôt que du texte. En 1966 déjà, Mme Van den Driessche informe la consultation de l’envoi prochain d’un lexique en cinq langues, à l’attention des C. N. afin d’améliorer la communication avec les mamans étrangères38. Rédigé par Mme Van den Driessche, ce lexique reprend les mots les plus usuels en langue grecque, italienne, espagnole, arabe et turque39.

17L’accueil des mamans est une priorité essentielle pour VF qui n’hésite pas à le rappeler dans ses correspondances avec les consultations40. Mais bien souvent, les difficultés de communication ou de langues sont évoquées, laissant penser que la très grande majorité des mères qui fréquentent cette consultation est d’origine immigrée. La population immigrée fait l’objet d’une attention toute particulière dans cette consultation, car « [...] malgré la difficulté de la langue, il y a toujours moyen de se faire comprendre un minimum41 ». En effet, il s’agit de s’attirer cette population étrangère et la consultation de nourrissons est l’un des premiers contacts entre ces femmes et le mouvement, ce à quoi veille A. Gillis42. Les consignes faites aux dames du comité vont clairement dans ce sens : « [...] la nouvelle venue (bénévole) est plus âgée et devra observer, sans commentaire, car des remarques faites trop haut peuvent heurter les immigrées43 ». Toutefois, l’encadrement des mamans immigrées demande plus d’investissement : « [...] cette C. N. n’était pratiquement fréquentée que par des immigrées, il faut d’autant plus de temps à consacrer aux mamans, expliquer les papiers reçus du médecin [...] ce qui ne peut se faire quand elles sont deux44 ». Des dispositions particulières sont ainsi prises afin d’encadrer la population immigrée. Mme Delchevalrie, responsable après 1967 du contrôle des C. N. de Bruxelles, propose aux consultations, diverses recommandations afin de faciliter l’accueil aux femmes immigrées : « Les mamans immigrées étant très lentes pour habiller et déshabiller leur enfant, peut-on éventuellement les aider, surtout quand il n’y a pas beaucoup de boxes et que le médecin attend45 ». Ou lorsqu’à la fête des Mères un cadeau est remis à chaque maman, Mme Delchevalrie, proposera afin que « cela ne passe pas inaperçu46 » de le « [...] remettre, accompagné d’un mot aimable, surtout aux immigrées47 ».

18La concurrence entre les consultations socialistes et chrétiennes est une réalité à Molenbeek-Saint-Jean. Garantir un accueil optimal et un encadrement exemplaire permet de s’assurer de la fréquentation de la consultation et de son maintien48. Quant aux relations entre les consultations de VF et la paroisse, elles sont si étroites qu’il arrivait qu’un soutien financier de la communauté paroissiale soit apporté aux C. N.49

La consultation Reine Fabiola ou Saint-Rémy

19La locale de VF située à la rue Haecht se fait habituellement appeler « consultation Reine Fabiola » ou « consultation Saint-Rémy »50. En 1965, le vieillissement de la population ainsi que les difficultés pour les infirmières catholiques à obtenir les listes de naissance à la commune entrainent une baisse de l’activité de la C.N.51. L’arrivée des immigrées dans la consultation lui offre un second souffle52. Il est dès lors essentiel de pouvoir les attirer53.

20Les immigrées sont un public cible qui fait l’objet d’une attention particulière et les SMI poussent les bénévoles, dans leurs recommandations à « [...] faire de la propagande54 ». En 1972, Mme Delchevalrie, dans sa correspondance à Mme de Richebé, présidente de la C. N., salue le travail d’accueil mis en place : « [...] j’ai constaté l’effort que vous réalisez pour accueillir les mamans, les mettre à l’aise et l’attention portée plus particulièrement aux immigrées55 ». Dans la même correspondance, on apprend qu’« [...] il y a 1/3 d’immigrées à cette C. N. avec qui il faut plus de souplesse56 ». Contrairement à la consultation de la rue de Geneffe, le personnel de cette consultation déploie d’importants efforts afin d’entrer en contact avec les mères57. La question de l’encadrement des immigrées est soulevée dans un très grand nombre de consultations de VF à l’époque. Déjà en février 1966, à l’occasion d’une visite de contrôle à la consultation de Laeken58, Mme Van den Driessche note que « [...] chose bizarre, la pédiatre est, avec les mères, beaucoup moins cordiale et intuitive que ses collèges masculins [...] je la crois assez crispée sur la question des émigrées et les difficultés de langue59 ». Le 5 juillet de cette même année, Mme de Richebé, remercie Mme de Preter, directrice des SMI, de l’envoi d’un lexique avec des mots en différentes langues et précise qu’il « [...] viendra bien à point 60».

21Le programme élargi de la C. N. permet la pratique des vaccins aux enfants. Seul le vaccin de la variole n’est pas administré puisqu’il nécessitait un suivi qui ne pouvait être assuré en raison du grand nombre d’enfants et du personnel limité61. L’organisation des vaccins au sein de la consultation suscite un réel débat au sein du personnel médical. C’est notamment le cas avec le vaccin contre la rubéole qui ne doit être pratiqué qu’à l’adolescence d’après le médecin de la consultation, s’opposant en cela au reste du comité. La question de l’octroi du vaccin en fonction du sexe de l’enfant divise également. C’est ainsi qu’une large partie du personnel médical pense que le vaccin contre la rubéole ne devrait être donné qu’aux filles ou qu’elles devraient recevoir le vaccin deux fois étant donné leur futur rôle de mère de famille et toute l’attention particulière que cela suppose62. Mais ces questions, strictement traitées en interne, ne seront en aucun cas exposées aux mères qui fréquentent la consultation. La formation éducative des mères est assurée, tout comme dans la consultation de la rue de Geneffe, par des dépliants envoyés par l’ONE mais aussi par une revue illustrée63. À la rue Haecht, comme dans les autres consultations de nourrissons agrées par l’ONE, la campagne Nestlé diffuse également des publications diététiques illustrées, disponibles en plusieurs langues64. Les mères reçoivent également des échantillons de nourriture pour leurs bébés : ces nouvelles habitudes de consommation seront rapportées par les femmes marocaines au sein de leurs foyers, mais aussi auprès de leurs proches dans leur pays d’origine65.

22À côté des services proposés en consultation, le personnel « des locales » effectue également des visites à domicile66. Le personnel de la rue Haecht est constitué d’un comité de douze à quinze dames dont trois sont régulièrement présentes. On parle d’une bonne entente au sein de ce comité qui rassemble, comme à la rue Geneffe, des dames d’un âge avancé. Au-delà de la commune de Molenbeek-Saint-Jean, l’âge avancé des bénévoles semble être une dominante dans les consultations de nourrissons. Cette idée est corroborée par les observations de Mme Van den Driessche, qui, dès 1966, lors de ses visites dans les consultations VF de Bruxelles constate « la présence trop importante de dames d’un certain âge, ce qui alourdit les consultations67 » notamment à Laeken et à la consultation l’Angélus de Woluwe-Saint-Pierre68. Tout en soulignant qu’elles sont « [...] moins importantes qu’à Reine Fabiola69 ». Soutenus par ces dames du comité, les médecins sont peu nombreux à la rue Haecht. Les démissions fréquentes sont signalées aux SMI qui se chargent de les transmettre alors à l’ONE. Nous disposons ainsi d’une quantité importante de correspondance faisant état de changements de postes du personnel médical70.

23Au sein de ce comité, la présence religieuse est également importante. La présence d’un curé est une constante lors des réunions mensuelles ou des évènements organisés par la consultation de nourrissons à l’occasion de la fête des Mères ou de simples goûters71. Un document décrivant le déroulement d’une fête des Mères en 1968 est de ce fait très révélateur de l’empreinte religieuse qui caractérise cette C. N. : ainsi, l’évènement débute à l’église par une bénédiction des enfants, tous munis d’une fleur ou d’un cierge-veilleuse72. Le document précise qu’il ne se trouve naturellement « [...] pas de mamans étrangères [...], mais il est prévu qu’elles puissent avoir accès plus tôt au local paroissial où avait lieu le goûter et la tombola-gâteaux. Là on retrouve une quinzaine de mamans nord-africaines73 ». Ainsi, les mamans « nord-africaines » n’assistent pas à ces manifestations religieuses, mais participent tout de même à la réception et repartent à la fin de la journée avec un « petit cadeau74 ».

24En 1966, une future infirmière effectuant ses stages à Reine Fabiola déclare alors que les « locaux, (le) comité, (le) personnel médical est vraiment un modèle du genre, et aucune des autres vues ensuite ne me laisse cette impression d’organisation, de collaboration dans un esprit parfait, d’ambiance familiale et apostolique75 ». Il est d’ailleurs fait état, dans de nombreux procès-verbaux de réunions, de l’aide financière accordée par la paroisse qui envoie régulièrement le curé ou les sœurs en visite à la consultation. En 1966, le vicaire de la paroisse de Sainte-Barbe, située à la place de la Duchesse de Brabant dans la commune de Molenbeek-Saint-Jean, expose un projet au comité de Reine Fabiola avec qui il entretient de multiples contacts : il espère établir une consultation au sein même de la paroisse avec une équipe qui sera bien entendu formée et « bien encadrée religieusement76 ». Les immigrées sont ici encore un public auquel des attentions particulières sont prêtées. Mais dans ce cas-ci, il s’agit surtout d’attirer des femmes italiennes et espagnoles, qui potentiellement pourraient participer aussi et surtout aux activités religieuses de la paroisse. D’après le vicaire de Sainte-Barbe, une consultation de nourrissons socialiste est organisée non loin de la paroisse. Il s’agit probablement de la consultation de nourrissons des Femmes Prévoyantes Socialistes qui devait se tenir à la rue Delaunoy, 16377. Toutefois, le vicaire souligne l’impossibilité de toute collaboration avec cette consultation de nourrissons socialiste dénonçant une « [...] intensive propagande pour le Parti... (dépliants, journaux distribués, etc.) » socialiste78 ».

25À côté des visites médicales, la consultation des nourrissons est un véritable lieu de rencontre pour les mères. Tout au long de l’année, le comité des dames de Reine Fabiola organise plusieurs fêtes (fête de Noël, fête paroissiale, fête de la bénédiction des enfants, etc.), mais aussi des conférences éducatives79. Ces évènements requièrent préalablement l’autorisation de l’ONE, qui, de la sorte, ne se limite pas seulement à apporter un soutien financier et à assurer une gestion du personnel, mais aussi à exercer un contrôle assidu des consultations80. Mme Willemy, inspectrice à l’ONE, se charge aussi de visiter les consultations agréées. La C. N. de la rue Haecht entretient de très bons contacts avec l’ONE. En 1972, Mme Willemy, dans son rapport, avoue être restée « [...] sur une excellente impression, de cadre, d’amitié, d’ambiance. Que c’est bon de voir une telle collaboration pour la cause des “petits” »81.

26Aux yeux des instances communales, l’effort de la consultation est aussi souligné annuellement par le bourgmestre Edmond Machtens qui invite Mme de Richebé à venir réceptionner un présent82. L’intérêt du pouvoir communal se manifeste aussi par la remise de décorations honorifiques à certaines bénévoles des C. N. Ainsi, en 1967, trois bénévoles reçoivent la décoration de l’ordre Léopold pour les quinze années de service en la présence du curé, des infirmières et d’un échevin de la commune83. Lors de cette rencontre, parmi d’autres sujets, la question des immigrées est soulevée. Mme Van den Driessche, qui est également invitée et qui nous donne les informations contenues dans le procès-verbal qu’elle adresse aux SMI, remarque que :

[...] c’est une vraie équipe que ce comité, mais comme il est difficile, même pour un milieu simple et ouvert en somme, tel que celui-là, de n’être pas un peu rapide et condescendant dans ses jugements sur les étrangères et certains cas sociaux qui ne sont un mystère pour personne, mais qui ne devraient pas quand même, faire les freins de la partie récréative de la réunion […] Cette mise en commun de leurs expériences du jour est sans doute utile, mais elle devrait être plus discrète et respectueuse84.

27Il ressort très clairement de cette note que la prise en charge des immigrées est difficilement séparable d’un certain esprit maternaliste.

28À côté des consultations des nourrissons, la locale de Reine Fabiola accueille également une consultation des trois à six ans. Toutefois, progressivement, la fréquentation de cette consultation pose question. De fait, les mères abandonnent bien souvent le suivi de leur enfant au bout du 6e mois85. À partir des années 1970, la consultation des trois à six ans est pratiquée en même temps que la consultation des nourrissons afin de permettre aux mères ayant plusieurs enfants de les faire suivre le même jour et d’ainsi assurer la fréquentation de la consultation86. Parallèlement aux C. N. et aux consultations des trois à six ans, se tiennent à Reine Fabiola des consultations prénatales. Très peu d’informations ont pu être rassemblées concernant leur organisation. Lors de ces consultations, seul un examen gynécologique des mères est effectué, contrairement à d’autres consultations prénatales de VF où sont organisées des séances de préparation à l’accouchement, des cours théoriques ainsi que des cours de gymnastique. En 1964, sous l’impulsion de l’ONE, un nouveau type de consultation fait son apparition à Reine Fabiola : la consultation multidisciplinaire87. Cette dernière demande l’intervention d’un pédiatre, mais aussi d’un psychologue, d’un dentiste, d’un oculiste et d’un oto-rhino-laryngologiste88. Encore à son stade expérimental, aucune directive claire sur l’organisation et la mise en place de cette nouvelle consultation ne sont transmises par l’ONE. Reine Fabiola noue ainsi diverses collaborations à travers la Belgique (Ans, Liège, Anvers) afin de mesurer l’espace et le matériel nécessaire à la mise en place de cette consultation89. L’application de cette nouvelle formule pose cependant d’importantes difficultés : on évoque le « mélange de population90 », la surcharge de travail pour les infirmières et la difficulté de recruter des médecins – et surtout des médecins acceptant de pratiquer les vaccins91. En 1973, un nouveau service est proposé aux mères qui travaillent : une garderie92.

29La consultation de nourrissons sera une étape importante dans le processus de contact entre les mères marocaines et les instances de santé en Belgique. Pour les immigrées qui n’avaient jamais mis un pied dans le monde du travail et qui, de ce fait, entretenaient des contacts extrêmement limités avec le monde extérieur, la consultation de nourrissons sera l’une des occasions de quitter le domicile et d’aller à la rencontre de la société civile : aussi bien des Belges que des immigrées d’autres origines93. Là, diverses activités les attendent. Comme à la consultation des nourrissons de VF à Saint-Josse, située à la rue Van Dijck par exemple – qui sera par ailleurs une des C. N. au taux de fréquentation le plus important de Bruxelles et comptera en 1971, 90 % d’immigrées – où, des économats94 et des leçons de français, de tricot ou encore de couture sont organisés95.

4. Conclusion

30À une époque où la société belge subit encore une forte pilarisation de ses structures, les mouvements chrétiens sont les plus actifs concernant la question de l’immigration. Cette prise en charge des femmes marocaines doit être replacée dans un contexte de concurrence important entre le pilier chrétien et le pilier socialiste. En effet, aussi bien VF que les FPS, tentent, par l’entremise des consultations de nourrissons, d’inscrire les femmes immigrées et par extension leurs maris, au sein de leur réseau. Ces consultations de nourrissons doivent donc, à l’instar des mutualités, des hôpitaux ou encore des écoles, être perçues comme des extensions de la rivalité qui oppose le pilier socialiste au pilier chrétien sur la question de l’immigration. Pourtant, pendant la période étudiée, Vie Féminine sera la seule structure belge à offrir un réel encadrement aux femmes marocaines. Les autres mouvements féministes – dit de deuxième vague ou néoféministes96 – et ceux qui s’organisent au sein du pilier socialiste considèreront, à leurs débuts, la question des migrations féminines de manière secondaire. Bien que les FPS organisent aussi des consultations des nourrissons au sein des différentes communes bruxelloises, aucune dynamique propre aux femmes migrantes ne sera mise sur pied entre 1964 et 1974. Alors que cette démarche en faveur des femmes migrantes sera perçue par VF comme une continuité logique de son engagement religieux : de fait, c’est une des missions de l’église de s’engager dans un « dialogue fraternel et constructif97 » avec les immigrées. Les sections locales sont encouragées, par les instances supérieures de VF, à repérer des immigrées qui peuvent intégrer les réunions d’ « Action Immigrée » au niveau régional et national. Par ses sections locales implantées dans chaque commune bruxelloise et surtout via les consultations de nourrissons, qui ont une importance considérable dans la stratégie du mouvement, « Action Immigrée » entre en contact avec les femmes immigrées. L’attachement des femmes immigrées et notamment des Marocaines, dernières arrivées, permet aussi de donner un second souffle aux consultations des nourrissons. Vie Féminine met ainsi en place une politique cohérente et développe des actions sur le terrain pour les femmes immigrées. Privées pour la plupart des conseils avisés de leurs mères et de leurs proches, les femmes marocaines qui accouchent pour la première fois se voient tout de suite encadrées et accompagnées dans leur nouvelle mission d’éducation grâce aux services des consultations. Même pour les femmes déjà mère avant l’immigration, les soins prodigués par les consultations de nourrissons et leur personnel sont totalement nouveaux. Enfin, la consultation des nourrissons sera, pour les immigrées marocaines, l’une des seules opportunités d’interaction avec leur société d’accueil.

Notes

1 L. Bruyère et al., Piliers, dépilarisation et clivage philosophique en Belgique, Bruxelles, CRISP, 2019.

2 Le MOC crée en 1965 une Commission Nationale des Immigrés. Voir E. Gerard, P. Wynants, Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, vol. 1, Leuven, Presses Universitaires de Louvain, 1994, p. 43.

3 La CSC crée en 1947 le Service des Travailleurs Migrants (STM). Voir A. Bastenier, P. Targosz, Les organisations syndicales et l’immigration en Europe, Louvain-la-Neuve, Academia-Erasme, 1991.

4 Caritas Catholica est une structure présente dans de nombreuses communes bruxelloises, notamment à Molenbeek-Saint-Jean, où elle organise des permanences en faveur des immigrés et leurs familles. Voir Vie Féminine, archives d’Action Immigrée. Boite 125, rapport de stage de Rosa Maria Gomez (Institut supérieur de formation sociale), effectuée à l’école Sainte-Ursule (chaussée de Merchtem, Molenbeek-Saint-Jean), janvier 1971, p. 31.

5 Brabantia est un centre de service social-chrétien qui voit le jour en 1974. Il regroupe de nombreuses paroisses bruxelloises ainsi que divers associations et travailleurs sociaux.

6 Après la Seconde Guerre mondiale, la Belgique signe une série d’accords bilatéraux pour faire venir une main-d’œuvre immigrée. Ainsi, dès 1946, le gouvernement signe un accord avec l’Italie. Puis en 1956, un accord avec l’Espagne et en 1957, un autre avec la Grèce. Enfin, en 1964, deux accords sont signés : l’un avec le Maroc et l’autre avec la Turquie. Voir M. Martiniello, A. Réa, Une brève histoire de l’immigration en Belgique, Fédération Wallonie-Bruxelles, 2012, p. 13-14.

7 C. Jacques, Le féminisme en Belgique de la fin du 19e siècle à 1970, dans Courrier hebdomadaire du CRISP, n2012-2013, 2009, p. 25-26.

8 Victoire Cappe (1886-1927) est issue d’une famille bourgeoise et libérale de Belgique. Elle est à l’origine de la naissance des LOFC, mais aussi du « Syndicat de l’aiguille » ainsi que l’Institut Supérieur de Formation Sociale qui deviendra l’Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication.

9 [S.N.], A l’écoute des immigrés, dans Vie Féminine, no 1, janvier 1967, p. 14.

10 [S.N.], A l’écoute des immigrés, dans Vie Féminine, no 1, janvier 1967, p. 18.

11 Vie Féminine, archives d’Action Immigrée. Boite 126, compte rendu de la rencontre de travail à Bruxelles, 16 janvier 1969.

12 En 1971, des Italiennes et des Espagnoles accueillent des Marocaines dans les gares de Charleroi : Cf. [S.N], Des femmes immigrées accueillent les immigrées, dans Vie Féminine, no 1, janvier 1971, p. 5.

13 [S.N.], Femmes Immigrées : Action « logement » à Bois-du-duc, dans Vie Féminine, no 11, novembre 1973, p. 16.

14 [S.N], Mujeres Immigradas, dans Vie Féminine, no 9, septembre 1973, p. 59 ; [S.N], Femmes Immigrées : Il est temps de réfléchir, dans Vie Féminine, no 3, mars 1974, p. 16 ; [S.N], Femmes Immigrées : le statut des immigrés, dans Vie Féminine, no 4, avril 1974, p. 18 ; [S.N], Femmes Immigrées : Le retour au pays pour les vacances, dans Vie Féminine, no 6, juin 1974, p. 39.

15 [S.N], Donne Immigrate : Giornata nazionale delle Donne Immigrate, dans Vie Féminine, no 10, octobre 1973, p. 16 ; [S.N], Donne Immigrate : Como ho riscoperto la mia situazione di donna immigrata, dans Vie Féminine, no 2, février 1974, p.15 ; [S.N], Donna Immigrante : Una esperienza di quartiere vissuta da Italiane in una citta industriale, dans Vie Féminine, no 10, octobre 1974, p. 16.

16 [S.N], Femmes Immigrées : Action « logement » à Bois-du-duc, dans Vie Féminine, no 11, novembre 1973, p. 16 ; [S.N], Femmes Immigrées : à Braine-le Compte à Bois-du-Luc expositions artisanales, dans Vie Féminine, no 8, août 1974, p. 14-15.

17 [S.N], Femmes Immigrées : les Portugaises en Belgique, dans Vie Féminine, n12, décembre 1973, p. 44 ; [S.N], Femmes Immigrées : Portugal : Rien n’est fait tout est possible, dans Vie Féminine, n11, novembre 1974, p. 17.

18 [S.N], Femmes immigrées : consultation de nourrissons et familles turques, dans Vie Féminine, n1, janvier 1974, p. 14.

19 Vie Féminine, archives d’Action Immigrée. Boite 125, rapport de stage de Rosa Maria Gomez (Institut supérieur de formation sociale), effectuée à l’école Sainte-Ursule (chaussée de Merchtem, Molenbeek-Saint-Jean), janvier 1971, p. 2.

20 Vie Féminine, archives d’Action Immigrée. Boite 125, rapport d’activités d’Action Immigrée dans la région de Bruxelles-capitale, 1973-1974.

21 Vie Féminine, archives d’Action Immigrée, boite 126, correspondance Rosa Maria Gomez à Janine de Ruyck, 14 juin 1974.

22 Vie Féminine, archives d’Action Immigrée. Boite 125, rapport d’activités d’Action Immigrée dans la région de Bruxelles-Capitale, 1973-1974, p. 4.

23 Le Centre d’Initiation pour Réfugiés Politiques (CIRE) est une asbl créée en 1954 afin de faciliter l’intégration des immigrés en développant des cours de français « spécialisés » pour les immigrés. Le CIRE – Historique, en ligne <http://www.cire.be/le-cire/histoire-du-cire>, consulté le 2 juin 2022.

24 D’après le rapport, ce sont de « jeunes étudiants » qui assurent les cours de remédiation à l’église Saint-Jean-Baptiste. Étant donné qu’une des actions de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) est justement l’organisation de cours de remédiation pour les jeunes immigrés, il est fort probable que les jeunes étudiants en question soient rattachés au mouvement de la JOC.

25 Vie Féminine, archives d’Action Immigrée. Boite 125, rapport d’activités d’Action Immigrée dans la Région de Bruxelles-capitale, 1973-1974, p. 4

26 A. Morelli., La femme immigrée et la grande ville. L’exemple de Bruxelles aujourd’hui, dans La ville et les femmes en Belgique. Histoire et sociologie, éd. E. Gubin., J.-P. Nandrin, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis, 1993, p. 135-136.

27 [S.N], Étrangers, mes frères, dans Vie Féminine, no 12, décembre 1964, p. 14-15.

28 [S.N], Une réalisation de nos services maternels et infantiles à Bruxelles : le « contrôle bébé » de la rue Van DIJCK, dans Vie Féminine, no 3, mars 1971, p. 17.

29 Vie Féminine, archives des consultations nourrissons. Boite 205, correspondance entre Mme Van den Driessche et Mme A. Gillis, 27 juin 1966.

30 [S.N], Une réalisation de nos services maternels et infantiles à Bruxelles : le « contrôle bébé » de la rue Van DIJCK, dans Vie Féminine, no 3, mars 1971, p. 17.

31 Pour la consultation de la rue de Geneffe, nous n’avons pas retrouvé les bilans de 1964 et de 1965.

32 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 305, correspondance entre Mme Van den Driessche et A. Gillis. 27 juin 1966.

33 Sous le matricule 239/2.

34 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation de nourrissons Molenbeek-Saint-Jean par Mme Delchevalrie, 17 mai 1972.

35 Ibid.

36 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation de nourrissons Molenbeek-Saint-Jean par Mme Delchevalrie, 17 mai 1972.

37 Vie Féminine, archives de la consultation des nourrissons. Boite 305, documents manuscrits de A. Gillis, s.d ; Vie Féminine, archives de la consultation des nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation de nourrissons de Molenbeek-Saint-Jean, 17 juillet 1974.

38 Vie Féminine, archives de la consultation des nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation de nourrissons de Molenbeek-Saint-Jean, 17 juillet 1974.

39 [S.N], Le courrier des lectrices, dans Vie Féminine, no 1, janvier 1967, p. 6.

40 Vie Féminine, archives de consultations des nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation de nourrissons Molenbeek-Saint-Jean par Mme Delchevalrie, 17 mai 1972.

41 Vie Féminine, archives de consultations des nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation de nourrissons Molenbeek-Saint-Jean par Mme Delchevalrie, 17 mai 1972.

42 Ibid.

43 Vie Féminine, archives de consultations des nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation de nourrissons Molenbeek-Saint-Jean par Mme Delchevalrie, 17 mai 1972.

44 Vie Féminine, archives de la consultation des nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation des nourrissons de Molenbeek-Saint-Jean par Mme Delchevalrie, 17 mai 1972 ; Vie Féminine, archives de la consultation des nourrissons. Boite 305, correspondance entre Mme Van den Driessche et A. Gillis. 27 juin 1966.

45 Vie Féminine, archives de la consultation des nourrissons. Boite 305, compte rendu de la visite de la consultation des nourrissons de Molenbeek-Saint-Jean par Mme Delchevalrie, 17 mai 1972.

46 Ibid.

47 Ibid.

48 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 305, visite de la consultation des nourrissons, 15 juillet 1975.

49 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 305, correspondance entre Mme Van den Driessche et A. Gillis, 27 juin 1966.

50 Avec le matricule 239/8.

51 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme de Preter et Mme de Richebé, 24 avril 1965, boite 306 ; Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, procès-verbal de la réunion trimestrielle de la C. N. Reine Fabiola à Molenbeek-Saint-Remy, 22 février 1965.

52 [S.N], L’entrée de l’Afrique et du Proche-Orient aux consultations, dans Vie Féminine, n5, 1968, p. 15

53 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme de Preter et Mme de Richebé, 24 avril 1965 ; Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, procès-verbal de la réunion trimestrielle de la C. N. Reine Fabiola à Molenbeek-Saint-Remy, 22 février 1965.

54 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, visite de la consultation de nourrissons Molenbeek-Saint-Rémy, 7 août 1974.

55 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme Delchevalrie et Mme de Richebé, 2 juin 1972.

56 Vie Féminine, archives des consultations nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme Delchevalrie et Mme de Richebé, le 2 juin 1972.

57 Ibid.

58 La consultation de Laeken était située à Rue de Stéphanie.

59 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, rapport de stages et passages en C. N. pour les SMI de Mme Van den Driessche, stage à la C. N. de la Rue de Stéphanie à Laeken, février 1966.

60 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme de Preter, le 5 juillet 1966.

61 Ibid.

62 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, procès-verbal de la réunion du comité de consultation nourrissons Molenbeek-Saint-Jean, le 16 janvier 1973.

63 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, visite de la consultation de nourrissons Molenbeek-Saint-Remy, le 7 août 1974.

64 Vie Féminine, archives d’Action Immigrée. Boite 126, document officiel des SMI, mars 1971.

65 H. Oulad Ben Taib, Trajectoires et dynamiques migratoires des pionnières de l’immigration marocaine, dans Dynamiques. Histoire sociale en revue, CARHOP, no 3, septembre 2017, p. 3.

66 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme Dechalverie, le 26 juin 1973.

67 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, rapport de stages et passages en C. N. pour les SMI de Mme Van den Driessche, stage à la C. N. de la Rue Stéphanie à Laeken, février 1966.

68 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, rapport de stages et passages en C. N. pour les SMI de Mme Van den Driessche, stage à la C. N. de la Rue Stéphanie à Laeken, février 1966 ; Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, rapport de stages et passages en C. N. pour les SMI de Mme Van den Driessche, stage à la C. N. l’Angélus de Woluwé Saint Lambert, février 1966.

69 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, rapport de stages et passages en C. N. pour les SMI de Mme Van den Driessche, stage à la C. N. de la Rue Stéphanie à Laeken, février 1966.

70 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme de Preter et M.Peeyerick-Nevejan, directeur général de l’ONE, le 1er juin 1964 ; Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme de Preter, le 29 novembre 1964 ; Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme de Preter, le 24 novembre 1966 ; Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme Van den Driessche, le 22 juillet 1967 ; Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme de Preter, le 14 juin 1967 ; Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme Van den Driessche, le 10 décembre 1968 ; Boite 306, correspondance de la consultation de nourrissons & consultation prénatale Reine Fabiola, le 17 juillet 1972 ; Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme de Preter le 29 juin 1972 ; Boite 306, correspondance entre Mme de Richebè et Mme de Preter, le 12 janvier 1973.

71 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance de la consultation de nourrissons & consultation prénatale Reine Fabiola entre Mme de Richebé et Mme de Preter, le 5 juillet 1966.

72 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, compte rendu de la fête des mères & réunion de comité à Molenbeek-Saint-Rémy, le 8 mai 1968.

73 Ibid.

74 Ibid.

75 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, rapport de stages et passages en C. N. pour les SMI de Mme Van den Driessche : stage à la Reine Fabiola de Molenbeek-Saint-Remy, février 1966.

76 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, compte-rendu de la visite du vicaire de Sainte-Barbe, 1966.

77 Aucune information concernant l’organisation des C. N. des FPS entre 1964 et 1974 n’a pu être retrouvée. Les FPS organisent aujourd’hui trois consultations de nourrissons dans la commune de Molenbeek-Saint-Jean, dont celle de la rue Delaunoy, 163. Commune de Molenbeek-Saint-Jean, en ligne < http://www.molenbeek.irisnet.be/fr/la-vie-a-molenbeek/social/sante>, consulté le 2 février 2022.

78 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, compte-rendu de la visite du vicaire de Sainte-Barbe, 1966.

79 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, carton d’invitation de la part des dames de la C. N. à la présidente Mme de Richebé en décembre 1964.

80 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme de Preter, le 28 mars 1965.

81 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme Delchevalrie et Mme de Richebé, le 2 juin 1972.

82 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme Delchevalrie et Mme de Richebé, le 2 juin 1972.

83 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, compte rendu de la remise de décorations à la consultation nourrissons de Molenbeek-Saint-Remy, le 30 octobre 1967.

84 Ibid.

85 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre Mme de Richebé et Mme de Preter, le 1er décembre 1967.

86 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, visite de la consultation des nourrissons Molenbeek-Saint-Remy, le 7 août 1974.

87 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre M. Louis-Bar et Mme de Preter, le 6 janvier1964.

88 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, correspondance entre M. Louis-Bar et Mme de Preter, le 6 janvier1964.

89 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 306, procès-verbal de la réunion du comité Reine Fabiola, le 13 mars 1964.

90 Ibid.

91 Ibid.

92 Vie Féminine, archives des consultations de nourrissons. Boite 30, procès-verbal de la réunion du comité Reine Fabiola, le 16 janvier 1973.

93 A. Morelli, La femme immigrée et la grande ville, op. cit., p. 134.

94 Les économats permettent aux mères de faire des achats à des prix minimes, notamment des vêtements en bon état.

95 [S.N], Une réalisation de nos services maternels et infantiles à Bruxelles : le « contrôle bébé » de la rue Van DIJCK, dans Vie Féminine, no 3, mars 1971, p. 15.

96 Les féministes dites de la deuxième vague donneront naissance à plusieurs mouvements hétéroclites, elles sont désignées généralement sous le vocable de « néoféministes ».

97 [S.N], Nos frères les étrangers, dans Vie Féminine, n1, janvier 1965, p. 9.

Pour citer cet article

Hajar Oulad Ben Taïb, «La prise en charge des femmes immigrées marocaines par Vie Féminine via les consultations de nourrissons à Molenbeek-Saint-Jean de 1964 à 1974», C@hiers du CRHiDI. Histoire, droit, institutions, société [En ligne], Vol. 46 - 2023, URL : https://popups.uliege.be/1370-2262/index.php?id=1694.

A propos de : Hajar Oulad Ben Taïb

Diplômée et agrégée en Histoire contemporaine à l’Université Libre de Bruxelles (2013) ainsi qu’en Socio-anthropologie à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve (2017), Hajar Oulad Ben Taib est actuellement assistante chargée d’enseignement à l’Université Saint-Louis - Bruxelles au sein des Facultés de Droit et de Philosophie, Lettres et sciences humaines. Sa thèse de doctorat, en cours, porte sur la prise en charge des femmes immigrées marocaines par les structures chrétiennes de 1964 à 1984.