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Two agro-piscicultural systems have been built in the tropical marshlands of Rwanda and Tabasco (Mexico). Manual transformation is used in Rwanda at 1400 m altitude where the slopes are 0.3 to 3 %, whilst mechanical work with a floating dredger is made around the lake (no slope) in the Tabasco's plains. The physico-chemical conditions are different : acid marshlands with very low conductivity (50 µ S/cm) and a marked dry season in Rwanda, alkalin marshlands with high conductivity (500-600 µ S/cm) and a lower rainy season in Tabasco. But in both situations water and soils are very poor in nitrogen (< 0.1 mg/l) which probably limits the primary production.
In Rwanda, agricultural production is semi-intensive with three yields per year. Two complementary fish species Tilapia (Oreochromis) nilotica and T. rendalli are fed with the by-products of agriculture and are harvested once a year. In Mexico, the farmers, not so motivated, have only two yields per year and fish culture is not yet going on, excepted in three canals recently closed.
Complementary experiments in laboratory show that the aquatic fern, Azolla, could improve the production of the system by increazing nitrogen impact. But the choice of the fern species is very important as A. pinnata (African one) is neglected by T. nilotica when A. caroliniana (Mexican one) is very well consummated. On the other hand, an herbivorous fish wilI utilize better this fern as far as other sources of feed are available what must be the case in the agro-piscicultural systems.
Les marais tropicaux qui ne représentent généralement que quelques pour cent de la surface des bassins versants constituent cependant de vastes zones peu ou mal exploitées par l’homme. Sous la pression démographique, la tendance générale est trop souvent de drainer et d'assécher ces zones qui perdent alors leurs caractéristiques intrinsèques et leur haute productivité potentielle. Une technique alternative pourrait être de maintenir et de contrôler l'eau des marais aménagés en hortillonnages avec production agro-piscicole assurant ainsi un développement et une utilisation durables de l’écosystème naturel.
Deux expériences pilotes à objectif agro-piscicole sont comparées dans un marais tropical d'altitude au Rwanda et dans un marais de plaine du Tabasco (Mexique). Les aménagements manuels effectués au Rwanda occupent des sols à pente de 0,3 à 3 % alors qu'au Mexique les aménagements mécaniques (drague flottante) s'effectuent en bordure des lacs (pente nulle). Actuellement, quelques dizaines d'ares sont aménagés au Rwanda (billons de quelques ares alternant avec des étangs de quelques ares) et plus de 100 ha au Mexique (billons de 0,4 ha alternant avec des canaux de même surface). Les conditions physico-chimiques du milieu sont différentes: marais acides (pH 4 à 5,5), pauvres en sels dissous (conductivité 50 µ S/cm), avec une saison sèche nette et marais alcalins (pH 7 à 8), riches en sels dissous (conductivité 500-600 µ S/cm), avec une saison moins pluvieuse. Toutefois, les eaux et les sols de ces deux marais présentent des concentrations extrêmement faibles en azote nitrique (< 0,1 mg/l) ce qui limite probablement la production primaire.
Les productions agricoles sont bien maîtrisées au Rwanda où les paysans pratiquent sur billons les mêmes cultures que sur les collines : haricots, maïs, soja, etc... avec trois récoltes par an. Les étangs sont empoissonnés avec deux espèces de Tilapia complémentaires, T. (O.) macrochir, planctonophage, et T. rendalli, herbivore. Une récolte de poissons par an nécessite peu de travail, par comparaison à l'agriculture, mais les ressources piscicoles représentent 50 à 60 % des revenus totaux du système.
Au Mexique, les paysans Chontales, nettement moins motivés, effectuent deux récoltes par an en maïs, haricots, etc.. La production piscicole, vu l'aménagement inadéquat, n’a pas encore commencé mais des essais sont en cours dans trois canaux qui ont été récemment fermés.
L'examen en laboratoire de la valeur nutritive pour les poissons de la fougère aquatique flottante Azolla montre que ceux-ci consomment préférentiellement certaines espèces (A. microphylla et A. caroliniana, espèce mexicaine) mais négligent A. pinnata (espèce africaine). La comparaison de la croissance des différents poissons nourris avec A. microphylla indique que seules les espèces herbivores peuvent valablement tirer parti de cet aliment à condition que les quantités d'Azolla disponibles soient uffisantes et combinées avec d’autres sources d'aliments. Ceci pourrait être le cas dans les élevages semi-intensifs des systèmes agro-piscicoles.
Manuscrit reçu le 16 mars 1987. Communication présentée au Colloque Aquaculture et Développement organisé sous l’égide de la Fondation Roi Baudouin à l’Institut de Zoologie de Liège (18 novembre 1986) à l’occasion des manifestations marquant la remise du Prix International Roi Baudouin pour le Développement à la Fondation Internationale pour la Science (FIS, Stockholm).
Jean-Claude Micha, « Essais de valorisation des marais tropicaux en écosystèmes agro-piscicoles », Cahiers d'éthologie, 7 (1) | 1987, 57-84.
Jean-Claude Micha, « Essais de valorisation des marais tropicaux en écosystèmes agro-piscicoles », Cahiers d'éthologie [En ligne], 7 (1) | 1987, mis en ligne le 21 décembre 2023, consulté le 22 novembre 2024. URL : http://popups.uliege.be/2984-0317/index.php?id=139
Professeur aux Facultés N.-D. De la Paix (FNDP) ; Directeur de l’Unité d’Écologie des Eaux douces (UNECED) ; Rue de Bruxelles, 61, B-5000 Namur, Belgique