Are umbrella and target species useful instruments in nature conservation? Experiences from a Black Grouse habitat in the Rhön biosphere reserve

Les espèces sentinelles exigent des standards de qualité complexes dans leur domaine vital et ont des liens étroits avec certains types de milieux et composantes de leur habitat. Dès lors, elles fréquentent avec une plus grande constance les milieux qui leur sont les mieux ajustés, et évitent les autres. Elles réagissent d'une manière très sensible, par des variations de la densité de leurs populations, aux changements de leur habitat, que ceux-ci soient naturels ou le résultat de mesures de gestion.

Une espèce sentinelle des milieux ouverts, par exemple la Bécassine des marais, réagit par une baisse de densité de sa population, jusqu'à un abandon de son habitat, lorsque les taillis l'envahissent et le ferment, à l'inverse, une espèce comme la Pie-grièche écorcheur, indicatrice des milieux semi-ouverts, réagit positivement à l'apparition de buissons pour autant que le niveau préféré de recouvrement ne soit pas dépassé.

Le Tétras lyre habite des milieux ouverts et des milieux semi-ouverts, qui s'entremêlent pour constituer son habitat préféré. Les sites envahis par les taillis sont désertés, comme le sont les grands espaces sans quelque boisement. Cela fait de lui l'espèce étendard de l'ensemble du paysage de la Haute Rhön. En raison de leurs exigences particulières, notamment quant à l'espace, certaines espèces sont donc représentatives de l'ensemble du site (Tétras lyre), de complexes paysagers particuliers (Bécassine des marais et Pie-grièche écorcheur), ou d'un habitat particulier (Râle des genêts) (Altmoos 1997). Il en résulte qu'un collectif d'espèces sentinelles représentatives fournissent de bons indicateurs de la qualité de l'ensemble du paysage et de ses habitats, tels que le paysage cultural ouvert de la Haute Rhön, le "Pays des lointains dégagés".

Le besoin d'espace du Tétras lyre combiné avec sa demande d'un mélange de milieux ouverts et semi-ouverts le désigne comme l'espèce cible sur qui centrer les étapes de la gestion du paysage et de ses habitats. Les variations de ses populations indiquent où se sont produits les changements de l'habitat à corriger. Les variations de densité qui s'ensuivent permettent de juger de la pertinence des interventions et, si besoin, d'y adapter les mesures de gestion.

Depuis le début des années 80, une gestion extensive du paysage (fauchages, enlèvement des broussailles et épicéas) est appliquée dans la Réserve Naturelle "Lange Rhön", une zone protégée de 2.666 ha au centre de la Réserve de la Biosphère de la Rhön et qui abrite une population de 35-40 Tétras lyres. Cette politique est combinée au suivi des variations des effectifs de plusieurs espèces indicatrices, et ses résultats permettent d'ajuster les prochaines étapes des interventions. Depuis les cinq dernières années, la gestion s'est intensifiée sur base de l'expérience acquise, sous forme d'un Projet de Surveillance du Tétras lyre, visant à la protection et au développement de ses populations et des espèces associées, meilleurs garants de la préservation du paysage typique de la Rhön.