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Editorial

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La conférence ModACT 2024, organisée conjointement par le LUCID (Lab for User Cognition & Innovative Design) de l’Université de Liège et le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), a réuni chercheurs, praticiens et doctorants autour d’un objectif commun : interroger les modèles, les méthodes et les outils d’analyse de l’activité humaine. Héritière des dynamiques initiées par le projet COMMON et des travaux sur la Collaboration Médiatisée Multimodale Naturelle menés par le LUCID, ModACT s’inscrit dans une volonté de fédérer différentes disciplines (ergonomie, psychologie du travail, sciences cognitives, design, ingénierie, architecture…) autour de la modélisation et de la visualisation de l’activité.

Après une première édition organisée en 2023 au sein de la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris, ModACT 2024 a confirmé la pertinence et l’actualité de ce champ de recherche. Les conférences invitées, consacrées à l’impact des technologies émergentes (Marc-Eric Bobillier Chaumon – CNAM Paris), aux méthodes d’analyse en réalité augmentée (Jean-François Boujut – Grenoble INP) ou encore à l’immersion dans les tâches de conception (Gaëlle Baudoux – Berbeley University), ont ouvert de larges perspectives sur la manière dont les outils contemporains transforment les activités humaines. Ces interventions ont été prolongées par des communications variées : analyses de l’activité collaborative dans le design ou l’architecture, étude des interactions humain–agent conversationnel textuel en ingénierie système, observation des pratiques pédagogiques, ou encore mise en évidence des logiques de projet et des dynamiques réflexives collectives.

Les articles réunis dans ce volume reflètent la richesse et la diversité des approches mobilisées autour de l’analyse de l’activité. Un premier ensemble de contributions s’intéresse à la manière de saisir l’expérience dans sa dimension spatio-temporelle. Allani et Leclercq proposent ainsi une méthode originale de modélisation de l’expérience de visite augmentée, combinant observations, captations vidéo et suivi GPS pour caractériser les interactions entre visiteurs, espace et technologies. Dans la même perspective, Van der Linden et Van de Leemput exploitent les courbes UX afin d’analyser, de façon longitudinale et rétrospective, l’usage des montres connectées et les variations de l’expérience vécue au fil du temps.

Un deuxième axe regroupe des travaux qui explorent les situations d’apprentissage et les dynamiques pédagogiques. Tessier et Zahedi modélisent le design collaboratif en mobilisant le concept de zone proximale de développement, afin de mieux comprendre et d’accompagner l’acquisition de compétences collectives. Ben Fatma et Dellagi s’attachent à observer les dysfonctionnements pédagogiques dans l’enseignement de la structure en architecture, en dégageant les limites d’un dispositif pédagogique. La contribution de Bennour élargit cette réflexion au champ des politiques publiques, en envisageant le design comme un outil de transformation capable de favoriser la participation citoyenne et l’intelligence collective dans la gouvernance des territoires.

Un troisième ensemble de contributions interroge le rôle des outils et représentations comme supports d’analyse, de médiation et d’accompagnement. Fiori et Morle présentent un dispositif de frise chronologique qui met en relation les trajectoires biographiques et les processus techniques pour documenter les pratiques d’auto-rénovation et en améliorer l’accompagnement professionnel. Safin, Mavros et Garron montrent, à travers un atelier d’enquête en design, comment les étudiants mobilisent des dispositifs de représentation originaux pour explorer des pratiques sociales et enrichir leurs démarches de recherche-création. Similowski, Mege Piney et Arnaud analysent les revues de projet en cabinet conseil comme espace de réflexivité collective, en développant une méthode d’observation et de codage des interactions qui met en évidence la richesse mais aussi les tensions de ces pratiques.

Enfin, un dernier groupe de contributions met en avant les enjeux organisationnels et conceptuels de la conception. Perreau, Pinquié et Masclet proposent une méthodologie pour analyser les interactions entre humains et agents conversationnels textuels dans le contexte de l’ingénierie système. De leur côté, Forgues et Remila mobilisent la théorie de l’activité pour recadrer la définition de projet dans une institution universitaire, en plaçant la création de valeur et la participation des acteurs au cœur de la démarche.

À travers ces contributions, se dessine un panorama de la recherche actuelle sur l’analyse et la modélisation de l’activité humaine : ses dimensions individuelles et collectives, ses temporalités multiples, ses médiations techniques et symboliques, et ses enjeux de transformation.

Nous espérons que ce volume 02 de la revue ModACT constituera une ressource précieuse pour les chercheurs, enseignants et praticiens désireux de mieux comprendre et d’accompagner l’activité humaine dans sa complexité. Elle se veut également une invitation à prolonger le débat, à développer des démarches collaboratives et à consolider une communauté interdisciplinaire attentive aux pratiques, aux usages et aux innovations.

Bonne lecture à tous,

Guillaume Gronier

Co-éditeur de la revue ModACT

References

Electronic reference

« Editorial », ModACT [Online], 2 | 2024, Online since 16 September 2025, connection on 02 October 2025. URL : http://popups.uliege.be/3041-4687/index.php?id=498