Violences sexuelles dans l’Est de la République démocratique du Congo : Evolution du profil des agresseurs et de leurs victimes entre 2008 et 2018
Résumé
En République Démocratique du Congo, la violence sexuelle est souvent décrite comme « arme de guerre » dans le long conflit qui perdure au Kivu. C’est devenu une tactique de guerre en détruisant non seulement les victimes mais aussi des communautés entières. Cette violence sexuelle en zone de conflit s’est accrue en raison de l’instabilité politique, du déplacement des populations, des affrontements armés sporadiques et d’une structure étatique faible. Le nombre de violences est souvent inexact et sous-estimé en raison du tabou associé au viol. Pour mieux contenir ce fléau, il est nécessaire de documenter l’ensemble du phénomène. Nous avons donc fait une étude exploratoire sur les 10 dernières années au Sud Kivu dans l’est du Congo. Nos résultats montrent que le nombre total de violences sexuelles a diminué après 2008 pour remonter après 2016. Les violences menées par des forces armées Congolaises (FARDC) et des civils inconnus par les victimes ont augmenté depuis 2011 (atteignant 80% après 2014), au même moment où les violences par les rebelles Rwandais ont commencé à diminuer (effet miroir). La proportion de viols a doublé chez les petites filles (3-7%) et triplé chez les adolescentes (20-60%) en 10 ans, principalement par FARDC et des étrangers civils. Nos résultats montrent qu’après la mise en place des tribunaux itinérants et les réponses légales dans les zones de santé, la distribution des agressions a diminué rapidement dans la plupart des territoires.