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Fondements de la persistance des mutilations génitales féminines au Bénin
Résumé
La pratique des mutilations génitales est un phénomène relevant de l’héritage culturel des peuples de la zone septentrionale du Bénin. Elle se faisait dans plusieurs localités du Bénin avec une forte prédominance dans certaines régions du Nord. La coutume et la tradition sont les principaux facteurs justificatifs de la persistance de ce phénomène qui n’est pas sans conséquence sur la santé des survivantes.
Face à cette situation, plusieurs actions ont été menées pour éradiquer la pratique des MGF au Bénin. Sur le plan législatif la loi n° 2003-03 du 03 mars 2003 portant répression des mutilations génitales féminines en République du Bénin a été prise et divulgué suffisamment pour sensibiliser les auteurs et leurs complices. Les Organisations de la société civile avec l’appui des PTF et du gouvernement du Bénin, ont mis en place des mesures en vue de réprimer les contrevenants à cette loi ; des plaidoyers faits à l’endroit des autorités traditionnelles en vue de leur renonciation à la pratique, des mesures incitatives ont été faites à l’endroit des exciseuses et exciseurs afin qu’ils (et elles) « déposent les couteaux ».
Suite à ces actions, les acteurs impliqués dans l’excision ont estimé la fin de sa pratique. Malheureusement, les tentatives de ces différentes institutions ont nourrit des poches de résistance ayant conduit à l’érection de nouvelles stratégies de contournement des dispositions légales et des dispositifs communautaires mises en place.
La question principale que se pose cette recherche est d’appréhender les logiques qui sous-tendent la persistance des mutilations génitales féminines dans dix communes cibles du Borgou, de l’Alibori et de l’Atacora.
L’objetcif étant de proposer des leviers d’inversion qui permettront de suggérer des changements de comportement, voire l’éradication de la pratique de l’excision.
Compte tenu de la sensibilité du phénomène des MGF, nous avons utilisé la technique dite de boule de neige. Grâce aux premiers acteurs ayant une bonne connaissance du phénomène étudié, rencontrés sur le terrain, nous avions pu identifier de nouvelles cibles d’enquête, susceptibles de nous informer ou de nous fournir des données fiables sur la thématique de l’étude. Nous avons utilisé l’entretien semi structuré à l’endroit des élus locaux et notables, responsables des services compétents de la Mairie, responsables des services déconcentrés de l’Etat, représentants d’ONG, équipe de projet), les entretiens ont été réalisés à l’aide de guides d’entretien conçus à cet effet ; les entretiens libres ont été réalisés avec les survivantes et avec les parents de survivantes rencontrés, ainsi qu’avec les exciseuses qui ont été rencontrées sur le terrain, compte tenu de la sensibilité de la thématique. L’observation : nous avons réalisé des observations non participantes dans la communauté afin de nous imprégner de la signification des divers accoutrements qui semblent suspects, de certains rituels. Ceci a permis d’observer les outils de la pratiques des mutilations génitales féminines et de les photographier ; les études de cas approfondies ont été réalisées avec des survivantes de l’excision et avec des exciseurs et exciseuses pour appréhender leurs vécus et stratégies de contournement des dispositifs de répression, les récits de vie ont également réalisés avec les mêmes catégories d’acteurs.
L’étude a fait observer que les pesanteurs qui maintiennent la pratique des MFGF sont d’ordre culturelles, ‘est pourquoi, elle recommande aux autorités en charge des affaires sociales d’agir sur les institutions sociales traditionnelles : les chefs religieux, les chefs traditionnels et prêtres des cultes dont « les divinités réclament l’excision », les femmes leaders traditionnelles qui portent encore les croyances selon lesquelles les MGF diminuent le désir sexuel des femmes, et donc contribuent à préserver la virginité prénuptiale et assurent la fidélité de la femme au sein du foyer.