Chaire Sporck 2014-2015 : Antonio DA CUNHA
Professeur
1Créée en 1998, la Chaire Sporck permet pour la quinzième fois d’accueillir un éminent collègue étranger pendant huit jours en lui demandant de donner quinze heures de cours à nos étudiants. En effet, après P. Claval (1998), R. Brunet (1999), F. Durand-Dastès (2000), C. Grataloup (2001), D. Retaillé (2002), J.R. Pitte (2003), A. Bailly (2004), G. Baudelle (2005), T. Barata Salgueiro (2006), J.-B. Racine (2007), L. Carroué (2008), D. Pumain (2009), R. Shearmur (2010) M.-F. Durand (2011) et L. Sanders (2013) (pas de chaire en 2012 suite au Colloque SAGEO), l’Université de Liège et le Département de Géographie ont le plaisir de recevoir cette semaine Antonio da Cunha, Professeur ordinaire à l’Université de Lausanne, Institut de Géographie et durabilité, Faculté des Géosciences et de l’Environnement.
2Si nous avons la chance de l’accueillir aujourd’hui, nous le devons à toute une série de circonstances bien particulières témoignant sans aucun doute de ses traits de caractères majeurs :
3son sens civique d’abord qui l’a conduit jeune étudiant en 2e année de médecine à l’Université de Coïmbra à distribuer des tracts en faveur de condisciples angolais et d’être pour cela jeter cinq mois en prison de haute sécurité, puis expulser de son Université, le sens de la famille ensuite qui l’a amené à rejoindre un des ses frères installé en Suisse (il est issu d’une famille de 10 enfants) ;
4sa volonté de progresser sans cesse dans ses apprentissages, refusant en Suisse de recommencer à zéro ses études de médecine et s’orientant alors sur les conseils de son frère vers une branche qui devait lui permettre de comprendre le monde dans lequel il vivait : l’économie politique ;
5sa capacité à détecter des voies nouvelles de recherche à la fois pertinentes et ayant une forte utilité sociale en devenant un élève, puis un collaborateur proche et aujourd’hui un ami d’un grand géographe suisse, Jean-Bernard Racine qui fut aussi un titulaire de cette même Chaire Sporck. Tout ce long chemin explique de la sorte pourquoi Antonio da Cunha n’est pas devenu médecin des hommes comme son père et ses frères mais bien un géographe et aussi en quelque sorte un médecin des territoires.
6Après une Licence en Sciences économiques (mention économie politique) en 1977, il obtient un 3e cycle en géographie en 1981, puis une formation d’un an en écologie humaine à Genève et un doctorat en géographie économique à l’Université de Lausanne en 1984, doctorat réalisé en sciences économiques sous la direction de Jean-Bernard Racine dont la thématique était « Développement territorial et centralités urbaines. Le cas de la Suisse ». Il poursuit ses recherches à l’Ecole fédérale polytechnique de Lausanne puis, à partir de 1990, il va partager son temps entre une carrière d’enseignement et de recherche, à l’Université de Neuchâtel, à l’Ecole fédérale polytechnique de Lausanne, à l’Université de Genève et à l’Université de Lausanne, avec d’ailleurs plusieurs allers et retours entre ces grandes universités suisses. Dès 2002, il crée et devient devient directeur de l’Observatoire universitaire de la Ville et du Développement durable (une plateforme qui réunit des chercheurs et doctorants travaillant en géographie appliquée) qui est rattaché à l’Institut de Géographie de Lausanne et, de 2005 à 2008, est nommé directeur de l’Institut de Géographie de l’Université de Lausanne. En 2008, il crée la formation post grade MAS (Master Advanced Studies) en urbanisme durable dont il devient le directeur académique et qui offre une formation de 3e cycle à des professionnels de l’urbanisme ; cette formation est aujourd’hui organisée par les Universités de Lausanne, de Genève et de Neufchâtel.
7Toutes ces activités seront reconnues en 2013 par les milieux professionnels fédéraux qui l’ont nommé Membre de la Commission fédérale des Registres aménagistes, commission qui a notamment en charge l’agréation des urbanistes au niveau national.
8Antonio da Cunha a toujours aimé la recherche et pensait au départ y consacrer l’essentiel de son temps. Sa recherche, il la veut au service de la société ; il s’agit donc d’une recherche à la fois fondamentale et appliquée sur les systèmes urbains et leur évolution, la durabilité sociale, économique et physique des zones urbaines, l’écologie urbaine… en mettant toujours au cœur de ses travaux l’espace, cherchant de la sorte à montrer et utiliser la spécificité des savoirs et savoir-faire géographiques. Mais il enseigne aussi beaucoup à des étudiants de tous les niveaux : bachelier, maitrise 2e cycle en géographie spécialisation Etudes urbaines, orientation Urbanisme durable et projet (une formation qui cartonne à Lausanne, une quarantaine d’étudiants chaque année dans chaque année de Master), au 3e cycle MAS et dans des formations continues en Urbanisme durable. Son champ d’enseignement (systèmes territoriaux, théorie du territoire, développement urbain durable, écologie urbaine, projets urbains…) est en parfaite concordance avec ses travaux de recherche. Il consacre d’ailleurs à sa fonction d’enseignant une grande partie de son temps, aimant beaucoup accompagner ses étudiants dans leurs premiers pas de recherche : projets collectifs, mémoires et thèses. Depuis 2007, il a ainsi dirigé plus de 50 mémoires de maitrise et une vingtaine de thèses de doctorat. En matière pédagogique, il a par ailleurs beaucoup innové en mettant en place une pédagogie par projets et des ateliers internationaux du territoire avec la collaboration de l’Université de Grenoble.
9Il a à son actif plus de 150 publications : articles, chapitres de livres et livres, des travaux relevant à la fois de la géographie fondamentale et appliquée. Parmi ses ouvrages majeurs, trois livres aux Presses polytechniques et universitaires romandes :
10Qualité urbaine, justice spatiale et projet. Ménager la ville (avec Sandra Guinand), 2014 ;
11La ville et l'urbain : des savoirs émergents : Textes offerts à Jean-Bernard Racine (avec Laurent Matthey), 2007 ;
12Enjeux du développement urbain durable : Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance (avec Jean Ruegg), 2003.
13Et aussi de nombreux articles dans des revues comme Urbia et Geographica Helvetica. Il est d’ailleurs depuis 2005 directeur de la publication Urbia, Les Cahiers du développement durable. Les titres des différents numéros traduisent bien les préoccupations majeures de l’équipe du Professeur da Cunha : - écoquartiers et développement durable, - gouvernance des ressources et des services urbains, - urbanisme durable et enjeux fonciers, - villes et mobilité, - urbanisme végétal et agriurbanisme, - intensités urbaines, - tourisme, urbanité et durabilité, - centralités, urbanisme durable et projet, - agriculture urbaine, - interfaces et métropoles, - transition écologique et tournant énergétique, - temporalités urbaines …
14Il a encore à son actif l’organisation de nombreux colloques à l’Université de Lausanne en collaboration le plus souvent avec les milieux professionnels et plus récemment de l’APERAU (Association pour la Promotion de l'Enseignement et de la Recherche en Aménagement et Urbanisme), milieux professionnels dans lesquels il est très actif et, pour lesquels, il mène de nombreuses expertises.
15Mais au-delà de tous ces titres et fonctions, ce qui frappe le plus, et je pense que les étudiants l’ont très bien perçu depuis lundi matin, c’est son souci d’écoute de ses interlocuteurs, sa volonté d’apporter des réponses pertinentes et réalistes aux difficiles questions posées par l’aménagement urbain aujourd’hui, sa capacité à travailler avec les autres (autres disciplines, autres universités) et sa grande connivence avec les étudiants.
16C’est dès lors un honneur pour notre Université et le Département de Géographie d’avoir pu bénéficier de sa collaboration dans le cadre des cours 2014-2015 de première et deuxième années du Master en Sciences géographiques, orientation développement territorial et géomatique où il donne 15 heures de cours sur la thématique de la ville durable
17Au nom des autorités académiques, j’ai ainsi le plaisir de remettre à Antonio da Cinha la médaille de l’Université de Liège gravée à son nom et qui restera je l’espère le témoignage de notre reconnaissance. Je souhaiterais aussi au nom de notre département et de la Société géographique de Liège qui est l’organisateur de cette conférence lui remettre l’ouvrage jubilaire du centenaire de notre institut.