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R. M. Silva et R. Januário

Le Réseau de muséologie sociale de Rio de Janeiro1

(Hors-série n° 2)
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Résumé

Le présent article rend compte de l'expérience du Réseau de muséologie sociale de Rio de Janeiro, qui a repris ses activités en 2013 sur la base de l'effort conjoint de musées, d’écomusées, de Points de mémoire et d'autres initiatives analogues, ainsi que de militants, chercheurs et représentants d’institutions dans le domaine de la culture et des musées de l’État. Sont exposés ici les divers thèmes inscrits à l’agenda de sa première année de fonctionnement, en soulignant les perspectives liées à la structuration même de ce réseau ainsi qu’aux actions entreprises dans le but de renforcer les initiatives qui le composent.

Abstract

This report contains the experience of Rio de Janeiro’s Social Museology Network, resumed in 2013, starting from an effort of a group of museums, ecomuseums, Memory points and other similar initiatives, as well as supporters, researchers and representatives of institutions of the area of culture and state museums. It registers the agenda of its first year of activities and indicates perspectives related to the structuring of the network itself, as well as its action to optimize its component initiatives.


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2Le réseau de muséologie sociale de Rio de Janeiro est le dernier-né des expériences de « réseaux de mémoire », des réseaux impliquant des musées communautaires, des écomusées, des Points de mémoire2 et d’autres espaces culturels du même type qui sont apparus au Brésil au cours des dix dernières années. En 2008, trois réunions ayant pour objectif la création de ce réseau ont été réalisées, mais n’ont pas été menées plus avant. Par conséquent, entre 2008 et 2013, le format du réseau n'a pas été objectivement formulé, quand bien même les rencontres entre les différentes initiatives, groupes et processus sont devenues de plus en plus fréquentes.

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4La réunion de reprise des activités du Réseau s'est tenue en octobre 2013 au Musée de la République (Museu da República, IBRAM/MinC), dans le quartier du Catete au centre de Rio de Janeiro. L'appel à cette journée a été lancé par, et à l’intention des différentes personnes dont l'apport personnel, professionnel (en raison de leurs expériences singulières) et institutionnel (du fait des institutions dont elles sont les porte-paroles) sont indispensables au Réseau de muséologie sociale de Rio de Janeiro. Au long de ces réunions se sont manifestés des groupes, institutions et processus associant leur action à celle de la muséologie sociale. Des représentants d'institutions publiques et des autorités dans les domaines de la culture et de la muséologie y participent également, comme le Système des musées de l'État (SIM-RJ/SECRJ) et le Cours de muséologie de l'Université fédérale de l'État de Rio de Janeiro (UNIRIO), ainsi que des chercheurs de différents domaines.

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6Depuis cette première rencontre au Musée de la République, durant laquelle nous avons parlé des raisons de structurer un réseau3, s’est confirmée l'intention de créer les conditions d’une coopération, d’un échange de connaissances et de savoir-faire, et d’une action commune entre les participants. Dans le texte provisoire rédigé au sujet de la mission du Réseau est affirmé le désir d’une (re)construction critique de l’histoire et de la mémoire, ainsi que la sauvegarde des expressions culturelles des peuples, communautés, groupes et mouvements sociaux dans l'État de Rio de Janeiro4.

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8La mission et les objectifs discutés au sein du Réseau se déploient dans ses activités quotidiennes. Les réunions courantes, comme les rencontres circonstancielles, confèrent une existence pratique à différentes thématiques telles que les politiques publiques de la culture et des musées ; la formation collaborative ; la réalisation et la participation à des ateliers, des cours, des événements ; ou encore la promotion et l’institutionnalisation des initiatives, parmi d’autres sujets abordés. Ces rencontres, qui s’étendent sur une journée entière, entrecoupées d'agréables collations et déjeuners, ont toujours parues courtes au vu du nombre de questions à aborder. L’issue des réunions donne invariablement lieu à de nouveaux développements, chaque participant disposé à tisser de nouvelles boucles à notre filet rendant ce réseau plus étendu et plus solide. Comme le dit la tradition orale, en un dicton jouant sur la polysémie du mot rede, « Rede boa é aquela em que a gente se balança! » : un bon filet (ou hamac, ou réseau) est un filet (ou hamac, ou réseau...) dans lequel on se balance !

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10Les participants du Réseau accueillent à tour de rôle les réunions bimestrielles sur leurs sites respectifs. Ce type d’organisation, déjà adopté par d'autres collectifs, nous permet de promouvoir la mobilité de nos membres, qui s’avère fondamental pour que chacun puisse se connaître de plus près. Par ailleurs, comme nous l'avons convenu en octobre 2013, il est également essentiel que les réunions rompent avec la logique de centralisation (politique, économique et géographique), afin que notre panorama soit celui de la diversité socio-économique, culturelle et historique de l'État de Rio de Janeiro.

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12Le Réseau a d'ores et déjà concrètement facilité l'échange de connaissances et le développement d'initiatives embryonnaires. Il s'est ouvert au dialogue avec d'autres réseaux, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du domaine muséal, et a conduit à la construction de projets réunissant des acteurs de différents lieux et initiatives. Il est à noter qu'une partie importante de nos activités concerne également les politiques publiques en matière de culture. Le dialogue permanent avec le Forum des Points de culture de l'État de Rio (le réseau des Pontos de Cultura dans le territoire de cet État), qui s'est développé avec la participation du Réseau à la Teia Rural 20135, en constitue un bon exemple. La participation à cette structure active au niveau de l’État a permis à plusieurs membres du Réseau, bénéficiant du statut de délégués (avec voix et vote), de se rendre à la Teia Nacional da Diversidade, un événement qui a eu lieu en mai 2014 à Natal, dans l’État du Rio Grande do Norte. Cette participation a été fondamentale pour la création d'un groupe de travail de mémoire et de muséologie sociale dans le cadre du programme Cultura Viva, inaugurant ainsi un nouvel espace de dialogue au niveau national6.

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14Toujours dans la perspective des politiques publiques, un autre point important inscrit à l’agenda est l'avancement des projets de loi Cultura Viva, en cours de traitement dans les parlements respectifs (municipaux et des États) de nos différents partenaires. Conjointement aux représentants des Points de culture, le Réseau s’est appliqué à expliciter aux parlementaires l'importance de l’approbation de ce projet de loi, poursuivant la même voie que la loi fédérale votée le 1er juillet 2014, actuellement en attente d’une ratification présidentielle7.

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16Lors de la réunion du Réseau qui s'est tenue le 7 juin 2014 au Museu da Maré, dans la Zone nord de Rio de Janeiro, nous avons célébré l’accomplissement du calendrier semestriel, convenu lors de la réunion de décembre 2013. Progressivement, les conditions sont réunies pour que le groupe se structure. Tous les deux mois, les participants découvrent le portrait d’une nouvelle initiative. À l’agenda de l’année 2014, le Réseau de muséologie sociale entend approfondir les débats conceptuels et réaliser un mutirão, un appel au travail collectif sur la base du volontariat, pour donner corps à un musée en voie de réalisation8. Le collectif a compris que dans une logique d’action horizontale, renforcer l'autre est primordial pour se trouver soi-même renforcé.

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18Enfin, le Réseau est fondamentalement constitué du même sentiment qui anime chacun de ses membres : le désir que la mémoire, le patrimoine et les musées ne soient pas des espaces de reproduction de l'exclusion, mais bien plutôt des espaces de représentation de la diversité.

Notes

1 Traduction : Chloé de Sousa Veiga et Dominique Schoeni. La version originale en portugais de cet article est parue dans un volume des Cadernos do CEOM consacré à la muséologie sociale, publié en 2014 sous la direction de Mario Chagas et Inês Gouveia. Disponible en ligne sur : https://bell.unochapeco.edu.br/revistas/index.php/rcc/issue/view/168.

2 NdT : Le programme des Pontos de Memória (« Points de mémoire ») a été mis en place en 2009 par l'Institut brésilien des musées (Ibram, Instituto Brasileiro de Museus), en partenariat avec le Ministère de la culture et l'Organisation des États ibéro-américains (OEI). Cette initiative s'adressait aux divers groupes sociaux au Brésil qui n'ont habituellement pas la possibilité de raconter et d'exposer leur propre histoire, leur mémoire et leur patrimoine, afin que ceux-ci soient reconnus et valorisés comme une partie intégrante de la mémoire sociale brésilienne.

3 À cette occasion, le matériel fourni par le Réseau des musées communautaires du Ceará a servi d'inspiration, afin de discuter de l'importance du travail en réseau.

4 Il a été décidé lors de cette réunion que la mission serait approuvée après que le groupe ait organisé un débat plus systématique sur la mémoire, la muséologie sociale, la mise en réseau et les thématiques connexes. La perspective est que des occasions de formation collaborative comme celle-ci soient encore organisée en 2014. NdT : la mention des peuples dans la formulation de la mission fait référence à la présence de peuples indigènes dans le territoire de l'État de Rio de Janeiro.

5 Il s'agit de la rencontre et du Forum des Pontos de cultura de l'État de Rio de Janeiro, qui s'est tenue en 2013 au Ponto de Cultura Rural, également membre du réseau de muséologie sociale à travers l'Écomusée rural de Barra Alegre. Actuellement, le Réseau de muséologie sociale s’applique toujours à faire acte de présence aux réunions mensuelles du Forum des Points de culture de l’État, en partageant les informations pertinentes pour les deux réseaux, notamment en ce qui concerne les politiques culturelles (aux différents niveaux de l'administration publique) et le travail spécifique de chacun des groupes qui composent ces collectifs.

6 Ce groupe de travail récemment créé est composé de représentants de groupes, d'initiatives et de processus dans les États d'Alagoas, du District fédéral (Brasilia), de Rio de Janeiro et de Rio Grande do Norte.

7 Il s’agit du projet de Loi municipal PL 1550/2012 ; du projet de Loi au niveau de l’État PL 1472/12.

8 La proposition initiale, toujours en cours d'élaboration, consiste à développer une exposition au Musée de l’Umbanda, récemment créé à Cachoeiras de Macacu, dans l’État de Rio de Janeiro.

Pour citer cet article

R. M. Silva et R. Januário, «Le Réseau de muséologie sociale de Rio de Janeiro1», Les Cahiers de Muséologie [En ligne], Hors-série n° 2, p. 210-214 URL : https://popups.uliege.be/2406-7202/index.php?id=1290.

A propos de :  R. M. Silva et R. Januário

Les noms des deux auteurs de cet article, R. M. Silva et R. Januário, sont fictifs. Ils ont été créés en guise de signature collective pour les articles rédigés par les membres du Réseau de Muséologie sociale de Rio de Janeiro (REMUS). Ce dernier est héritier des pratiques mémorielles, patrimoniales, culturelles et muséales qui, à un moment donné, ont transgressé les normes et les standards établis. Sur la base des demandes sociales et de l’activité critique de divers mouvements sociaux, le REMUS s’est constitué en collectif à partir de 2013, et a depuis lors élargi et approfondi les manières de faire, d’être et de