Plaidoyer pour une meilleure protection de la faune ichtyologique en Wallonie

De 1971 à 1981, l 'Unité de Recherches Piscicoles de l 'Université de Liège a entrepris une étude détaillée de la répartition géographique et de l' état des populations de poissons en Wallonie. Cet article tire quelques conclusions générales de cette recherche, dans la perspective des mesures à prendre pour conserver le patrimoine ichtyologique régional. La faune ichtyologique de la région wallonne comprend 40 espèces indigènes dont le statut se caractérise comme suit : - la pollution de 1'eau et surtout la construction de barrages infranchissables sur les cours d'eau (essentiellement sur la Meuse ) ont entraîné la disparition de 8 espèces de migrateurs anadromes (la lamproie marine et la lamproie fluviatile, l'esturgeon, la grande alose et l'alose finte, la truite de mer, le corégone oxyrhinque et le saumont atlantique); deux autres espèces (l'ide mélanote et la lotte de rivière) sont virtuellement éteintes en tant que populations reproductrices. - La loche d'étang, la loche de rivière, l 'able de Heckel et la bouvière sont des espèces rares, très localisées et fortement menacées qui exigent des mesures de protection rapides et sévères (protection légale comme en Hollande, interdiction de la pêche et de toute forme de capture, constitution de réserves, protection des habitats). - Les poissons rhéophiles et lithophiles (ablette de rivière, barbeau, hotu, chevaine, vandoise, vairon, petite lamproie, chabot, ombre et truite de rivière sauvages) connaissent, pour la plupart, un fort déclin de leurs populations, principalement dans le bassin de l'Escaut très pollué et dans certaines parties du bassin de la Meuse, pourtant mieux préservé au point de vue de la qualité de 1 'eau. La protection "à long terme" de ces espèces implique différents types d'actions : réduction de la pollution des eaux, de l'eutrophisation et des altérations physiques des habitats, amélioration de certains règlements de pêche (tailles légales de capture, saisons de pêche), mise au point des techniques de reproduction et de propagation artificielle, constitution de réserves visant à préserver des populations relictes et, de manière plus générale, toute population ou communauté ichtyologique de grande valeur écologique. - La plupart des autres espèces (anguille*, brochet*, carpe*, brèmes commune et bordelière, ablette commune, carassin, goujon, gardon*, rotengle*, tanche*, loche franche, épinoche, épinochette, perche*, grémille) sont encore répandues et parfois abondantes dans leurs habitats particuliers (ce qui n'exclut pas leur disparition ou leur déclin local, en cas de pollution aiguë). La conservation de ces espèces n' exige pas des mesures particulières sauf pour ce qui concerne I) le maintien d'une qualité d'eau suffisante et de conditions d'habitat satisfaisantes pour la reproduction et II) l'amélioration de l 'efficacité des rempoissonnements (avec les espèces marquées d'un*).