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Géographie et fondamentalismes religieux
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Cet article tente d’abord de montrer le double détournement de la géographie par les intégristes des religions du Livre : d’une part, la réinvention de la discipline pour la faire coïncider avec les textes sacrés et, d’autre part, son mésusage avisé quand il s’agit de faire accepter un message scientifiquement abusif. Il expose ensuite l’intérêt de cette étude et les voies qu’elle espère ouvrir pour le renouvellement des thèmes majeurs de notre discipline.
Abstract
First, this paper attempts to demonstrate the double abuse of geography by the Christian or Islamic fundamentalists: in the one hand, the re-invention of the field in order that fits with sacred texts, and in other hand his intelligent misuse to persuade people of an improper scientific message. Next, this work explains the interest of this kind of studies and the possible ways open for the renewal of geographic fields.
Table of content
I. Introduction
1Les médias citent à l’envi une phrase qu’André Malraux aurait prononcée et qui voudrait que « le XXIe siècle soit religieux ou ne soit pas ». Malgré le ferme démenti opposé en son temps par l’écrivain, cet aphorisme, qu’il n’a donc jamais formulé, reste très répandu et constitue trop souvent l’explication commode des offensives intégristes, dont les violences les plus spectaculaires sont largement montrées à la télévision. Mais le phénomène ne se résume pas à cela, et l’on doit craindre la remise en cause des sciences en général et de la géographie en particulier. En effet, notre discipline est souvent réécrite pour tenter de prouver l’inerrance des textes sacrés. Il est donc nécessaire d’ouvrir deux chantiers majeurs, qui sont, d’une part, le décryptage d’une abondante géomorphologie pseudo-scientifique et, d’autre part, les manipulations souvent fort habiles de notre savoir. Enfin, nous tenterons de montrer que la géographie, confrontée à ces enjeux, peut et doit savoir se renouveler pour y faire face.
II. Une réécriture fondamentaliste de la géographie
A. Inerrance des textes sacrés et géographie
2Depuis quelques années se développe un corpus religieux fondamentaliste qui prétend trouver dans les formes et l’organisation physique de la Terre les preuves de l’exactitude – au mot près – des textes sacrés des trois grands monothéismes. Les intégristes « chrétiens » exposent ainsi leurs convictions sur le site en langue française d’Answers in Genesis, un groupe créationniste australo-américain :
3« La Bible est la Parole écrite de Dieu. Elle est d’inspiration divine et sans aucune erreur. Les déclarations contenues dans les textes originaux sont basés sur des faits... L’Écriture elle-même est le guide irrévocable pour sa propre interprétation. Le récit des origines présenté dans la Genèse est un exposé simple d’événements réels, fournissant un cadre fiable pour la recherche scientifique sur les questions de l’origine et de l’histoire de la vie, de l’humanité, de la Terre et de l’univers. »
4C’est ainsi que le découpage actuel des continents est censé résulter, dans l’espace d’une semaine, de la déchirure de la croûte terrestre (Brown, 2008), après que se sont ouvertes, au moment du Déluge, les « sources du grand abîme » (Ge, 7,11). Dans ce schéma aberrant, les rifts médio-océaniques sont la cicatrice de la « phase de rupture » d’« hydroplaques » reposant sur un épais matelas d’eau souterraine vidangée lors de l’épisode diluvial.
5Quant au Coran, il est « un recueil inimitable « descendu par Dieu », dans lequel « rien n’a été oublié » ; la propagande islamiste en fait le livre miraculeux de toutes les sciences. Le turc Adnan Oktar (alias Harun Yahyah) y lit donc le voyage sur la Lune et l’utilisation de l’électricité ; pour Kamel Ben Salem, professeur de sciences de l’université de Tunis, il permet de calculer l’âge de l’Univers et le temps qui nous sépare du Jugement Dernier. L’islamiste égyptien Zaghloul El Naggar, proche des Frères Musulmans, n’hésite pas à dire que l’épaississement crustal présent sous les chaînes montagneuses est décrit dans le Coran, puisqu’on y lit : « N’avons-nous pas fait de la Terre une couche ? Et placé les montagnes comme des piquets ? (78, p. 6-7) ». Il faut évidemment forcer les textes pour arriver à de telles interprétations de l’histoire de la Terre et de ses reliefs, mais force est de constater qu’elles ont un immense succès.
6Cette régression scientifique s’appuie sur le fait que notre discipline donne à voir : le discours intégriste met en scène les paysages emblématiques qui font depuis longtemps rêver les foules. Nombre de ces horizons remarquables, comme la Devil’s Tower, ont été le support de croyances ancrées dans les religions de la nature et sont donc utilement réemployées par les fondamentalistes. C’est à dessein que la Native American Youth Ministries, qui se consacre à l’évangélisation des Indiens sur la base d’une « Bible tout entière inspirée par Dieu sans aucune erreur », a choisi pour symbole un relief escarpé d’où descendent des rivières et l’acronyme ROCK (Reaching Out from Christ’s Kingdom). On joue également du mystère et de l’émotion véhiculés par les scénographies touristiques : le Grand Canyon du Colorado ou le mont Uluru, dans le désert australien, sont pour les officines sectaires une forme de publicité gratuite. Il est en outre plus facile – à des échelles continentales ou mondiales – de jouer de pseudo-évidences que de rentrer dans l’abstraction qui caractérise assez souvent les sciences « dures ». En effet, ces dernières sont de moins en moins « naturalistes » ; d’autre part, elles sont institutionnellement bien mieux défendues que la géographie des Facultés littéraires.
B. Une imago mundi à nouveau basique et accessible
7À l’opposé, le « spectacle du monde » faussé par les fondamentalistes donne à peu de frais des explications globales, d’autant mieux acceptées qu’elles ont une apparence de réalité et de vérité. S’il est aujourd’hui un peu plus difficile de faire croire au géocentrisme (mais pas totalement impossible comme le montre l’interview d’un pseudo-astronome islamiste irakien, Fadhel al-Sa’d), il s’avère fort envisageable de convaincre un nombre important de personnes que le Sinaï est en Arabie Saoudite et qu’il est le Djebel Laouz. En effet, la couleur noire de son sommet témoignerait des brûlures du feu divin (Ex, 24, 17). Cette explication est à l’évidence plus simple que celle qui découle d’une étude de la complexe morphogenèse d’une montagne située aux marges d’un rift en cours d’ouverture. De même, il est plus aisé de voir dans les Channeled Scablands (État de Washington, É.-U.) les vestiges du retrait rapide des eaux du Déluge plutôt que le résultat de lâchages successifs postglaciaires des eaux de la région du lac Missoula. La puissance de ces phénomènes extrêmes (Bretz, 1923), d’ailleurs longtemps contestés par les géomorphologues eux-mêmes (cf. Gould, 1980), reste, pour un large public, assez inconcevable au regard de la simplicité démonstrative d’une intervention divine.
8Or, la simplification du monde est souvent présentée comme un objectif scientifique majeur : unifier les forces qui structurent l’Univers, réduire la diversité de la matière inerte à un petit nombre de composants, ramener la variété du vivant à la molécule d’ADN. Les intégristes exploitent cette manière de présenter le progrès des connaissances : ils affirment qu’une explication est d’autant plus valide qu’elle est simple, ce qui satisfait pleinement des lecteurs à la culture réduite, en particulier en géographie. A contrario, ce qui, comme la vie, est vraiment complexe, ne peut être naturel et résulte d’un dessein intelligent (Oktar, 2007 ; Behe, 2009) ; cela flatte un genre humain toujours désireux de supériorité. Il faut reconnaître que cet entrisme dans le domaine des sciences est remarquablement efficace. Il est donc aujourd’hui essentiel, au regard des vastes offensives menées sur un champ de bataille très large, de réagir non contre le fait religieux, mais contre un obscurantisme qui prétend l’annexer à des fins très humaines.
III. Deux chantiers majeurs : de la compréhension du corpus à celle de sa diffusion
9Cet objectif suppose que l’on ouvre concomitamment deux chantiers majeurs. Le premier est celui du décryptage des explications pseudo-géographiques produites dans les très nombreuses publications prosélytes, qu’elles soient d’origine islamiste ou « évangéliste ».
A. Démonter la mécanique fondamentaliste
10Nous avons déjà abordé – dans un récent ouvrage (Lemartinel, 2012) – les représentations obsessionnelles des intégristes, qui vont par exemple de la création de la Terre à la forme des continents, du Déluge à l’accumulation des glaces polaires. Mais les délires en question mériteraient des analyses souvent plus ciblées. Une première grande voie de travail consiste, non pas à essayer de montrer à leurs admirateurs la réalité du géosystème terrestre, mais à décrire les erreurs simples sur lesquelles sont fondés les propos fondamentalistes. En effet, la conviction intégriste rend impossible toute discussion scientifique : que répondre à une lycéenne m’affirmant que les dorsales médio-océaniques dessinent le nom d’Allah, ou que dire quand des étudiants polynésiens font un bloc incontestable de la théorie fantaisiste des hydroplaques ? Le géographe doit plutôt partir d’idées élémentaires acceptées par les zélotes pour démonter la mécanique fondamentaliste. S’ils admettent, grâce au volcanisme, la chaleur interne du globe terrestre, comment les « sources du grand abîme » – brûlantes – n’ont-elles pas ébouillanté Noé et son arche ? Si, pour qu’existent au bout des 6 600 ans de la Terre, des plaines d’érosion, comment comprendre que l’altitude des montagnes actuelles ne diminue pas, très visiblement, d’un ou plusieurs mètres par an ? Et si les glaces polaires s’étaient accumulées en 500 ans (Vardiman, 2003) en raison des pluies diluviales, les précipitations responsables n’auraient annuellement été que de deux à quatre mètres ; peut-on dans ces conditions parler de Déluge ? Au-delà de ces trois exemples, il faudrait mieux lire et connaître la géographie fondamentaliste pour mettre en lumière ses incohérences.
11Cela est d’autant plus nécessaire qu’elle pratique un entrisme insistant et sournois dans les sphères universitaires. La méthode la plus élémentaire mise en oeuvre est l’appropriation des codes qui y sont en usage. Il existe un grand nombre d’ouvrages et de revues qui les manient parfaitement, dans la mesure où les auteurs et contributeurs ont suivi des formations on ne peut plus classiques. Si les spécialistes ne peuvent guère se tromper sur la finalité fondamentaliste des livres ou journaux en question, les bibliographies, qui agrègent publications sérieuses et exposés sectaires, contribuent ensuite, soit à de graves erreurs d’indexation, soit à tromper le grand public. C’est ainsi que Zaghloul El Naggar (2003) accumule les références traditionnelles dans un ouvrage consacré aux montagnes dans le Coran. Pire : Émile Silvestru, karstologue reconnu, utilise ses travaux sérieux (1998) pour justifier ses publications créationnistes (2001). Parfois même, les instances scientifiques acceptent sans en avoir compris le sens – faute de le connaitre – des papiers intégristes : en France, Guy Berthault, vrai polytechnicien (promotion 1945) et pseudo-sédimentologue a réussi à se faire éditer par les Comptes Rendus de l’Académie des Sciences (Berthault, 1986 et 1988). Aux États-Unis, Steve Austin a pu diriger l’excursion 409 du très officiel Geological Survey, consacrée – on s’en doute – au canyon du Colorado. Le discours intégriste s’appuie alors sur l’imperfection de la connaissance réelle, sur la méthode a priori justifiée du doute scientifique et sur la légitimité de la controverse qui permet d’amener une « explication alternative ». Dans les pays musulmans, et malgré les résistances de collègues courageux et avisés, l’entrisme islamiste est largement facilité : ce sont souvent les États qui patronnent, pour des raisons plus politiques que religieuses, des congrès sur la « miraculosité » scientifique du Coran, comme celui de Sétif en 2008. L’émirat de Dubaï a remis à Zaghloul El Naggar un prix « scientifique » pour l’ouvrage qu’il a consacré aux « montagnes dans le saint Coran ». Il ne faut toutefois pas considérer ces seules perversions de notre discipline : les fondamentalistes savent aussi user intelligemment de cette dernière.
B. Comprendre la manipulation intégriste de la géographie réelle
12Le second chantier est, en effet, celui de la compréhension de l’efficace diffusion de cette « camelote » scientifique – ainsi que la qualifie mon collègue Guy Mercier, qui a pu constater les tentatives d’infiltration de son université (Laval, au Québec) par le biais d’associations étudiantes. Au-delà du caractère aberrant du propos fondamentaliste, le prosélytisme est fondé sur une vraie connaissance géographique des lieux et des hommes. Si le temps du porte-à-porte, que pratiquent encore le tabligh, les « évangélistes » ou les sectes apocalyptiques, n’a pas tout à fait disparu, il s’appuie sur une manipulation extrêmement fine des représentations de l’espace terrestre et des sociétés aux fins de pénétrer les esprits. Ainsi, l’Institute for Creation Research justifie la création édénique en s’appuyant sur un récit traditionnel des « jungles de l’ancienne Mésoamérique », comme d’autres avaient pu rapprocher la Création de la Pachamama. Il manipule à la fois les lieux connus et la nostalgie du paradis perdu, tout en exploitant les fragilités sociales : il s’engouffre aujourd’hui dans les brèches ouvertes par la réhabilitation politique des religions indigènes. Aux populations océaniennes, très marquées par les étendues marines, on « vendra » plutôt le Déluge et la théorie des hydroplaques. Ce n’est pas un hasard non plus si les répliques de l’arche de Noé, construites par le fondamentaliste Johan Huibers, sont stationnées à Dordrecht. La ville a souvent été submergée par les eaux, en particulier en 1421, lors de l’inondation de la Sainte-Élisabeth. La région a en outre été gravement touchée par la catastrophe de 1953 : l’évocation du Déluge y a une résonance évidente qui peut favoriser des conversions.
13Il est intéressant de voir qu’un savoir géographique bien compris est mis à profit pour démanteler ce même savoir, – hélas – jusque dans les espaces scolaires et universitaires. On valorise les pseudo-évidences, les coïncidences et les ressentis identitaires. Aux lycéens d’une banlieue de l’Est parisien, on montre les apparentes similitudes entre les théories astrophysiques et un verset du Coran : « Ce big crunch est également évoqué dans le Coran, sourate 21 (Al-Anbiya : les Prophètes), verset 104 : Le jour où Nous plierons le ciel comme on plie le rouleau des livres. Tout comme nous avons commencé la première création, ainsi Nous la répéterons ». Et tant qu’à faire, ce discours est publié sur le site Internet de leur établissement ! Il a même existé sur des sites de dissertations toutes faites des exposés de géographie «coranique » inspiré d’Adnan Oktar… Notre collègue Samuel Étienne, alors enseignant à l’Université de Polynésie française, a mesuré le succès de la pénétration de la géomorphologie « évangéliste » chez ses étudiants : « à [s]a grande surprise…, la tectonique des plaques avait «obducté» sous la théorie des hydroplaques ! Ils maîtrisaient cette dernière et avaient délaissé la théorie classique »! C’est dire combien il est urgent de se préoccuper d’un problème, qui ne relève ni du folklore, ni de l’anecdote.
IV. De nouveaux champs d’études pour renouveler la géographie
A. Lutter contre les rigidités universitaires
14Ces études ouvrent sur un véritable renouvellement de la géographie. D’abord dans ses méthodes : l’indispensable exploration des moyens de diffusion moderne la fait sortir de ses bases bibliographiques bien normées. S’il reste nécessaire de se conformer aux règles édictées par les revues à comité de lecture, il faut aussi accepter l’idée que l’on ne peut se contenter – si l’on veut que la géographie comprenne le monde – de seulement citer les travaux considérés comme « sérieux ». Les moyens modernes de diffusion des idées débordent largement le cercle étroit des corporations universitaires. La question de la langue se pose aussi : la mise en avant systématique des revues dites « internationales » – comprenons : anglo-saxonnes – risque d’étouffer une recherche novatrice, au moins dans le domaine ici concerné, dans la mesure où les moyens de pression des fondamentalistes sont fort importants dans cette aire linguistique. Il faudrait enfin que l’on cesse de considérer que le problème, comme me l’a soutenu un collègue géomorphologue, est pour nous négligeable, parce qu’il discute d’objets pseudo-scientifiques. Devons-nous nous en tenir, par exemple, à l’étude de l’âge des surfaces déduit d’un isotope du béryllium créé par le rayonnement cosmique ? On aimerait évidemment croire que l’Europe et la France, nourries du rationalisme des Lumières, sont à l’abri d’une percée des idées rétrogrades comme celle d’une Terre créée au centre de l’Univers il y a 6 600 ans. Mais l’impression est hélas trompeuse que nous ne sommes en rien menacés. Et la géographie ne peut répondre à cette menace…que si elle s’y intéresse.
15Pour cela, il faut cependant qu’elle retrouve un certain nombre de ses vertus originelles. Trop souvent, elle se contente, en géographie physique, de métrologie et, en géographie humaine, de statistique, et sans jamais relier l’une à l’autre. Contester la géographie des fondamentalistes suppose pourtant que l’on sorte de ce pointillisme au final scientiste : de vraies études de terrain doivent à nouveau croiser l’observation physique des lieux et la compréhension des sociétés. Il est maintenant nécessaire de retrouver une polyvalence aujourd’hui perdue par l’extrême spécialisation des docteurs.
B. Explorer de nouvelles voies
16Il est aussi indispensable, sauf à voir la géographie progressivement phagocytée par la Géologie, l’Économie ou la Sociologie, de renouveler ses buts. Ne nous y trompons pas : la rétraction de notre discipline, sur ses bases actuelles, est en cours. Il suffit de regarder, dans les librairies, le rayon qui lui est consacré ou d’observer le nombre décroissant de ses étudiants dans les cycles universitaires. Pourtant, la géographie a beaucoup à dire si elle recadre ses objectifs, car elle peut conjointement théoriser et s’appliquer. En l’occurrence, il ne s’agit pas de réécrire une géographie des religions, mais de comprendre le complexe entrecroisement – des sphères de l’éducation à celles de la géopolitique – des forces qui tentent actuellement le remodelage de nos territoires par ce que d’aucuns appellent le spiritual mapping, largement soutenu par des pratiques qui manipulent à merveille les outils et les concepts les plus opérants de la géographie.
17Et il y a urgence… En effet, derrière la pseudoscience créationniste dont nous venons de présenter quelques illustrations extravagantes, se dissimule une ambition politique tout à fait réelle : les dictatures en puissance ne sauraient être prises à la légère…Pour s’en rendre compte, il suffit de faire la carte des territoires touchés par le fondamentalisme, d’en examiner les ressorts pseudoscientifiques, les articulations, les mobilités et les conséquences géopolitiques, en particulier en Afrique ou au Moyen-Orient. En somme, de faire de la géographie.
V. Conclusion
18Le détournement et la manipulation du savoir géographique par les fondamentalistes sont à la fois un enjeu de recherche, parce qu’il faut bien les comprendre pour les mieux combattre, et de société, en raison des implications extrêmement importantes qu’elles ont dans des territoires de plus en plus larges. Encore assez peu parcourue aujourd’hui, cette voie scientifique est aussi significative des renouvellements possibles de notre discipline, qui doit retrouver, au-delà des spécialisations excessives, son statut de science de synthèse et montrer, les fondamentalistes l’ont compris avant nous, sa capacité d’intervention dans les affaires du monde.
Bibliography
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