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Lieux de mémoire, lieux de tourisme, des lieux qui en cachent d’autres. Dynamiques des lieux du vodun à Ouidah
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Il n’existe pas de mémoire sans lieu. De même, il n’existe pas de tourisme sans lieu. Toutefois, les lieux de mémoire et les lieux de tourisme peuvent cacher d’autres lieux. Le concept de lieu est central dans cet article. Le but de l’article est de décrire les pratiques touristiques dans la ville de Ouidah selon une méthode essentiellement qualitative basée sur l’analyse documentaire, des entretiens et des observations à l’Office du Tourisme ainsi que sur les lieux de mémoire de l’esclavage et de l’histoire propre de la ville. Les lieux présentés aux visiteurs sont des lieux de mémoire. Ces mêmes lieux de mémoire sont également des lieux du vodun. Le vodun est une religion des traditions béninoises née dans l’ancien royaume du Danxômè. Ces adeptes exécutent des rites et des rituels sur les lieux sacrés. Ainsi, le vodun génère des pratiques culturelles, des objets de culte et des lieux. Ces lieux n’ont pas les mêmes sens pour les visiteurs. Les habitants perçoivent les lieux de mémoire comme des lieux du vodun tandis que les touristes les visitent en tant que lieux patrimoniaux, mémoire de l’esclavage.
Abstract
There is no memory without a place. Likewise, there is no tourism without a place. However, places of memory and places of tourism can hide other places. The concept of place is central in this article. The aim of the article is to describe the tourist practices in the city of Ouidah according to an essentially qualitative method based on documentary analysis, interviews and observations at the Tourist Office as well as on the places of memory of slavery and the city’s own history. The places presented to the visitors are places of memory. These same places of memory are also places of vodun. Vodun is a traditional religion born in the ancient kingdom of Danxômè. These adepts perform rites and rituals in sacred places. Thus, vodun generates cultural pratices, objects of worship and places. These places do not have the same meanings for visitors. The populations perceive places of memory as places of vodun while tourists visit them as heritage places, memory of slavery.
Inhoudstafel
INTRODUCTION
1Les lieux sont essentiels dans les pratiques touristiques. L’objectif de l’article est de décrire les pratiques touristiques observées sur les lieux de mémoire à Ouidah. En effet, « la mise en tourisme s’inscrit dans une stratégie globale de valorisation du patrimoine à des fins de développement » (Djemgou Tonmeba, 2017, p.123). À Ouidah, certains lieux de mémoire sont connexes des lieux du vodun. Ces derniers ne sont pas faciles à identifier par un touriste. À l’Office du Tourisme de Ouidah, les guides présentent aux visiteurs les lieux de mémoire en occultant les lieux du vodun. Toutefois, ces lieux sont proposés à ceux qui ont une certaine connaissance des codes du vodun. Des travaux de terrain (2019 et 2021) ont permis d’identifier une trajectoire de visite liée au vodun. Sur cette trajectoire, il est proposé aux touristes curieux une initiation à certains types de vodun appelés en langue Fon Houndawassin, ce qui veut dire « vodun-acheté ou acquis ». Les guides attachés à l’Office du Tourisme de Ouidah acceptent d’expliciter les pratiques touristiques sur les lieux si bien que la mutation des lieux de croyances et pratiques du vodun en lieux de visite touristique devient une question majeure de développement du territoire à Ouidah.
2La méthode utilisée pour cette recherche est essentiellement qualitative. Elle est basée sur l’analyse documentaire, les entretiens et les observations. L’analyse documentaire s’est déroulée à l’Office du Tourisme de Ouidah. Ensuite, les entretiens ont été réalisés avec les différents acteurs à l’Office du Tourisme et sur les lieux de mémoire à Ouidah. Enfin, les observations sont faites sur les lieux de mémoire et du vodun. Les limites de cette recherche sont liées à la réticence des touristes étrangers à se faire photographier sur les lieux du vodun. Certains visiteurs béninois venus de Cotonou ont accepté d’être photographiés. Les contraintes d’ordre temporel et technique n’ont pas permis de faire un recensement exhaustif des lieux du vodun et des lieux de mémoire situés sur le territoire de Ouidah. Nous nous sommes limités aux lieux présentés à l’Office du Tourisme par les guides au moment des enquêtes de terrain. Pour éviter de surcharger le travail, toutes les photos n’ont pas été présentées, il en est de même pour les objets du vodun non présentées à cette étape de la recherche. Quels sont les lieux de tourisme à Ouidah ? Quelles sont les spécificités de ces lieux ? Quelle est la trajectoire des touristes à Ouidah ? Quelles sont les pratiques touristiques observées à Ouidah ? L’article est structuré autour de trois axes. Le premier axe présente Ouidah comme un haut-lieu de mémoire et du vodun, le deuxième retrace la trajectoire des touristes sur les lieux de mémoire et du vodun et le troisième axe questionne les pratiques et les imaginaires des touristes sur les lieux de mémoire et du vodun à Ouidah.
I. OUIDAH : HAUT-LIEU DE MÉMOIRE ET DU VODUN
A. Méthodologie de la recherche
3Le principal objectif de ce travail de recherche est de décrire les pratiques touristiques dans la ville de Ouidah à travers l’entrée par les lieux. Cet objectif global est décliné en trois objectifs spécifiques. Le premier est d’identifier les lieux de tourisme à Ouidah. Le second est d’établir le lien entre les lieux du tourisme et les lieux de mémoire. Et le troisième est d’analyser la dynamique des lieux du vodun, ces derniers tendant à devenir des lieux de tourisme.
4Le travail de terrain (en janvier et mai 2019) a permis d’identifier les lieux « classiques » visités par les touristes dans la ville de Ouidah. Au cours de notre visite, nous avons interrogé les habitants afin de saisir la perception voire le sens qu’ils portaient à ces lieux, à savoir appréhender leur géographie vécue. Parallèlement, il a été question d’appréhender l’existence d’un itinéraire « caché », au sens à la fois de hors des visites institutionnelles proposées et de hors des sentiers battus du tourisme de la ville de Ouidah, à savoir un parcours lié au vodun proposé uniquement sur demande adressée à l’Office du Tourisme de Ouidah. Toutefois, il a fallu insister auprès du guide pour qu’il accepte cette requête. Il s’agit donc d’un parcours discret, destiné aux initiés.
5Ce double parcours a, en quelque sorte, permis de révéler les hauts-lieux (Debarbieux, 2003) à la fois du in et du off. À titre d’exemple, les hauts-lieux de la forêt sacrée de Kpassè et le Temple des Pythons (dangbe) ont des guides en charge de faire découvrir aux visiteurs la partie autorisée (partie in) et donc ouverte aux visites. Par contre, la partie non autorisée aux visites (partie off) est celle réservée aux initiés.
6La seconde phase du travail de terrain a concerné les entretiens organisés à distance, en mai 2021, en raison de la situation sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19. Ces entretiens ont confirmé l’existence de ces pratiques de visite, à savoir « l’infusion » des visites du vodun dans les lieux de mémoire. La collecte des données d’entretien est parvenue au seuil de saturation après avoir interrogé trente (30) personnes. Ce parcours de découverte des lieux de mémoire, de tourisme et du vodun a permis de réaliser deux cartes : l’une présentant certains lieux de mémoire et du vodun visités par les touristes et l’autre retraçant la trajectoire des visiteurs dans la ville de Ouidah par un transect en intégrant la Route de l’Esclave. Une analyse de contenu des données obtenues à l’issue des observations et des entretiens réalisés sur les différents lieux montre qu’on est conjointement en présence des lieux de mémoire, des lieux du vodun et des lieux de visites touristiques à Ouidah. Une approche catégorielle des vodun permet d’identifier ceux qui sont susceptibles d’être mieux sauvegardés par les habitants de la ville.
B. Catégorisation des vodun à Ouidah
7Les vodun majeurs observés dans la commune de Ouidah sont : Mahu-Lissa (Être Suprême), Sègbo-Lissa (dieu très saint, dieu de la pureté de la région orientale du ciel symbolisé par le caméléon), Lègba (le symbole de l’intelligence, l’intermédiaire entre Dieu et les hommes, le générateur de la puissance et de la virilité), Gou (dieu de la forge, du fer, de l’innovation technologique et de la guerre), Heviosso (dieu de la foudre), Dan-ayidohouédo, Dangbe (Serpent python royal), Sakpata (dieu de la terre représenté par la variole), Egun-gun et Asen (dieux des ancêtres).
8Les lieux d’initiation au vodun s’entendent dans la tradition béninoise comme des lieux d’éducation à la vie. Ils s’entendent également comme des lieux sacrés. Dès lors, la garde de ces lieux de cultes est assurée par les vodunon ou hounnon (grands dignitaires du vodun). Ils sont très nombreux. Par ailleurs, il est apparu difficile voire impossible de connaître le nombre exact de vodun et de lieux de culte du vodun à Ouidah au moment de l’enquête. Une catégorisation permet de classer les vodun en deux groupes selon les expressions utilisées pour les désigner en Fongbe, langue véhiculaire dans le sud du Bénin. Les vodun hérités des ancêtres (djowamon) et les vodun acquis ou achetés (houndawassin) sont les deux catégories les mieux connues à Ouidah. Les vodun les plus populaires sont présentés dans le Tableau 1.
Tableau 1. Typologie des vodun populaires à Ouidah. Source : Augustin Amadoudji, mai 2021
Vodun djowamon (vodun hérités des ancêtres) |
Vodun houndawassin (vodun acquis ou achetés) |
Avlékété, Dan, Dangbé, Gou, Heviosso, Sakpata, Asen, Lègba, Xoxo, Mahou Adimoula, Zomadonou, Adantohou, Aïzan, Dagoun |
Kokou, Glo vodun, Atigali, Tron Kpéto Déka, Kininsi, Gambada, Mami-wata |
9La liste des vodun populaires figurant dans le Tableau 1 n’est pas exhaustive. Les dignitaires du vodun sont très exigeants quant à la dimension religieuse et secrète des vodun djowamon. Par exemple, les lieux d’initiation des déités, gou, heviosso, sakpata et dan ne sont pas ouverts aux visiteurs non initiés. Néanmoins, les lieux et les pratiques des vodun houndawassin sont accessibles aux visiteurs. Les objets des vodun thron, gambada, kininsi et kokou peuvent être achetés ou vendus. Par ailleurs, les visiteurs peuvent s’initier à ces vodun. Les vodun houndawassin sont, dans une certaine mesure, des vodun hérités dont l’histoire est récente. Un vodun est houndawassin lorsque le vodunon (le prêtre du vodun) l’appelle ainsi. Les vodun houndawassin des uns peuvent devenir les djowamon des autres. C’est une question de temporalité et de hiérarchisation selon la notion d’héritage. Il semble que les vodun hérités soient mieux sauvegardés. Il ne peut en être autrement, car ces vodun relèvent du bien commun béninois. Les vodun achetés par un vodunon peuvent être vendus sans aucune gêne. C’est l’une des raisons de la circulation des objets du vodun.
10En outre, les lieux des vodun djowamon sont des lieux de mémoire. C’est pourquoi, certains lieux du vodun de la ville de Ouidah sont aussi des lieux de mémoire. Ces lieux rappellent des faits. Ils ne sont pas tous valorisés. Leur mise en patrimoine reste un défi à relever par les autorités locales et les habitants de Ouidah. Toutefois, la situation des vodun à Ouidah résulte des acquisitions par des alliances entre les rois dans l’ancien royaume de Savi (Ouidah), ou par la force suite à une guerre. Les vaincus sont pillés et dépossédés de leurs dieux par les vainqueurs. Ils sont le résultat d’une histoire parfois douloureuse. En dehors des rois, des familles procèdent également à l’acquisition des vodun après la consultation du Fa et suite à un événement. En devenant un moyen de protection, d’affirmation de soi et de domination, les vodun sont transmis de génération en génération selon les normes de la sphère familiale.
C. Lieux de mémoire et du vodun
11La ville de Ouidah est située à une quarantaine de kilomètres à l’Ouest de Cotonou au sud du Bénin. C’est une ville cosmopolite dominée par le groupe Houéda, un groupe issu de la communauté sociolinguistique Adja-Fon, l’une des communautés sociolinguistiques et socioculturelles majoritaires dans le sud du Bénin. Les groupes ethniques majoritaires à Ouidah sont : Xwla (Houla), Xweda (Houéda), Fon et Yoruba. Ouidah compte environ 162 034 habitants d’après le recensement de 2013 organisé par l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Économique (INSAE).
12Ouidah est une ville de mémoire par son histoire et son rôle dans le commerce des esclaves en Afrique de l’Ouest à partir du xviiie siècle. Ouidah est aussi une ville du vodun. C’est pour cette raison qu’on peut l’entendre comme haut-lieu de mémoire et du vodun au Bénin. Le haut-lieu est « un lieu auquel sont associées des valeurs dont la nature est prédictible soit par les caractères du lieu, soit par les caractéristiques de l’événement fondateur qui particularise le lieu. Toute la richesse et toute la complexité de la notion tiennent à ce double statut de lieu et de symbole » (Debarbieux, 1993, p.6).
13La ville de Ouidah possède un îlot de forêt sacrée en raison de l’attachement de ses habitants au vodun. « Rythmée par les cérémonies, les fêtes et les cultes traditionnels périodiques, elle apparaît comme un véritable condensé culturel du Bénin à travers un melting-pot très original de peuples, de croyances, de pratiques et valeurs culturelles » (Dossou, 2013). Le Tableau 2 présente une typologie des lieux touristiques dans la ville de Ouidah.
Tableau 2. Typologie des lieux du tourisme de la ville de Ouidah. Source : Augustin Amadoudji, mai 2021
Lieux de mémoire, témoin de l’histoire urbaine de Ouidah |
Lieux de mémoire et du vodun |
Route de l’Esclave |
Temple des Pythons |
Place Zomachi |
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Place Zomayi |
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Place aux enchères |
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Fort portugais |
Forêt sacrée de Kpassè |
Jardin brésilien |
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Fort français |
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Fort anglais |
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Place du 10 janvier |
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Porte du Non-Retour |
14Ce tableau révèle les lieux de mémoire mais aussi les lieux qui sont à la fois des lieux de mémoire et du vodun dans la ville de Ouidah. Leur spécificité est cette mutation, cette cohabitation des lieux et des pratiques des touristes sur les lieux du vodun. Les lieux témoins de l’histoire de Ouidah sont : la Route des Esclaves, la Place Zomachi, la Place Zomayi, la Place aux enchères ou Place Chacha, le Fort portugais, le Fort français, le Fort anglais, le Jardin brésilien, la Place du 10 janvier, la Porte du Non-Retour, le Temple des Pythons, la forêt sacrée de Kpassè et le musée d’histoire de Ouidah. Chaque lieu possède une certaine singularité. La présentation des lieux est faite à travers les photographies. La Porte du Non-Retour étant en chantier et interdite d’accès au moment de l’enquête, nous avons pu prendre uniquement en compte le lieu de commémoration du jubilé de l’esclavage en l’an 2000.
15La ville de Ouidah poursuit progressivement sa stratégie d’aménagement des lieux de mémoire et des lieux du vodun dans une perspective de développement touristique. Sur le modèle des villes développées et des travaux de Gravari-Barbas et Fagnoni portant sur la relation ville, métropole et tourisme, « Si, dans une métropole touristique comme Paris, le tourisme est rarement producteur d’espaces spécifiques, il est, directement ou indirectement, impacté par la plupart des grandes opérations d’aménagement. Inversement, tous les projets ont une dimension touristique, par la prise en compte, aujourd’hui obligée, de publics élargis et divers » (2013), Ouidah inscrit désormais le tourisme dans sa politique d’aménagement et de développement. Cette politique se focalise sur la transformation de certains lieux. « Au cours des dernières décennies, Ouidah a donc été investie par des actions gouvernementales et internationales d’institutionnalisation d’un lien mémoriel entre les cultes vodun et l’époque de l’esclavage » (Ciacia, 2016). Les lieux de mémoire et du vodun visités par les touristes sont identifiés sur la Carte 1.
Carte 1. Identification des lieux de mémoire et du vodun à Ouidah. Réalisation : Augustin Amadoudji, mai 2021
16Cette carte présente la ville de Ouidah à l’intérieur de la commune et certains lieux qui structurent l’histoire de cette ville. En effet, les lieux qui structurent l’histoire de Ouidah tendent progressivement à devenir des lieux de tourisme. Cela se justifie par leur transformation et les fonctions auxquelles ils sont destinés. On retrouve ces lieux dans le 1er, le 3ème et le 4èmearrondissements de Ouidah. Parmi ces lieux, la forêt sacrée de Kpassè et le Temple des Pythons sont aussi bien des lieux de mémoire que des lieux du vodun comme l’indique la Carte 1.
17Parallèlement, pour un visiteur attentif, la ville de Ouidah est fortement marquée par le vodun. En outre, il est perçu comme un socle d’identification permettant de prouver les racines ancestrales des habitants. Mieux, les collectivités territoriales investissent dans la construction, l’aménagement et la restauration des lieux de mémoire et du vodun dans le sud du Bénin. C’est le cas de Ouidah. Le but ultime de ces projets est d’impulser une nouvelle dynamique locale basée sur l’économie culturelle. En quoi le vodun entretient-il des liens avec des lieux ?
D. Le vodun : une pratique identitaire entretenant des liens avec des lieux
18La question identitaire se trouve au cœur de l’organisation des fêtes du vodun à Ouidah au point où le vodun devient un élément important dans le maintien et le renforcement du lien identitaire. C’est donc un patrimoine de lien et de lieu. On observe que les lieux du vodun sont parfois discrets à l’image du vodun lui-même. Dans sa complexité, le vodun peut être appréhendé comme une croyance religieuse dont le nom a été prononcé pour la première fois dans le royaume du Danxômè pendant le règne du roi Tégbéssou (1742-1774). Étant donné que le vodun est une croyance qui fait établir un rapport entre l’individu et Dieu, il fait appel à l’observance des rites, des rituels, des sacrifices et des offrandes sur ses lieux. Ces pratiques anciennes et/ou nouvelles relèvent simplement de la religion du vodun et non la religion traditionnelle vodun (Amouzouvi, 2007). Au Bénin, il regroupe de nombreux cultes dirigés par des prêtres officiants (dignitaires). « Selon certaines versions, le vodun fut son entrée au palais d’Abomey sous le règne de Tégbéssou (1742-1774). Sous l’autorité d’un couple créateur Mawou-Lissa, plutôt flou, lointain, si peu familier des humains que ceux-ci ne s’adressent presque jamais à lui directement, tout ce qui dans la nature peut être considéré comme l’expression de la volonté ou de la création divines se trouve à son tour divinisé : animaux, végétaux, minéraux, montagnes, sources, rochers, air, feu, vent, arc-en-ciel, foudre, pluie, grêle, cours d’eau et principales maladies, telles la variole, la lèpre, la néphrite » (David, 2002). Les adeptes du vodun ont recours aux éléments de la nature lors des cultes. Cela fait penser à de l’animisme. Pourtant, tous les cultes du vodun sont adressés à Dieu. Ces cultes regroupent de nombreux fidèles et pratiquants au Bénin et dans d’autres pays dans le monde. C’est aussi un ensemble de savoir et de savoir-faire que l’on retrouve dans l’art culinaire, la peinture et la pharmacopée. On peut dire que le vodun a généré une véritable culture au Bénin. Quelles sont les spécificités des lieux de mémoire et du vodun à Ouidah ?
E. Spécificités des lieux de mémoire et du vodun
19Le patrimoine implique avant tout la mise en lieu avant la mise en tourisme. Les lieux de mémoire de l’esclavage sont des lieux douloureux et de fait des lieux chargés d’émotion. De même, tout ce qui a trait au vodun suscite une vive émotion au sein des habitants. Le vodun se construit alors comme un patrimoine d’émotion. Pour les habitants de Ouidah, les lieux du vodun permettent de fixer un passé qui ne passe pas. Il en est de Dagoun, un vodun du responsable négrier brésilien Francisco Félix de Souza. « Oui, nous étions entrés dans une époque où, à côté, en face et même à l’intérieur d’une gestion savante, institutionnelle et administrative de l’héritage national, s’exprimaient d’autres raisons d’agir dont l’émotion était le principe et, étymologiquement, le moteur » (Fabre, 2013).
20En tout état de cause, la patrimonialisation des mémoires douloureuses implique la reconnaissance patrimoniale de lieux. Cela a été observé dans la patrimonialisation de certains lieux de génocides. « Ces sites de massacres, aujourd’hui transformés en musées ouverts, constituent des lieux d’apprentissage de l’histoire du génocide cambodgien, des lieux de recueillement et des lieux de mémoire, nationaux et internationaux » (Chevalier, 2016). Le lieu permet donc de fixer la mémoire si bien que la matérialisation de la mémoire est indispensable pour sa sauvegarde et sa mise en valeur. « La problématique de la localisation des mémoires est celle de leur mise en lieu. Elle rejoint celle de la trace, autrement dit ce qu’il reste matériellement du passé. Mais elle est aussi et surtout celle de la signification d’une trace, celle de la transformation d’une trace en signe. Elle consiste ainsi à établir un lien entre un objet et un moment, entre une trace et une histoire, pour ne pas dire une origine » (Lazzarotti, 2017).
21En investissant les lieux par leurs visites, les touristes ont fait des lieux de mémoire des lieux de tourisme. Ainsi, les mémoires représentent des ressources pour les territoires. « Le tourisme mémoriel constitue une preuve éclatante » (Chevalier, 2020). Cette cohabitation de logiques des lieux s’inscrit dans les programmes de valorisation des lieux de mémoire et du vodun. On sait que le touriste ne vient pas nécessairement commémorer les événements incarnés par les lieux. Le tourisme implique l’« ensemble des déplacements de loisirs (bien que la statistique y compte souvent aussi les déplacements professionnels, qu’elle est incapable de distinguer des autres), même s’ils ne sont pas toujours de plaisir : visites familiales, voyages d’agrément, déplacements vers des lieux de vacances, de sport ou de cure, de pèlerinage » (Brunet et al., 2001). Quant au lieu, il est un « point de l’étendue : élément de base de l’espace géographique, son atome en quelque sorte. C’est de lieux, de liens de lieux et de lieux de lieux que l’espace est fait » (Brunet et al., p 2001). Cette approche rejoint celle du touriste qui découvre des lieux. « Être touriste, c’est habiter le territoire des autres et venir dans un lieu avec un projet fondé sur des pratiques. Dès lors, faire du tourisme, c’est fréquenter des lieux et les transformer par notre présence » (Duhamel, 2018). Par leur visite et leur regard, les touristes participent à la transformation des lieux qui tendent à devenir des lieux de distraction. Quelle est la trajectoire des touristes à Ouidah ?
II. TRAJECTOIRES DES TOURISTES SUR LES LIEUX DE MÉMOIRE ET DU VODUN
A. Trajectoire « classique » des visiteurs
22Il existe deux trajectoires touristiques à Ouidah : une trajectoire « classique » et une trajectoire plus « complexe ». La trajectoire dite « classique » implique la visite des lieux les mieux connus sans aucune immersion dans les réalités du vodun. Certains de ces lieux de mémoire et du vodun sont identifiés sur la Carte 2.
Carte 2. Trajectoire « classique » des visiteurs à Ouidah. Réalisation : Augustin Amadoudji, mai 2021
23D’après les informations obtenues auprès des guides attachés à l’Office du Tourisme de Ouidah au moment des enquêtes de terrain, une trajectoire « classique » se dessine à partir des lieux présentés sur la Carte 2. Pour un visiteur venu de Cotonou, la première étape est la forêt sacrée de Kpassè et la dernière, la Porte du Non-Retour.
24Les photos ci-après présentent quelques lieux choisis de la trajectoire des touristes qui ont visité Ouidah. Les lieux sont représentés par le transect figurant sur la Carte 2. Le transect relie les lieux aux images afin d’en permettre une meilleure lisibilité.
25La première étape pour un visiteur venu de Cotonou est la forêt sacrée de Kpassè.
Photo 1. Entrée de la forêt sacrée de Kpassè. Source : Augustin Amadoudji, mai 2021
26Cette forêt est rendue sacrée depuis la fin du xviie siècle par le roi Kpassè, le troisième roi de l’ancien royaume de Savi (Ouidah). Elle abrite de nombreux arbres divinisés dont celui qui matérialise le roi Kpassè déifié.
27En 1920, le capitaine de l’armée coloniale, Jean Adjovi, construisit un bâtiment au milieu de sa clairière en raison de l’importance que revêt cette forêt pour la communauté Xweda et surtout la collectivité Adjovi. Deux grandes cérémonies rituelles s’y déroulent. Il s’agit d’une part du gozin qui concerne toute la population et dure une dizaine de jours (chaque année) et d’autre part, la cérémonie d’intronisation du chef de la collectivité Adjovi. (Récit du Guide H. en mai 2019). Une partie de cette forêt est ouverte à la visite.
28L’ouverture des lieux du vodun aux visiteurs admet des limites à clarifier. Pour les initiés, la présence des personnes non initiées sur ces lieux admet le risque de profanation des lieux sacrés. Le visiteur ne respecte pas forcément l’esprit religieux du lieu. Cette question est centrale dans la démarche de patrimonialisation du vodun. L’accessibilité des lieux et des objets du vodun aux visiteurs non initiés est souvent mal perçue par les adeptes du vodun.
29C’est d’ailleurs pour cette raison que la partie de la forêt sacrée de Kpassè ouverte aux visiteurs est celle qui a été construite par l’État béninois lors du festival Ouidah 92 organisé en février 1993. Les artistes peintres béninois initiés au vodun ont joué un rôle majeur dans la construction de cet espace culturel où plusieurs déités du vodun ont été peintes et exposées afin de permettre une meilleure connaissance de la culture du vodun.
30Après la forêt sacrée de Kpassè, le deuxième lieu ouvert à la visite est la Fondation Zinsou. Cette Fondation, créée en 2005 et tournée vers l’action sociale et la culture, présente l’histoire et la vie quotidienne des béninois. Spécialisée dans la promotion de l’art contemporain, la Fondation Zinsou a érigé la déesse de la beauté et de la modernité Mami Wata dans sa cour.
Photo 2. Mami Wata à la Fondation Zinsou. Source : Augustin Amadoudji, mai 2021
31En effet, Mami-wata est une déité dont le culte est célébré au Bénin, au Nigéria, au Togo et au Ghana. Ce culte fait allégeance aux femmes et représente le vodun au féminin. Mère des eaux, Mami-wata est respectée par les pêcheurs de la côte Atlantique. Le mythe qui entoure cette déité la présente comme un monstre à trois têtes venu de l’Orient. La Fondation Zinsou est un lieu de visite qui marque aujourd’hui le territoire de Ouidah.
32Puis, le troisième lieu choisi est le Temple des Pythons. C’est un lieu sacré du culte de Dangbé. La Photo 3 présente l’entrée de ce lieu.
Photo 3. Entrée du Temple des Pythons. Source : Augustin Amadoudji, mai 2019
33La Photo 4 indique une pratique des visiteurs au Temple des Pythons.
Photo 4. Visiteur au Temple des Pythons. Source : Augustin Amadoudji, mai 2021
34Les touristes (courageux) passent un python autour de leur cou pour se faire photographier. « La participation du touriste est un moyen de renforcer ce contenu émotionnel de l’expérience » (Fagnoni, 2017). Le python royal appelé dangbe en langue Fon est une déité des Xweda (Houéda). Il est le symbole d’identification de ce groupe socioculturel de sorte que les Xweda se reconnaissent à travers la scarification deux fois cinq sur le visage, signes de leur identité. Son histoire est intimement liée à celle des Xweda dont le passé reste marqué par de nombreuses migrations. Le rituel qui consacre l’entrée d’un individu dans le groupe socioculturel Xweda aboutit à la scarification des signes deux fois cinq (quatre cicatrices sur chaque joue et deux sur le front) sur le visage du nouveau membre.
35Après l’étape de ces lieux sacrés, les visiteurs continuent leur parcours sur la Route de l’Esclave. Une étape importante sur cet itinéraire est la place Zomachi symbolisant l’abolition de l’Esclavage.
Photo 5. Place Zomachi. Source : Augustin Amadoudji, mai 2021
36La place Zomachi, symbole de la lumière, est une initiative de la société civile de la ville de Ouidah. Il faut noter que la Route de l’Esclave est un véritable parcours spirituel et initiatique pour les habitants de Ouidah et la Diaspora afro-américaine. Elle rappelle les lieux de douleur vécue au cours du trajet et les dieux des esclaves. Elle est la matérialisation de cette mémoire à travers l’instauration d’un circuit mémoriel à Ouidah. Ouidah était, en effet, un ancien port négrier portugais au xviiie siècle, l’un des principaux centres de vente et d’embarquement d’esclaves dans le cadre de la traite occidentale (ou traite atlantique). Il faut aussi rappeler sur cet itinéraire la présence de l’arbre de l’oubli que les femmes esclaves devaient contourner sept fois et les hommes neuf fois avant leur départ. Cette étape marque la fin de leur séjour sur leur terre natale.
37À l’opposé de Zomachi, la place Zomayi, symbole de l’obscurité, est une autre étape de la trajectoire qui mène à la Porte de Non-Retour. Le quartier de Zomayi est situé au Centre-Ouest de la ville de Ouidah. Ce quartier servait d’entrepôt de fusils et de poudre à canon obtenus de la vente des esclaves aux Européens. « Ainsi, pour sa sécurité personnelle et celle du quartier, Chacha avait fait interdiction aux habitants d’y jouer avec le feu. De cette interdiction le quartier tire son nom : Zoma-yi (feu-ne-pas-aller, « le feu n’y va pas ») » (Vignondé, 2002). C’est un lieu où les esclaves étaient entassés avant la vente aux enchères. Ici, les esclaves étaient censés tout oublier sur leur terre natale afin de renaître à l’autre bout du monde après la traversée des océans.
38La dernière étape de la trajectoire est la Porte de Non-Retour. À côté de cette place, se trouve la Place du jubilé 2000.
Photo 6. Lieu de commémoration de l’esclavage en 2000. Source : Augustin Amadoudji, mai 2021
39Le jubilé 2000 de la commémoration de l’esclavage marque un tournant décisif dans la célébration de cet événement. Ce monument marqué par le dessin de la carte du Bénin, elle-même traversée par une croix, symbolise le lien entre la diaspora afro-américaine et le Bénin dans cette commémoration de sorte que la spiritualité occupe une place de choix lors de cet événement. Il faut rappeler que plusieurs marches ont été organisées à Ouidah en mémoire des esclaves. À titre d’exemple, l’Institut du Développement et d’Études Endogènes (IDEE) organise chaque année la marche du repentir entrecoupée de recueillements sur la Route de l’Esclave. Depuis le 18 janvier 1998, la société civile de la ville de Ouidah organise chaque année la « Marche et Cérémonie du Repentir » car, le mouvement qui a initié cette marche se veut un « Mouvement pour le Repentir, le Pardon et la Réconciliation ». En définitive, cette initiative est une forme d’appropriation de la mémoire de l’esclavage. Quelle trajectoire les visiteurs initiés et les candidats à l’initiation empruntent-ils à Ouidah ?
B. Trajectoire complexe de visite de lieux de mémoire et du vodun
40La découverte de Ouidah implique, pour les initiés et les candidats à l’initiation, la découverte de certains lieux de culte du vodun. On peut identifier un itinéraire de lieux du vodun reposant sur plusieurs cultes du vodun. « Parmi les innombrables pratiques et formes de vie religieuse des sociétés humaines, le fait de prier apparaît comme l’une des plus partagées » (Trouillet et Lasseur, 2018). L’immersion dans le lieu du vodun conduit à l’initiation du visiteur. Dans ce cas, la visite prend une dimension religieuse et spirituelle.
41« Nous n’aimons pas organiser un truc vodun pour les visiteurs s’ils n’en demandent pas. C’est vrai, il existe des groupes folkloriques qui singent le dieu sakpata. Dagbo Hunon (grand dignitaire du vodun à Ouidah) avait autorisé deux circuits vodun : circuit simple et circuit complexe » (Propos du Guide H. à l’Office du Tourisme de Ouidah le 10 juin 2019).
42Les lieux appartenant à une trajectoire complexe n’ont pu être cartographiés. D’ailleurs, ces lieux ont connu très peu de transformation. Ce sont des lieux du vodun en lien avec l’histoire de Ouidah après sa conquête par le roi d’Abomey en 1727. Ils sont identifiés dans le Tableau 3.
Tableau 3. Lieux appartenant à une trajectoire complexe. Source : Augustin Amadoudji, mai 2021
Lieux du vodun |
Lieux du vodun et de mémoire |
Complexe Culturel de Daagbo Hounon |
Temple et lieu d’initiation du vodun mahou adimoula |
Lieu de fête des jumeaux |
Agadja-lègba de Ouidah |
Temple de la déité dagoun |
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Aïzan du marché Zobè |
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Temple zomadonou de hehounli |
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Ghézo-Lègba |
43Les éléments ci-après tentent de rendre compte de la complexité de cette trajectoire. Le Complexe Culturel de Daagbo Hounon est un lieu de culte du vodun et un espace culturel.
44« Tous les lieux de cultes du vodun sont placés sous l’autorité des dignitaires. Le 10 janvier le gouvernement apporte son appui aux communautés du vodun » (Propos du Guide H. à l’Office du Tourisme de Ouidah le 10 juin 2019).
45Une architecture vernaculaire abrite le complexe culturel Daagbo Hounon, le chef suprême du vodun à Ouidah. Il dirige les plus grandes cérémonies de culte du vodun dans la ville. Il s’agit notamment du rituel du hougozin qui est consacré aux dieux de la mer et se déroule par une procession d’adeptes de différents vodun portant des jarres pour recueillir l’eau de libation dans la mare sacrée de hountonou. Autrefois organisé tous les sept ans, houtayiyi est un rite au cours duquel Daagbo Hounon se rend en procession à la mer avec les objets sacrés des déités adantohou, agbe et avlékété pour accomplir les sacrifices et les libations.
46De plus, le vodun mahou adimoula est une déité supérieure du panthéon religieux vodun de Ouidah. Le culte de lissa fut installé dans le royaume de Danxômè sous le règne du roi Agadja (1711-1742). Cette déité donne la vie et elle est considérée comme la mère de l’humanité. On en distingue deux types : le Lissa de Djènan dont le siège se trouve à Abomey dans le palais de Nanyé Houandjlé, la reine mère de Tégbéssou (1742-1774) puis le Lissa de Iyalode qui est une déité des yoruba. La déité Mahou Adimoula fait partie des temples de l’embranchement de Djènan. Ses prêtres reçoivent leur couronne sous la supervision des prêtres et prêtresses de la déité Mahou Adimoula d’Abomey.
47Ensuite, le vodun Lègba est le garant de l’ordre et de la protection. Il rend service et reçoit en contrepartie des offrandes. Cette déité est vénérée dans tous les cultes du vodun à Ouidah. On en distingue même plusieurs types : fa-lègba (Legba du fa), to-lègba (Legba du village ou du quartier), houn-lègba (Legba d’un lieu de culte du vodun). Il existe deux Legba que le roi Agadja (1711-1742) a érigés sur le territoire de Ouidah lorsqu’il a fini de le conquérir en 1727. Il a implanté cette déité pour matérialiser la domination du royaume d’Abomey sur celui de Ouidah. Le vodun demeure un marqueur de territoire pour les vainqueurs. Loin de la mission première qui lui est dévolue lors de son implantation, Agadja-lègba demeure aujourd’hui la déité des habitants de Ouidah. Le roi Ghézo (1818-1858) a, quant à lui aussi, érigé une déité lègba pour renforcer d’une part la domination religieuse de Danxomè sur le territoire de Ouidah et permettre d’autre part aux communautés Adja-Fon installées à Ouidah de continuer à pratiquer ce culte déjà très répandu à Abomey.
48En outre, Dan, le dispensateur de richesse, est l’une des plus grandes déités du système religieux du danxomè. Vénéré dans la plupart des cultes, il rend service et reçoit en contrepartie des offrandes. On en distingue plusieurs types : gla-dan, hennou-dan, etc. En effet, dagoun est une déité dan qui aurait mystiquement octroyé et entretenu la richesse de Francisco Félix de Souza. Pour célébrer les traditions religieuses des épouses de ce brésilien venu s’installer à Ouidah vers le début du XIXe siècle, plusieurs dieux sont associés à dagoun. Son prêtre assure l’organisation des rituels, des rites et des cérémonies de purification. Il veille à l’entretien de ce lieu de culte.
49Aïzan du marché Zobè de Ouidah est surtout une déité qui protège les habitants de la ville contre l’invasion des mauvais esprits et l’éclatement des événements malheureux sur les places publiques et lieux de rencontres. Son effigie reste toujours à l’air libre pour mieux rayonner sur l’espace auquel il est consacré. Pendant la période de la traite négrière, les convois d’esclaves marquaient à cet endroit un arrêt au cours duquel des offrandes étaient données à cette déité pour lui demander d’être favorable au commerce. Cela témoigne de l’influence des croyances et pratiques du vodun sur le commerce des esclaves et d’autres types de commerces à Ouidah.
50Quant à la déité Zomadonou, elle incarne les esprits des enfants mal formés de la famille royale du Danxômè. Ces enfants servent d’intermédiaire entre le monde visible et le monde invisible. Cela justifie leur importance dans les cultes du vodun depuis le règne du roi Tégbéssou (1742-1774). Le temple Zomadonou aurait été installé par le roi Tégbéssou pour matérialiser la domination du pouvoir royal de Danxômè sur la ville de Ouidah. Pendant la traite négrière, les vendeurs d’esclaves marquaient un arrêt à ce lieu où une offrande de mélange de haricot, de maïs et des cauris était offerte à cette déité pour solliciter sa bénédiction afin que la vente se déroule bien. Pour préserver la mémoire du lieu, des cérémonies sont faites en l’honneur des esprits des enfants déifiés. Les jumeaux constituent des créatures extraordinaires susceptibles d’apporter le bonheur nécessaire à leur famille. C’est pourquoi, à Ouidah, chaque collectivité familiale érige un autel aux esprits des jumeaux défunts. Les frères et sœurs de ceux-ci doivent aussi se munir d’une statuette déifiée, représentant les jumeaux disparus. En dehors des cérémonies familiales à l’intention des jumeaux, une fête annuelle leur est consacrée. Cette réjouissance populaire qui se tient les 8 septembre, jour des saints Cosme et Damien, se déroule dans une cocoteraie. En définitive, les cérémonies du vodun et les lieux de mémoire génèrent des imaginaires et des pratiques touristiques.
III. PRATIQUES ET IMAGINAIRES TOURISTIQUES SUR LES LIEUX DE MÉMOIRE ET DU VODUN
A. Pratiques touristiques
51Le vodun admet des croyances et des pratiques relatives au sacré. Celles-ci font de plus en plus l’objet de cérémonies populaires. Les fêtes du vodun drainent une foule d’obédiences religieuses et de nationalités différentes. Les relations que ces réjouissances populaires facilitent, s’inscrivent dans la logique d’une exposition des rituels et des objets de culte qui, autrefois étaient cachés et réservés aux seuls initiés. Le tourisme participe ainsi à une forme de banalisation de ces réjouissances populaires. Le 10 Janvier, jour de la fête nationale du vodun, est une occasion pour les dignitaires des cultes du vodun d’extérioriser leurs savoirs et savoir-faire à la face du monde. La fête nationale du vodun n’est pas seulement une festivité des dignitaires et des initiés du vodun, elle est aussi une occasion d’accueillir les visiteurs. De ce fait, « On peut évoquer une banalisation du festif et de l’événementiel à des fins d’attractivité » (Cominelli et al., 2018). Les rapports « touristes-dignitaires », « touristes-adeptes », « touristes-guides » deviennent parfois monétarisés. On ne respecte plus l’esprit religieux des lieux et la sacralité de certains objets, chacun cherchant coûte que coûte à vendre quelque chose aux visiteurs.
52Au-delà des rituels dans les lieux secrets, les chants et les danses prennent une part importante dans les activités des adeptes. Les parures, les accoutrements, les danses font la fierté de l’adepte lors des manifestations publiques. Les scarifications, les traces, les parures et les accoutrements sur le corps de l’adepte permettent de lire son niveau d’initiation et son vodun. Or, il semble que l’objectif de l’instauration de cet événement soit la construction d’une identité culturelle forte autour des religions endogènes c’est-à-dire les religions du vodun.
53Au Bénin, Ouidah ambitionne de devenir une destination du tourisme des lieux de mémoire et des lieux du vodun. Les touristes européens et afro-américains vont à Ouidah pour découvrir ce qu’ils pensent être le vodun « authentique ». Toutefois, il existe des cérémonies « adaptées » aux touristes. On peut observer la folklorisation de certains masques de vodun. Il faut reconnaître que la mise en tourisme du vodun a fini par modifier certaines habitudes dans le déroulement des cérémonies. Le culturel entièrement accessible aux visiteurs, constitue l’ensemble des aspects liés au mode de vie. En effet, le vodun a influencé considérablement le territoire de Ouidah : cuisine, habillement, artisanat d’art, danses, mode, médecine traditionnelle (pharmacopée traditionnelle), musique, chants et même protection de la nature. Les rites et rituels du vodun sont ancrés dans les traditions, et pour les touristes, ils constituent l’un des aspects les plus intéressants de la culture à explorer. En dehors des danses et des rythmes, les touristes assistent également à des expositions d’œuvres d’art. À Souvenance lors des festivités annuelles, « Les lieux de pratiques vaudous constituent des espaces ludiques et offrent des moments d’évasion que nombre de personnes recherchent dans les activités touristiques ordinaires » (Dautruche, 2019).
54Le tourisme sur les lieux de mémoire et du vodun est une activité en plein essor à Ouidah. Par contre, il est difficile de quantifier l’impact réel du tourisme sur l’économie locale. Les données statistiques sur les dispositifs d’accueil et le nombre de visiteurs n’étaient pas disponibles au moment de l’enquête de terrain. Par ailleurs, la fonction de guide de tourisme s’improvise autour du vodun par les jeunes issus des familles influentes dans la ville. Les prestataires de services s’étendent du guide aux employés des hôtels. Certains acteurs se spécialisent dans les prestations offertes aux visiteurs. Il est important de savoir comment les discours sur la mise en tourisme du vodun sont construits et traduits dans les faits, c’est-à-dire, dans le vécu quotidien des acteurs. Le « vodun-objet » ou le « dieu-objet » peut faire l’objet de commerce. Lorsque les acteurs parlent de la mise en tourisme du vodun, il est question du « vodun-objet ». Les touristes sont confiants d’en emporter un au cours de leur trajet.
55« The inclusion of Vodun cults into Beninese tourism markets constitutes an interesting example for understanding how an everyday religious practice is transformed into a commodity (marketed and exported), and conversely, how tourism crucially determines conditions of religious reproduction. As the two women’s life stories demonstrate, situations in which Vodun practices are sold to tourists are twofold, as they refer both to the ways in which commodities are created and to processes through which rituals are invented and innovated. “Sacred commodities”, even if intended for international tourist markets, transcend there stricted circles of religious practice that produce them, entering wider religious arenas, redefining constantly the meanings of “tradition” and “authenticity” » (Forte, 2009).
56Face aux touristes, les guides jouent un rôle de passeur. Étant natifs de Ouidah et maîtrisant la culture xweda, les guides savent ce qu’il faut transmettre aux visiteurs. Aussi, une analyse des trajectoires des lieux s’énonce-t-elle en termes de pérennisation, d’adaptation, d’évolution, de bifurcation, de mutation, de réinvention ou même de rupture. « En effet, le tourisme peut désormais être appréhendé, d’une part, comme un nouvel ordinaire, renvoyant à un rapport ordinaire au monde, et, d’autre part, comme dynamique voire processus qui tend à se transformer par infusion voire intégration de l’ordinaire et ses pratiques » (Cominelli et al., 2018).
57La mise en tourisme du vodun suppose la mise en scène de certains des éléments de cette institution sociale et non le vodun lui-même dans sa totalité. La théâtralisation d’un pan du vodun n’est pas exclue. La volonté de mobiliser les objets ayant trait au vodun pour l’aventure UNESCO est présente dans les discours des acteurs politiques à tous les niveaux depuis l’organisation du festival Ouidah 1992. Par conséquent, l’implantation d’une économie touristique au Bénin se traduit par le développement de stratégies d’une instrumentalisation du vodun à des fins économiques et /ou politiques qui induisent des ajustements sociaux, le vodun devant se reconstruire alors avec ou à travers le tourisme.
58On constate que les pratiques touristiques à Ouidah se concentrent autour des visites de monuments, de musées, de l’hébergement chez l’habitant, des visites des villages lacustres comme Djègbadji où les habitants sont spécialisés dans la production du sel marin. Cependant, la présence à la fête du vodun le 10 janvier, la présence aux festivals, la présence aux cérémonies, aux rituels, aux rites et la visite des lieux sacrés sont des pratiques les mieux appréciées. La Photo 4 montre une pratique de distraction qui s’observe au Temple des Pythons. « Le quotidien, les modes de vie des habitants représentent des éléments d’appel, nouveaux ou revisités touristiquement » (Gravari-Barbas et Fagnoni, 2013). Donc, les activités vont du loisir au religieux.
B. Imaginaire touristique de Ouidah à travers les lieux de mémoire et du vodun
59Pour de nombreux habitants de Ouidah, le vodun est un patrimoine culturel immatériel, en effet, au sens individuel il fait partie des biens qu’un père de famille lègue à ses enfants. Au sens collectif, le développement d’un art à partir du vodun et de l’histoire de l’esclavage alimentent la construction d’un imaginaire touristique à Ouidah. « Le vodun fait alors l’objet d’une appropriation par les intellectuels béninois, qui le considèrent comme une tradition reflétant les valeurs culturelles de la communauté » (Cousin, 2013). On entend de plus en plus des discours mettant en avant les valeurs culturelles du vodun au Bénin. En un mot, certains lieux et objets sont présentés aux visiteurs avec des discours et des images plus appropriés au tourisme.
60Les sites, les réseaux et médias sociaux font aujourd’hui de plus en plus découvrir le vodun en participant à la construction de l’imaginaire touristique de Ouidah. Par exemple, sur le site de tripadvisor, le vodun et certains lieux culturels à découvrir à Ouidah et en Afrique de l’Ouest sont présentés. Les activités de plein air, les grandes excursions et circuits sur plusieurs jours, les circuits privés et personnalisés, le shopping et les modes de vie et vestimentaires sont mis en avant. De plus, on ne peut nier le rôle important de la diaspora afro-américaine dans la patrimonialisation et la visibilité du vodun. « Tant au Bénin qu’au Brésil, on observe un accroissement non pas des communautés d’adeptes des cultes vodun ou du candomblé, mais de leur visibilité dans l’espace public, à travers notamment des mécanismes de patrimonialisation » (Kadya Tall, 2015). Certains artistes peintres béninois se sont spécialisés dans la production des objets du vodun. Ce travail, à la fois, artistique, technique et spirituel, permet de rendre visible la valeur patrimoniale du vodun en interrogeant sa mise en tourisme. Surtout, au-delà des cultes, ce sont les objets de culte qui rendent visibles les savoirs et savoir-faire à valoriser.
61En outre, deux enjeux majeurs traversent Ouidah dans son imaginaire touristique. Dans un premier temps, Ouidah, peut être considérée comme capitale spirituelle du Bénin et capitale mondiale du vodun. Dans un second temps, c’est un lieu majeur de la mémoire de l’esclavage en Afrique de l’Ouest (Rieucau, 2019). Le classement au patrimoine mondial du Mémorial de la Porte du Non-Retour permet à Ouidah de figurer au premier plan des villes touristiques du Bénin. « Les projets d’inscription de lieux au Patrimoine mondial de l’humanité, portés par des coalitions d’acteurs locaux et nationaux, font désormais l’objet d’une large publicité, alimentant des stratégies de mise en tourisme, de marketing territorial plus large, et révèlent une volonté de singularisation basée sur l’affirmation de l’exceptionnalité d’un lieu, à des fins d’attractivité » (Cominelli et al., 2018).
62À Ouidah, les touristes viennent se divertir. « L’Afrique, souvent considérée comme le berceau de l’humanité, tient aujourd’hui une place de choix dans l’imaginaire des touristes en quête de racines, d’authenticité et de chaleur humaine » (Chabloz et Raout, 2009). Les Afro-américains dont les origines font référence au territoire du Bénin viennent redécouvrir la terre de leurs aïeux. « Le tourisme des racines pratiqué par les Afro-descendants, essentiellement brésiliens, est donc concentré à Ouidah, où se trouve la Porte du non-retour, installée à la suite de la création sous l’égide de l’Unesco, du festival Ouidah92 et de l’itinéraire de la Route de l’esclave » (Cousin, 2013).
63Par ailleurs, la représentation des lieux accompagne fortement le tourisme. Les images suscitent les voyages. Une image de la puissance du vodun est aussi diffusée. Mais, des clichés restent encore vivaces. Les touristes se représentent l’image d’un dieu puissant. Au-delà d’une simple visite de curiosité, c’est aussi le bo (magie africaine) qui a motivé certains voyagistes. L’imaginaire touristique se crée autour de ce qu’on peut voir, toucher, acheter et si possible emporter. En effet, « Les imaginaires touristiques représentent une partie spécifique de la vision du Monde d’individus ou de groupes sociaux, concernant des lieux autres que ceux de leur résidence principale ou se référant à des contextes où pourraient se dérouler certains types d’activités de loisir » (Gravari-Barbas et al., 2017). Ces imaginaires facilitent la transition entre le visible et l’invisible, le connu et l’inconnu. Ils influencent le territoire de Ouidah ainsi que les lieux touristiques.
64Enfin, les films participent aussi à la construction des destinations touristiques. Plusieurs films et documentaires sur le vodun ont été réalisés et mis sur YouTube. De fait, la diffusion de la pratique du vodun et de ses objets à travers les réseaux sociaux (Facebook et YouTube) contribue à un marketing touristique, lequel peut, inversement, porter atteinte à l’authenticité du vodun. À distance, via Internet et les réseaux sociaux, on peut néanmoins appréhender le vodun dans sa dimension esthétique et artistique, notamment à travers le pouvoir des objets rituels, en l’occurrence l’art du vodun, ou l’art dans les sociétés béninoises, témoin d’une vitalité culturelle au Bénin.
CONCLUSION
65Les regards portés par les visiteurs sur les lieux de mémoire participent à leur transformation. Ainsi, le tourisme participe à une circulation de lieux, de pratiques et d’imaginaires du vodun et aussi du territoire de Ouidah. Cette recherche est pour l’heure encore en cours. Toutefois, cette première analyse a permis d’identifier trois logiques qui structurent les lieux visités à Ouidah. La première est celle qui définit ces lieux comme étant des lieux de mémoire. La deuxième prône la valorisation touristique de ces lieux de mémoire. Enfin, la troisième logique définit la mutation des lieux du vodun en des lieux de tourisme. Une cohabitation de ces trois logiques rejaillit sur la transformation des lieux observés afin d’améliorer l’offre touristique. « Offre touristique et attractivité territoriale sont deux éléments liés, appartenant au registre des politiques de développement et du marketing territorial » (Gravari-Barbas et Fagnoni, 2013). Les anciens bâtiments de l’administration coloniale et les lieux qui incarnent la mémoire de l’esclavage ne sont pas les plus importants aux yeux des habitants et des visiteurs nationaux même si les touristes européens et Afro-américains cherchent d’abord à visiter ces lieux-là. Ces lieux de mémoire cachent bien des lieux du vodun. Ainsi, la logique touristique met le visiteur en présence des lieux de mémoire et des lieux du vodun et corrobore l’approche du in et du off. Le tourisme fait prendre conscience de l’importance du patrimoine doublement perçu. Les regards portés par les visiteurs sur ces lieux et sur ces pratiques participent officiellement à leur construction. Cependant, son influence reste faible. Les limites du tourisme à Ouidah sont liées tant à la sous-valorisation des lieux de mémoire, qu’à la pratique même du vodun. Les pratiques touristiques s’observent à Ouidah sur les lieux de mémoire et du vodun, intimement liés. Elles situent Ouidah dans un processus propre et complexe de vodunisation, de patrimonialisation et progressivement de touristification.
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Over : Sourou Augustin AMADOUDJI
Doctorant en cotutelle de thèse entre Sorbonne Université (France) et l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin), École doctorale de Géographie de Paris, Unité de Recherche : MÉDIATIONS-Sciences des lieux-Sciences des liens, jesusamadou@gmail.com