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Les agriparcs urbains d’Alger : une modalité durable d’agriculture urbaine ?
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Dans de nombreuses villes méditerranéennes comme Alger, l’étalement urbain et les effets néfastes des changements climatiques affaiblissent progressivement de vastes zones agricoles de haute qualité. Pour s’adapter aux effets de ces phénomènes et les atténuer, les pouvoirs publics ont initié des politiques publiques de développement urbain, allant de la stratégie de la ceinture verte à la politique des 23 agriparcs. L’objectif de cet article est d’expérimenter la voie d’une alternative qui exalte la constitution d’un territoire agriurbain durable. Une méthode de double durabilité (interne et externe) proposée par Ba et Aubry (2011) est appliquée et développée dans la commune de Chéraga, afin de fournir un premier diagnostic global sur la durabilité de l’agriculture urbaine présente dans les agriparcs. Ceci nous permet d’identifier plusieurs enjeux majeurs, en vue d’optimiser la durabilité de l’agriculture urbaine, réduire les carences et remédier aux déséquilibres constatés.
Abstract
In many Mediterranean cities like Algiers, urban sprawl and the adverse effects of climate change are gradually weakening vast areas of high quality agriculture. In order to adapt to and mitigate the effects of these phenomena, the public authorities have initiated public urban development policies, ranging from the green belt strategy to the 23 agripark policy. The objective of this article is to experiment the path of an alternative that exalts the constitution of a sustainable agro-urban territory. A dual sustainability method (internal and external) proposed by Aubry and Ba is applied and developed in the municipality of Chéraga, in order to provide a first global diagnosis on the sustainability of urban agriculture present in the agriparks. This allows us to identify several major issues, with a view to optimizing the sustainability of urban agriculture, reducing deficiencies and remedying the observed imbalances.
Tabla de contenidos
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Introduction
3Les recompositions territoriales, notamment celles qui s’établissent entre les villes et les espaces agricoles aux alentours, requièrent la prise en compte pluridisciplinaire des enjeux urbains, paysagers et agricoles. À cet effet, un véritable changement de regard et un renouveau des modes opératoires classiques de l’aménagement urbain s’imposent. La prise en compte de l’agriculture par la ville n’est pas un phénomène récent, au contraire, depuis le début de l’urbanisme la question de la place de l’agriculture dans la ville s’est posée formellement (Choay, 1965). De fait, certains acteurs (paysagistes ou concepteurs-jardiniers) intègrent la notion d’urbanisme agricole ou d’agriurbanisme, que Cogato (2005) qualifie de territoire inversé, où l’agriculture par son aspect naturel devient un levier essentiel d’aménagement urbain et participe aux manières d’habiter la ville (Nahmias et Le Caro, 2012).
4Depuis le début du siècle s’est ainsi imposée la figure multiforme de l’agriculture urbaine. Malgré leur diversité, les définitions de l’expression « agriculture urbaine » se sont peu à peu rapprochées : les auteurs mettent le plus souvent en avant l’importance de la réciprocité des échanges entre agriculture et ville, et la dynamique locale de développement urbain. En s’appuyant sur une approche fonctionnelle, ces agricultures urbaines se définissent comme étant la pratique agricole exercée dans la ville et/ou à sa périphérie, dont les produits et les services sont majoritairement destinés à la ville, et qui partagent avec elle des ressources sur le mode de la complémentarité et/ou de la concurrence (Fleury et Donadieu, 1997 ; Moustier et M’Baye, 1999 ; Mougeot, 2000 ; Duchemin, 2012 ; Aubry, 2013). Les agricultures urbaines « sont aujourd’hui valorisées dans leurs dimensions alimentaires, environnementales et sociopolitiques » (Nahmias et Le Caro, 2012), ce qui renvoie à leur caractère multifonctionnel (Wegmuller et Duchemin, 2010 ; Ba et Aubry, 2011 ; Aubry et al., 2012 ; Grandchamp, 2012 ; Aubry et Pourias, 2012).
5Ces projets d’agriculture urbaine fleurissent dans le monde sous divers types tels que : les jardins nourriciers et familiaux, à l’instar de la Cité-jardin du Stockfeld à Strasbourg (Brolly et al., 2013) ; les projets de reconquête et/ou de revitalisation des sites historiques, comme le projet Evergreen Brick Works à Toronto (Pierret, 2014), les jardins temporaires ou intermédiaires, tel que la ferme urbaine mobile Prinzessinnen Garten à Berlin (Kalandides et Kather, 2017), ou la ferme transitoire et expérimentale l’Agronaute (pilotée par La Sauge à Paris et à Nantes), mais aussi les revitalisations d’agricultures pratiquées en zones périurbaines ; comme celle à Mahdia en Tunisie (Chérif, 2013) ou en Ile de France à travers les territoires agri-urbains (Toublanc et Poulot, 2018). Cette diversité interroge la planification urbaine notamment en termes d’exigences de durabilité de ces agricultures urbaines. Une forme particulière d’agriculture urbaine se propage dans le monde de plus en plus : ce sont les parcs agricoles ou agriparcs, intra-urbains ou périurbains.
6Les agriparcs puisent leurs racines dans différents contextes culturels et socio-économiques des villes. « L’idée de créer dans des territoires urbains et périurbains des parcs plus spécifiquement agricoles est récente. En Europe, les premières initiatives datent des années 1970. Elles ne trouvent une reconnaissance institutionnelle que dans les années 1990 » (Jarrige et Perrin, 2017). Ils ont été conçus d’abord en Italie et en Espagne, particulièrement : le parc agricole sud de Milan et le parc agricole de Baix Llobregat à Barcelone sont considérés comme des modèles de référence (Giacché, 2014). Ensuite, l’idée s’est diffusée dans le monde, comme en France, à l’image du grand Parc Garonne de Toulouse, qui a pour enjeu majeur de redonner au fleuve une place prépondérante et de valoriser son rapport à la ville (Péré et Koenig, 2013), ou aux Pays-Bas à travers l’agropark de Kalundborg, qui représente un exemple de parc écoindustriel lié à l’agroalimentaire. Ces projets forment de nouvelles manières de penser la ville et d’envisager un urbanisme davantage flexible et évolutif.
7En Algérie, particulièrement à Alger, après une absence de quinze ans dans les décisions des pouvoirs publics, l’agriculture urbaine suscite un regain d’intérêt, via la reconduction des programmes de développement urbain, en essayant de l’intégrer comme projet structurant dans la planification urbaine, notamment dans le plan vert qui fait partie du plan stratégique d’Alger à l’horizon 2035, affichant l’ambition des pouvoirs publics de faire d’Alger une écométropole à cet horizon de temps.
8Faisant suite à une réflexion menée sur l’agriculture périurbaine à Alger, cet article consiste à valoriser la récente politique d’agriparcs de la wilaya d’Alger pour analyser en quoi ces agriparcs sont (ou non) susceptibles de constituer une forme de préservation de l’agriculture urbaine dans la wilaya. Pour cela, nous présentons d’abord dans la partie I (concepts, contexte local et méthodes) les définitions des concepts d’agriparc urbain et de la durabilité de l’agriculture urbaine, et nous décrivons le contexte de l’agriculture dans la wilaya d’Alger et les problèmes auxquels elle fait face. Nous expliquons par la suite ce que sont les agriparcs algérois et décrivons les méthodes précises utilisées, nous permettant de mieux cerner les liens effectifs ou supposés entre ces agriparcs et leur espace environnant.
9Deuxièment, nous élaborons dans la partie II l’analyse de l’histoire et du fonctionnement de la politique des agriparcs urbains de la wilaya d’Alger, qui aboutira à la troisième partie consacrée aux résultats, qui préconisent d’effectuer un diagnostic multicritère AFOM et un diagnostic de double durabilité au sens de Ba et Aubry (2011), ce qui suppose de mixer les analyses actuelles multicritères à un solide diagnostic agricole. Puis la quatrième partie est consacrée à la discussion des résultats du diagnostic de la durabilité, qui s’est soldée par l’identification des enjeux majeurs, qui permettront de faire le suivi et l’évaluation de la durabilité des agricultures urbaines présentes dans les agriparcs en question, de décider le degré de leur réussite ou échec éventuel, offrant la possibilité de construire un changement positif et d’améliorer la situation, de réduire les carences et remédier aux déséquilibres constatés.
10Cet article ne prétend pas à un caractère d’exhaustivité, mais nous visons principalement à porter un premier diagnostic global de durabilité liée aux caractéristiques internes et aux caractéristiques externes de l’agriparc, afin de pouvoir identifier les enjeux locaux auxquels l’agriculture urbaine algéroise doit faire face dans le futur.
I. Concepts, contexte local et méthodes
A. Le concept d’agriparc urbain
11Dans les faits, l’agriparc ne jouit pas d’une définition propre et partagée. Certains auteurs le définissent par rapport à ses fonctions remplies, d’autres se réfèrent aux acteurs impliqués, son mode de gestion et ses différents espaces. « Le parco agricole sud di Milano a été défini à partir de la loi régionale (n° 86/1983) selon laquelle le parc agricole est : un parc destiné au maintien et à la valorisation des caractères typiques de l’environnement et du paysage des zones rurales, de leurs valeurs naturelles et semi-naturelles traditionnelles, à travers la conservation, la qualification et l’amélioration des activités agrosylve-pastorales » (Giacché, op.cit.). Ferraresi et Rossi (1993) le définissent comme : une structure territoriale qui vise à la production primaire, à sa protection et sa valorisation, et même à la jouissance culturelle, ludique, de loisirs, de l’environnement par les citoyens, en termes compatibles avec la destination principale ». (…) Le Parc Agricole sud de Milan englobe les zones agricoles de la couronne méridionale de Milan et, d’autre part, les nombreuses initiatives des acteurs locaux, visant à la création d’aires agricoles périurbaines (à l’intérieur même du Parc Sud), en particulier près de la ville de Milan (Branduini et Scazzosi, 2011).
12Le parc de Baix Llobregat en Espagne est défini dans la présentation du plan de gestion comme « un outil pour le maintien de l’espace agraire, en développant à la fois l’activité économique qui y est intrinsèque, en améliorant en même temps la qualité environnementale. Ainsi, l’espace agricole agit comme un élément d’équilibre, d’un point de vue environnemental, économique et territorial. Il faut également considérer que le modèle de parc agricole devrait être le résultat des propositions et des contributions des acteurs sociaux, économiques et institutionnels, qui interviennent dans le territoire agraire du Delta de la vallée Llobregat » (Boladeras et Serravinals, 2005). Ces deux expériences partagent l’importance de la préservation des espaces agricoles, le rôle du processus participatif et de la co-construction des projets dans une approche intermédiaire (top down et bottom up), ainsi que le renforcement des relations ville-agriculture.
B. La durabilité de l’agriculture urbaine
13La durabilité de l’agriculture urbaine peut être appréhendée dans ses trois dimensions : économique ; écologique et sociale. Économiquement « elle fait référence à la capacité de l’exploitation à être rentable et à se reproduire dans le temps. La durabilité au sens écologique fait référence à la préservation des ressources naturelles de base, utilisées par l’exploitation ou affectées par les ressources agricoles » (Robin, 2000). Elle implique par exemple la réduction des apports d’intrants chimiques et des impacts environnementaux. La durabilité économique et la durabilité écologique des systèmes agricoles urbains sont intimement liées l’une à l’autre, et semblent devoir s’appuyer sur la diffusion de solutions techniques reproductibles (nouvelles variétés permettant de réduire l’effet de saisonnalité, meilleure gestion des ressources en eau disponibles) et de formes de coordination et de concertation (Mougeot et Moustier, 2004). Socialement, la durabilité représente les conditions de travail et de vie sur l’exploitation agricole, sa transmissibilité et son prolongement sur plusieurs générations.
14Dans un territoire urbain, la notion d’agriculture durable fait appel aux liens entre agriculture et ville et indirectement au développement durable de la ville (Galli et al., 2010). Elle fait partie d’un écosystème composé de flux inputs (entrants) et de flux outputs (sortants), dans un système de boucle idéalement fermée, visant à éliminer les produits polluants et assurer le recyclage des déchets et des effluents. Par ailleurs, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) définit la durabilité de l’agriculture urbaine dans une vision holistique, visant l’idée de gestion durable des ressources et d’égalité d’accès à la terre : « La durabilité à long terme de l’agriculture urbaine et périurbaine est conditionnée par la capacité des agriculteurs et des fonctionnaires urbains, à exploiter les avantages de l’environnement, tout en réduisant les problèmes et en trouvant les moyens de garantir aux producteurs l’accès à la terre » (FAO-Comité de l’Agriculture, 2010).
15Ba et Aubry considèrent que la durabilité de l’agriculture urbaine relève de fait d’une double durabilité : une durabilité interne liée aux caractéristiques endogènes de l’exploitation et sa fonction de production dans l’urbain ; et une durabilité externe, qui reprend l’idée de la durabilité territoriale qui qualifie la participation de l’agriculture au développement territorial durable (Godard et Hubert, 2002) et qui est liée aux fonctions que les urbains reconnaissent à l’agriculture dans leur territoire. (Ba et Aubry, 2011). Une condition nécessaire, sinon suffisante, à leur introduction, maintien, ou développement dans un milieu urbain où les ressources (notamment le foncier) sont très contraintes, est bien que les formes d’agriculture urbaine puissent démontrer cette double durabilité (Aubry et al., 2012 ; Ba et Aubry, op.cit.).
C. Le contexte algérois : une urbanisation prononcée et des changements climatiques observés contribuant à la fragilisation de l’agriculture urbaine
16Alger est située sur un site particulier, qui inclut le massif de Bouzaréah et les collines du Sahel à l’Ouest et la plaine alluviale de la Mitidja (haute et basse) au Sud et à l’Est. Selon le Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (PDAU, 2010), l’aire urbaine algéroise est riche en potentiel agricole majoritairement de haute qualité, avec de grandes superficies classées comme réserves agricoles fondamentales, couvrant 35 940 hectares. Jusque dans les années 1990, on ne parlait pas de la disparition des espaces agricoles sous la pression de la croissance urbaine, ni de la hausse de la croissance démographique ou des îlots de chaleur urbains. À présent, Alger se met face à de nombreux enjeux et préoccupations auxquels il faut s’attaquer simultanément, notamment : économique, alimentaire, d’emploi, de pénurie des ressources naturelles, du dérèglement du climat, etc.
17Cet article se nourrit des observations des phénomènes urbains sur le terrain et principalement sur deux constats principaux: (i) le premier est celui de l’étalement urbain au détriment des terres agricoles, maintes fois mis en avant par les professionnels de la ville ; (ii) le deuxième constat est celui de la récurrence des catastrophes naturelles et des changements climatiques et leurs effets extrêmes (inondations, sécheresse, etc.) qui deviennent de plus en plus fréquents et problématiques à Alger, constituant des risques importants opérant sur l’ensemble des domaines agricoles.
18Chaline (2001) précise que depuis 1992 : « Quant à l’étalement mal maîtrisé du Grand Alger, il a dévoré 1 400 km² de terres fertiles, notamment dans la plaine de la Mitidja ». Ainsi, pendant la période entre 1987 et 1997, l’urbanisation a consommé plus de 15 000 ha de terres agricoles fertiles, et entre 1972 et 1999, plus du tiers de la surface agricole utile a été bâtie ; pendant la même période, 2 706 ha étaient disponibles pour accueillir une urbanisation immédiate (Programme d’Aménagement Côtier, 2002). La wilaya d’Alger abrite 3,2 millions d’habitants (…) c’est la plus petite du pays par sa superficie, mais la plus grande par sa démographie [environ 9 % de la population nationale estimée en 2013 par l’Office National des Statistiques (ONS) à 38,7 millions] (Azzag et al., 2015). La hausse rapide de la population, qui devrait être plus que doublée entre 2015 et 2020 (Wilaya d’Alger, 2016), a toujours été accompagnée de l’augmentation du nombre de véhicules individuels, des projets d’infrastructures de communication et de transport, des différents programmes d’habitats ainsi que du commerce, qui engendrent le mitage des terres agricoles.
19Par conséquent, l’urbanisation très prononcée et mal contrôlée a pris des formes fragmentées et a produit une situation d’archipélisation, du fait de la mauvaise articulation des centres urbains secondaires (Mezoued, 2015). Ceci a généré une pollution croissante des sols et des cours d’eau en surface (notamment par de mauvaises gestions des déchets solides et liquides). La pollution de l’air est due aux particules en suspension, particulièrement les PM10 dues au trafic routier en pleine explosion, et les teneurs journalières variant de 27,2 à 136,1 µg/m³, supérieures aux standards internationaux de 50 µg/ m³. Elle est accompagnée de la présence de métaux lourds (Pb, Fe, Cr) et accentuée par les sols nus et le manque de végétaux (Kerbachi et al., 2009). « Les émissions de carbone sont en constante augmentation avec le développement fulgurant du parc automobile, la faiblesse de l’offre de transport public en commun et la diminution du potentiel vert. Enfin, la fréquence des catastrophes, tant naturelles que technologiques et sanitaires, progresse aussi régulièrement » (Berezowska-Azzag et al., 2014).
20Parallèlement, le changement climatique global se manifeste à Alger par des bouleversements naturels, pouvant conduire à des impacts extrêmes variés. Étant une ville côtière, elle est hautement vulnérable aux inondations, en raison de la nature de son territoire, de la forte concentration de la population, de la forte mobilité (exemple des inondations catastrophiques à Bab El Oued, en novembre 2001, causées par la crue d’Oued Koriche). Comme beaucoup de villes du monde, le climat d’Alger tend à évoluer vers un réchauffement remarquable, d’où l’augmentation de la température de 0,5°C par décennie pour les maximales et de 0,2°C par décennie pour les minimales (ministère de l’Aménagement du Territoire de l’Environnement et de la Ville, 2013). Cette augmentation de la température peut être bénéfique pour le développement de certaines cultures et néfaste pour d’autres. Elle est accompagnée du changement du régime des précipitations annuelles, pouvant conduire à des inondations fréquentes. Ainsi, la ville a connu ces dernières années un déficit hydrique (Agence Nationale des Changements Climatiques, 2011), qui expose l’agriculture à la sécheresse, influence négativement son développement et dégrade ses sols, ainsi que la surexploitation de la nappe aquifère de la Mitidja qui engendre l’intrusion d’eau salée dans la partie avale provoquant par conséquent la détérioration de la qualité des eaux d’irrigation et la baisse des rendements agricoles.
21En l’absence de données marégraphiques affinées sur Alger, l’étude du MATEV (2015), basées sur les projections du Groupe d’Experts, Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC, 2014) émet l’hypothèse que l’élévation du niveau de la mer à Alger est estimée à 20 cm à l’horizon 2030. Néanmoins, « En période de tempête, l’effet de l’élévation du niveau des eaux à l’horizon 2030 n’induira que peu d’évolution des risques de submersion, de l’ordre de 2 % du linéaire du littoral, passant du niveau de risque moyen à un niveau de risque fort » (ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, 2006). La nature du site d’Alger pourrait engendrer des impacts secondaires dans plusieurs zones à des degrés variés, tels que le risque d’érosion et le risque de glissement de terrain (Ibid.) ; il est important de noter que le prélèvement abusif du sable dans le littoral d’Alger a provoqué le phénomène d’érosion. « En moyenne la côte algéroise perd 2,25 mm/an » (ibid., p. 17) qui lui, à son tour, a causé la salinisation des eaux de la nappe souterraine de la baie d’Alger.
22D’autre part, le PDAU d’Alger dans sa version 2010 a identifié un ensemble de projets structurants. Néanmoins, cet instrument d’urbanisme suit une démarche quantitative, qui répond aux besoins en logements et équipements, sans prendre en compte les dynamiques qui se développent en parallèle des différents secteurs. De ce fait, pendant que s’élaboraient les stratégies de préservation du foncier agricole, à travers la création de la ceinture des agriparcs urbains entre 2010 et 2016 en attendant l’approbation du PDAU, ce plan était dépassé par les réalités du terrain non maîtrisées par l’État, notamment l’avancement de l’urbanisation (Figure 1) : « la superficie initiale qui devrait être occupée par les agriparcs a régressé d’environ 5 %. D’ailleurs, l’agriparc n° 17 entre les communes (municipalités) d’El Harrach et Bourouba a été déclaré comme non réalisable, à cause de la disparition des terres agricoles » (Directrice du projet des agriparcs). Face à ces constats se pose la question de la capacité des agriparcs à préserver l’agriculture urbaine contre l’étalement urbain et les effets néfastes des changements climatiques.
Figure 1. Avancement de l’urbanisation à l’intérieur des limites des exploitations agricoles prévues pour les agriparcs urbains. Source : BNEDER, 2016
D. Les agriparcs urbains d’Alger
23En 2016, le PDAU (2010) a été enrichi et articulé sur le plan de la baie d’Alger pour produire le plan stratégique1 de la ville à l’horizon 2035. Porté par la Présidence de la République et dont la maîtrise d’ouvrage revient à la wilaya, ce plan stratégique prévoit six piliers, qui se matérialisent en 82 projets structurants, parmi lesquels le projet des agriparcs urbains, dans le but d’améliorer l’image du territoire algérois et préserver les terres agricoles.
24Bien que la wilaya d’Alger ait commencé à intégrer une nouvelle stratégie d’aménagement, la lecture spatiale à l’échelle du plan de localisation et d’aménagement des 23 agriparcs (Figure 2) montre que ces lieux sont disparates et ne forment un ensemble que dans leur opposition à la ville. La trame verte des agriparcs est tissée par un corridor écologique discontinu (en pas japonais), ce qui pose le questionnement si ces agriparcs urbains pouvaient retisser les liens traditionnels entre l’agriculture et son bassin de consommation (la ville).
Figure 2. Localisation des 23 agriparcs urbains d’Alger. Source : BNEDER, 2016
25À l’échelle de l’agriparc, le zonage type (Figure 3) montre que le cœur de la ville, composé du centre urbain et des surfaces de protection, est entouré d’espaces de loisirs et de récréation d’une part, ainsi que de sites naturels, forêts et plans d’eau d’autre part. Or, l’élément de liaison des différentes parties est représenté par une ligne structurante, qui n’est ni ramifiée ni en boucle, elle ne sert qu’à délimiter le périmètre urbain et les superficies des différentes zones. Il y a un manque de voies secondaires qui les pénètrent pour faciliter l’usage des espaces ; alors que le caractère public de l’agriparc exige l’accueil et nécessite des aménagements et des accès favorisés par les réseaux de circulation.
Figure 3. Schéma représentant le zonage type des fonctions prévues dans les agriparcs d’Alger. Source : Wilaya d’Alger, 2011b, p. 12
26Face à ces constats et problèmes qui pourraient influer sur la durabilité des exploitations agricoles, aucune évaluation de leur durabilité n’y est prévue. L’objectif final de notre recherche consiste à vérifier que l’agriculture urbaine présente dans les agriparcs d’Alger est durable. Pour cette fin, nous avons choisi d’analyser la commune de Chéraga, située dans le sous-système Ouest de la première couronne d’extension urbaine. Chéraga occupe une superficie de 2 791 ha, elle a connu une croissance démographique passant de 36 500 habitants en 1987 à 73 200 habitants en 2008 (ONS, 2008).
27Elle représente un étalement centripète, qui se développe vers les espaces agricoles. Particulièrement marquée par la croissance urbaine désordonnée et peu articulée aux choix futurs du développement stratégique de la capitale, elle a été choisie pour recevoir le premier projet d’agriparc d’une superficie de 555 ha, étendue sur 111 parcelles. Son programme prévoit des espaces agricoles et forestiers (réhabilitation des forêts, pépinière, arboriculture, agrumes, maraîchage, etc.), des espaces de formation agricole (ferme pédagogique), ainsi que des aménagements de loisirs et de détente (centre équestre, parcs urbains, pistes cyclables, etc.). Ces éléments importants font de Chéraga un bon exemple à étudier dans le cadre de la préservation de l’agriculture urbaine algéroise.
E. Les méthodes employées
28La complexité des phénomènes urbains et climatiques observés à Alger nécessite de faire appel à des méthodes d’évaluation à disposition, et de confronter les approches et les savoirs en urbanisme avec les savoirs d’autres disciplines. Cette approche permet aux acteurs concernés de prendre les décisions appropriées d’aménagement durable, en s’appuyant sur des méthodes d’analyses stratégiques et des outils hybrides d’aide à la décision.
29Le diagnostic élaboré se fonde sur les connaissances actuelles et les données agricoles, urbaines et climatiques locales disponibles. La démarche adoptée se décline en trois étapes décrites succinctement comme suit : (i) dans une approche analytique, nous avons fait une analyse du cadre réglementaire et institutionnel national en matière de préservation du foncier agricole contre l’étalement urbain et les changements climatiques, pour cela : on a consulté le Journal Officiel de la République Algérienne qui contient les textes réglementaires (lois, décrets, etc.). Ensuite, nous avons élaboré l’analyse des politiques d’intégration de l’agriculture urbaine à Alger en retraçant son historique, et en focalisant notre propos sur la politique des agriparcs urbains. Nous avons analysé dans cette phase les mécanismes de création de ces derniers (en matière d’aménagement, de gestion, et d’acteurs), pour cela : on a consulté les documents d’archives et la cartographie du Bureau National d’Études pour le Développement Rural (BNEDER) de 1997 à 2021 et le PDAU (2016).
30Ceci a été complété par la réalisation d’entretiens semi-dirigés auprès des principaux acteurs en charge directement ou non de la réalisation du projet, notamment : la directrice du projet et le conservateur principal des forêts, autour de la question de la constitution des agriparcs ; les acteurs impliqués ; le mode de gestion ; l’avancement du projet, etc. Ainsi, nous avons examiné les résultats de l’enquête effectuée entre 2017 et 2019 par le BNEDER, sur un échantillon de 200 agriculteurs dans l’ensemble des communes algéroises, concernant la tranche d’âge, l’expérience professionnelle dans le domaine agricole, le niveau d’instruction, la sécurisation foncière liée à la possession d’un acte de concession, l’adhésion au projet d’agriparc, les besoins et aspirations en matière de cultures et les activités à intégrer, ainsi que les principaux problèmes rencontrés sur le terrain. Puis, nous avons présenté l’agriparc urbain de la commune de Chéraga, afin d’introduire à la phase de diagnostic. (ii) Ensuite, suivant une approche diagnostique multiscalaire (à deux échelles d’observation), basée sur le principe d’interaction entre la zone d’étude et son environnement plus large, et à partir des résultats des analyses précédentes, nous avons mené un diagnostic multicritère AFOM (Atouts, Faiblesses, Opportunités, Menaces). Il s’agit d’une méthode d’analyse multicritère stratégique anglo-saxonne SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats) permettant d’identifier les caractéristiques de la commune de Chéraga en termes d’urbanisation ; de potentiel agricole ; de risques climatiques et naturels, etc. Elle se sert de l’observation du terrain comme un moyen d’appoint à l’exploitation des données collectées (cartographiques, statistiques et climatiques) auprès de sources officielles disponibles2. Le diagnostic AFOM débouche sur l’élaboration d’un listing représentatif des facteurs de résistance et des facteurs de menace, à l’échelle endogène interne de la commune, et à l’échelle exogène externe des communes algéroises environnantes. (iii) Cette approche multiscalaire s’est consolidée par l’adaptation et le développement d’un premier diagnostic de double durabilité, qui nécessite de passer à une échelle plus fine, celle des agricultures urbaines de l’agriparc de Chéraga, en identifiant une série d’indicateurs : en s’appuyant sur les réalités du terrain et les données disponibles, les enjeux les plus pertinents qui résultent de l’AFOM, en plus des facteurs du changement climatique observés dans l’ensemble de la commune. Ce diagnostic a été enrichi par les résultats de l’enquête sus-citée dans la première analyse, réalisée par le BNEDER sur un échantillon de 45 exploitations agricoles parmi 85 présentes à Chéraga. La réalisation d’une enquête complémentaire a été nécessaire, où nous avons interrogé les fils des agriculteurs qui ont accepté d’adhérer au projet (sur 32 exploitations agricoles), en ajoutant le critère de la présence ou non de successeurs, qui permet de faire des estimations plus précises sur la transmissibilité des exploitations agricoles.
31Le diagnostic de la double durabilité cible une durabilité interne qui est « très variable selon la diversité des systèmes de production et la place de l’agriculture dans l’ensemble des activités du ménage » (Ba et Aubry, 2011). Selon ces derniers, elle cible aussi des indicateurs territoriaux exogènes tels que : l’existence ou non de projets urbains sur le territoire des exploitations, la sécurisation foncière liée aux conflits d’usage du foncier en zone urbaine et au type de tenure foncière dans le cas de non-propriété ou de tenure informelle. Ce diagnostic se base sur les critères de viabilité économique (valeur des exploitations, salaire mensuel des producteurs, etc.) et de viabilité de l’exploitation « par l’implication ou non du producteur dans une organisation professionnelle et les rapports qu’il entretient avec d’autres producteurs. Elle permet également d’estimer le critère de charge en travail, apprécié par l’agriculteur lui-même, et souvent évoqué par les agriculteurs comme un problème majeur de leurs exploitations (…). La transmissibilité de l’exploitation est aussi appréciée par les dires de l’agriculteur sur l’opportunité et les possibilités concrètes de reprise, lors des successions intergénérationnelles (…) » (Ibid., p. 9). On ajoute à cela, la dimension environnementale, qui cible des facteurs importants tels que la qualité du sol et la qualité de l’eau utilisée par les agriculteurs.
32Dans le cas de Chéraga, nous avons choisi des indicateurs de durabilité (ou non-durabilité) interne intrinsèques de l’agriparc, et des indicateurs territoriaux de durabilité (ou non-durabilité) externe liés à son environnement plus large. Les indicateurs de durabilité interne sont : (i) la disponibilité du foncier agricole et la diversité de productions existantes et proposées dans l’agriparc ; (ii) la viabilité qui est approchée par l’adhésion ou non du producteur au projet et sa participation à la réalisation de l’agriparc ; (iii) la sécurisation foncière approchée par la possession d’un acte de concession ; et (iv) la transmissibilité des exploitations agricoles et la possibilité de reprise. Les indicateurs de durabilité externe sont : (i) l’existence de projets urbains au sein de l’agriparc ; (ii) la durabilité environnementale au niveau territorial qui est appréciée par les possibilités d’irrigation, la disponibilité des réseaux hydrographiques et la pollution des sols et de l’eau d’irrigation, l’érosion et les glissements de terrain. Aussi (iii) les effets des changements climatiques, notamment : la hausse de la température au-delà de la moyenne ; et la baisse du régime des précipitations. Nous reprendrons ces indicateurs en donnant des éléments précis, au moment de les mobiliser dans le diagnostic de durabilité.
33En l’absence de données économiques fiables sur les exploitations (comme les revenus mensuels des agriculteurs), l’indicateur de viabilité économique des exploitations n’a pas été pris en compte. C’est pourquoi le diagnostic proposé reste ouvert à d’autres indicateurs, qui pourront le compléter une fois que les données seront disponibles. Ensuite, sur la base des résultats précédents, nous avons fait une appréciation explicite de chaque indicateur, qui nous informe de la durabilité de ce dernier.
II. Analyse de l’histoire et du fonctionnement de la politique des agriparcs urbains dans la wilaya d’Alger
A. Un cadre réglementaire et institutionnel national en matière de préservation du foncier agricole, à améliorer
34La comparaison des textes juridiques concernant la préservation du foncier agricole contre l’étalement urbain révèle une contradiction entre les lois : celles3 qui visent à protéger les terres agricoles et à assurer la sécurité alimentaire, et celles4 autorisant l’urbanisation sous prétexte de l’utilité publique : le Programme d’Aménagement Côtier (PAC, 2002) mentionne que le pôle est d’extension urbaine d’Alger, constitué de la commune d’El Harrach, Baraki et les Eucalyptus a occupé des exploitations agricoles (20 ha à Beroughi Ali, 26 ha à Ouled El Hadj Chérarba, 18 ha à Slamani au centre des Eucalyptus, et 50 ha à Haouch Mihoub 1 et 2) pour instaurer des logements, des équipements de proximité, des infrastructures de sport, etc., sous prétexte de l’utilité publique. De plus, les acteurs des différentes institutions changent au fil des années, ce qui engendre une discontinuité dans la planification publique, et risque d’interrompre l’application des orientations du plan stratégique d’aménagement et de dévier la politique des agriparcs de ses objectifs annoncés.
35D’autre part, la préservation du foncier agricole contre les effets négatifs des risques naturels et climatiques, reste toujours marginalisée dans l’activité législative nationale. Néanmoins, il existe un arsenal juridique concernant les énergies renouvelables, la protection de l’environnement, la gestion des risques majeurs et la gestion des catastrophes5, mais n’implique pas directement la préservation du foncier agricole. La loi6 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable a motivé les différents secteurs à entreprendre diverses actions sur le terrain (notamment : études et codifications).
36Elle constitue un support solide de la nouvelle politique, en matière de renforcement de la base institutionnelle et de mise à niveau de la base juridique, d’amélioration de la connaissance des risques, de développement de l’information et de la sensibilisation, de prise en compte de la nature du risque dans l’occupation des sols, d’application des systèmes d’alerte rapide et d’alerte précoce, de préparation aux catastrophes, de mise en place des plans généraux et des plans particuliers de préventions et d’intervention en sont les pivots. Du point de vue institutionnel, il apparait qu’« une Stratégie et un Plan d’Action Nationale pour le Climat aient été élaborés en 2001 (…) et qu’un Plan National Climat ait été proposé en 2013 par le ministère des Ressources en Eau et de l’Environnement (MREE), avec l’aide de l’agence de coopération allemande GIZ. Enfin, un Comité National Climat (CNC) installé en juillet 2015 à Alger, auprès du ministère en charge de l’environnement, renforce le dispositif institutionnel national, pour assurer la coordination, le suivi et l’évaluation des politiques et programmes nationaux relatifs aux changements climatiques » (Berezowska, 2016).
B. Les agriparcs urbains d’Alger : les attendus d’une politique
1. La stratégie de ceinture verte du grand Alger (1997)
37La constitution d’un projet de préservation de l’agriculture urbaine à Alger a été envisagée depuis plusieurs années. Elle avait commencé par l’idée d’une ceinture verte, prévue dans le plan vert du gouvernorat du grand Alger (GGA, 1997), dans le cadre du grand projet urbain (GPU). S’étalant sur la ville et sa zone d’extension suburbaine, la ceinture verte devrait inclure toute la région périphérique de contact des dernières collines du Sahel d’Alger et de la Mitidja. L’étude et la réalisation de la ceinture verte ont été confiées au BNEDER, avec la coordination de l’Agence Nationale de la Nature (ANN), en collaboration avec la Direction des Services Agricoles (DSA) et la Direction des Forêts et de la Ceinture Verte. Il a été proposé trois tracés d’aménagement, dans le but de mettre fin au gaspillage des terres agricoles et des forêts périphériques, tout en maîtrisant l’étalement spatial de l’agglomération (Bouzekri, 2019). Bien que cette réflexion prometteuse n’ait pu dépasser le stade de projet, ces dernières années ont connu son renouvellement à travers la politique d’aménagement des agriparcs urbains.
2. La politique d’aménagement des agriparcs urbains d’Alger (2016) : une reconduction des stratégies d’aménagement
38Ce projet d’agriparcs urbains d’Alger est le premier du genre à l’échelle nationale et africaine. Il permet à la ville d’Alger d’afficher fortement sa détermination à mener une politique d’aménagement agriurbain durable. « L’agriparc urbain correspond à un espace libre, aménagé avec une gestion propre, localisé dans une zone d’interface entre agglomérations et zones naturelle, agricoles et agroforestière, en vue de procurer un cadre de vie de qualité à la communauté locale, d’assurer l’équilibre écologique et paysager, de valoriser le potentiel agrosylvicole et de lutter contre l’étalement urbain à travers l’utilisation durable et permanente de ces espaces, doit devenir un élément fondamental de la structuration du territoire de la wilaya d’Alger (c’est un espace d’articulation entre la structure écologique, la réserve agricole et les agglomérations urbaines » (Wilaya d’Alger, 2011a).
39Il est ainsi question de créer un périmètre d’arrêt de l’urbanisation constitué d’un ensemble d’agriparcs, occupant des Exploitations Agricoles Collectives (EAC) : « les terres sont exploitées collectivement et dans l’indivision, avec des quotes-parts égales entre chacun des membres du collectif librement associés. Chaque producteur ne peut prétendre à plus d’une quote-part ni faire partie de plus d’un collectif »7, et des Exploitations Agricoles Individuelles (EAI) qui sont : « des terres publiques confiées à des familles gérant des exploitations autonomes »8, appartenant aux domaines agricoles, réparties sur des espaces communaux et intercommunaux. À l’ouest d’Alger, deux communes pilotes ont connu le lancement des premiers projets d’agriparcs depuis 2016 : Khraissia (370 ha) ; Chéraga (555 ha) puis le parc Dounia (156 ha, entre cinq communes : Dely Brahim, Ouled Fayet, El Achour, Draria et Baba Hassen). Ils visent à atteindre l’objectif de préservation du foncier agricole, en se basant sur trois conditions principales, à savoir : (i) le respect du cadre légal en vigueur (normes provisoires : préventives et prescriptives, remplacées par le plan stratégique d’Alger à l’horizon 2035 après son approbation) ; (ii) l’aménagement des espaces de circulation, des espaces structurants et de productivité ; (iii) ainsi que le management et la gestion permanente du projet.
3. Mécanismes d’élaboration des agriparcs urbains d’Alger
40Ces agriparcs urbains constitueront des espaces de promotion des valeurs agricoles, forestières et écologiques. Le programme des agriparcs a été planifié sur la base des bilans de l’enquête réalisée par le BNEDER en collaboration avec la DSA sur toute la wilaya, ainsi que des résultats des analyses des caractéristiques climatiques, géologiques et hydrogéologiques. L’enquête révèle une majorité d’exploitants agricoles qui souhaite adhérer au projet et entretenir les cultures arboricoles et forestières. Les résultats montrent que 60 % des agriculteurs dépassent 50 ans et ont une expérience agricole de plus de 30 ans, la majorité a un faible niveau d’instruction à l’exception de quelques universitaires et techniciens, plus de 80 % d’entre eux possèdent un acte de concession foncière. Il a été constaté que 30 % des exploitations agricoles souffrent du manque de main-d’œuvre et 20 % souffrent du manque d’eau d’irrigation et de matériel agricole, les agriculteurs se plaignent de la cherté des intrants.
41L’analyse géologique révèle que les sols sont majoritairement profonds et fertiles, ce qui permet de diversifier les cultures et d’aménager des zones à usage de réserve ou de transition, des zones sensibles ou de protection environnementale. L’analyse climatique a montré que le climat est favorable au développement des fruits et des productions arboricoles : le système de production actuel (centré sur le maraîchage, la production mixte : maraîchage – arboriculture fruitière et la production des céréales) sera diversifié par la plantation de 60 689 plants supplémentaires souhaitée par la majorité des agriculteurs, notamment : les agrumes (citronnier, oranger et clémentinier), ainsi que les productions arboricoles rustiques (grenadier, figuier et olivier) et les brise-vent pour atténuer les effets préjudiciables des vents sur les cultures proposées.
42Il est prévu également d’aménager des bassins d’accumulation dans les sites qui manquent de source d’eau d’irrigation, ainsi que valoriser les espaces naturels à travers l’aménagement des espaces de loisirs, de détente et de sport, et des fermes pédagogiques (comme celle réalisée à Khraissia). La directrice du projet explique que : « Face à une aide par l’État (l’ouverture des potets et la fourniture des plants), les agriculteurs sont disposés à prendre en charge l’entretien des plants en signant un engagement dans le cadre de ce projet ». Il est par ailleurs prévu d’implanter des stations de compostage et des serres multichapelles, afin d’augmenter les rendements agricoles ; contribuer à créer une microéconomie locale et diversifier les cultures.
43En matière de gestion, le projet des agriparcs est issu d’une gestion top Down, financé par la wilaya d’Alger (maître d’ouvrage), la Direction des Forêts et de la Ceinture Verte de la Wilaya d’Alger est le maître d’ouvrage délégué. La délimitation du périmètre de l’agriparc, les modalités de sa gestion et les activités à mettre en place sont confiées au BNEDER, en collaboration avec la DSA de Chéraga. La réalisation des plants a été confiée à l’Entreprise Régionale du Génie Rural (ERGR ZACAR). La conception des agriparcs s’intègre dans une approche qui passe par plusieurs phases. Dans un premier temps, il s’agit d’identifier la structure écologique de la Wilaya ; dans un second temps, de définir les potentialités productives des sites agricoles ; et finalement de détecter les nécessités d’aménagement paysager.
44Une réflexion a associé les acteurs de la ville de toutes les communes de la Wilaya d’Alger, concernant le potentiel d’usage des sols, le modèle de gestion et les meilleures conditions d’applicabilité du projet. Elle a abouti à l’élaboration de termes de référence, définissant la zone d’intervention et le contrat de planification nécessaire, définis par la Wilaya avec l’engagement des entités locales, qui sera l’instrument d’orientation politique où seront définies les directives de développement stratégique. « Après la structuration de l’approche par la Wilaya, le ou les Plan(s) d’Occupation au Sol (POS)9 concerné(s) par l’agriparc urbain en étude sera/seront lancés pour lui donner une crédibilité juridique » (Wilaya d’Alger, 2011b).
45Après la phase d’esquisse en décembre 2016, qui a consisté à délimiter le site et élaborer l’analyse des principaux éléments du milieu physique, le BNEDER a entamé au début de l’année 2017 la phase d’avant-projet, puis l’étude d’exécution en décembre 2017. Ceci a été accompagné du suivi des travaux de réalisation de juillet 2018 jusqu’à l’année 2020. Il reste la phase des travaux d’aménagement des fermes pédagogiques, des espaces de loisirs, de sport et de détente, qui n’a pas été entamé selon le conservateur principal des forêts (2021) : « la réalisation de plantations arboricoles et des brise-vent ont réussi dans la majorité des communes concernées, à mettre fin au grignotage du foncier agricole par l’urbanisation, cette phase franchie constitue un bon signe et une première étape vers la réussite du projet des agriparcs ». Il ajoute que : « jusqu’aujourd’hui, aucune entreprise de réalisation n’a été désignée pour continuer la réalisation des agriparcs d’Alger, à cause du manque de financement par la wilaya d’Alger, et la priorité donnée aux financements des secteurs de la santé, de l’éducation, du logement, etc. ». De plus, le changement du wali (gestionnaire légitime dans la gestion de la ville en tant que représentant de l’État) en 2020, et par conséquent le changement de stratégie de planification, a causé l’interruption des travaux de réalisation des agriparcs, ce qui nous incite à nous questionner sur l’avenir réel de ces projets.
4. Présentation de l’agriparc urbain de Chéraga
46L’agriparc de Chéraga est installé dans le périmètre de trois POS, occupant 32 exploitations agricoles, réparties entre 27 EAC et 5 EAI (Figures 4 et 5) retenues de l’enquête réalisée par le BNEDER. L’agriparc de Chéraga comporte quatre îlots, situés dans les quatre directions et qui recevront différents projets. Les résultats de l’enquête révèlent une population agricole âgée (60 % qui dépassent 60 ans, ayant une expérience agricole qui dépasse les 30 ans), plus de 23 % d’agriculteurs instruits ayant un niveau universitaire, 9 % d’exploitants acceptent la création d’infrastructures de loisirs, d’aires de détente et de sport (l’exemple des exploitants de l’EAC n° 70 du domaine Hamza et l’EAI Sendjak n° 34, souhaitant la création d’une activité équestre). En plus des productions agricoles existantes, notamment : les arbres fruitiers et les cultures herbacées ; 30 % des exploitants souhaitent la plantation de vergers oléicoles ; plus de 40 % souhaitent la mise en place des plantations arboricoles fruitières ; 20 % souhaitent les plantations mixtes en bandes : 15 % souhaitent la plantation d’espèces forestières nobles et 50 % souhaitent la mise en place de brise-vent à base d’oliviers (BNEDER, 2020).
47Le programme de l’agriparc propose de réaliser de très nombreux aménagements : une retenue collinaire ; un centre équestre ; un parc animalier ; trois parcs urbains ; une voie carrossable ; une ceinture verte au périmètre de l’agriparc ; des arbres ligneux (des brise-vent) pour fixer le sol et lutter contre l’érosion, ainsi que la réhabilitation de la forêt de Bouchaoui : 142 ha environ, répartis sur 4 (quatre) cantons faisant partie du domaine forestier national : Bouchaoui parc, village noir, Baroudi et Ghabet Zouael ; de réaliser un club poney ; une pépinière ; une ferme pédagogique (au niveau de l’exploitation agricole n° 53 et n° 54) et de mettre en place de l’apiculture au niveau de certains vergers arboricoles (BNEDER, 2020). Selon la directrice du projet, « un bassin d’accumulation d’une capacité de 50 m³ a été réalisé et exploité dans l’EAC n° 57 (ex- DAS Boussalem Rabah) par le concerné, suite à sa demande de combler ses besoins en irrigation ».
Figure 4. Localisation des exploitations agricoles (EAC et EAI) dans l’agriparc de Chéraga. Source : BNEDER (2021). 1 : 200 000 km. Alger. Modifiée par Bouzekri, 2021
Figure 5. Exemple de cultures plantées dans la zone est de l’agriparc de Chéraga (EAC 95 et EAC 96). Source : BNEDER (2021). 1 : 200 000 km. Alger. Modifiée par Bouzekri, 2021
III. Résultats
A. Diagnostic AFOM : Atouts, Faiblesses, Opportunités, Menaces de Chéraga
48À partir des résultats des analyses préétablies, nous identifions dans les matrices suivantes (Tableaux 1 et 2): (i) les facteurs de résistance (Atouts et Opportunités) notamment : l’aptitude agricole ; la réserve agricole fondamentale ; la surface non urbanisée ; la Surface Agricole Totale (SAT); la Surface Agricole Utile (SAU); la Surface Agricole Irriguée (SAI) ; la perméabilité des sols ; la diversification du potentiel agricole ; la structure écologique fondamentale et la présence des espaces forestiers à Chéraga. (ii) Et les facteurs de menace (faiblesses et menaces) en termes de risques climatiques observés à Alger, notamment : l’augmentation de la température ; le changement du régime des précipitations ; le risque de sécheresse ou d’inondations ; et en termes de risques géologiques et anthropiques: la surexploitation des ressources hydriques ; la surface du secteur urbanisé ; la surface du secteur à urbaniser ; la surface du secteur d’urbanisation future ; le phénomène de bidonvillisation ; l’exposition au risque de glissement de terrain et l’exposition au risque sismique.
Tableau 1. Matrice du diagnostic AFOM de la commune de Chéraga : Atouts-Opportunités. Source : Bouzekri, 2021
Tableau 2. Matrice du diagnostic AFOM de la commune de Chéraga : Faiblesses-Menaces. Source : Bouzekri, 2021
49Le diagnostic AFOM révèle que la commune de Chéraga possède un bon potentiel agricole diversifié, représentant 51 % de la superficie totale. Ces terres agricoles font majoritairement partie des réserves agricoles fondamentales, qui constituent une bonne source d’approvisionnement alimentaire. La diversité des productions agricoles actuelles contribue à préserver et valoriser l’agriculture urbaine, à augmenter les rendements et renforcer l’économie locale. Les possibilités d’irrigation sont moyennement importantes, mais la capacité du sol à retenir l’eau est bonne. La présence d’une structure écologique, d’un massif forestier, ainsi que la proximité des bonnes terres agricoles de la Mitidja pourraient constituer des couloirs écologiques et renforcer la liaison entre l’agriculture urbaine et la ville.
50Néanmoins, Chéraga fait face à plusieurs risques, qui pourraient mettre en péril le potentiel agricole et aggraver les impacts des changements climatiques. Le diagnostic AFOM a fait ressortir particulièrement l’urbanisation mal maîtrisée et les constructions illicites qui diminuent la part des terres agricoles ; la pollution qui se propage dans les sols et les cours d’eau en surface et la pollution de l’air (due aux particules en suspension du réseau routier, usines, etc.) ; ainsi que la salinisation du sol, due à la proximité de la station de désalinisation d’Ain El Benian qui dégrade la qualité des sols et de l’eau d’irrigation. Elle est exposée au risque de sismicité modéré, variable d’une zone à l’autre. L’AFOM révèle plusieurs risques liés au changement climatique, notamment : la hausse de la température de 2°C ; la diminution du régime des pluies de 10 à 15 % accompagné du risque de sécheresse ; et l’augmentation du niveau de la mer de 20 cm à l’échelle de la wilaya (MATEV, 2015), mais qui pourrait s’effectuer sur la zone côtière de Chéraga à moyen terme (à l’horizon 2030), ainsi que l’aggravation des risques géologiques tels que le glissement de terrain et l’érosion dans certaines zones, où la production agricole doit être évitée.
51À l’évidence, il y a un ensemble d’interactions et une symbiose entre les différents phénomènes observés à Chéraga. Si un des phénomènes subit une modification, cela aura des répercussions sur les autres : par exemple, les flux migratoires et les flux de mobilité favorisent le développement local, mais réduisent le solde agricole (la raréfaction de ce dernier pose par conséquent le problème d’insuffisance alimentaire, d’emplois, etc.
B. Diagnostic de la double durabilité de l’agriculture urbaine présente dans l’agriparc de Chéraga
52Afin d’effectuer le diagnostic de la double durabilité de l’agriculture urbaine présente dans l’agriparc de Chéraga, et donner des appréciations explicites des impacts des critères de durabilité sur l’agriculture urbaine, les matrices proposées (Tableaux 3 et 4) se basent sur les résultats tirés de l’AFOM, et des indicateurs déduits du diagnostic de durabilité de Ba et Aubry (2011), ainsi que ceux qui ressortent des résultats de l’enquête réalisée par le BNEDER et l’enquête complémentaire que nous avons effectuée sur les 32 exploitations retenues dans l’agriparc : des indicateurs de durabilité (ou non-durabilité) interne intrinsèques de l’agriparc, et des indicateurs territoriaux de durabilité (ou non-durabilité) externe, au-delà de l’agriparc.
53Concernant la durabilité interne, nous avons choisi : (i) la disponibilité du foncier agricole et la diversité de productions existantes et proposées dans l’agriparc. (ii) La viabilité qui est ici approchée par deux éléments : l’adhésion ou non du producteur au projet et sa participation à la réalisation de l’agriparc, c’est-à-dire l’acceptabilité ou non des agriculteurs d’intégrer la notion du parc dans le projet et assurer par exemple la plantation et le maintien des cultures ; (iii) la sécurisation foncière approchée par la possession d’un acte de concession. (iv) La transmissibilité des exploitations agricoles et la possibilité de reprise qui est appréciée par l’enquête auprès des fils d’agriculteurs, en considérant : l’existence ou non de successeurs et l’âge du producteur en cas de déclaration de non-sécurisation foncière.
54En externe, nous avons choisi : (i) l’existence de projets urbains au sein de l’agriparc (infrastructures routières, constructions, etc.) qui constitue la cause principale de la disparition des terres agricoles. (ii) La durabilité environnementale au niveau territorial qui est appréciée par : les possibilités d’irrigation et la disponibilité des réseaux hydrographiques qui peuvent alimenter l’agriparc; et la pollution de l’eau d’irrigation et des exploitations agricoles, émanant en grande partie des industries. Y est ajouté, l’appréciation de risques géologiques liés à la nature du sol, et qui pourraient s’aggraver par les changements climatiques, notamment l’érosion et les glissements de terrain (pouvant affecter la ressource en sols et donc le rendement agricole et l’accès à l’eau d’irrigation). De même (iii) les effets des changements climatiques, notamment la hausse de la température au-delà de la moyenne et la baisse du régime des précipitations qui pourrait influer sur l’eau d’irrigation des exploitations agricoles et le sol.
Tableau 3. Diagnostic de la durabilité interne de l’agriparc de la commune de Chéraga. Source : Bouzekri, 2021
Tableau 4. Diagnostic de la durabilité externe de l’agriparc de la commune de Chéraga : Source : Bouzekri, 2021
IV. Discussion
55À partir des matrices de durabilité de l’agriculture du futur agriparc de Chéraga, nous constatons une durabilité interne relativement bonne. Les superficies agricoles importantes et la diversité des cultures existantes et proposées montrent la richesse et la multifonctionnalité du programme de l’agriparc. Elles favorisent la lutte contre l’étalement urbain, l’atténuation des gaz à effet de serre, soutiennent la rentabilité économique, et diversifient le paysage. Cependant, ce potentiel agricole est menacé par la non-reconnaissance de la multifonctionnalité de l’agriculture par la majorité des agriculteurs, ce qui pourrait engendrer des conflits d’usage et renforcer la séparation entre le producteur et le citadin.
56D’autre part, la bonne sécurisation foncière assurée par la possession d’un acte de concession, favorise la continuité de la pratique agricole pendant au moins 40 ans, interdit les transactions illégales et favorise la transmissibilité intergénérationnelle. De même, le fort taux d’adhésion des agriculteurs interrogés (supérieur à 70 %) et leur volonté de participer au projet d’agriparc constituent un facteur de réussite. Toutefois, la transmissibilité n’est pas totalement assurée dans l’agriparc : les attributaires des exploitations agricoles (EAC, EAI) ont vieilli, ils se plaignent du manque de la main-d’œuvre et de l’eau d’irrigation, la majorité de leurs enfants (45 %) refuse de continuer dans le métier de paysannerie, 25 % qui préfèrent poursuivre leurs études pour devenir cadre, d’où une minorité encouragée par leurs parents agriculteurs émet la probabilité de devenir diplômé en agronomie ou en médecine vétérinaire, face à 30 % des enquêtés qui souhaitent reprendre le métier de leurs parents : « je suis fils d’agriculteur, je n’ai pas honte de le dire, même s’il est pauvre, il a assuré mon avenir en travaillant la terre et j’aimerais faire comme lui dans le futur » (Fils d’agriculteur).
57Par ailleurs, la durabilité externe est menacée par plusieurs risques, notamment : les constructions illicites et les bidonvilles, ainsi que la migration interne font apparaître de larges espaces de forte vulnérabilité, qui influent sur la qualité des biens agricoles, entrainent des conflits d’usage des ressources naturelles et augmentent le taux de pollution. La durabilité environnementale est menacée par le manque d’eau d’irrigation dans certaines zones de l’agriparc : une des solutions peut être la réalisation de bassins d’accumulation, comme celui qui sera réalisé dans l’EAC n° 57 de l’agriparc. On note cependant, la propagation de la pollution de l’eau d’irrigation dans les exploitations agricoles, le risque d’érosion et de glissement de terrain qui dégradent les sols et la qualité des eaux provoquée par les matières en suspension. Les brise-vent et l’arboriculture proposés dans l’agriparc peuvent rendre le sol moins vulnérable à ces risques.
58D’autre part, la raréfaction des eaux de pluies, qui pourrait causer la sécheresse et la diminution des rendements agricoles, risque d’influer sur la sécurité alimentaire, engendrer la baisse des revenus des producteurs, et des conflits d’usage de la ressource en eau, etc. De même pour la hausse de la température, qui pourrait causer des stress thermique et hydrique, et entrainer la perturbation des écosystèmes susceptible d’affecter les productions, voire générer des incendies de forêt (forêts de Bouchaoui), diminuant par conséquent la part du couvert agricole et forestier.
59Il manque encore des éléments pour approfondir ce diagnostic, notamment des éléments économiques dans les exploitations, actuelles et en projection, des éléments complémentaires sur la viabilité (quel devenir réel des exploitations sans successeurs, quelle sécurité foncière réelle), il faut considérer aussi l’appréciation par les habitants non agriculteurs des activités et aménagements proposés qui leur seront destinés, et des éléments au niveau territorial. Des observations fines sur des espaces restreints permettraient de caractériser les écarts et les variabilités climatiques, et avec des enquêtes dans les exploitations, d’aborder ainsi la question de l’adaptation des agricultures urbaines et des pratiques culturales locales au dérèglement climatique.
Conclusion
60La préservation de l’agriculture urbaine existante constitue un préalable absolu à Alger. De fait, le concept d’agriparc se distingue par son originalité et se manifeste comme un catalyseur d’une action politique, et une innovation territoriale qui consiste essentiellement à préserver, améliorer et développer l’agriculture urbaine et à passer d’une agriculture extensive à une agriculture durable à forte valeur ajoutée. Il accentue la singularité de l’agriculture urbaine, qui réside davantage dans sa multifonctionnalité et l’agencement des fonctions diverses qui lui sont attribuées. De ce fait, le passage du concept à la réalité montre que l’agriparc devient un support d’expérimentation d’une innovation, un regain d’espoir pour un territoire où l’on peut vivre, produire, consommer et se détendre différemment. L’adaptation de ce concept dans le contexte territorial algérois demande de bien reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture urbaine et ce qu’elle peut apporter à son territoire d’ancrage.
61D’autre part, la diversité du tissu de la ville d’Alger, ainsi que son caractère fragmenté et hétérogène semblent être une entrave à la généralisation du modèle de zonage ainsi élaboré. Suivant une approche multiscalaire, la lecture de l’agriparc à deux niveaux spatiaux d’observation [à l’échelle exogène de la ceinture des agriparcs urbains et à l’échelle endogène de l’agriparc urbain] permet de déceler les atouts et les faiblesses de l’agriculture urbaine, ainsi que de dégager les capacités de sa préservation. Il faut faire en sorte que le projet d’agriparc ne soit pas un programme sectoriel orphelin, projeté sur des parcelles urbaines et périurbaines algéroises. La réflexion sur cette politique devrait faire l’objet d’un montage complexe de projets intégrés, et non pas de projets épars juxtaposés ; elle doit miser sur l’idée de liaison et orienter les efforts vers la continuité interne et externe des espaces, car la force de la ceinture des agriparcs réside dans les interactions qui existent entre les lieux qui les composent et l’au-delà de ces lieux.
62À cet effet, il n’est pas évident que le projet des agriparcs puisse aller au bout, au vu des perturbations du calendrier engendrées par les crises (sanitaires et politiques). Cette politique reflète des ambitions très intéressantes au niveau du rapprochement ville-agriculture (notamment sur les nouvelles formes d’activités récréatives), mais qui demandent des financements importants, pour lesquels il n’y a pas encore une forte visibilité.
63Malgré l’absence de données sur la viabilité économique, cette contribution a permis d’illustrer la pertinence de la méthode d’évaluation de la double durabilité. Elle a été appliquée sur la commune de Chéraga, mais peut être généralisée sur l’ensemble des agriparcs d’Alger et reste adaptable à d’autres contextes urbains dans l’optique d’optimiser les effets positifs, ou le cas échéant, de remédier aux insuffisances d’éléments indispensables à la durabilité de l’agriculture urbaine.
64La durabilité de l’agriculture urbaine ne peut être effective qu’après le recours à une réflexion globale qui inclut les différents enjeux. En perspective, il serait opportun d’ouvrir de nouveaux horizons, de mener une expérimentation qui permettrait de caractériser les écarts et les variabilités climatiques, et de faire un diagnostic par grandes catégories d’exploitations agricoles aujourd’hui existantes (les vergers, l’apiculture, le maraîchage, la production céréalière, etc.) et par type de projet sur le territoire. En effet, la localisation de ces types d’exploitations agricoles dans les territoires pourrait conduire à de fortes différences de durabilité selon les systèmes.
Notes
651Approuvé par le décret exécutif n°16-319 du 5 décembre 2016.
662Direction des Forêts et de la Ceinture Verte de la Wilaya d’Alger, Bureau National d’Études pour le Développement Rural, Direction des Services Agricoles, ministère de l’Aménagement du Territoire de l’Environnement et de la Ville, Direction de l’urbanisme de l’architecture et de la construction, Agence Nationale des Changements Climatiques, Direction du Logement de la Wilaya d’Alger, Wilaya d’Alger, Société des Eaux et de l’Assainissement d’Alger.
673La loi 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière, dans ses articles 36 et 37 (JORA, 1990), la loi 08-16 du 3 août 2008 portant orientation agricole (JORA, 2008), la loi 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles relevant du domaine privé de l’état (JORA, 2010).
684La loi 91-11 du 27 avril 1991, fixant les règles relatives à l’expropriation pour cause d’utilité publique (JORA, 1991).
695La loi 04-09 correspondant au 14 août 2004 relative à la promotion des énergies renouvelables (JORA, 2004) et la loi nº 03-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable (JORA, 2003). La loi 04-20 du 25 décembre 2004 (JORA, 2004) relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes, dans le cadre du développement durable.
706La loi 04-20 du 25 décembre 2004 (JORA, 2004).
717Article 9 de la loi n°87-19 du 8 décembre 1987 déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits et obligations des producteurs (ministère de la Justice, 1987).
728Ces terres sont exceptionnellement envisagées dans les cas et aux conditions fixées par la loi n°87-19 du 8 décembre 1987 déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits et obligations des producteurs. Selon l’article 37 de la présente loi : « Lorsqu’après constitution des exploitations agricoles collectives, il subsiste des parcelles de terres dont la taille ne pourrait satisfaire à la capacité de travail du collectif le plus réduit et/ou ne pourraient être intégrée dans une exploitation du fait de leur enclavement ou de leur éloignement, elles peuvent être attribuées à titre individuel dans les conditions fixées à l’article 10 de la présente loi » (ibid.).
739L’élaboration des POS fait référence au décret exécutif n°91.178, du 28 mai 1991, avec la prise en compte de l’article 149 du règlement du PDAU.
Liste des acronymes
74AFOM: Atouts, Faiblesses, Opportunités, Menaces
75ANCC: Agence Nationale des Changements Climatiques
76BNEDER: Bureau National d’Études pour le Développement Rural
77BRGM : Bureau de Recherches géologiques et minières
78CC: Changements Climatiques
79CNC: Comité National Climat
80Cr : Chrome
81DSA: Direction des Services Agricoles
82DUAC: Direction de l’Urbanisme, de l’Architecture et de la Construction
83FAO: Food and Agriculture Organization of the United Nations
84Fe : Fer
85GES: Gaz à effet de Serre
86GGA : Gouvernorat du Grand Alger
87GPU : Grand Projet Urbain
88IAU-IDF : Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Ile de France.
89JORA : Journal Officiel de la République Algérienne
90MATE: ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement
91MATEV: ministère de l’Aménagement du Territoire de l’Environnement et de la Ville
92MREE: ministère de Ressources en Eau et de l’Environnement
93ONS: Office National des Statistiques
94PAC: Programme d’Aménagement Côtier
95PDAU: Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme
96Pb : Plomb
97PM : Particulate Matter
98POS: Plan d’Occupation au Sol
99PSDA: Plan Stratégique de Développement d’Alger
100RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
101SAI : Surface Agricole Irriguée
102SAT: Surface Agricole Totale
103SAU: Surface Agricole Utile
104SEAAL: Société des Eaux et de l’Assainissement d’Alger
105SWOT: Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats
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Para citar este artículo
Acerca de: Sara BOUZEKRI
Architecte-urbaniste, enseignante chercheuse, doctorante
Laboratoire Projet Urbain, Ville et Territoire (PUViT)
Département d’Architecture, Institut d’Architecture et des Sciences de la Terre
Université Ferhat Abbas Sétif 1, Algérie
bzsara03@gmail.com
Acerca de: Said MADANI
Professeur, Architecte, enseignant-chercheur
Directeur du laboratoire Projet Urbain Ville et Territoire (PUViT)
Département d’Architecture, Institut d’Architecture et des Sciences de la Terre
Université Ferhat Abbas Sétif1, Algérie
smadani@univ-setif.dz
Acerca de: Christine AUBRY
Docteur INRA
Professeur Consultant à l’AgroParisTech
UMR SADAPT. France
christine.aubry@agroparistech.fr