Une expérience naturelle sur la reconnaissance des limites territoriales sur l'arène de parade chez les tétras lyres (Tetrao tetrix)

  • A natural experiment on the recognition of territorial limits on the arena in Black Grouse cocks

p. 91-100

Résumés

Black grouse defending a territory on a display arena use visual landmarks to recognize their mutual borders : grass tufts, heather shrubs, young trees, dead twigs, moss clumps... If the population of the arena is stable, each cock knows these landmarks very well, avoids trespassing them, and waits for his neighbours at the precise limits. If the population is changing and if young intruders try to settle, developing a strong pressure against central territories, it is much more easy for the owners to defend them when visual landmarks enhance the limits. Thus, cocks on our study areas soon use the numbered pools that we regularly space out on the arena to allow a precise recording of the territorial limits.

The best way to prove the role of the natural landmarks in the recognition of the territorial limits would be to suppress them all. This is not utopic at all ; it suffices that a heavy snow fall covers the vegetation. Such a situation has been witnessed twice during our observations. As a result, the limits stay stable whenever the cocks are able to see the slightest usual landmarks, whereas they fluctuate on a large scale where both the vegetation and the numbered pools have been covered by a thick snow.

Black Grouse cocks so really use landmarks to recognize their territorial limits.

Lorsque la population d’une arène de parade de Tétras lyres (Tetrao tetrix) est stabilisée, le parcellaire territorial est relativement stable, chaque oiseau reconnaissant les limites de son domaine et les frontières de ses voisins. Les oiseaux utilisent à cet effet des repères visuels au sol : touffe de mousse, touradon de molinie, buisson de bruyère, creux du terrain, arbrisseau, clôture, fossé..., voire le balisage de piquets numérotés mis en place pour les observations pour faciliter le repérage et la cartographie de ces frontières.

À deux reprises en Fagne wallonne en 1973, on a été témoin d'une situation ayant valeur d'une expérience naturelle sur la reconnaissance de ces limites territoriales, par rapport aux repères visuels. Par deux fois, en mars et en avril, une épaisse couche de neige a recouvert en une nuit tous les repères visuels. Correctement disposés les uns par rapport aux autres sur la surface neigeuse, les coqs ne reconnaissaient plus les limites exactes de leur territoire ; ils effectuaient des avancées et reculs au-delà et en deçà des limites habituelles ; leur déplacement témoigne à chaque instant de leur détermination en fonction de leur position respective. Dès que des repères visuels réapparaissent par suite de la fonte de la neige, les frontières se cristallisent, le parcellaire territorial se fige.

Texte

Version Fac-similé [PDF, 3,8M]

Citer cet article

Référence papier

Jean-Claude Ruwet et Serge Fontaine, « Une expérience naturelle sur la reconnaissance des limites territoriales sur l'arène de parade chez les tétras lyres (Tetrao tetrix) », Cahiers d'éthologie, 6 (1) | 1986, 91-100.

Référence électronique

Jean-Claude Ruwet et Serge Fontaine, « Une expérience naturelle sur la reconnaissance des limites territoriales sur l'arène de parade chez les tétras lyres (Tetrao tetrix) », Cahiers d'éthologie [En ligne], 6 (1) | 1986, mis en ligne le 08 mars 2024, consulté le 26 juin 2024. URL : http://popups.uliege.be/2984-0317/index.php?id=1972

Auteurs

Jean-Claude Ruwet

Laboratoire d’Éthologie et Psychologie animale, Institut de Zoologie de l'Université, 22, Quai Van Beneden, B-4020 Liège ; Station Scientifique des Hautes-Fagnes, Mont Rigi, B-4898 Waismes

Articles du même auteur

Serge Fontaine

Articles du même auteur

Droits d'auteur

CC BY-SA 4.0 Deed