BASE

Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement/Biotechnology, Agronomy, Society and Environment

1370-6233 1780-4507

 

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Céline Louis, Vincent Thoral, Kouami Kokou & Mélanie Broin

Analyse-diagnostic du système agraire de la région d’Ahépé, au sud du Togo

(Volume 7 (2003) — Numéro 3-4)
Article
Open Access

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Annexes

Notes de la rédaction

Reçu le 16 décembre 2002, accepté le 29 octobre 2003

Résumé

Le système agraire de la région d’Ahépé, à 80 km au nord de Lomé, Togo, a été étudié. Dix-huit enquêtes historiques et 44 enquêtes d’exploitation ont été réalisées. Quatre grandes phases dans l’évolution du système agraire de la région étudiée ont été distinguées. 1. Agriculture pionnière sur abattis-brûlis, avec des temps de friche supérieurs à 20 ans. 2. Lorsque l’accès à la terre diminue, alors que le palmier à huile (Elaeis guineensis) devient une source de revenus prépondérante, on passe à un système de “palmeraie friche” qui nécessite une surface disponible au moins trois fois supérieure à la surface cultivable par actif. 3. Afin de faire face à la baisse de disponibilité foncière, le troisième système est celui de “l’élagage brûlis” avec des phases de culture et de friche se succédant tous les 3 ans. 4. Enfin, quand la terre est vraiment insuffisante et qu’il faut la cultiver dans son intégralité, on observe deux types de phénomènes : crise “malthusienne” avec exode rural et vente de la force de travail, et intensification du travail et du capital par unité de surface. Au sein du système agraire contemporain, nous avons distingué cinq catégories d’exploitations. Le seuil de survie (c’est-à-dire le niveau minimal de ressources nécessaires) a été estimé pour une famille composée de 2 adultes et 3 enfants à 79.000 F CFA par actif et par an, dont 47.000 F CFA en argent (pour acheter ce qui ne peut pas être produit sur l’exploitation). La première catégorie d’exploitations est un système vivrier sur friches courtes à palmeraies. Avec des surfaces inférieures à 1 ha, les cultures vivrières représentent jusqu’à 80 % du revenu agricole annuel, qui ne dépasse pas 200.000 F CFA par actif. La seconde catégorie d’exploitations, de mêmes surfaces que les précédentes, est un système vivrier sur friches courtes à palmeraies et cultures de rente continues (fruitière et maraîchère), dégageant un revenu agricole annuel par actif compris entre 200.000 et 1.600.000 F CFA. La troisième catégorie, avec des surfaces comprises entre 1,1 et 1,5 ha, à cultures de rente dominantes (coton), rencontre des conditions financières difficiles. En effet elles sont confrontées à des problèmes de gestion de la culture du coton, et dégagent un revenu monétaire relativement faible (moins de 100.000 F CFA/actif/an), et le revenu agricole total varie entre 200.000 et 300.000FCFA/actif/an, dont au moins 50% provient des cultures vivrières. La quatrième catégorie regroupe des exploitations de surface plus importante (1,5 à 2,6 ha) dont les propriétaires appartiennent à l’ethnie Kabyé. Ce système est basé sur la culture du coton, mais avec des meilleurs résultats que dans la catégorie précédente, et sur les cultures vivrières. La culture du teck est aussi largement répandue dans ce système, qui dégage des revenus agricoles annuels par actif compris entre 400.000 et 800.000 F CFA. La dernière catégorie est un système à cultures vivrières sur friches longues à palmeraies et cultures de rente à haute valeur ajoutée, avec des exploitations pouvant atteindre 6 ha. Le revenu monétaire de ces exploitations dépasse souvent la moitié du revenu agricole annuel total par actif, qui peut atteindre jusqu’à 2.000.000 F CFA. Les exploitations des catégories 1 et 3 ne sont pas viables à long terme. Ces systèmes nécessiteraient une formation des agriculteurs et un accès à des micro-finances afin de pouvoir évoluer vers la deuxième catégorie. La gestion des exploitations des catégories 2, 4 et 5 pourrait être améliorée par un accès à des formations et une meilleure utilisation des terres.

Mots-clés : enquête sur exploitations agricoles, revenu de l’exploitation, sociologie économique, structure agricole, Togo

Abstract

Analysis of the agricultural system of the region of Ahépé, south Togo

The agricultural system of the region of Ahépé, 80 km north of Lomé, Togo, was studied. Eighteen historical surveys and 44 farm surveys were carried out. We distinguished four main stages in the evolution of the farming system in the region. 1. Pioneer farming based on burning, with fallow land lasting more than 20 years. 2. When access to land starts to decrease, and oil palm (Elaeis guineensis) starts being the main source of revenue, the system becomes fallow-land with oil palm based. Such a system necessitates an available surface at least three times larger than the cultivated area. 3. Due to lack of available land, the third system is based on pruning and burning of oil palm fallow lands with alternative cultivation and fallow land every three years. 4. Finally, after cultivated land becomes really short, rural depopulation, sale of labour force, and work intensification per unit of surface and of capital are observed. In the actual farming system, we distinguished 5 different categories of farms. The “survival threshold” (the minimal amount of resources needed), estimated for a family with two adults and three children, is F CFA 79,000 per working adult and per year, of which F CFA 47,000 in cash (to buy everything that cannot be produced on farm). The first category is a food-producing system on short time fallow-land with palm trees. With farms smaller than 1 ha, food crops are dominant (80% of the agricultural revenue) and the total agricultural revenue per working adult is less than F CFA 200,000 per year. The second category is a food-producing system on short time fallow-land with palm trees and cash crops. The annual agricultural revenue per working adult varies from F CFA 200,000 to 1,600,000. In the third category, cash crops are dominant (mainly cotton) but the farms are in difficult financial conditions. The surfaces in this system vary between 1.1 and 1.5 ha. Due to problems in the management of the cultivation of cotton, the revenue in cash is rather low (less than F CFA 100,000 per working adult and per year), and the total agricultural revenue varies between F CFA 200,000 and 300,000 per working adult and per year, with more than 50% due to food crops. The fourth category gathers farms with larger surfaces (1.5 to 2.6 ha) whose owners are from the Kabyé ethnic group. The system is based on the cultivation of cotton, with a better organisation than in the previous one, and food crops. The cultivation of teak is also widely spread in this system, which generates an agricultural revenue per working adult of F CFA 400,000 to 800,000 per year. The last category of farms (surfaces up to 6 ha) is based on food crops on long-time fallow lands with palm trees, high value cash crops and teak. The cash revenue is often more than half of the total agricultural revenue, which can reach up to F CFA 2,000,000 in this category. The farms in the first and third categories are not viable on the long term. With inputs in training of the farmers and micro financing, these systems could evolve towards the second type of farms. In addition, the management in farms of the second, fourth and fifth categories could be improved through access to training and a better use of land.

Keywords : agricultural structure, economic sociology, farm income, farm surveys, Togo

Pour citer cet article

Céline Louis, Vincent Thoral, Kouami Kokou & Mélanie Broin, «Analyse-diagnostic du système agraire de la région d’Ahépé, au sud du Togo», BASE [En ligne], Volume 7 (2003), Numéro 3-4, 137-149 URL : https://popups.uliege.be/1780-4507/index.php?id=14337.

A propos de : Céline Louis

Unité d’Enseignement et de Recherche Agriculture comparée et Développement agricole. Institut national agronomique Paris-Grignon. 16, rue Claude Bernard. F-75231 Paris Cedex 05 (France).

A propos de : Vincent Thoral

Unité d’Enseignement et de Recherche Agriculture comparée et Développement agricole. Institut national agronomique Paris-Grignon. 16, rue Claude Bernard. F-75231 Paris Cedex 05 (France).

A propos de : Kouami Kokou

Laboratoire de Botanique et Écologie végétale. Faculté des Sciences. Université du Bénin. B.P. 1515, Lomé (Togo).

A propos de : Mélanie Broin

Association Propage. 211, rue du Faubourg Saint-Antoine. F-75011 Paris (France). E-mail : melaniebroin@hotmail.com