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Cadre conceptuel pour l’étude de la relation société-milieu : attache et insertion au monde
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Description du sujet. Cet article traite d’une manière d’aborder la relation société-milieu, adaptée au caractère multi-échelle et interdisciplinaire des problématiques socio-écologiques contemporaines complexes.
Objectifs. Son objectif est méthodologique : construire un cadre conceptuel, formel et générique, qui ait le potentiel de guider la phase d'observation et rende mieux compte de la relation société-milieu.
Méthode. La modélisation conceptuelle utilise un standard de langage formel, des ontologies de domaines de connaissance pour définir un méta-modèle d'observation puis modéliser l'objet d'intérêt, un triplet, lui-même en relation avec son contexte, et la notion de service écosystémique (SE). Elle procède par abstraction croissante.
Résultats. Le modèle RESOMI décrit le triplet-SE (une personne - un faisceau de liens en vue de services écosystémiques - un espace géographique) en précisant ses attributs internes et ses relations avec son contexte territorial, puis en abstrait des fonctions ; il distingue les concepts directement observables (1er niveau d'abstraction) de ceux des fonctions, non directement observables (2e niveau d'abstraction). De plus, avec un niveau d'abstraction encore supérieur, le modèle AIM positionne deux nouveaux concepts, attache et insertion au monde, dans une ingénierie territoriale elle-même abstraite à partir de l'organisation des fonctions.
Conclusions. Le cadre conceptuel formé de deux modèles opère des ponts entre disciplines et échelles ; il offre des perspectives de modélisation mathématique et informatique. Son potentiel d’observation-description est mis en perspective dans deux expériences de terrain. Il est ensuite discuté de façon générale et pour sa capacité à intégrer plus d'éthique et de durabilité dans les problématiques socio-écologiques pour une meilleure gouvernance.
Abstract
Conceptual framework for analyzing the society-environment relationship: link to and insertion into the world
Subject. This article deals with a way of approaching the society-environment relationship, adapted to the multi-scale and interdisciplinary nature of complex contemporary socio-ecological issues.
Objectives. Its objective is methodological: to build a formal and generic conceptual framework, which has the potential to guide the observation phase and better account for the society-environment relationship.
Method. The conceptual modeling uses a formal language standard, knowledge domain ontologies, in order to define an observation meta-model. It then models the object of interest, a triplet, itself in relation to its context, and the notion of ecosystem services. It proceeds by increasing abstraction steps.
Results. The RESOMI model describes the triplet-SE (a person - a bundle of links in view of ecosystem services - a geographical space) by specifying its internal attributes and its relations with its territorial context, then abstracts functions from it; it distinguishes directly observable concepts (1st level of abstraction) from those of functions, not directly observable (2nd level of abstraction). Furthermore, with an even higher level of abstraction, the AIM model positions two new concepts, attachment to and insertion into the world, within a territorial engineering, which was abstracted from organizing functions.
Conclusions. The conceptual framework consists of two models, bridging disciplines and bridging scales; it offers prospects for mathematical and computer modelling. Its potential for observation-description is assessed in two field situations. It is then discussed in general and for its ability to integrate more ethics and sustainability into socio-ecological issues for better governance.
Table of content
Reçu le 31 mai 2022, accepté le 26 avril 2023, mis en ligne le 15 mai 2023
Cet article est distribué suivant les termes et les conditions de la licence CC-BY (http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr)
1. Introduction
1Il est communément admis que, par leurs activités, leurs modes de vie, leurs organisations sociales, leurs croyances, leurs perceptions et leur connaissance de ce qui les entoure, les êtres humains, individus isolés ou regroupés en sociétés, entretiennent des relations étroites avec l’espace et les milieux – « naturels » et désormais presque exclusivement anthropisés – dans lesquels ils vivent et avec lesquels ils interfèrent (Robert & Chenorkian, 2014). Ces relations souffrent aujourd’hui de dérèglements mondialisés qui se traduisent par l’anthropisation croissante de la planète Terre, la modification du climat et la fragilisation de larges populations du fait de phénomènes tels que la désertification et l’insécurité alimentaire (Loireau et al., 2017a ; Sultan et al., 2021). Pour enrayer leurs causes et atténuer leurs effets (e.g. réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique [Chevallier et al., 2020] ; intensifier durablement l’agriculture [Olivier et al., 2022]), la société humaine tente de s’organiser à l’échelle globale, via des conventions cadres et des objectifs spécifiques1 qui peuvent se décliner en plans d’actions nationaux ou locaux, et à l’échelle locale, via des conventions spécifiques (e.g. charte des parcs naturels régionaux2, pacte pastoral intercommunal [Barrière & Bes, 2017]) ou plateformes d’innovations (Kilelu et al., 2013). Mais les positions défendues à l’échelle globale ont du mal à se concrétiser à l’échelle locale et les actions menées par la société à l’échelle locale ont du mal à se faire reconnaitre à l’échelle globale (Fargette et al., 2018). Dans tous les cas, les mécanismes sous-jacents à ces problématiques socio-écologiques sont complexes et se jouent à différentes échelles. Ils sont d’origines multiples, en lien avec différents systèmes socio-économiques, agro-bio-physiques et différents espaces géographiques.
2Appréhender cette complexité et connecter les échelles du plus local au plus global interrogent les relations que les hommes ont avec leur environnement dans la zone dite critique3 (notion qui souligne la fragilité de notre monde humain et biologique, et montre comment humanité et nature sont conjointes et intimement mêlées [Aquilina, 2023]). Dans ce travail, nous approcherons cette complexité par l’étude de la relation société-milieu.
3Dans les sciences de l’environnement, le terme environnement est historiquement associé à la sphère écologique de la relation hommes-environnement (Picouet et al., 2004). Il est de plus en plus assimilé au terme de milieu (ou cadre) de vie qui comprendrait les hommes et les milieux, au sens de biosphère ou géosphère (Robert & Chenorkian, 2014) ou au sens de milieu naturel anthropisé où l’anthropique, le biotique et l’abiotique contribuent à un seul et même écosystème (Chenorkian, 2020). En théorie des systèmes, il est employé pour définir ce qui environne le système étudié (Cambien, 2008, p 18). Pour éviter l’usage de ce terme polysémique tout en souhaitant relier les approches systémiques aux approches géographiques, nous optons comme Chenorkian pour le concept de milieu. Employé au singulier dans ce travail, le milieu comprend au sens large l'ensemble des conditions, des facteurs qui caractérisent le contexte environnemental (bio-physico-socio-écolo-écono-systémique) auquel est soumis un élément d'intérêt dans un espace géographique (Fargette et al., 2022). Quant au terme de société, lui aussi employé au singulier dans ce travail, il permet de considérer l’ensemble des relations des hommes entre eux et avec le milieu, qu’elles soient individuelles ou collectives.
4Se donner les moyens scientifiques d’étudier la relation société-milieu l.s. à toute échelle est un défi à mener en interdisciplinarité. Cela se traduit par exemple par la création de nouvelles branches disciplinaires telles que l’ethnobiologie4 en anthropologie ou de nouveaux concepts au sein d’une discipline tels que la capacité de charge5 en agronomie, le service écosystémique en économie de l’environnement. Le concept de territoire, quant à lui, est approché par sa dimension géographique (une appropriation économique, idéologique et politique [sociale donc] de l'espace par des groupes qui se donnent une représentation particulière d'eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité [Di Meo, 1998, p 42]) ou sa dimension systémique (un système complexe dont la dynamique résulte de boucle de rétroactions qui lient un ensemble d’acteurs et l’espace géographique qu’ils utilisent, aménagent et gèrent [Moine, 2007, p 45] en fonction de leurs représentations, passées, présentes et projetées [Moine & Sorita, 2015, p 58]). Quand le territoire est au cœur de la recherche, le géographe se focalise par exemple sur l’appréhension de sa réalité complexe pour accompagner le travail social (Moine & Sorita, 2015) ou mesurer la territorialité d’un espace géographique (Dérioz, 2012).
5Pour concilier dimension systémique et dimension territoriale de la relation société-milieu, Fargette et al. (2019) distinguent le concept de compartiment territorial de celui de territoire. Créer ce nouveau concept leur a permis d’insister sur le fait que la cohérence des interactions systémiques, de même la viabilité des systèmes (e.g. agrosystème, sociosystème, hydrosystème) et de leurs interactions, coïncident rarement avec le strict périmètre de l’espace géographique sur lequel se déroulent les processus territoriaux de mise en projet et d’appropriation par un groupe d’hommes6. Par ailleurs, le compartiment territorial n’est pas inféodé à une échelle particulière ; l’espace géographique auquel il est associé peut aller du plus petit au plus grand (parcelle, terroir, commune,…, nation, région,…, planète Terre7). De plus, il permet de concevoir tout espace dans sa dimension de mille-feuille systémique pour signifier que les systèmes s’inscrivent (tout en pouvant aller au-delà8) et se cumulent sur l’espace géographique du compartiment territorial.
6Notre intention ici est de construire un cadre conceptuel, formel et générique qui, une fois posés les concepts et les relations entre concepts qui le définissent, ait le potentiel de guider l’étude multi-échelle de la relation société-milieu, quelle que soit la problématique socio-écologique.
7L’effort de formalisation est motivé car nous en anticipons l’utilité pour la conduite de campagnes de terrain selon une démarche de recherche interdisciplinaire et, plus largement, d’observatoires scientifiques société-milieu en appui à la gestion de territoire, ce que nous poursuivons dans les observatoires de type OSAGE (Loireau et al., 2015, 2017b ; Loireau & Fargette, 2022) et pourrait intéresser ceux de type OHM (Chenorkian, 2020) ou OZCAR9. Il allie la volonté d’anticiper la démarche10 d’observation11 au sens large (et ses développements numériques et logiciels ultérieurs, par exemple en observatoires) en lui fournissant des critères pertinents, tangibles et polyvalents, à l’ambition de construire un cadre générique de connaissance qui facilite à la fois l’interdisciplinarité12 et la résolution de problématiques socio-écologiques complexes.
2. Méthode de construction du cadre conceptuel pour l’étude de la relation société-milieu
2.1. Démarche d’abstraction
8Pour asseoir rigueur et généricité de la démarche de formalisation et d’intégration des concepts liés à la relation société-milieu, et pour anticiper sur sa potentielle implémentation logicielle, nous empruntons aux sciences des données et des modèles :
9– un formalisme, le langage UML (Unified Modeling Language ; Booch et al. 2005) ;
10– les ontologies formelles de connaissance de haut niveau d’abstraction sur les concepts d’observation et de science de l’observation de Fargette et al. (2022), associés à celui d’objet d’intérêt dans le modèle d’observation OBOE1 (Madin et al., 2007) ;
11– le modèle RDF2 de description d’une ressource Web.
12Le formalisme UML offre un ensemble de notations graphiques, fondées sur la représentation de classes et de relations. Nous ne détaillons en figure 1 que celles nécessaires à la compréhension des modèles descriptifs construits. L’ontologie formelle OBOE pose le principe selon lequel l’observation d’un objet d’intérêt permet d’acquérir des données (valeurs observées) sur ses propriétés grâce à un protocole adapté de collecte et d’échantillonnage (Figure 2). Pour initier l’observation de la relation société-milieu, nous identifions un objet d’intérêt et l’isolons de ce qui l’environne, que nous nommons contexte. L’objet d’intérêt comme le contexte sont assimilables à des compartiments3 (Fargette et al., 2019 ; figure 6). Nous proposons enfin un parallèle avec le triplet RDF « sujet-prédicat-objet » du modèle RDF (Resource Description Framework), la plus petite structure de description des ressources Web, pour poser dans ce travail l’objet d’intérêt, en tant que triplet qui considère l'association d'une personne à un espace géographique avec lequel elle entretient des liens particuliers, comme la plus petite structure de description de la relation société-milieu.
Figure 1. Langage UML — UML Language.
Figure 2. Place de l’objet d’intérêt et de son observation dans l’ontologie OBOE (adapté de Loireau et al., 2017b, figure 3) — Place of the object of interest and its observation in the OBOE ontology (adapted from Loireau et al., 2017b, figure 3).
13Dans le triplet « personne-relation-espace géographique » (Figure 3), l’association peut être plus ou moins complexe selon la nature et le nombre de liens que la personne entretient avec l’espace ; ceci peut évoluer dans le temps. Sur la planète Terre, chaque instance de triplet se caractérise par un individu identifié (la personne), un quelconque4 espace géolocalisé de façon non ambigüe et une association caractérisée entre les deux.
Figure 3. Métamodèle guidant l’observation et l’étude de la relation société-milieu — Metamodel guiding the observation and study of the society-environment relationship.
14Observer le triplet en s’appuyant sur le métamodèle d’observation de la figure 3 revient à suivre le schème « triplet en relation avec contexte » et à le décrire (concepts5 et relations entre concepts) en organisant ses propriétés (i.e. ses attributs internes comme ses relations au contexte). La transcription formelle - au format UML, tient compte des domaines de connaissance des disciplines intervenant dans l’étude de la relation société-milieu. La construction procédera par niveaux d’abstraction croissante et abordera les classes de concepts observables6, puis les classes abstraites7 non instanciables (respectivement en vert et bleu dans les figures 4 et 5). Il s’agit dans ce travail d’organiser ces classes mais pas encore de construire les protocoles d’observation pour les renseigner. Parce que nous aborderons la description du triplet par l’entrée service écosystémique, nous nommerons triplet-SE l’objet d’intérêt retenu.
Figure 4. RESOMI : modèle conceptuel de la RElation SOciété-Milieu — RESOMI: conceptual model of the society-environment relationship.
Figure 5. AIM, modèle conceptuel Attache-Insertion au Monde — AIM, conceptual model of link to-insertion into the world.
2.2. Mobilisation de la notion service écosystémique
15Les services écosystémiques, dits SE par la suite, sont des bénéfices que les humains tirent des écosystèmes (MEA, 2005) ; ils correspondent à des attentes formulées. L’identification, la reconnaissance par la société d’un besoin, d’une attente que l’on peut retranscrire en SE8, dépend de la conception de la relation au monde qu'elle privilégie (positionnement culturel), qu'il s'agisse des sociétés les moins intrusives dans les processus écologiques (peuples premiers) comme des plus techniques (ingénierie, agronomie hyper-technique du monde occidental).
16Nous choisissons de dépasser les polémiques (présentées par Méral et al., 2016) que suscite parfois la notion SE, entre ceux qui dénoncent une vision utilitariste (marchandisation de la nature) et ceux qui au contraire y trouvent une voie pour réconcilier humains et nature, et la mobilisons pour l’étude de la relation société-milieu. Ce choix9 est étayé par les cinq arguments ci-dessous.
17– La notion SE est à la croisée de disciplines s’intéressant aux sociétés (e.g. anthropologie, socio-économie), aux milieux (e.g. écologie, pédologie) et aux relations société-milieu (e.g. agronomie, géographie, droit de l'environnement).
18– Par ailleurs, de façon pragmatique, les SE sont identifiables, nommables, dénombrables et possiblement quantifiables sur un espace donné.
19– La notion est large, couvrant quatre catégories distinguées par le MEA (2005) : les services d'approvisionnement, de régulation, de soutien et les services culturels. Le SE est reçu passivement lorsqu’il est issu d’une fonction écologique inchangée par l’homme (e.g. ombre d’un arbre spontanément présent où se reposer, cueillette de végétation spontanée) ou activement lorsqu’il est issu d’une fonction écologique modifiée (en général intensifiée) par l’ajout d’un travail (e.g. activité agricole qui manipule la fonction de production primaire) : cf. respectivement les processus écosystémiques spontanés et manipulés dans Fargette et al. (2019), figure 9 et les SE non travaillés et travaillés dans David et al. (2012).
20– Chez Fargette et al. (2019), figure 9, à la fonction écologique identifiée ci-dessus, dite fonction SE (pourvoyeuse de SE), s’ajoute la fonction gestion de SE (intensification souvent, mais aussi relation éclairée par la compréhension des mécanismes menant à la gestion durable de la fonction SE, à la préservation du potentiel environnemental).
21– Il découle que cette notion ouvre une voie pour s’intéresser aux personnes, dans leur ressenti comme dans leurs attentes, pour leur donner la parole ou faciliter un mode d’entretien avec eux. La notion SE fournit une grille de lecture pour comprendre ce que fait et ce que vit la société ou une personne, pour comprendre sa relation au milieu, pour reconnaitre ce qui est utile, bénéfique (SE reçu ou acquis) ou ce qui ne l’est pas (dys-SE subi)10, pour reconnaître le degré d’investissement (en actes) d’une société, d’une personne. Elle rend ainsi possible la communication entre échelles géographiques, sociales, territoriales.
3. Résultat : cadre conceptuel pour l’étude de la relation société-milieu
3.1. Modèle RESOMI : description de la relation société-milieu (Figure 4)
22Transcription formelle interdisciplinaire de la connaissance. La personne d’un triplet-SE porte un projet de vie individuellement ou collectivement, par exemple avec sa famille ou une société plus large. Le projet implique, pour sa réalisation, la formulation de souhaits, transcrits1 ici en SE attendus à partir de l’espace du triplet-SE. Les SE effectivement obtenus contribuent entièrement au projet, ou partiellement quand d’autres contributions sont obtenues par ailleurs pour compléter les attentes : une même personne peut ainsi être impliquée dans plusieurs triplets-SE. Le projet de vie peut aussi dépendre d’autres types de contribution (e.g. une activité commerciale) ou d’attente (e.g. une formation qui relève de services de société).
23La personne, selon ses représentations et ses connaissances, attribue, avec plus ou moins de justesse, les SE souhaités à l’espace géographique2 (délimitable, géolocalisable) qui a plus ou moins le potentiel de produire les SE attendus par les fonctions-SE3 qu’il héberge. Chaque SE attendu est ainsi à l’origine d’un acte posé par la personne sur l’espace géographique, d’un lien-SE et donc du triplet-SE (simple : une personne-un lien-un espace) qui en résulte. L'ensemble des liens ainsi définis se regroupent sous le concept de faisceau de liens-SE ; le triplet-SE est alors composite (une personne-un faisceau de liens-un espace, alors multi-service).
24Le faisceau de liens-SE engendre 1 à n types d’activité de la personne sur l’espace, certaines d’entre elles selon des rôles et compétences plus ou moins spécifiques. Les activités de production de SE (e.g. production agricole) et de préservation de SE (e.g. protéger sur le long terme une terre cultivable en apportant de la fumure organique) impliquent savoir-faire et travail, et se déclinent en pratiques, elles-mêmes combinaison d’actions et de moyens d’action. La nature de chaque lien-SE relève du type de relation directe de la personne à l’espace4 et du SE fourni.
25Les activités menées au sein du triplet-SE peuvent engendrer l’altération de fonctions écologiques et avoir de ce fait des effets (impacts) non intentionnels sur le triplet (e.g. épuisement du sol) ou au-delà (e.g. assèchement de nappe, pollution de rivière).
26Le triplet-SE prend ainsi place dans le compartiment territorial du fait du réseau de liens qui le met en relation avec d'autres personnes et d'autres espaces. Réciproquement, le compartiment lui impose des contraintes (ou dys-services) comme il lui propose des opportunités (services et alternatives, e.g. disponibilité d’une ressource naturelle, accès à une formation, à des soins) relevant de fonctions écosystémiques ou de société.
27L'espace multi-service du triplet-SE peut n'intéresser directement qu'une seule personne (celle du triplet-SE) ou également d’autres, chacune impliquée dans son propre triplet-SE. Avec un rôle identifié (e.g. agriculteur, pasteur, cueilleur), en interaction avec les autres, chacune prend en compte droits5 (e.g. droit d’exploitation, de pâture, de collecte, de passage, d'accès à l'eau) et devoirs (e.g. respect des modalités de collecte ou de passage : quand, combien,…) sur l’espace6. L’espace multi-service du triplet-SE peut aussi intéresser indirectement7 d’autres personnes (e.g. un puisatier qui vend sa prestation ou l’usine de transformation qui s’approvisionne en produit agricole).
28Émergence de fonctions. Les activités menées au sein du triplet-SE se caractérisent par :
29– le degré d'implication de la personne (approchable par les composantes observables des pratiques telles que les intrants apportés ou le travail fourni), ;
30– son savoir-faire pour améliorer la performance (approchée par exemple par les niveaux de production et de préservation de la fonction SE) ;
31– l’adaptabilité (capacité d’adaptation de la personne).
32Les pratiques pour mener chaque activité sont plus ou moins organisées, complémentaires, cohérentes au regard du modèle systémique de référence (cohérence de l’activité) – que celui-ci soit d'origine académique (connaissance scientifique) ou bien empirique (savoirs). La cohérence tient à l’alliage des compétences de la personne pour mener cette activité. Le bouquet de SE obtenus correspond plus ou moins au bouquet de SE attendus (adéquation), ce qui module sa contribution au projet de vie. La production du bouquet de SE dépend de l’optimisation choisie du faisceau de liens, compromis8 à trouver (selon les compétences et l’adaptabilité de la personne) dans le choix des SE attendus (en diversité, en quantité produite) et dans la modulation de la combinaison production-préservation de chaque fonction-SE. La personne qui tient compte d’effets non intentionnels9 de son activité peut réajuster ses choix d’optimisation (cf. adaptabilité). Il s’agit d’un premier pas vers l’intégration.
33À toute échelle, par la coordination du réseau de liens, elle-même contrôlée (régulation) par des instances (e.g. assemblée, conseil) et les principes de gouvernance suivant les valeurs de société, le compartiment territorial produit opportunités et contraintes. La personne du triplet-SE voit alors son projet de vie complété (complémentarité), facilité, consolidé, justifié ou au contraire fragilisé, voire marginalisé, peut-être sollicité à s’adapter, ce dont elle est plus ou moins capable (adaptabilité). L'importance relative des choix personnels de la personne signe son degré d'indépendance par rapport aux nécessités, influences et directives extrinsèques. Un triplet-SE autarcique n’existe pas ; il vit dans un contexte territorial. Réciproquement, en dépassant les limites géographiques du triplet-SE, l’impact (effet positif ou négatif) participe souvent à façonner, entretenir/réhabiliter ou dégrader les paysages10, préserver ou au contraire déstabiliser les fonctions écosystémiques à toutes échelles de paysage (cf. transformation). La personne du triplet-SE concourt ainsi au projet de société ou au contraire le déstabilise. Lorsque les SE ou dys-SE produits par le triplet-SE sont identifiés par la société, celui-ci est reconnu comme participant au projet de société. La personne y œuvrant devrait aussi être reconnue en tant que membre de la société : le pont « participation à/reconnaissance de » permet ce nécessaire changement d'échelle local-global. Il est possible par cette voie de poursuivre l'intégration systémique qui ne connait pas les limites spatiales. En effet, l'optimisation du triplet-SE devrait aussi prendre en compte les échelles pertinentes de chaque processus envisagé et donc raisonner au-delà des bornes géographiques du seul triplet, ce qui n'est pas possible pour la personne du triplet sauf en prenant conscience de sa participation à un projet plus collectif, à une échelle plus vaste que l'horizon du triplet, et attendre en retour sa reconnaissance par une société plus large. Il y a là un chemin d'intégration systémique à consolider. Les espaces territoriaux étanches n'existent pas.
34Un territoire accompli serait celui qui considère toute personne dans ce qu’elle est et la reconnait dans ce qu’elle fait. Réciproquement, chaque personne se sentirait partie prenante d’un commun ancré (espace territorial), du projet de société qui l’inspire et des rouages qui l’animent. Les compartiments territoriaux autarciques n’existent pas.
3.2. Modèle AIM : construction de deux concepts intégrateurs (Figure 5)
35En adoptant une représentation de type ingénierie (entrée – processus – sortie), il est proposé de positionner les fonctions identifiées en bleu en figure 4 selon la logique de fonctionnement d’un compartiment (cf. note 15), ici le triplet-SE. Les sept fonctions internes au triplet-SE sont ses composants et s’organisent en fonctions :
36– qualifiant le fonctionnement (processus plus ou moins performants, cohérents, optimaux) ;
37– présidant la qualité des entrées (par la qualité d’implication et d’adaptabilité de la personne) ;
38– constatant la qualité des sorties (plus ou moins contributrices et adéquates au projet de vie).
39Cet ensemble constitue ce que nous appelons une ingénierie du triplet-SE, œuvrant à l’obtention de SE. Les critères fournis par ses sept composants permettent d’apprécier l’intensité, la longévité et la durabilité du lien de la personne à l’espace géographique du triplet-SE, ce que nous résumons sous le terme synthétique d’attache.
40Pour être complet d’un point de vue systémique, il manque les externalités11 au modèle, résumées en figure 4 sous le terme d’effets non intentionnels, souvent non prises en compte. Produites par le triplet-SE, elles interviennent cependant au niveau des fonctions de transformation. On en constate les effets plus ou moins harmonieux, dans les sociétés ou la physionomie des paysages (Loireau & Fargette, 2022) et dans le fonctionnement (multi)systémique dont ils résultent.
41La logique interne du triplet-SE est complétée par sa logique en contexte (interaction avec des compartiments territoriaux) : quatre fonctions sont identifiées comme autant de réifications des liens d’interaction. D’emblée, deux d’entre elles représentent des fonctions souvent essentielles au projet de vie de la personne :
42– la coordination du triplet-SE avec les compartiments territoriaux (via le réseau multi-échelle de liens), en vue d’obtenir les SE souhaités ;
43– la complémentarité des SE obtenus et des opportunités proposées dans le contexte, pour satisfaire le projet de vie de la personne.
44L’appréciation de l’importance du rôle de la personne et de la place du triplet-SE ne serait pas exacte si l’on omettait de prendre aussi en compte deux autres fonctions :
45– la participation qui rend compte de la perception par la personne de sa contribution (par le fait du triplet-SE) non seulement à son projet de vie mais à un projet collectif (de société) ;
46– la reconnaissance qui correspond à la perception par la société de cette contribution de la personne.
47La qualité, l’intensité des attributs de ces fonctions reflètent non seulement l’importance effective (objective ; science de l’observation) de la place de la personne dans la société (à toute échelle d’organisation), mais aussi son importance subjective dans la société. La combinaison de ces quatre fonctions décrit ce que nous résumons sous le terme synthétique d’insertion.
48L’intégration systémique que le triplet-SE seul ne peut réaliser mais à laquelle il contribue pour sa part, serait complétée, dans sa relation au contexte, par la reconnaissance rendant possible une meilleure coordination de l’ensemble : tout ceci va dans le sens de l’intégration systémique. Une attache doublée d’une insertion, toutes deux réussies, en serait les garantes. Par exemple, en matière de reconnaissance, l’activité agricole selon la pratique de l’agroforesterie participe, par séquestration du carbone, à la régulation du climat (en cela, elle se répercute au niveau global). Fargette et al. (2018) notaient l’importance de reconnaitre l’engagement dans des pratiques dotées de tels effets et demandaient que de telles externalités soient reconnues pour les agriculteurs où que ce soit dans le monde : everyone as an actor should be recognized, including the “smallest” (i.e. the fewest, the more isolated or peripheral, the less “significant” or considered so, with respect to economical capacity): everyone has a part (duties and rights) in the overall action and, once taken, this part should be acknowledged. En étant ainsi exact, on serait aussi plus juste et équitable.
49Ainsi sont identifiées des voies à la fois systémiques et éthiques d’ouverture au monde, par la reconnaissance de l’implication de chacun qui retentit au-delà des frontières de tout triplet-SE et au-delà de la personne seule. Les sociétés étanches12 n’existent pas. Une ingénierie de la relation du triplet-SE à son contexte territorial se dessine (complémentarité, coordination, participation, reconnaissance) ; elle permet de constater et promouvoir l’insertion équitable et la justice sociale. Le triplet-SE quant à lui, observé et étudié selon cette perspective, rendrait un meilleur compte de son existence (vs dissolution) et de son appartenance (vs son rejet). L’une comme l’autre sont de subtiles combinaisons d’attache et d’insertion, à piloter (régulation) par le projet de société dans le cadre d’une ingénierie territoriale de haut niveau d’abstraction et de haute exigence, à construire méticuleusement. Le modèle AIM en constituerait le tableau de bord, ajustable à toute échelle, y compris celle du monde.
4. Mise en situation de terrain
50Pour illustrer la capacité du cadre conceptuel à décrire des cas concrets, nous proposons de le confronter pour l’exemple à deux expériences de terrain au Sénégal, issues d’une problématique socio-écologique interdisciplinaire, le projet RAMSESII1 qui étudie les effets de l'agroforesterie sur l'intensification durable de l’agriculture familiale, sur la sécurité alimentaire des sociétés en Afrique de l'Ouest et les SE rendus par les parcs agroforestiers. La première s’intéresse à ce qui lie un paysan à une parcelle agricole ; les données retranscrites d’un entretien sont exclusivement à dire d’acteur. La seconde s’intéresse à l'arbre et sa gouvernance ; les données extraites d'un rapport scientifique (Diop, 2020, p 89) combinent dires d’acteur et dires d’expert en agronomie et sociologie.
51Dans chacun des cas, les données textuelles préexistaient au cadre conceptuel et sont confrontées a posteriori à sa sémantique et à son sens, puis mises en perspective (Figures 6 à 10).
Figure 6. Formulation de l’instance « M.S. » de triplet-SE — Outline of the « MS » SE-triplet instance.
Figure 7. Contexte territorial multi-échelle de l’instance « M.S. » de triplet -SE — Multi-scale territorial context of “MS” SE-triplet instance.
Figure 8. Diagramme UML RESOMI de l’instance « M.S. » de triplet-SE — RESOMI UML diagram of the “M.S.” triplet-SE instance.
Figure 9. Confrontation au cadre conceptuel d’un extrait textuel sur la gouvernance de l’arbre au Sénégal — Confronting a report extract on tree governance in Senegal to the conceptual framework.
Figure 10. Mises en perspective des deux situations de terrain — Putting the two field situations into perspective.
5. Originalité du cadre conceptuel et potentiel d’utilisation
52Le concept d’attache implique l’ensemble des liens SE réels1 qui associe une personne à un espace réel2, en vue d’obtenir les SE attendus. Il permet d’apprécier les critères de longévité de l’association. L’attache se rapproche du concept d’attachement défini par Centemeri (2015, p 2) : la (inter)dépendance à une matérialité que l’on façonne autant qu’elle nous façonne, par les processus d’usage et de familiarisation s’inscrivant dans la durée. Par le projet de vie qui lie la personne à cet espace et les relations fonctionnelles impliquées, il rejoint le concept de dépendance au lieu (Lewicka 2011a in Bousquet et al., 2022).
53Mais avant tout, le concept d’attache ne peut se concevoir sans son contre-point, le concept d’insertion. L’insertion dévoile une relation multi-échelle au contexte, via l’échelle des relations entretenues par le triplet avec des compartiments territoriaux. Par ailleurs, les caractéristiques du contexte sont celles du milieu et donc de nature bio-physico-écolo-écono-sociologique3. Il est possible aux sociétés associées à ces compartiments de connaitre et reconnaitre en quoi ce que fait une personne en triplet peut retentir au-delà du seul espace. Réciproquement, il est possible de considérer les effets, vus comme des contraintes ou des impacts, ou au contraire des opportunités ou des services, émanant du contexte à différentes échelles, sur ce que fait une personne en triplet et sur son projet de vie : ni les sociétés, ni les espaces étanches n’existent. Les dix points mis en exergue en d’autres termes par Mayfroidt et al. (2022) rejoignent ce constat. Pour les intégrer et que l’insertion (de chaque triplet-SE, donc de toute personne) soit accomplie (chemin de l’intégration équitable au monde des hommes en société, voie d’intégration systémique), il est utile, voire impératif, qu’intervienne la reconnaissance des liens mutuels : la reconnaissance par les autres en même temps que le sentiment de participation de la personne à un commun.
54L’attache et l’insertion se positionnent à la croisée des disciplines, dans un souci de dialogue entre local et global comme dans un souci d’intégration systémique, celle-ci devant permettre, en second, celle des sociétés. Une fois le modèle du triplet-SE posé, les notions d'ingénierie du triplet-SE et de sa relation au contexte territorial ouvrent des voies pour la correction des approximations et des injustices sociales qui en découlent. Ce faisant, notre travail permet la communication des échelles d’organisation des sociétés et de leurs territoires et ouvre à une meilleure intégration éthique du monde.
55Une originalité du cadre conceptuel réside dans sa polyvalence (généricité). Les modèles RESOMI et AIM ont la capacité de s’adapter aux particularités de toute question de société via la spécialisation des classes générales (cf. langage UML) ; le transfert de connaissance de chaque discipline impliquée y est possible, avec son vocabulaire spécifique. Sa précision et son formalisme, son caractère partageable, adaptable et évolutif, lui confèrent rigueur et forte adaptabilité à la construction interdisciplinaire4, ainsi que richesse dans son potentiel à traiter une diversité de questions de société. Ce cadre conceptuel partage les mêmes critères d’analyse quelles que soient la zone d’étude ou la discipline et peut ainsi traiter de questions de société très diverses, plus ou moins complexes, le plus souvent de type interdisciplinaire (Figure 11a). Dès sa forme encore conceptuelle, ou plus tard sous une forme implémentée (logicielle ou numérique), il peut aussi contribuer aux dispositifs scientifiques et techniques pérennes de type observatoire (Figure 11b). L’ensemble de ces caractéristiques lui confère un caractère d'universalité. Il présente de plus le potentiel de résoudre des verrous méthodologiques, par exemple d’intégration, non seulement systémique mais aussi entre groupes sociaux et au sein des sociétés (en observatoire notamment, figure 11b) ou d'accompagnement des sociétés pour le développement de leurs territoires (Figure 11c).
Figure 11. Polyvalence du cadre conceptuel — Versatily of the conceptual framework.
56De façon générale, l'originalité du cadre conceptuel réside dans la méthodologie combinant une approche non cloisonnée (interdisciplinarité), recherchant l'articulation et l’intégration de connaissance par l'analyse de processus et fonctions impliqués dans les interactions (approche fonctionnelle et systémique) et recherchant la généricité par synthèse et abstraction progressive. De plus, la méthode a été conçue dès le départ pour se faire seconder par l'ingénierie logicielle et informatique ; elle héberge donc ce potentiel (non encore développé dans ce travail). Son originalité consiste aussi dans les modèles complémentaires construits, RESOMI pour guider l'observation (en amont du travail de terrain) et décrire (en aval du terrain) toute relation société-milieu, AIM pour la piloter (aide à la gouvernance).
57Une autre originalité tient au positionnement ontologique de l'approche. Le schème choisi au commencement de la démarche (objet d'intérêt en relation avec contexte), relevant de l'approche par compartimentation systémique, est différente de l'opposition classique homme-nature. Le milieu est tout aussi empreint de composantes bio-physiques l.s. que d'hommes en action et interaction. Il en résulte que les fonctions identifiées de la relation société-milieu ne négligent pas les relations entre personnes pour ne s'intéresser qu'à celles de la personne à un environnement bio-physiques l.s. plus ou moins anthropisé. Au contraire, le niveau d'abstraction croissante implique des interactions toujours plus sophistiquées entre personnes. Le positionnement ontologique de l'approche demeure humaniste.
58Le schème de départ débouche lui-même sur l'originalité du duo de fonctions attache-insertion. Les interactions entre personnes étant prises en compte5 (principalement dans le modèle RESOMI), l'approche (en particulier le modèle AIM) articule par la connaissance mise à disposition et les données collectées in situ (relatives aux fonctions des ingénieries proposées dans AIM) les leviers d'une gouvernance à bâtir, fondée sur les choix de société6 qui supervisent et pilotent à toute échelle l'équilibre attache-insertion de la personne au monde.
Remerciements
59Nous remercions M. Samb, chef du village de Banghadji, pour le temps qu’il a consacré à nos échanges sur son projet de vie et ses activités menées dans son champ.
60Ce travail a bénéficié du support financier de UE Eranet LEAP Agri-215 project Roles of Agroforestry in sustainable intensification of small farMs and food SEcurity for SocIetIes in West Africa (RAMSES II), https://www.ramsesiiagroforesterie.com
61Nous remercions le projet RamsesII pour la mise en situation de terrain qu’il a permise, pour l’opportunité qu’il a offerte de formaliser notre cadre conceptuel d’étude de la relation société-milieu et pour l’élan qu’il a apporté à cette conceptualisation interdisciplinaire.
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Notes
1 cf. les trois conventions de Rio sur l’environnement, le changement climatique, la désertification et la biodiversité ; cf. les 17 Objectifs du Développement Durable.
2 http://outil2amenagement.cerema.fr/les-parcs-naturels-regionaux-pnr-r510.html
3 https://www.ige-grenoble.fr/La-zone-critique
4 L'ethnobiologie est une discipline de l'anthropologie qui étudie les relations culturelles passées ou présentes entre le monde du vivant, végétal ou animal, et l'humain (Wikipédia).
5 Seuil à ne pas dépasser sous peine de compromettre la capacité des systèmes fondés sur l'exploitation des ressources renouvelables d’assurer les multiples services qu'ils peuvent rendre à l'homme, et éventuellement de les voir disparaître (Picouet et al., 2004).
6 organisé selon ses représentations et en fonction de ses objectifs (formulés en projet).
7 à l’ère de la globalisation des processus socio-écosystémiques.
8 La logique spatiale des systèmes n’est pas forcément contenue dans l’espace géographique étudié.
9 https://www.ozcar-ri.org/fr/ozcar-3/
10 en pilotant l’élaboration du protocole d’observation (préparation de feuilles de relevé de terrain et grilles d’entretien).
11 collecte de données, assujettie à un protocole d’échantillonnage et de collecte, relevées par une personne qualifiée ; la donnée peut aussi concerner le « dire d’acteurs ».
12 en intégrant les ontologies de domaines concernées.
1 The Extensible Observation Ontology: https://github.com/NCEAS/oboe
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Triplet_RDF
3 Un compartiment est extrait d’un système selon un point de vue sur le système ; il est représentable par un modèle et correspond à une vision systémique mais partielle, incomplète, du système.
4 i.e. de toute taille et forme.
5 en gras dans le texte la première fois qu’il est énoncé.
6 i.e. sur les instances desquelles peuvent être collectées des données.
7 dont la mesure ne peut être qu’approchable à l’aide des données relatives aux concepts observables.
8 ceci directement par les usagers ou par expert interposé.
9 Qui ne prétend pas à l’exclusivité sur la façon d’aborder la relation société-milieu.
10 à l’exemple des SE et Dys-SE en agriculture décrits par Zhang et al. (2007), figure 2.
1 que cela soit le fait de la personne elle-même ou de l’observateur en complément.
2 à distinguer du concept d’espace-ressource qui ne considère que les SE d’approvisionnement et de support (Wickel et al., 2016, p 396).
3 fonction écologique qui intervient dans la production d’un SE.
4 à distinguer du concept d’espace vécu réduisant l’activité à l’usage des ressources (Wickel et al., 2016, p 396).
5 qui découlent par exemple du statut foncier de l’espace.
6 mais sans enjeu politique - à distinguer du concept d’espace-politique (Wickel et al., 2016, p 396).
7 i.e. les personnes attendent une contribution autre qu’un SE de l’espace (e.g. un salaire, le paiement d’une prestation, la livraison d’un produit).
8 qui rejoint le trade-off de Klappwijk et al. (2014) recherché lorsque les SE ne sont pas convergents.
9 qui éventuellement toucheraient (impacts) son triplet ou au-delà.
10 avec lesquels il est en relation à toute échelle.
11 au sens de https://www.novethic.fr/lexique/detail/externalite.html, classique en économie.
12 i.e. sourde, insensible, aveugle,...
1 LEAP-Agri, 2018-2022: https://anr.fr/Projet-ANR-18-LEAP-0003.
1 différents des liens immatériels de l’attachement de Bousquet et al. (2022) ; différent de la valeur subjective de Wickel et al. (2016).
2 différent du lieu virtuel de Besson (2012) ; compatible avec le lieu de Low & Altman (1992).
3 ce que ne prennent pas en compte les conceptions monodisciplinaires, par exemple seulement économiques (Garcia Pelufo, 2004) ou professionnelles (https://www.inegalites.fr/L-insertion-professionnelle-des-jeunes-de-fortes-inegalites-selon-le-diplome), de l’insertion.
4 Il peut être considéré comme une plateforme en puissance d'intégrer l'interdisciplinarité.
5 quand ceci est pertinent.
6 collectifs, discutés, partagés - sans détailler à ce stade, ceci est à construire mais la potentialité est là.