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Étude des groupements d'adventices dans le Maroc occidental
Editor's Notes
Reçu le 18 janvier 2009, accepté le 8 juillet 2009
Résumé
Une étude floristico-écologique a été réalisée dans les principales régions céréalières du Maroc sévèrement infestées par l'avoine stérile. À partir de 110 relevés effectués dans les céréales, les 324 adventices recensés appartiennent à 47 familles botaniques dont 39 dicotylédones. Six familles (Asteraceae, Fabaceae, Poaceae, Brassicaceae, Caryophyllaceae et Apiaceae) totalisent à elles seules 59 % de l'effectif total. L'analyse biologique montre une prédominance des thérophytes avec 80 %, suivies des hémicryptophytes et des géophytes avec respectivement 11 et 7 %. Les taxons méditerranéens sont prépondérants avec 62 % de l'effectif total. La prise en compte de l'indice de nuisibilité a permis de dégager 27 espèces problématiques dont Avena sterilis, Phalaris paradoxa, Phalaris brachystachys, Scolymus maculatus, Lolium multiflorum, Papaver rhoeas et Lolium rigidum sont de loin les plus nuisibles. L'analyse factorielle des correspondances (A.F.C.), par le biais des variables édaphiques, a permis de mettre en évidence six groupes écologiques.
Abstract
Study of the weeds groupings in western Morocco. An ecological floristic study was carried out in the principal areas of Morocco severely infested by the sterile oats. From 110 readings taken in cereals, the 324 listed species belong to 47 botanical families including 39 dicotyledons. Six families: Asteraceae, Fabaceae, Poaceae, Brassicaceae, Caryophyllaceae and Apiaceae add up 59% of the total staff complement alone. The biological aspect shows a prevalence of the therophytes with 80%, followed by the hemicryptophytes and the geophytes with respectively 11 and 7%. Mediterranean taxa are dominating with 62% of the total staff complement. The taking into account of the index partial of noxiousness made it possible to release 27 problematic species whose Avena sterilis, Phalaris paradoxa, Phalaris brachystachys, Scolymus maculates, Lolium multiflorum, Papaver rhoeas and Lolium rigidum are most harmful by far. The factorial analysis of correspondences (A.F.C.), by the means of the edaphic variables, made it possible to highlight six ecological groups.
Table of content
1. Introduction
1Les céréales occupent une place prépondérante dans l'agriculture marocaine, environ 5 millions d'hectares ont été emblavés pendant la campagne agricole 2003-2004, soit plus de 70 % de la superficie agricole utile nationale (Taleb et al., 2000). Cependant, plus de 90 % de superficies sont concentrées dans les zones non irriguées et restent dominées par la culture d'orge (Taleb et al., 2000). En effet, 90 % des surfaces cultivées en céréales sont situées dans les régions à agriculture pluviale. Une superficie d'environ 300 000 ha se situe dans les périmètres irrigués.
2La production et les rendements nationaux restent très inférieurs aux potentialités et ils fluctuent d'une année à l'autre. Cette faiblesse de la production et des rendements des céréales est due aux aléas climatiques, aux techniques agricoles utilisées, jugées non productives (Ouattar et al., 1989) et aux facteurs biotiques tels que les maladies, les parasites et les mauvaises herbes (Link et al., 1984).
3En effet, le contrôle inadéquat des mauvaises herbes entraine une réduction de la production des céréales à l'échelle nationale et engendre des dépenses d'importation de ces denrées afin de combler le déficit.
4Or, pour bien raisonner la lutte contre les mauvaises herbes des céréales, il est impératif de connaitre la nature systématique des espèces, leur biologie et leur nuisibilité. Ainsi, l'objectif de ce travail est d'aborder l'étude de la flore adventice associée aux céréales sous deux aspects : systématique et agronomique.
2. Matériel et méthodes
2.1. Présentation de la région d'étude
5La zone d'étude est située au Maroc septentrional occidental, elle concerne particulièrement le Gharb, le Saïss, le Tadla et le Haouz. Elle est limitée au Nord par les collines pré-rifaines, à l'Est par le Moyen Atlas, à l'Ouest par l'Océan Atlantique et au Sud par le Haut Atlas (Figure 1). Sa superficie totale est de 1 563 000 ha dont 1 260 600 ha sont cultivables. Les céréales occupent une superficie de 945 450 ha.
6Climat. Le Maroc occidental présente des climats très variés, depuis l'étage bioclimatique aride jusqu'à l'étage bioclimatique sub-humide. Les principaux facteurs qui régissent la répartition des climats sont la continentalité et la latitude (Zidane, 2004).
7Au Nord, la continentalité oppose une zone atlantique et occidentale à une zone continentale et orientale. La zone atlantique (Gharb) est caractérisée par un climat sub-humide avec une amplitude thermique extrême (21,5 °C) et une période de sècheresse (5 mois) atténuée. Par contre, la zone continentale présente un climat semi-aride supérieur [Saïss et Sidi Slimane (dans la région de Kénitra)] avec des amplitudes thermiques extrêmes (30,6 °C à Saïss et 29 °C à Sidi Slimane) et des périodes de sècheresse (5 mois à Saïss et 6 mois à Sidi Slimane) assez élevées.
8Quant à la latitude, elle oppose les stations continentales méridionales (Tadla et Haouz) au reste des stations septentrionales. En effet, vers le Sud, le Tadla occupe une position de transition avec un climat semi-aride inférieur, une amplitude thermique extrême (33,8 °C) et une saison de sècheresse (6 mois) très marquée.
9Plus au sud, le Haouz se distingue par un bioclimat aride supérieur avec une amplitude thermique extrême (31,6 °C) et une saison de sècheresse (9 mois) très accentuée (Zidane, 2004).
10Sols. Selon les travaux de Missante (1963), Missante et al. (1964), Faraj (1967) et Loudyi (1989), les sols du Maroc occidental appartiennent aux classes suivantes : les sols minéraux bruts, les sols peu évolués, les sols isohumiques, les sols à sesquioxydes, les vertisols, les sols calcimagnésiques et les sols hydromorphes (Tableau 1).
11Ces sols sont généralement caractérisés par des textures argileuses, argilo-limoneuses, argilo-limono-sableuses ou sablo-argileuses. Leur teneur en calcaire total varie entre 0 et 49 %. Leur teneur en matières organiques oscille entre 0,74 et 2,88 % et leur pH est généralement basique, rarement franchement basique et rarement légèrement acide (6,75-8,57) (Zidane, 2004).
2.2. Échantillonnage du milieu
12Dans le but de bien répartir les stations d'échantillonnage à travers les régions étudiées, un plan d'échantillonnage a été établi selon Godron et al. (1982). L'échantillonnage adopté dans cette étude est de type probabiliste et consiste à exploiter toutes les informations acquises sur le milieu et la végétation pour découper la zone d'étude en sous-unités homogènes qui seront échantillonnées séparément. Les critères qui entrent en jeu pour découper la zone d'étude en strates homogènes concernent généralement le climat et la pédologie.
2.3. Réalisation des relevés
13Compte tenu de cette méthode d'échantillonnage, au total 110 relevés phytoécologiques selon le sens de Godron (1968) et Maillet (1992) ont été inventoriés dans la zone d'étude (Tableau 2). Ces relevés ont été réalisés sur une période s'étalant sur quatre années, de 2001 à 2004. Pour chacun des relevés et pour chaque espèce, nous avons noté son type biologique, son recouvrement et son indice d'abondance–dominance (I.A.D.) noté de + à 5 selon l'échelle de Braun-Blanquet et al. (1952).
14De même pour chaque relevé, nous avons prélevé un échantillon de sol à une profondeur de 20 cm (couche arable) pour connaitre avec précision sa texture, ses teneurs en calcaire total et en matière organique et son pH.
2.4. Traitement des données
15Afin de mettre en évidence les relations des espèces adventices avec les facteurs prépondérants du milieu, deux types d'analyse factorielle de correspondances ont été effectués à l'aide du logiciel BIOMECO (Roux et al., 1988) :
16– une analyse factorielle des correspondances (A.F.C.) (espèces-relevés et facteurs-relevés) qui permet de regrouper les espèces et les relevés selon leurs affinités. Elle a été réalisée sur une matrice regroupant les espèces en fonction des relevés sur la base du critère abondance–dominance,
17– une analyse factorielle des correspondances sur variables instrumentales (A.F.C.VI) qui fait intervenir les modalités des variables du milieu étudié. Elle permet de constituer des groupes d'espèces indicatrices des modalités des facteurs de milieu jugés prépondérants vis-à-vis de la flore adventice de notre zone d'étude.
18Les relevés réalisés ont été groupés par région et soumis à l'analyse factorielle des correspondances. Les espèces les plus rares (3 %) ont été éliminées, seules celles présentes dans au moins trois relevés ont été retenues, soit 142 espèces sur un total de 324 espèces.
19La codification des espèces consiste à symboliser chaque espèce par les deux premières lettres du genre et les deux premières lettres de l'espèce.
3. Résultats et discussion
3.1. Aspect systématique
20Composition floristique. Sur la base des 110 relevés réalisés dans les champs de céréales de la zone d'étude, 324 espèces ont été inventoriées dont 3 sont habituellement cultivées (Lens culinaris, Medicago sativa et Beta vulgaris).
21Les 324 espèces se rattachent à 190 genres et 47 familles. Ce nombre de familles représente 37,8 % des familles de la flore marocaine.
22Les dicotylédones sont dominantes avec 284 espèces, soit 87,65 %, tandis que les monocotylédones ne sont représentées que par 40 espèces, soit 12,35 %.
23Le tableau 3 donne le classement des familles rencontrées dans notre zone d'étude et leur représentation dans la flore du Maroc.
24Sur les 47 familles rencontrées, 6 dominent nettement la flore des cultures de céréales, notamment : Asteraceae (67), Fabaceae (41), Poaceae (29), Brassicaceae (24), Caryophyllaceae (17) et Apiaceae (15). Ces familles totalisent à elles seules 193 espèces, soit 59,5 % de l'effectif total (Tableau 3). Les autres familles (41) contribuent à 40 % de l'effectif total. Parmi elles, 28 ne sont représentées que par un seul genre et 19 sont monospécifiques.
25L'importance des familles qui détiennent les six premières places s'explique par la contribution globale au sein de la flore marocaine, par leur aire de répartition méditerranéenne et par leur aptitude à s'adapter à des biotopes instables et diversifiés (Taleb et al., 1994 ; 1998).
26Spectre éthologique. Les 324 espèces constituant les adventices des champs de céréales de la zone d'étude appartiennent à six types biologiques (Tableau 4) : thérophytes, géophytes, hémicryptophytes, chaméphytes, phanérophytes et parasites.
27Le spectre éthologique pour l'ensemble des espèces montre que les thérophytes dominent et représentent 80 % de l'effectif total. Ce taux élevé de thérophytes est comparable à celui trouvé dans les cultures annuelles à travers tout le Maroc, soit plus de 70 % de l'effectif global (Loudyi, 1985 ; 1987 ; 1995 ; Tanji et al., 1986 ; Taleb, 1989 ; Taleb et al., 1994).
28Les adventices vivaces sont bien représentées, elles contribuent à 18 % de l'effectif total des espèces. Les hémicryptophytes viennent en deuxième position avec 34 espèces, soit 10 % de l'effectif total. Les géophytes occupent la troisième position avec 23 espèces, soit 7 % de l'effectif total.
29En général, la multiplication végétative est leur seul mode de survie, la reproduction sexuée étant très peu fréquente pour la plupart des espèces telles que Arisarum vulgare, Cynodon dactylon, Cyperus rotundus, Launea nudicaulis. Pour leur part, les chaméphytes et les nanophanérophytes ne représentent chacune que 0,3 % de l'effectif total des espèces.
30Enfin, les parasites comptent 3 espèces (0,9 %) appartenant à la famille des Orobanchaceae et se développant sur des repousses de légumineuses.
31Répartition biogéographique. Le Catalogue des plantes du Maroc (Jahandiez et al., 1931-1934), la Petite flore des régions arides du Maroc occidental (Nègre, 1961-1962), la Nouvelle flore de l'Algérie et des régions désertiques méridionales (Quezel et al., 1962-1963) et le Catalogue des plantes vasculaires du nord du Maroc (Valdes et al., 2002) constituent les références de base consultées pour établir la chorologie des espèces rencontrées. La répartition des taxons est donnée dans le tableau 3.
32Du point de vue chorologique, le pourcentage des taxons à répartition méditerranéenne (au sens large) est assez élevé, à savoir 62,3 % de l'effectif total. Ce résultat est en accord avec celui obtenu par Braun-Blanquet et al. (1924) sur l'ensemble de la flore marocaine dont les 2/3 sont méditerranéens.
33Quant aux espèces endémiques nord-africaines, elles sont représentées par deux espèces (Psychine stylosa, Silene pomelii), soit 0,6 % de l'effectif global. Pour les endémiques marocaines, elles comptent une seule espèce (Trachystoma ballii), soit 0,3 % de l'effectif total.
34Pour leur part, les taxons cosmopolites et subcosmopolites représentent 7,7 % de l'effectif global. Ces espèces cosmopolites sont, d'ailleurs, plus souvent des rudérales à forte fréquence relative. Parmi ces rudérales, nous citons : Emex spinosa, Silybum marianum, Portulaca oleracea, Solanum nigrum, Stellaria media, Marrubium vulgare, Chenopodium album et Chenopodium murale.
35Les taxons d'origine eurasiatique, ibéromauritanienne, paléotempérée, américaine et tropicale sont bien représentés et constituent respectivement 5,2 ; 4,9 ; 4,3 ; 3 et 2,5 % de l'effectif global (Tableau 5).
3.2. Aspect agronomique
36Pour évaluer la nuisibilité exercée par les mauvaises herbes sur les céréales, nous avons noté, pour chaque espèce, l'indice de l'abondance–dominance, la fréquence absolue et le type biologique.
37Ces paramètres ont permis d'attribuer à chaque espèce un indice partiel de nuisibilité (I.P.N.) (Bouhache et al., 1984). Celui-ci s'obtient en transformant l'indice d'abondance–dominance en pourcentage de recouvrement moyen (Tableau 6). Cet indice est souligné lorsque l'espèce est une vivace et il sera suivi de la fréquence relative de chaque espèce. La combinaison de l'abondance totale et de la fréquence relative des espèces donne une idée sur les risques potentiels à l'échelle régionale (Barralis, 1976 ; Bouhache et al., 1984).
38Dans cette démarche, les espèces ayant une fréquence relative inférieure à 20 % ne sont pas prises en compte.
39Le classement des mauvaises herbes selon leur indice partiel de nuisibilité et leur fréquence relative a révélé l'existence de 27 espèces pouvant être nuisibles et agressives vis-à-vis des céréales dans notre zone d'étude. Ces espèces sont réparties dans 4 groupes (Tableau 7) avec une prépondérance des annuelles (thérophytes) qui dépassent 89 %. Les espèces vivaces ne sont représentées que par trois espèces, Convolvulus arvensis, Cynodon dactylon et Rumex crispus.
40Groupe 1 : espèces à I.P.N. > 1000. Ce groupe est composé de 4 espèces. Parmi celles-ci, Avena sterilis, Phalaris brachystachys et Phalaris paradoxa sont classées parmi les espèces les plus nuisibles des céréales au Maroc (Hoesle, 1984 ; Tanji, 1997). Ces Poaceae sont typiques des céréales intensifiées (Boudhar et al., 1995).
41Groupe 2 : 500 < I.P.N. < 1000. Le deuxième groupe est composé de 13 espèces dont deux géophytes, Convolvulus arvensis et Cynodon dactylon, qui sont des plantes à rhizomes. Ces adventices sont très difficiles à contrôler, elles ont une très forte capacité d'infestation et de propagation dans des aires plus grandes que leur aire initiale de répartition (Hillali, 1995) et sont favorisées par des pratiques culturales causant le morcellement de leurs rhizomes, les rendant ainsi plus nuisibles.
42En plus des géophytes, les adventices annuelles sont représentées par 10 espèces, ces dernières sont signalées parmi les plus nuisibles et les plus problématiques des céréales au Maroc (Hoesle, 1984 ; Taleb et al., 1997 ; 1998). Parmi celles-ci, Lolium rigidum et Lolium multiflorum sont rangées parmi les Poaceae les plus nuisibles des céréales (Tanji, 1997).
43Groupe 3 : I.P.N. ≤ 500. Ce groupe comprend 10 espèces, toutes des thérophytes. Il s'agit de plante annuelles avec des recouvrements moyens faibles, mais parfois avec des fréquences relatives élevées. C'est le cas d'Anagalis foemina, Galium tricornutum et Scorpiurus muricatus, espèces fréquentes qui posent des problèmes pour les céréales au Maroc.
3.3. Aspect écologique
44L'étude écologique des adventices des champs de céréales au Maroc occidental est abordée par l'appréciation du pouvoir discriminant d'un ensemble de variables écologiques en vue de la mise en évidence des facteurs les plus efficaces vis-à-vis de la distribution des espèces dans la zone étudiée.
45Après plusieurs analyses, la matrice des rapports de corrélation entre les axes et les modalités des variables a permis de mettre en évidence les variables les plus discriminantes, à savoir sept variables édaphiques (texture, argile, limon, sable, calcaire total, matière organique et pH), une variable topographique (altitude), une variable agrotechnique (régime hydrique) et une variable géographique (la région).
46Ainsi, les 10 variables retenues dans cette étude ont été réparties en 34 modalités.
47Variables topographiques
48Alt 1 : altitude < 160 m
49Alt 2 : 160 m < altitude < 390 m
50Alt 3 : 390 m < altitude < 750 m
51Variables édaphiques
52Arg 1 : % argile < 39,1 %
53Arg 2 : 39,1 % < % argile < 51,1 %
54Arg 3 : 51,1 % < % argile < 65,0 %
55Lim 1 : % limon < 28,8 %
56Lim 2 : 28,8 % < % limon < 36,7 %
57Lim 3 : 36,7 % < % limon < 52,1 %
58Sab 1 : % sable < 10,93 %
59Sab 2 : 10,93 % < % sable < 27,4 %
60Sab 3 : 27,4 % < % sable < 66,4 %
61Car 1 : % carbone total < 8,3 %
62Car 2 : 8,3 % < % carbone total < 18,6 %
63Car 3 : 18,6 % < % carbone total < 49,0 %
64Mat 1 : % matière organique < 1,37 %
65Mat 2 : 1,37 % < % matière organique < 1,87 %
66Mat 3 : 1,87 % < % matière organique < 2,88 %
67pH 1 : % pH < 7,87 %
68pH 2 : 7,87 % < % pH < 8,12 %
69pH 3 : 8,12 % < % pH < 8,41 %
70Texture
71Tex 1 : argileuse et très argileuse
72Tex 2 : argilo-limoneuse
73Tex 3 : argilo-limono-sableuse
74Tex 4 : argilo-sableuse et argileuse très sableuse
75Tex 5 : sablo-argileuse
76Tex 6 : sablo-argilo-limoneuse
77Variables culturales
78Précédent cultural
79Pc 1 : céréales
80Pc 2 : légumineuses
81Pc 3 : maraichage
82Pc 4 : cultures fourragères
83Travail du sol
84Ts 1 : labour profond
85Ts 2 : labour moyen
86Ts 3 : labour de couverture
87Humidité (régime hydrique)
88Hum 1 : station non irriguée
89Hum 2 : station moyennement irriguée
90Hum 3 : station très irriguée
91Mode de fertilisation
92Mf 1 : aucun
93Mf 2 : fumure organique
94Mf 3 : fertilisation minérale de fond
95Mf 4 : fertilisation minérale de fond et de couverture
96Mode de désherbage
97Md 1 : aucun désherbage
98Md 2 : désherbage manuel
99Md 3 : désherbage chimique avec phytochromes
100Md 4 : désherbage chimique avec phytochromes et graminicides
101Les résultats obtenus par l'A.F.C. sont résumés sur des cartes factorielles représentant la projection des points de relevés, d'espèces et de modalités des variables en fonction de leur contribution à la constitution des axes factoriels.
102Les pourcentages d'inertie absorbés par les quatre premiers axes sont consignés dans le tableau 8.
103Les valeurs de ces axes restent assez faibles car de nombreux points sont concentrés autour de l'origine, ce qui montre l'existence d'une forte similitude entre relevés et d'un nombre restreint d'espèces caractéristiques.
104Dans cette étude, seuls les facteurs édaphiques ont été retenus pour expliquer la distribution des espèces. La comparaison des différentes projections des modalités des facteurs permet ainsi d'individualiser six groupes de relevés sur les trois premiers axes, concrétisés empiriquement dans le plan défini par les axes 1 et 3 (Figure 2).
105Les 34 modalités des facteurs ont été projetées dans les plans factoriels définis par les axes 1, 2 et 3 des espèces afin de mieux discriminer les différents milieux et de caractériser les groupes d'espèces obtenus par l'A.F.C. espèces-relevés du point de vue écologique (Figure 3).
106Les groupes d'espèces correspondants sont présentés dans le plan factoriel 1-3 (Figure 4). L'axe 1 traduit un gradient textural, il oppose en ordonnées positives les sols argilo-limoneux ou argilo-limono-sableux aux sols lourds (argileux) en ordonnées négatives et au centre les sols à texture moyenne (limoneux ou limono-argileux). L'axe 2 oppose les sols irrigués à pH basique en ordonnées négatives aux sols non irrigués à pH acide en ordonnées positives. L'axe 3 traduit bien un gradient de calcaire total et de matière organique en opposant en ordonnées négatives les teneurs moyennes en calcaire et en matière organique aux fortes teneurs en ordonnées positives.
107L'examen des plans factoriels (Figure 2) définis par les axes F1, F2 et F3 nous a permis d'individualiser six groupes de relevés (I, II, III, IV, V, VI) :
108– groupe I : ce groupe est constitué essentiellement par des relevés qui ont été réalisés dans la région du Haouz sur des sols argilo-limono-sableux à pH basique et avec des teneurs moyennes en calcaire et en matière organique,
109– groupe II : les relevés de ce groupe proviennent des différentes régions étudiées et semblent appartenir à un même ensemble syntaxonomique,
110– groupe III : ce groupe est composé de relevés effectués dans la région du Tadla sur des sols argilo-limoneux à pH franchement basique et riches en calcaire et en matière organique,
111– groupe IV : les relevés de ce groupe ont été réalisés dans le Gharb sur des sols argileux à pH basique et riches en matière organique et en calcaire,
112– groupe V : ce groupe est composé en majorité de relevés effectués dans la région du Gharb sur des sols lourds (argileux) à pH basique et avec des teneurs moyennes en calcaire et en matière organique,
113– groupe VI : ce groupe comprend les relevés réalisés dans le Haouz sur des sols argilo-limono-sableux, à pH basique et avec des teneurs faibles en calcaire et en matière organique.
114Par ailleurs, l'examen des cartes factorielles définies par les axes F1, F2 et F3 nous a permis d'individualiser six groupes écologiques qui seront discutés sur la base des critères édaphiques qui apparaissent comme prépondérants (Figure 3) :
115– groupe A : espèces des sols argilo-limono-sableux ou argilo-limoneux
116Trachystoma balii
117Carlina corymbosa
118Gladiolus italicus
119Rhagadiolus stellatus
120Coronilla scorpioides
121Lathyrus articulatus
122Convolvulus althaoides
123Paronychia argentea
124Eryngium ilicifolium
125Cirsium syriacum
126Eryngium campestre
127Glaucium corniculatum
128Psychine stylosa
129Launaea nudicaulis
130Silene muscipula
131Peganum harmala
132Buglossoïdes arvensis
133Torilis arvensis
134Mathiola parviflora
135Vicia monantha
136Vicia lutea
137Vicia benghalensis
138Vaccaria pyramidata
139Centaurea melitenais
140Bromus lanceolatus
141Bromus rubens
142Les espèces de ce groupe colonisent des sols argilo-limono-sableux ou argilo-limoneux moins irrigués, à pH légèrement acide et pauvres en matière organique et en calcaire. Ces espèces se rencontrent essentiellement dans la région du Haouz en moyenne altitude.
143Le groupe A est constitué d'espèces qui peuvent être rattachées à la classe des Stellarietae mediae et à l'ordre des Secalietalia avec Launaea nudicaulis, Eryngium ilicifolium et Mathiola parviflora comme caractéristiques de l'alliance des Launeion nudicaulis (El Antri, 1983), alliance marocaine réunissant les groupements commensaux des cultures des régions arides sur des sols secs et plus ou moins calcaires.
144Par ailleurs, les espèces de ce groupe liées aux sols argilo-limoneux se retrouvent dans d'autres études liées à d'autres types de sols. Ainsi, dans une étude réalisée dans le Haouz central par Hillali (1995), les espèces Paronychia argentea, Mathiola parviflora et Buglossoides arvensis sont liées aux sols légers (sableux).
145Quant aux espèces Launaea nudicaulis et Carlina corymbosa, elles indiquent des sols moyens (limoneux) et Vicia monantha des sols sablo-limoneux riches en matière organique.
146De même Kharibach (2002), dans l'étude des vignobles au Maroc et Wahbi et al. (1995), dans l'étude des vergers d'agrumes de la région du Souss, ont classé Launaea nudicaulis et Convolvulus althaeoides dans le groupe lié aux sols sableux ou limono-sableux.
147Par contre, Launaea nudicaulis et Convolvulus althaeoides ont été considérées comme des espèces indicatrices de sols argileux ou limono-argileux dans le Tadla (Bennig, 1995).
148– groupe B : espèces indifférentes
149Avena sterilis
150Scorpiurus muricatus
151Anagalis foemina
152Papaver rhoeas
153Galium tricornutum
154Hedypnois cretica
155Misopates orontium
156Filago germanica
157Plantago afra
158Chrysanthemum coronarium
159Sonchus oleraceus
160Calendula aegyptiaca
161Sinapis arvensis
162Lolium rigidum
163Bromus rigidus
164Medicago polymorpha
165Cynodon dactylon
166Silene vulgaris
167Cichorium endivia
168Sherardia arvensis
169Chrysanthemum segetum
170Plantago coronopus
171Melilotus sulcatus
172Anacyclus clavatus
173Polygonum aviculare
174Sonchus asper
175Amaranthus blitoides
176Vicia sativa
177Emex spinosa
178Torilis nodosa
179Spergula arvensis
180Raphanus raphanistrum
181Chenopodium album
182Rumex crispus
183Chenopodium murale
184Le groupe B est un groupe de transition, composé d'espèces très fréquentes, à large distribution, indifférentes aux conditions édaphiques. Elles se rencontrent dans toutes les régions étudiées.
185Le groupe B est constitué d'espèces qui forment le cortège floristique de la classe des Stellarietae mediae (ensemble des groupements de mauvaises herbes des cultures et des groupements rudéraux) avec des caractéristiques du Secalion mediterraneum (El Antri, 1983 ; Lemaignan, 1981) telles que Chrysanthemum coronarium et Galium tricornutum.
186– groupe C : espèces des sols moyens
187Solanum elaeagnifolium
188Stellaria media
189Malva hispanica
190Hordeum murinum
191Erodium cicutarium
192Centaurea calcitrapa
193Bromus mollis
194Hirschfeldia incana
195Scolymus hispanicus
196Ce groupe d'espèces se développe sur des sols moyens (limoneux) irrigués, à pH basique et riches en calcaire et en matière organique. Ces espèces semblent liées à la région du Tadla. Elles se rattachent à la classe des Stellarietae mediae (El Antri, 1983).
197Par ailleurs, ce groupe d'espèces est lié aux sols moyens (limoneux) dans le Tadla. Dans la même région, Bennig et al. (1995) ont rangé les espèces Hirschfeldia incana et Stellaria media dans le groupe des espèces indicatrices de sols sablo-limoneux ou limono-sableux ou limoneux. Ceci est en accord avec nos résultats.
198Par contre, les espèces Solanum elaeagnifolium et Erodium cicutarium ont été considérées comme des espèces indifférentes (Bennig, 1995 ; Kharibach, 2002).
199Dans le Haouz central, Hillali (1995) a classé les espèces Hirschfeldia incana, Stellaria media, Erodium cicutarium et Scolymus hispanicus parmi les espèces indicatrices de sols légers (sableux).
200– groupe D : espèces des sols légers
201Silybum marianum
202Carduus pynocephalus
203Trifolium tomentosum
204Herniaria hirsuta
205Papaver hybridum
206Les espèces de ce groupe s'installent de préférence sur des sols légers (argilo-sableux) non irrigués, à pH acide et avec des teneurs moyennes en calcaire et en matière organique. Elles se rencontrent essentiellement dans le Gharb et le Saïs.
207Ce groupe est composé d'espèces liées à la classe des Stellarietae mediae (El Antri, 1983).
208Rappelons que les espèces de ce groupe sont liées aux sols légers (argilo-sableux). Dans les travaux antérieurs, l'espèce Silybum marianum a été rangée parmi les espèces indicatrices de sols sablo-limoneux ou limono-sableux ou limoneux (Bennig, 1995). Par contre, l'espèce Chenopodium album figure sur la liste des espèces indifférentes (Bennig, 1995 ; Kharibach, 2002).
209– groupe E : espèces des sols lourds
210Teucrium resupinatum
211Kickxia commutata
212Ammi visnaga
213Trifolium isthmocarpum
214Mentha pulegium
215Lythrum junceum
216Foeniculum vulgare
217Ridolfia segetum
218Picris echioides
219Euphorbia exigua
220Gaudinia fragilis
221Lolium multiflorum
222Verbena supina
223Phalaris paradoxa
224Euphorbia medicaginea
225Stachys ocymastrum
226Beta vulgaris
227Althaea longiflora
228Les espèces de ce groupe occupent des sols lourds (argileux) plus ou moins irrigués à pH neutre et à teneurs moyennes en calcaire et en matière organique. Elles semblent liées à la région du Gharb en basse altitude. Les espèces de ce groupe se rattachent à la classe des Stellarietae mediae, à l'ordre des Secalietalia et à l'alliance des Ridolfion segeti (Nègre, 1956 ; El Antri, 1983), alliance regroupant toutes les associations de mauvaises herbes des cultures indicatrices de sols argileux tirsifiés assez mal ou assez bien drainés (El Antri, 1983). Les espèces du groupe D formant les caractéristiques du Ridolfion segeti sont Ridolfia segetum, Picris echioides, Teucrium resupinatum, Kickxia commutata, Ammi visnaga, Phalaris paradoxa et Euphorbia medicaginea.
229Dans notre zone d'étude, les espèces de ce groupe sont indicatrices de sols argileux dans la région du Gharb, ce qui confirme les travaux de plusieurs auteurs. Dans le Gharb, Bensellam et al. (1995) et Taleb (1995) ont rapporté que les espèces Ammi visnaga, Phalaris paradoxa, Verbena supina, Ridolfia segetum et Teucrium resupinatum sont toutes des argilophytes. De même, Bennig (1995), Bennig et al. (1995) et Loudyi (1995) ont rangé les espèces Euphorbia medicaginea, Euphorbia exigua et Ridolfia segetum dans le groupe des espèces lié aux sols argileux ou argilo-limoneux.
230Par contre, dans le Haouz central, Hillali (1995) a classé Lolium multiflorum, Lythrum junceum et Stachys ocymastrum parmi les espèces indicatrices de sols sablo-limoneux.
231Cependant, les espèces Lythrum junceum et Mentha pulegium ont été signalées comme indicatrices de sols hydromorphes dans le Saïss (Loudyi, 1995).
232– groupe F : espèces de sols moyens ou argilo-limono-sableux
233Astragalus baeticus
234Scandix pecten-veneris
235Convolvulus arvensis
236Torilis leptophylla
237Poa annua
238Trisetaria panicea
239Ononis biflora
240Scorpiurus vermiculatus
241Les espèces de ce groupe se développent sur des sols moyens ou argilo-limono-sableux plus ou moins irrigués, à pH légèrement basique et pauvres en matière organique et en calcaire. Elles se rencontrent essentiellement dans le Tadla et le Haouz. Elles se rattachent aussi à la classe des Stellarietae mediae et à l'ordre des Secalietalia avec Torilis leptophylla et Scandix pecten-veneris comme espèces caractéristiques du Secalion mediterraneum (El Antri, 1983).
242Les espèces relevant de ce groupe caractérisent des sols argilo-limoneux ou argileux très sableux dans le Haouz. Pour certaines espèces de ce groupe, ces résultats sont conformes à ceux obtenus par Hillali (1995) dans le Haouz central, Bennig (1995) dans le Tadla et Kharibach (2002) pour les vignobles au Maroc.
243Hillali (1995) a rangé les espèces Trisetaria panicea et Astragalus baeticus dans le groupe des espèces liées aux sols légers (sableux). Pour leur part, Bennig et al. (1995) et Kharibach (2002) ont classé les espèces Ononis biflora et Poa annua parmi les espèces indicatrices de sol sablo-limoneux ou limono-sableux.
244En plus, Loudyi (1985) a mis en évidence une flore adventice sélectionnée et liée au désherbage chimique pour le secteur mécanisé du plateau de Meknès telle que les espèces vivaces Silene vulgaris et Convolvulus arvensis et les espèces annuelles (Poaceae) Avena sterilis, Bromus rigidus et Lolium rigidum que nous avons rencontrées dans le groupe des indifférentes.
4. Conclusion
245Dans le but d'une amélioration des méthodes de lutte contre la flore adventice des céréales, en l'occurrence l'avoine stérile, le présent travail s'est proposé les objectifs suivants :
246– étudier les groupements adventices dominés par l'avoine stérile dans les cultures de céréales,
247– dégager les facteurs écologiques et agrotechniques qui régissent la répartition des communautés végétales dominées par l'avoine stérile.
248Cette étude a permis de caractériser globalement la flore adventice dominée par l'avoine stérile sous ses différents aspects, à savoir l'aspect systématique, biologique, agronomique et écologique.
249Sur le plan systématique, 324 espèces appartenant à 47 familles végétales ont été inventoriées. Six familles dominent nettement l'ensemble de la flore et sont représentées par Asteraceae, Fabaceae, Poaceae, Brassicaceae, Caryophyllaceae et Apiaceae. Elles totalisent à elles seules 59,5 % de l'effectif spécifique total et occupent une place analogue à celle occupée dans l'ensemble de la flore du Maroc.
250Du point de vue biologique, les thérophytes dominent avec 80 % suivies des hémicryptophytes et des géophytes avec respectivement 11 % et 7 % de l'effectif spécifique.
251L'élément méditerranéen (62,3 %) domine largement et caractérise assez bien la flore adventice inventoriée.
252Les espèces cosmopolites, eurasiatiques et ibéromauritaniennes contribuent avec respectivement 7 %, 5 % et 4 %.
253Concernant l'aspect agronomique de cette étude, la combinaison de l'abondance–dominance des espèces et de leur fréquence nous a permis d'estimer la nuisibilité et, par la suite, de dégager les espèces les plus nuisibles dans les céréales du Maroc occidental. Parmi les 27 espèces nuisibles, les Poaceae annuelles, Avena sterilis, Phalaris paradoxa, Phalaris brachystachys, Lolium multiflorum et Lolium rigidum posent de sérieux problèmes dans les cultures de céréales du Maroc occidental. Pour leur part, les espèces vivaces les plus nuisibles sont représentées par Cynodon dactylon et Convolvulus arvensis.
254La nuisibilité des espèces, leur systématique et leur biologie peuvent constituer des outils de base pour une orientation plus rationnelle du désherbage dans les cultures de céréales.
255Du point de vue écologique, la répartition des espèces dans le Maroc occidental est régie par un facteur prépondérant, à savoir la nature du sol.
256Ainsi, sur la base des variables liées au sol, nous avons pu mettre en évidence six grands groupes écologiques. Ces derniers permettent une meilleure connaissance de l'écologie des espèces adventices et peuvent fournir des informations sur les aptitudes culturales du milieu étudié et les moyens de lutte appropriés à adopter.
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